Je ne me permettrai pas d'entrer sur le débat de l'activité même. Nous sommes toutes et tous libres d'avoir les pratiques dans lesquelles on croit.
Cela étant, j'apprécie ta sincérité vis-à-vis de ta cliente en lui expliquant que c'est elle qui fait sa vie. Tu lui as demandé si elle voulait travailler avec toi compte tenu du contexte, je vais être franc, dans un domaine comme le tiens, j'ai l'image stéréotypée de la personne qui va tout faire pour garder l'entrée d'argent et (expression suisse), tu m'as déçue en bien (surpris en bien quoi) car tu aurais pu sortir mensonges, arguments et autres pour garder ta cliente mais tu as laissé la personne faire un choix conscient, et ça a participé au respect montré envers ta personne.
Ce que je trouve dommage et cela ne s'applique pas uniquement à ta pratique mais également à celle d'un(e) psychologue / psychiatre / physiothérapeute, etc. Lorsque l'on est face à un client/patient qui devient dépendant à notre présence et que notre présence ne peut être garantie (ici, période de
sevrage occasionnant une déprime), bien que l'on aie toutes et tous le droit de ne pas être bien, ta problématique risque probablement de se reproduire.
Cette cliente semble te donner une place importante dans sa vie, tu es devenue sa boussole. Cela ne devrait jamais arriver mais si de ton côté, tu as une vie complexe (c'est ton droit, attention !), je trouve ça dangereux d'accepter malgré tout de continuer cette relation.
Imagine un psychiatre addicto qui une semaine sur deux (j'exagère le trait) ne voit pas ses patients qui dépendent de lui pour le suivi, pour les ordonnances, cela serait catastrophique. D'ailleurs, c'est pour ça qu'ici, à Genève, dans le cas de prescription de
TSO et Stupéfiants, il y a signalement au Médecin et au Pharmacien Cantonal du médecin principal et du remplaçant, pour pallier une abscence imprévue ou prévue.
Je compare des situation bien différentes. Le souci, pour moi, c'est que tu as une dame qui te donne des compétences que tu dis ne pas avoir, tu lui as dit tes limites et cette dame ne semble pas comprendre ou vouloir comprendre.
Il serait peut-être plus sain de lui faire comprendre que le type de suivi recherché n'est pas ce qu'il lui faut ? Seras-tu, toi, capable de gérer un suivi ? C'est toi qui as la réponse (et je ne dis pas que tu en es incapable ou autre, je pose une question)
Je dis ça en ne lisant qu'un article de blog. Pardonne-moi si je divague ou autre. Mon message est également très certainement biaisé par mon avis sur la pratique.
Dans une relation professionnelle, une relation de dépendance d'un côté, de l'autre ou bidirectionnelle n'est jamais bon signe. Ca finit par déraper. Je trouve que tu as une certaine éthique car tu essaies de faire comprendre à ta cliente que tu peux la guider, lui offrir une option mais ça s'arrête-là. J'imagine que le nombre de consultations et de questions augmentent ?
C'est différent mais cela me fait penser à une situation ou je bossais et cette "dépendance" clientèle a dérapé.
Lorsque j'étais étudiant, je donnais des cours comme on appelle par ici de répétitoires. Des jeunes lycéens et étudiants universitaires qui donnent de l'aide scolaire. Bon moyen de commencer à travailler, peu cher pour les parents et cela leur libère un peu de temps. Il m'est arrivé de tomber sur une maman dysfonctionnelle contre qui j'ai dû témoigner au tribunal. Dysfonctionelle car malgré la présence d'un ex mari prêt à aider, elle a fini par le remplacer par un ado de 17 ans, moi, en me demandant des tâches supplémentaires au mandat scolaire initial (rien de sexuel mais certains gestes tactiles m'ont choqué). Je dis remplacer son mari car, en plus de l'heure de cours hebdomadaire, elle devenait dépendante de "Pourriez-vous aller chercher X à son cours de Y ?" Transformé par des tutoiement "mal placés", le nombre d'heures facturées a augmenté et j'ai tenté de lui expliquer que mon rôle consistait à aider son enfant pour ses devoirs, rattraper de l'éventuel retard mais cela s'arrêtait là. Que le nombre d'heures facturées pour les cours étaient à 10% face aux heures d'éducation qui est un métier social ! Je n'étais pas éducateur. Les heures augmentaient, l'appat du gain aussi vu qu'elle montait le tarif horaire (mère architecte qui octroie les décisions finales de permis de construire, c'est dire qu'elle a des moyens).
J'avais des RDVs avec la psy du petit mais pour parler de l'apprentissage et un jour, fin de session, dernier client, elle me demande si je vois ou remarque des trucs qui sortent de l'usuel dans la famille... je réponds et là, la psy d'ordinaire calme me dit qu'il faut que je parte, que je coure loin. Je n'avais pas remarqué que je m'étais embriguadé dans un truc malsain. Que j'étias témoin de trucs pas normaux (bon là ça se compare plus à ton cas mais j'explique le reste du contexte): Non seulement il y avait mal traitance de gosse et de ma personne, et je l'ai vu sans le comprendre, j'étais sous le choc, mais la mère compensait son mauvais rôle par moi en me donnant des tâches que son père aurait pu faire (aller chercher l'enfant chez le psy, à l'école ou que sais-je). Je pensais qu'elle demandais cette aide car le père ne voulait pas mais il semblait très disposé. Bref, ça s'est fini un jour où je devais partir 5 minutes plus tôt (annoncé et non facturé) et je me fais engueuler comme un époux qui quitte le domicile pour aller boire un verre. Je lui dis que j'arrête. J'appelle la psy du gosse et demande dans quelle condition je pourrais témoigner sans briser un secret pro ou autre. La mère fumait du
cannabis à table en présence d'enfants de 4-5 et 9 ans,
joints accessibles sur la table avec l'armoire à pharmacie contenant des trucs dont un seul comprimé aurait tué un gosse. Son gosse avait un
TDAH et s'il se comportait pas tip top, il recevait de la
ritaline dosage adulte. Hors des réserves prescrites.
Juste pour dire que les clients qui attendent trop de nous, quel que soit notre métier, peuvent devenir dangereux pour nous et il faut s'en protéger.
J'ai eu d'autres clients "dépendants" (quand je dis client dépendant, c'est dépendant à mon service qu'on se comprenne hein), mais dans mon métier d'ingénieur son/éclairagiste et production d'événements. Un Client qui dépend de vous pour tout et n'importe quoi, cela dérape systématiquement. Il suffit de voir les employés de stars qui selon la célébrité et leur besoin systématique d'une personne pour tout faire à leur place, ne réussissent pas à durer ou n'ont plus de vie.
Bref, je pars sur ma situation désolé. J'essaie juste de dire que je comprends tout à fait ton ressenti. Cela fait du bien d'être vu comme une personne à part entière, avec ses capacités, qui, oui, consomme mais n'en n'est pas moins une personne respectable qui mérite respect. Et quelles que soient les futures situations que tu vivras, c'est ton droit d'exiger d'être reconnue comme une Femme avant quoi que ce soit d'autre.
Je me permets juste de te dire de te protéger et de ne pas perdre de vue que dans la relation que tu créés, tu as un responsabilité et selon ses propres "difficultés", il peut être délicat de laisser un client seul. Je pars loin, j'extrapole, en ayant lu qu'un article de ton blog, mes excuses, c'est sûrement déplacé et si tu veux, j'en demanderai la suppression.
Tout de bon à toi dans ton parcours, quel qu'il soit.