Des affiches publicitaires pour sensibiliser les consommateurs de drogue aux risques de consommer des produits modifiés.
La capitale des États-Unis vit une grave crise de surdoses mortelles d’héroïne mélangée à certains
opioïdes. En 2017, 279 personnes sont mortes dans le District de Columbia après avoir consommé ce cocktail qui ne pardonne pas. Une hécatombe.
Le
fentanyl, un
opioïde d’une puissance inouïe, s’est invité sournoisement dans la vie des héroïnomanes à Washington. Ici, ce ne sont pas les comprimés qui tuent, comme ailleurs aux États-Unis, mais plutôt l’utilisation de drogues dures dans lesquelles des
opioïdes ont été ajoutés par les trafiquants.
La crise des
opioïdes fait des milliers de victimes chaque année. Alors qu’ailleurs aux États-Unis ce sont surtout les Blancs dans les régions rurales qui sont touchés, à Washington D.C. ce drame touche surtout les hommes noirs qui consomment de l’héroïne.
Ricky Johnson consomme de l'
héroïne depuis plus de 40 ans.
Ricky Johnson, 60 ans, vit dans le quartier Anacostia, un des plus pauvres de la capitale américaine. Il se drogue à l’héroïne depuis l’adolescence. « Je prends ma dose deux à trois fois par jour. Ça me procure du bien-être. Ça me permet d’oublier mes problèmes d’argent, d’emploi et de logement. »
Ricky est venu chercher des seringues propres et s’assurer, à l’aide d’un test, que sa drogue ne contient pas de
fentanyl. Ces services sont offerts à la roulotte de la Family and Medical Counseling Service qui circule régulièrement dans les rues d’Anacostia. Ricky nous admet sans détour qu’il doit commettre des vols pour payer sa drogue
.Le travailleur social Terrence Cooper déplore les vies humaines perdues à cause des
opioïdes.Je veux vraiment arrêter de prendre de l’héroïne et reprendre le contrôle de ma vie.
D.C. est maintenant décidée à lutter sérieusement contre ce fléau. Barbara Bazron, la nouvelle directrice des services de santé mentale, reconnaît qu’il y a une crise, mais refuse d’admettre qu’il y a eu de l’incompétence de la part des autorités. Elle promet d’investir 65 millions de dollars dans différents programmes. « Notre objectif est de réduire de 50 % d’ici 2020 le nombre de morts liés aux surdoses », assure-t-elle.
Mais aux yeux du Dr Chapman, les États-Unis accusent un retard dans la façon de traiter la dépendance aux drogues.
« Nous envoyons encore les gens en prison en trop grand nombre, affirme-t-il. Les pénitenciers sont les pires endroits pour régler ces problèmes. »
La France et le Portugal, constate-t-il, ont pris un virage, il y a 20 ans, axé sur l’utilisation de la
méthadone qui réduit l’accoutumance à l’héroïne. « Leurs résultats sont probants, dit-il, et la consommation est en baisse ainsi que la criminalité qui y est associée. »
En attendant des solutions à cette grave crise de santé publique, Ricky Johnson continue de voir des gens mourir autour de lui. « J’ai beaucoup d’amis qui sont décédés à cause du
fentanyl qui s’est retrouvé dans l’héroïne qu’ils consommaient. Beaucoup trop d’amis. »
S’extirper des griffes de l’héroïne et des
opioïdes est un enfer, une bataille difficile à gagner. La surconsommation de drogues dures et d’opioïdes a tué plus de 70 000 Américains en 2017 seulement. Un drame humain dont on ne voit pas la fin
source
www.radiocanada.ca