Catégorie : Opinion - 13 novembre 2019 à 19:12
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Isoretemple a écrit
J’ai eu envie d’écrire ce petit bonheur fugace
Oui.
Isoretemple a écrit
Cette légère euphorie, cette douce sensation de planer, cette spontanéité sincère vis à vis des autres… Tout ce que j’aime en réalité.
Cet extrait m'a particulièrement parlé.
Finalement je me demande aussi si ce que j'aime avec l'alcool ne serait pas sa capacité à soumettre mes interlocuteurs au test de l'écart de côté par rapport à leur zone de confort habituelle, voir s'ils vont plier avec souplesse ou rompre... Peut-être parce qu'on s'en fout alors un peu plus s'ils rompent...
Je pourrais même ajouter cette spontanéité sincère vis-à-vis de moi-même, parce que l'alcool a pu favoriser le dialogue avec moi-même, d'autant plus que la réalité était perturbante et difficile à affronter, me permettant de la sublimer dans le plaisir de la lucidité.
Hilde a écrit
Je pourrais même ajouter cette spontanéité sincère vis-à-vis de moi-même, parce que l'alcool a pu favoriser le dialogue avec moi-même, d'autant plus que la réalité était perturbante et difficile à affronter, me permettant de la sublimer dans le plaisir de la lucidité.
Pour ma part, l'alcool ne permet pas vraiment ce dialogue, ou pas tellement. C'est plutôt avec le cannabis que je me sens plus lucide et que j'ai très souvent de grandes révélations sur ma vie (qui continuent de me paraitre vraies quand je suis redescendue). Il y a peu, j'ai dû passer un contrat avec moi-même, me promettant de réfléchir sur le sujet important que j'avais à l'esprit à un autre moment, pour que je me laisse profiter du trip (particulièrement sympa d'ailleurs), que je me foute la paix trois minutes quoi...
Pour moi, avec l'alcool tout est plus simple et léger, mais aussi beaucoup moins profond.
Marcel Proust a écrit
Non loin de là est le jardin réservé où croissent comme des fleurs inconnues les sommeils si différents les uns des autres, sommeil du datura, du chanvre indien, des multiples extraits de l’éther, sommeil de la belladone, de l’opium, de la valériane, fleurs qui restent closes jusqu’au jour où l’inconnu prédestiné viendra les toucher, les épanouir, et pour de longues heures dégager l’arôme de leurs rêves particuliers en un être émerveillé et surpris.
Là ! Là, il a fait fort, très fort, le gars ! Je crois n'avoir jamais rien lu de plus beau, c'est du génie, je ne trouve pas d'autre mot. Toujours est-il que je serais tentée d'appliquer ces vers aux différents alcools, pourtant si dénigrés et de basse condition. Ces derniers semblent en effet avoir été déchus de la qualité de noblesse, à cause des sommets de stupidité grasse et vulgaire auxquels ils peuvent nous abaisser.
Je garde en mémoire quelques souvenirs de mes expériences passées avec l'alcool, ou les alcools. Car, si il s'agit toujours fondamentalement d'éthanol, les "trips" (appréciatif) ou "cuites" (péjoratif) ne sont toutefois pas les mêmes, en fonction des distillats employés. Je me rappelle d'effets raffinés, aériens et fugaces, en montée, bercés d'une douce, généreuse euphorie, et d'une désinhibition libératrice. Dans ces moments-là, le transport pouvait sembler extraordinaire, surtout lors des premières expérimentations, quand on découvre qu'il existe un monde magique où tout devient possible. Un nuage, toujours au masculin, que tu dépeints agréablement, Isore. Hélas, cet envol dure peu de temps, et on sombre assez vite dans une ivresse et une perte de conscience regrettables. L'alcool appartient à ces drogues imprévisibles qui, passé un stade, ne vous laissent plus maîtresses de vous; bizarrement, elles prennent le contrôle, chose plaisante au début, quel délice de se laisser faire, mais épreuve très embarrassante aussi à cause de cette sottise et de cette médiocrité qui infusent inexorablement (l'alcool rend con, c'est un fait admis). Ne plus être timide, c'est cool, mais devenir idiot en contrepartie, tu parles d'un marché foireux !!
Alcool. Sommeil. Nuage.
Je me souviens aussi de l'amitié fraternelle, de la touchante complicité entre soulard(e)s qui n'en finissent pas de se servir et de se resservir à boire, comme pour consolider un lien fort, celui des personnes en pleine et béate communion, laquelle sympathie s'évanouira dès le lendemain, dans l'odeur de vomi, les draps chiffonnés, et un mal de crâne évoquant un malicieux pivert occupé à cogner à l'intérieur des têtes peu fières des acolytes trahis par l'ébriété. L'alcool est traitre, c'est son principal défaut. Peu de drogues font état d'une telle traitrise, en dehors de l'addiction qu'elles suscitent.
Enfin, mon dernier souvenir d'alcoolisation, modérée cette fois-ci, gravité du moment oblige, ce fut ce face à face avec mon père, un soir, qui avait un message important à me délivrer, au sens propre de ce mésusage. Je savais bien ce qu'il voulait me dire. Il n’arrêtait pas de remplir nos verres, le sien surtout, pour se donner du courage. Le cran de m'avouer qu'il reconnaissait avoir fort mal agit en nous quittant, ma mère, moi qui venait de naître, et mon frangin de 4 ans, mais que tout cela n'était pas si simple, qu'il y avait un contexte, des raisons, des explications, chose que je savais. Mes beaux parents avaient été les témoins directs de ce divorce, avant, pendant, et après, cette partie manquante de mon histoire personnelle, la mienne, ils m'en avaient parlé, s'étaient confiés à moi, et j'avais fini par comprendre qu'effectivement, tout n'était pas si simple... Le pardon, je lui avais déjà donné. En revanche, je ne me souviens pas avoir eu la force de lui dire clairement. Pas assez picolé pour être libérée de toutes les entraves. Il aurait fallu que je sois complètement bourrée pour tomber en larmes dans ses bras. Cela dit, nos rapports se sont apaisés, et c'est l'essentiel. Une ode à l'alcool, un hommage à ce trait d'union ? Pourquoi pas.
Anonyme Acculée a écrit
Hélas, cet envol dure peu de temps, et on sombre assez vite dans une ivresse et une perte de conscience regrettables.
Je crois que c’est ces aspect éphémère qui fait qu’on passe souvent à côté de cette douce ivresse. On ne prend assez le temps de sentir la montée, on enchaîne les verres et on ne sent rien jusqu’à ce qu’il soit trop tard et qu’il n’y ait plus aucune finesse. Rien qu’un gros machin un peu brouillon qui ne révèle pas le meilleur de nous-même. Comme il semblerait que je ne sois pas prête à ne plus boire du tout, j’essaye aujourd’hui d’être attentive à lui (l’alcool), de prendre mon temps. Ce n’est pas toujours réussi, mais c’est mon approche de ces dernières semaines. Je ne sais pas si ce revirement de situation (l’alcool devient un allié possible et plus seulement mon ennemi) est bénéfique pour moi parce qu’il me permet de redécouvrir l’alcool et de voir ma consommation sensiblement augmenter. J’avais pourtant fait des progrès gigantesques depuis quelques mois. Le temps me dira s’il est possible de concilier les deux approches.
Bootspoppers a écrit
La relation au père ... on en parlait toutes les deux B*** et moi dans le bus samedi qui nous emmenait d une soirée à l'autre.
Une jeune fille assise non loin de nous a fait irruption dans notre conversation... jamais ça ne m'était arrivé.... c était fort, c'était beau. Le sujet l'avait absorbée. (Toute cette soirée nous avons été abordées B*** et moi... étonnant).
Ah, la relation au père… C’est un sujet tellement universel qu’on se retrouve à en parler parfois avec une étonnante facilité, qui n’existe pas pour tous les sujets si “intimes” je trouve. Jusqu’avec de jeunes inconnues dans le bus… Quoi que ça, ça n’arrive pas souvent tout de même, c’est un moment à garder précieusement dans son esprit pour qui l’a vécu.
Bootspoppers a écrit
Vous êtes vos textes. Nous sommes nos mots. Vous lisant, nous devenons vous mêmes.
J’aime beaucoup cette belle phrase, elle me parle.
Je ne sais pas si c’est Proust, Boots ou Lena, ou vous trois, mais vos écrits m’ont inspirée et donné envie d'écrire...
Anonyme813 a écrit
Je ne sais pas si c’est Proust, Boots ou Lena, ou vous trois, mais vos écrits m’ont inspirée et donné envie d'écrire...
Le compliment suprême :)
Mon addicto a essayé de me sevrer.
Anonyme813 a écrit
Je crois que c’est ces aspect éphémère qui fait qu’on passe souvent à côté de cette douce ivresse. On ne prend assez le temps de sentir la montée, on enchaîne les verres et on ne sent rien jusqu’à ce qu’il soit trop tard et qu’il n’y ait plus aucune finesse. Rien qu’un gros machin un peu brouillon qui ne révèle pas le meilleur de nous-même
Devant l'échec de la prohibition il m a autorisé un verre par ci par là. Pour optimiser la sensation il m a recommandé de laisser les gorgées quelques instants en sub lingual. Ainsi le cerveau a le temps d enregistrer la prise de stupéfiant et d être attentif à l ivresse plus subtile.
Anonyme813 a écrit
: une solution à envisager...
Durée 145 heures!!! Mourir !
"La machine est réarmée"... comme je comprends ce que tu veux dire. C'est tellement compliqué.
Et comme tu dis, il y a une partie de la solution dans l'écriture (si seulement elle pouvait y être en entier, la solution...). Mais parfois elle a l'effet inverse sur moi. Quand je retravaille certains textes où je parle de drogues, quelles qu'elles soient, l'envie d'en prendre est terrible, alors même que cinq minutes avant j'étais complètement dans autre chose je ne pense plus qu'à ça.
Bootspoppers a écrit
Devant l'échec de la prohibition il m a autorisé un verre par ci par là. Pour optimiser la sensation il m a recommandé de laisser les gorgées quelques instants en sub lingual. Ainsi le cerveau a le temps d enregistrer la prise de stupéfiant et d être attentif à l ivresse plus subtile.
Tiens, c'est intéressant ça, c'est à essayer !
Anonyme Acculée a écrit
Bonsoir Isore,
Le passage de Marcel Proust provient d'À la recherche du temps perdu - Le Côté de Guermantes. Lire ce qu'il y a autour, avec une vie devant soi, ça doit être possible. Je n'ai pour ma part jamais réussi à m'atteler à la lecture de cette œuvre littéraire majeure, trop dense et trop vaste, un peu comme le corpus musical de certains compositeurs particulièrement prolixes.
Je me souviens avoir eu à lire A l'ombre des jeunes filles en fleur pendant mes études, je n'arrivais pas à rentrer dedans, c'est la lecture de Deleuze et de son livre Proust et les signes qui m'avait donné la clef. Après ça la lecture de Proust était facile et agréable... Après, ça fait longtemps, je ne sais pas si aujourd'hui ça se passerait pareil.
Anonyme813 a écrit
dédicace à ocram
Je suis affreusement bon public... j y peux rien!
Ocram
Ps: le rosé c est de la merde!
Anonyme813 a écrit
Je me dis parfois que ce serait plus simple de l’en éliminer définitivement, mais d’une ce n’est pas vraiment ce que je souhaite et de deux je sais que je compenserais avec d’autres substances.
Tu as totalement raison ....
Prends soin de toi
MM
meumeuh a écrit
Anonyme813 a écrit
Je me dis parfois que ce serait plus simple de l’en éliminer définitivement, mais d’une ce n’est pas vraiment ce que je souhaite et de deux je sais que je compenserais avec d’autres substances.
Tu as totalement raison ....
Oui, s'interroger, vouloir protéger (comme on peut) sa santé, c'est très bien mais il faut aussi être réaliste.
Hier soir, alors que je lui disais que pour mieux gérer ses consommations, je pensais qu'il fallait trouver un moyen de négocier avec soi-même, mon amie m'a répondu qu'elle était bien embêtée parce qu'elle ne négociait pas avec les terroristes et qu'étant elle-même une terroriste de l'alcool il n'y avait pas de dialogue possible...
Je n'ai pas encore trouvé de réponse à lui apporter sur le moment mais ses mots me laissent songeuse.