Après avoir regardé un paquet d'épisodes d'Intervention, avec beaucoup d'histoires de gens devenus dépendants aux médicaments
opiacés, qui se tournent vers l'
héro parce que les pilules sont trop chères, je me rends compte que j'ai beaucoup de chance d'être dans un pays, où pour un coût relativement acceptable de Sécu et mutuelle, j'ai ma dose sans payer, sans avoir à me mettre en danger, sans avoir à souffrir de manque, d'attente, d'être dépendante des emplois du temps des uns et des autres, sans risquer d'attraper des maladies, et vu mon historique bactériologique, ça serait quasi certain que je choperais tout ce qui existe, et sans me ruiner.
Et sans que ça se sache...
Sans la
stigmatisation lié aux personnes dépendantes... Sauf dans les hôpitaux bien sûr, où même quand je donnais mon ordonnance à 400mg/jour quand j'étais hosÎtalisée, les 11 fois l'année dernière, ils me mettaient à 200 mg/j (et encore, en faisant la gueule pour le 4ème cachet), et j'avais beau leur dire qu'ils me mettaient en souffrance, et pour qui ils se prenaient pour changer la prescription d'un médecin qui me suit depuis des années, eh bien non (j'avais mes propres médocs bien planqués pour éviter le
sevrage par-dessus les douleurs opératoires et autres...)
En même temps, si je n'avais pas cette possibilité, est-ce que je serais devenue dépendante aux
opiacés? Est-ce que ça serait ma béquille, ma solution de repli?
Ca fait un mois maintenant que je suis dans un état phsychologique pas évident, et grâce à ma substance, je peux continuer à aller au boulot, à sourire aux gens, à être sociable, à ne pas gonfler les gens avec mes histoires de peine.
D'ailleurs, au final, je me libère de tout ça en écrivant principalement.
Ici, pour pouvoir quand même avoir un retour, et j'ai ouvert un document "lettre" sur mon pc pour celui que malgré tout, j'aime encore, et je lui écris.
Je lui écris tout ce que je voudrais qu'il sache, même si je lui en ai déjà dit les grandes lignes, à ce moment-là , il était lui-même dans un état qui faisait qu'il était complètement fermé et qu'il rejetait tout ce qui venait de moi, moi y compris.
Je ne sais pas s'il verra ces écrits un jour, je ne sais même pas quelles circonstances extrêmes feraient qu'il pourrait y avoir accès.
J'écris peut-être simplement pour moi, et personne ne le verra, et ça n'a pas d'importance. L'important, c'est que sur le moment, c'est thérapeutique.
J'ai aussi un psy, mais je le vois très peu, j'ai un emploi du temps de travail très chargé qui me laisse peu de place en semaine, mais on arrive à se caler environ un RDV par semaine, ou toutes les deux semaines.
Je l'ai vu une seule fois depuis que le ciel m'est tombé sur la tête et ça ne m'a pas tellement servi pour l'instant.
Je le revois mercredi.
Je suis honnête avec lui, il sait que j'abuse mes cachets pour tenir, pour ne pas m'écrouler.
Et je sais que je suis en train de reconstruire mon addiction physique, de laquelle j'étais quasiment sortie depuis des mois. Je l'ai senti en me levant ce matin avec les fameux "brain zaps" et éternuements.
Je n'ai plus d'ordonnance de
Tramadol depuis 2 mois, mais comme j'avais beaucoup diminué et que j'ai toujours été chercher ma dose mensuelle maximale, j'ai de la réserve.
Je garde toujours au minimum 10 boÎtes pour prévoir un
sevrage en douceur, donc j'espère arriver à avoir une nouvelle ordonnance bientôt, parce qu'au dosage où je suis actuellement, ça part vite.
Voilà , je suis une petite veinarde, parce que ma situation déprimante n'est que psychologique, et que je la vis dans un confort apprécié.