Comme le titre le suggère, je vais vous faire le récit d'un trip qui a viré au
bad trip lors de l'usage de
cannabis en ingestion. Le contexte d'abord.
J'avais une soirée de prévue avec mes potes pour fêter la fin d'année. Faute de thunes suffisantes, je n'ai pas pu me procurer de produit « fort » type
champis,
LSD ou
ecsta pour la soirée, donc j'ai décidé de me rabattre sur mon bon vieux
cannabis, mais je voulais un trip balèze, donc je me suis dit que l'ingestion pouvait être une bonne idée. Je n'avais jamais vraiment essayé, juste pris quelques spaces cakes « commerciaux » à Amsterdam par-dessus une défonce incalculable, donc pas optimal pour bien voir les effets. N'étant pas très « cuisinier », je me suis dit que je pourrais tenter de manger le canna directement sans l'incorporer dans une préparation culinaire. J'ai demandé sur PA des conseils pour faire des « pilules » au canna, que je retranscris ici : 250 mg de
weed grindée et chauffée pendant 30 minutes à 110 °C mis dans une gélule vidée à avaler. Temps de montée prévu : 1h.
Je vais choper un 15g chez mon dealer habituel après un bon gros repas (ça a son importance quand on ingère...) et je pars pour la soirée. Pas mal de gens étaient déjà bien bourrés quand j'arrive, donc il y a comme un décalage... La musique est posée, bonne bass music (j'avais fait la playlist :p) Je commence à cuisiner ma
beuh, je pèse un 250 mg précis avec ma balance, et le met dans 2 gélules, il n'y avait pas assez de place pour tout mettre dans une seule. J'avale une première gélule et décide d'attendre un peu (la précaution de trop qui va décider de mon sort pour les heures à venir...) En attendant, je fume un petit
joint pour vérifier que la
weed que je viens de choper n'est pas trop forte, ça se passe bien, léger effet relaxant, rien d'alarmant. Au bout d'une heure après l'ingestion de la première gélule, je ne sens rien de très violent, je gobe la deuxième. Je picole un peu, tire sur deux ou trois pets par ci par là ... Et là , grave erreur, je décide de faire cuire un gramme pour le garder pour chez moi histoire de me refaire d'autres trips et vu que mon four est naze, je profite du four de chez mon ami.
Le décalage entre mon état (légèrement défoncé) et le reste des gens présents à la soirée (complètement ivres) se fait plus pesant, je m'ennuie un peu. Au bout d'un moment, des gens décident de changer la musique pour balancer des vieux tubes de musique commerciale. C'est marrant un moment, puis ça commence à me gonfler, donc je pars faire un tour dans le jardin, qui est gigantesque. Je m'allonge un peu, je commence à me sentir trippé. Je décide donc de revenir dans la maison chercher ma copine et mon « compagnon de drogue » (un ami avec qui j'ai l'habitude de consommer mais qui ne consommait pas ce soir là qu'on appellera Matthieu -pour ceux qui ont lu mon post précédent, c'est celui qui a fait l'overdose de
MD-). Je leur raconte ma défonce, leur dit que c'est cool, que ça ressemble à un croisement entre une montée d'X et de
champis. On discute dans le jardin, je suis bien, mais lucide. La soirée suit son cours, la musique devient vraiment pourrie, je me fais chier comme un rat mort. Je décide donc de redropper en prenant un bout de mon gramme cuit précédemment. Je ne sais pas exactement combien j'ai repris à ce moment là . Au bout d'une heure, ça monte, c'est cool, je commence à être vraiment trippé. Du coup je vais me caler dans le jardin, Pink Floyd (Atom Heart Mother Suite) dans les oreilles et je décolle. Une sensation un peu comme un trip aux
champis léger : l'impression en fermant les yeux que mon corps flotte, grosse euphorie, grosse montée d'endorphines, le pied total quoi. Je me lève, je fais un tour au bord de la piscine, je trouve un gros canard en plastique et commence à lui taper la discute. Il devient mon super pote, je l'amène à mes potes, je leur présente, on se marre un bon coup, super ! Je vagabonde dans la maison, je rencontre plein de gens, je discute, je suis super désinhibé, tout va bien en bref.
Et là , incompréhensible, je sais que je suis défoncé mais je veux aller plus loin, je mange donc un bon gros bout de
beuh de mon gramme cuit en manquant de m'étouffer avec. C'était ma dernière prise, j'ai repesé le « gramme » après coup, il reste 0,3g, donc au total j'ai pris 0,95g en ingestion sur 3h.
Et là , au bout d'un temps que je ne saurais mesurer, je commence à me sentir plutôt mal... Une légère nausée, rien de très grave me dis-je. Du coup je me pose avec des potes, je prends un bon gros bout de
weed et roule un pétard. C'était le
joint de trop. On le fume en indienne, je me lève, commence à faire un tour au bord de la piscine, je jette un œil à l'intérieur et je vois ma copine dire un truc à l'oreille de Matthieu (qui est un de nos meilleurs amis, qu'on connaÎt depuis longtemps). Je peux revoir l'image, ce n'était rien d'autre qu'un truc dit à l'oreille comme il y en a des dizaines pendant une soirée où la musique est forte. Sauf que dans mon esprit fracassé, j'ai pris cela pour un baiser. Du coup, la parano qui monte, qui monte, qui monte... Je sais que ce que j'ai vu n'est pas ce que mon esprit croit, mais pas moyen de me défaire de la parano, l'angoisse monte, le rythme cardiaque aussi. Le bad est encore contrôlable, mais je me dis pas la peine d'essayer de lutter, ça fait partie du trip, accepte le...
Mauvaise idée, l'angoisse me scotche sur un transat au bord de la piscine. Ma copine me cherchait, elle finit par me trouver, en panique totale, je tremblais comme une feuille et j'avais du mal à parler, j'essaie de lui expliquer ma parano tant bien que mal, elle me rassure comme elle peut. Entre-temps, mon pote Matthieu s'est fait une entorse à la cheville en étant bourré, et ma copine essaie de gérer cela aussi, poche de glace tout ça tout ça... Bref la soirée commence à vriller. Moi je suis super mal, je peux pas lâcher la main de copine sans mourir de peur et me mettre à crier. Mon pote Matthieu décide d'appeler les pompiers pour sa cheville, du coup il faut le faire monter à l'étage pour le ramener vers la porte d'entrée. Ma copine et des amis s'en occupent, le problème c'est que du coup je reste seul. Dans ma parano, je suis presque content que mon pote se barre : ça éloigne ce qui dans ma tête défoncée était un rival. Ça me choque d'écrire un truc pareil, une fois sobre, de me rendre compte d'à quel point un produit peut faire vriller l'esprit et rendre réelles des choses qui en temps normal ne seraient pas même plausibles. Matthieu et ses accompagnateurs reviennent : les pompiers ont dit que ce n'était pas très grave et qu'il n'y avait pas lieu de l'emmener. Moi sur le coup ça me fait chier, vu que je le considérais comme un concurrent... On commence à installer les matelas par terre, le mien et celui de ma copine à côté, et celui de Matthieu au dessus. Je le pousse aussi loin que je puisse (la parano mes aïeux...) histoire que mon rival s'éloigne le plus possible !
Je me couche, et ma copine me demande de lui raconter ce qui se passe dans ma tête, je n'y arrive pas, j'ai envie de vomir dès que j'essaie de parler. On essaie de s'endormir, elle y parvient sans problème mais moi.. C'est une autre histoire ! La
weed n'en finit pas de monter, je suis dans un état d'angoisse atroce, je transpire, et là tous mes muscles en dessous de mon abdomen commencent à se contracter sans que je puisse les relâcher, ça me fait horriblement mal, j'ai envie de pleurer.
Je change de position plusieurs fois mais rien n'y fait, à chaque fois un groupe musculaire se contracte terriblement fort. Une heure après, ça passe et j'arrive enfin à trouver le sommeil vers 6h, soit 3h après ma dernière prise orale. Le lendemain, réveil à 12h atroce, je suis défoncé comme après 3 pétards, ma tête est lourde, je comprends rien... On part vers 13h, petit Mac Do sur la route, je me sens toujours mal, une fois arrivé chez moi je me jette dans mon lit et dors jusqu'à 22h30... Je me réveille relativement clean, mais un peu angoissé au fond. Je parle un peu de la soirée avec ma copine, ça me fait du bien de mettre des mots sur ce que j'ai ressenti.
En analysant la soirée, je me rends compte que ce qui m'a « perdu » c'est une volonté de sécurité excessive : au début, en droppant 250 mg en 2 fois, je n'ai pas bien senti la montée et n'ai pas attendu qu'elle soit finie avant d'envisager une seconde prise. J'ai fait n'importe quoi et je l'ai payé. J'avais déjà eu des problèmes de parano « jalouse » en fumant, mais jamais à ce stade. Du coup, j'ai décidé d'arrêter de fumer quotidiennement pour ne garder que le côté récréatif de mon usage de
cannabis, que le week-end par exemple. Aujourd'hui, je pense avoir bien repris mes esprits, j'ai eu un oral cet après-midi qui en faisant travailler mes neurones a « réveillé » mon esprit, je me sens relativement bien, avec peut-être un léger sentiment d'angoisse enfoui, mais rien d'insurmontable.
Pour résumer, ce n'était pas en tout point une mauvaise soirée : j'ai bien trippé, je me suis marré, je garde un bon souvenir des premières heures, j'ai parlé avec plein de gens et avec un canard en plastique. Mais je me serais bien passé du bad « bête ».
J'espère que vous aurez apprécié la lecture et vous souhaite de bonnes aventures psychoactives (ou non) et à la prochaine pour de nouveaux récits ! :)