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Accepter d'être une usagère m'a conduit à une meilleure estime de moi 



Bonjour à tous !

Je voulais faire un poste qui va peut être paraître bizarre. Il y a un mois environ, quand j'ai réalisé que j'allais être à court de drogues sans argent pour en racheter, j'ai décidé d'entreprendre un sevrage que j'ai raté. Au contraire, j'ai augmenté ma conso et ai explosé mon taux de consommation, parce qu'en pensant que je ne voulais plus consommer, j'y pensais tous les jours, plus que quand j'avais une consommation espacée, ce qui a augmenté un sentiment de culpabilité que j'ai toujours ressenti vis à vis de mes prises d'opioides.

Après quelques semaines, j'ai réfléchi aux raisons qui me poussaient à me sevrer. C'était des raisons externes qui ne venaient pas de moi : l'argent (bon, finalement je vais avoir une rentrée) et le regard des autres. Ce n'était pas pour moi que je voulais me sevrer. Or j'estime que quand on veut se sevrer, il faut le faire pour soi.

Et là j'ai découvert, que je ne voulais pas me sevrer définitivement. Juste temporairement le temps que ça passe. Et depuis, je suis plus sereine vis à vis de moi même, je dirais même que j'ai gagné une meilleure estime de moi.

J'ai repensé à mes consommations de ces derniers mois. J'avais réussi à obtenir un certain contrôle. A consommer des substances moins potentes et a contrôler mieux ma tolérance et mes prises, avant mon craquage que je commence à reprendre en main.

J'ai aussi réfléchi à l'impact financier. Il était important avant et je pensais qu'il l'était aussi les derniers mois où j'avais un revenu. La seule raison qui fait que cet impact financier était important, c'est que je ne contrôlais pas mes dépenses dans d'autres domaines (100€ de budget loisir mensuel, j'en dépensais 300 SANS la drogue et je prenais dans mes économies). Mais si j'obtiens un revenu, ce sera gerable si j'arrive à rester comme je suis. Actuellement, je suis à 200e de dépenses pour trois mois et demi de conso, dont je ne suis pas venue à bout après un mois de prise continue, ce que je n'avais jamais fait et ne compte pas refaire de si peu. Si je retrouve à retrouver mon rythme de conso habituel, je pourrais tourner à 200e pour 4 à 5 mois, soit à peu près 50e par mois. Cela me paraît tout à fait raisonnable comparé à ce que j'ai pu claquer en substances quand j'étais au moment le plus incontrôlable de mon addiction.

Je n'ai pas non plus de retombées sociales, je continue d'étudier, j'ai continué de travailler quand je consommais, je vois régulièrement ma famille et mes amis. Si mes amis lancent un appel groupé, je ne l'évite pas pour consommer. J'ai arrêter de consommer d'autres types de drogues pour travailler depuis que je suis sous traitement.

J'ai aussi développé des hobbies (apprentissage de deux langues étrangères, lecture de tarot gratuites ou sur don libre, bracelets (que je vends), lecture de poésie et livres en langue étrangère, lecture de bd et mangas, lancé un side-business... J'ai repris le contrôle de mes journées : j'étudie et fais le ménage le lundi (je vais chez le kiné le matin) et le mardi, je vois mon grand père le mercredi matin et l'après midi je fais des tirages de tarot et m'occupe de mes ventes de bracelets. Le jeudi je passe la journée à l'hôpital de jour et le vendredi après midi aussi, le matin je dors en général. Quand mon hypersomnie sera réglée, je pense dédier le vendredi matin à mes activités personnelles. Il ne reste qu'à arriver à trouver la motivation de me lever seule le matin, je sais que c'est lié à ma dépression et j'espère y arriver prochainement.

Enfin bref, j'ai bien réfléchi, et je pense que ce n'est pas me mentir que de dire que si j'arrive à ne plus retomber dans la consommation journalière et à retomber dans la conso plaisir (entre une fois toutes les deux semaines et une fois toutes les semaines, c'est peut être beaucoup pour certains mais je ne pensais pas à la deadline, c'était naturel et ça m'allait. Pour moi c'était m'accorder un petit plaisir après avoir lutté dans ce monde difficile à vivre pour moi).

Mon erreur qui m'a conduit à avoir une si mauvaise estime de moi est, je pense, n'avoir vu ma conso que sous le prisme d'un sevrage dont je n'avais pas envie. En plus si les aides de la mdph que j'ai demandé me sont accordées, j'aurais quelqu'un pour m'aider à gérer mon budget, etc.... Donc ce sera niquel.

Bref, j'ai estimé que même si un sevrage temporaire s'imposait et que je m'y prépare, et que je sais que ce sera difficile car ce sera forcé et sur potentiellement trois mois, je l'envisage bien plus sereinement. Je suis aussi à l'aise avec mes consos pour la première fois de ma vie et c'est libérateur.

Bien sûr, je sais que certaines personnes ont besoin de se sevrer pour leur santé et je ne shame pas les personnes qui consomment plus, loin de moi cette idée (les gens qui me connaissent un peu par ici, même si je suis peu présente, doivent savoir que ce n'est pas du tout ma philosophie), je voulais dire que jusque là je ne pensais que le sevrage définitif était ma seule option alors qu'en y réfléchissant et en faisant les comptes, dans ma situation actuelle, je pourrais vivre en consommant de manière occasionnelle comme je l'ai fait jusque là au lieu de ne penser qu'à un sevrage definitif. Je sais que toute substance a des effets négatifs sur le corps, mais bon, j'ai pris déjà tellement de médicaments qui ont eu des effets super néfastes sur mon corps, je me dis qu'une consommation maîtrisée est pas plus mauvaise que d'autres choses qui sont bien plus acceptées socialement. Et grâce à une réponse de prescripteur et à la frequentation de ce forum, je sais comment estimer quand ma consommation est néfaste et vers qui me tourner pour m'aider dans un sevrage si je décidais que mes pratiques deviennent néfaste à mon bien être. Mais pour le moment, ce n'est pas le cas.

Je suis contente de m'accepter telle que je suis. Ce n'a pas été facile. Je sais que chacun a un parcours différent. Voici un petit bout du mien.

Je tiens à remercier tous ceux qui m'ont aidé et accompagné ici, car c'est vraiment le lieu où je peux m'exprimer sans être jugée.

Edit
Je voulais aussi ajouter quelque chose. Il y a quelques mois, je m'étais demandé s'il était possible de vivre avec une conso, et prescripteur m'avait indiqué les signes de quand une conso pouvait devenir inquiétante. Et j'ai envie de dire à la moi du passé, oui, il est possible que tu vives avec une conso. Pour toi, ça depends des moments. Tu as des périodes où c'est dangereux pour toi, et tu as eu chaud aux fesses. Il y a des périodes où c'est possible. Il faut juste que tu apprennes à te connaître ma belle. Tu verras, ce n'est pas si honteux que ça. Les gens te jugeront peut être. Tu passeras pour une sale junkie aux yeux de médecins peut empathiques. Ça ne te défini pas. Ou peut être un peu. Dans ce cas là, je n'ai plus honte.

Catégorie : Carnet de bord - 20 septembre 2022 à  19:34

Reputation de ce commentaire
 
Ca fait plaisir à lire! Pourquoi se fustiger en effet.. on est qui ont est. /MT
 
Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (Agartha)



Commentaires
#1 Posté par : joel92 20 septembre 2022 à  23:27
Yes !!

Cool de lire ça.

Perso c'est un peu plus compliqué... Des fois je gère bien, des fois je ne gère rien du tout. Là j'ai trouvé un équilibre qui me permet de tenir.. Je prends des amphets, des psychés, des dissos et très rarement des opiacés. Plus d'alcool, presque pas de MD, coke ça a jamais été mon truc, et benzos, le moins possible !!

J'espère que ça tiendra comme ça pour toi dans la durée.

a+

 
#2 Posté par : Unposcaille 21 septembre 2022 à  08:51
Merci <3
J'espère que tu arriveras à maintenir ton équilibre, je trouve que c'est aussi le plus difficile sur la durée. Ça demande du travail et au moindre truc c'est difficile de pas glisser.
Tu prends quel genre d'amphets ?

 
#3 Posté par : joel92 21 septembre 2022 à  13:32
Yo,

Ouais ça oblige à être plutôt humble, c'est jamais gagné, je peux toujours perdre pied malgré des périodes assez longues où je me débrouilles plutôt bien.

Pour les amphets juste 2-fma et speed !!

 
#4 Posté par : Unposcaille 21 septembre 2022 à  23:03
Oui, ça rend humble et parfois j'avoue être plus effrayée par ma propre vulnérabilité que par les substances que je consomme. Une fois qu'on a passé le pas de la porte de la drogue, on peut revenir en arrière et décider de la clore, mais ce qu'il s'est passé pendant ces périodes perdurera. Je sais pas trop où je veux en venir. Juste, j'ai une perception de moi bien différente.

Merci ! C'était par simple curiosité, j'avoue bien savoir ce que les gens consomment même si je ne connais que la théorie de ce genre de substances !

 
#5 Posté par : 2anonymousnobody 17 octobre 2022 à  02:24
Moi je trouve aussi qu'on devrait faire en sorte que ce soit  la substance de prédilection/préférentiel de chacun qui doit
s'adapte à nos quotidiens/vies.
Ensuite voir ce qu'il en est ce qu'on veut vraiment, si on croit vraiment pouvoir s'en passer un jour.Le choix de la Conso.Pers?
Mettre des écarts de temps stratégiques par rapport à l'augmentation de la tolérance pour pouvoir avoir une défonce/montée plis intense? Ou aussi opté pour le choix de vouloir en faire vraiment si on y arrive un usage récréatif.

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