Les mouettes crient et hurlent à la mort tel un chœur de crissements de pneus porté par le bruit des rouleaux de vagues s’affaissant sur la plage. Les cris vont si loin, de partout, de nulle part. L’eau charrie les coquillages, recouvrent la terre plate. Les oiseaux sont fous, luttant contre le vent, se laissant portés par la tempête, croisant chacune de leurs trajectoires. Rien ne laisse comprendre leurs actions illogiques. Elles ne sont certainement pas en chasse, elles dansent comme des sauvages au-dessus de la mer, libres de pratiquer n’importe quel mouvement ascensionnel, ou un plongeon.
Une rave de mouettes dans un champs de mer, improvisé sous l’air du sifflement du vent. Elles ne s’arrêtent pas, jouissant de chaque bourrasque, déployant grand leurs ailes, jouant des éléments. La mer malgré les gros remous parait insignifiante, inoffensive et dompté par ces misérables oiseaux. Certaines se laissent emporter vent arrière, grand largue, disparaissant derrière la falaise. D’autres attendent face au vent, pattes dans le sable, regard à l’horizon, stoïque. Pour un oui, pour un non, certaines décollent sans but. Leur vol évoque la cloche d’un animal, le grelot aux pieds d’un clown. Une sonorité métallique rappelant à la vie, au temps qui passe, à notre présence. Les cris résonnent jusque dans mon squelette. Ma chair ne vibre plus, elle est inerte et taillée en profondeur. Un torrent de perte et de fracas fait chavirer tout mon être et les mouettes insolemment continuent de jacasser et de rire à la vie. Légères plumes au milieu de toute cette puissance invisible et insaisissable. Au large, un groupe de mouettes part vers l’horizon.
Ne t’abandonne pas Jimi.
Laisse-toi reprendre par la vie et tes souvenirs.
Post-face
Jimi est-il mort ? en soi non mais la parenthèse se ferme.
Il est passé par l’overdose, l’excès, le trop.
Que peut-il en ressortir d’autre que l’expression d’un dépassement de soi ? Une tentative avortée de se sublimer … par la drogue. Malheureuse réalité, dur à regarder, complexe à entendre, impossible à comprendre.
A vouloir toucher l’infini, il a touché à une limite plus concrète, celle de l’éventualité de sa propre mort.
La complexité est de rester simple, tel un vol d’oiseaux, simple qu’en apparence. Du côté de l’humain, notre envol tient à des mots déterminant notre être et notre positionnement en perpétuel mouvement.
Cela pourrait être Jimi, son père, un de ses potes ou nous.
Nous parlons ici d’une façon d’être présent à la vie, à sa vie, aux menaces et légèretés, à la crainte de l’engloutissement, à la mort.
Le parcours d’écriture est là, à l’ouverture, à la création de passerelles, à la compréhension sans jugement, sans résistance.
Ce travail n’est pas terminé, loin de là. Ces quelques mots d’un récit, d’une poésie portent en eux d’y être, aux côtés et d’accompagner pour le meilleur ou pour le pire. Peu importe.
Non pas que nous n’en n’étions pas sensibles mais il manquait quelque chose et des mots qui permettront de s’aventurer plus loin, plus haut, de sillonner, de parcourir, de voltiger.
Nous vous remercions,
Antoine Courtecuisse et Richard Marimootoo.