J’ai l’habitude d’aller me fournir, à Bayonne, dans une cité connue pour ça.
Mais jamais le samedi après midi, car c’est le plus dangereux, les clients défilent.
Le plan est super bien organisé, on ne voit le vendeur que dans une cage d’escalier, chacun ressort d’un côté.
En bus, à 13h30, en semaine, pas de problème. Par contre, ils, flics ou voyous, repèrent (ou croient repérer), les véhicules.
Je m’avance vers le point de vente. Personne. C’est très rare.
Bon, je descends à la cité du bas, la petite ZUP. Là un petit blond me sert un quarante euros. Du super bon, mais il en manque. Il dit, ici c’est le prix (2 grammes de moins que les 8 pour 40e). Je pense m’être fait avoir, mais je connais le matos, je ne finis pas mes
joints!
Au moins, je ne rentre pas bredouille. Je remonte au niveau du plan, où les mecs sont absents.
Vais pour prendre mon skycruiser MBK 125, je viens juste de l’acheter.
Il ne démarre pas, je suis véner, c’est pas la batterie. Je suis en train d’essayer de démarrer, quand une voiture de patrouille s’arrête à mon niveau.
Au départ, naïvement, j’ai pensé qu’ils venaient m’aider. Je n’ai pas l’air d’un gars (s’il existe un air), qui vient pour ça.
Avant de continuer, je dois vous dire pourquoi je ne m’inquiète pas, là-bas.Une fois, je sors du plan et attend le bus. Là une caisse banalisée de la BAC, débarque, et me saute dessus. Ils cherchent un autre. La chose qui les intéresse, c’est mon identité (heureusement que j’avais mes papiers). Je sors mes papiers, mais, idiot comme je peux l’être, un gros bout de techi, assez bon pour coller à tout. Le keuf rit, et puis demande si j’en ai d’autres.
Là, je sors tout. Ils apprécient (ils ont des vrais bandits à traquer, contrairement aux uniformes), et trouvent le sac de
méthadone. Encore un samedi (ne jamais y aller ce jour-ci), je leur dis tout, le
CSAPA, qu’ils ne peuvent appeler. Mais j’ai, à défaut de bon de transport, une ordonnance, et un tampon sur chaque fiole.
J’explique que mon
cannabis est thérapeutique, mon docteur au courant, et que, sans, je me sens mal, fait des crises et consomme des drogues plus «dures» (ce n’est pas moi qui dit ça).
Les gars compatissent. Mes affaires sont éparpillées par terre. Les douze meuge de
hash sont sur le trottoir. Ils finissent par me donner congé, avec politesse et humanité.
Le
shit est toujours avec moi, quand ils s’engouffrent dans leur caisse, je dis : je suppose que je ne dois pas revenir?
Les keufs haussent les épaules, ils ne peuvent pas le dire, mais, vas-y, si ça t’empêche de faire des conneries et te soigne...on a rien contre, est exactement le message.
Autorisation de pécho, "vous pouvez me faire un papier?", autorisation de fumer, sur dérogation préfectorale...
Par contre pour samedi dernier, après mes fanfaronnades vantardes sur la façon dont je leur met profond, en fait, non.
Préoccupé par le scooter, je les vois, ils s’amènent agressifs.
Si tu me donnes ce que tu as, tout de suite, c’est bon (bluff?).
Je dis non dix fois, je n’arrive pas à penser à autre chose qu’au deux-roues, et puis, je me souviens, que, lors de l’échange, j’avais préparé un plastique. Le pollen est si friable, et si bon, qu’il sent à dix mètres. Je perd le sachet, concours de circonstance, pour une fois ils trouveront, s’ils cherchent. Il est dans le paquet de clopes, erreur de gosse de 15 ans!
Le flic dit que s’il le trouve, c’est mon permis qui saute (j’ai 12 points!). Je sais qu’il ne peut pas, mais il peut mentir, et dire que j’étais au guidon, sous «l’empire de la résine».
Je donne, mais trop tard. Voiture, comico. Je me suis juré, dix fois, de ne plus jamais avoir les menottes. La première fois, après dix ans, j’en ai pleuré, échec, destin.
Mais, là, malgré la procédure, je n’ai pas été menotté, ni dans le véhicule, ni sur le banc.
Il faut savoir, vous l’avez peut-être lu, que je suis un homme qui n’a pas de chance, maudit, mais, qui s’en sort toujours, par un hasard encore plus improbable, que les événements invraisemblables précédents.
Je ne suis jamais allé en maison d’arrêt.
Pour l’instant…Non, jamais, je ne suis pas un voyou!
Mercredi, je suis convoqué au commissariat, je pense à une ordonnance (amende du tribunal, t’as intérêt à avoir les sous), ou rien mais ici, cela peut, pour un récidiviste se payer cher (c’est le jour du
Csapa, mais j’allais pas leur dire ça, convoqué, il vaut mieux il y aller). A Paris, l’OPJ m’avait appelé alors que j’étais en cure. Puis m’a oublié. A Paris, ils ont du travail!
Ici? Une affaire de conduite en état d’ivresse, avec récidive, et c’est l’incarcération. A Pais, je n’ai jamais soufflé dans un ballon.
Moralité, le scoot' et les caisses sont repérables, il faut se garer loin. Changer d’apparence (lunettes, capuche en entrant, rien en sortant), et, si on peut, ne pas y aller. L’Espagne est à côté, moins dangereux de passer la frontière!
Mais sans scooter...
Les gardiens de la paix, discutent de la qualité, qu'ils trouvent bonne, et pèsent, en fait il y a un gramme en trop! Puis ils rient en évoquant leurs infractions, et leurs murges monumentales au commissariat. Devant moi. Ailleurs, à Rennes c'était devant nous, une bouteille de pastis...par personne (enfin si on dit encore personne, pruneaux de cent kilos)! Et après il mettaient des flingues dans les bouches arabes...
Le pire, est que le comico était à une heure de marche de la ZUP. J’ai dit à la police, vouliez que je sois honnête, j’ai menti parce que j’ai besoin de cette «résine» (et bien caché, ça marche), comme tout le monde l’aurait fait.
Puis, que je vais y retourner tout de suite. «c’est à vos risques et périls, faîtes ce que vous voulez». On a bien rigolé, quand ils m’ont fait un cours sur le
CBD (bstépé), et raconté leurs cuites! Dans quel monde vit-on?
N'empêche que mon papier se rallonge et on risque de me faire moins confiance. Et le permis...positif au
THC, même si c'était le matin et qu'il est midi. Voir la veille, ou plus mais ça, c'est à eux de décider, hôpital ou pas. Peut-on refuser?
Je n’ai rien contre ma police, mais contre la façon dont certains traquent les consommateurs, aucun intérêt sécuritaire, du chiffre?
Je retourne donc à mon scooter, magnifique, mais non roulant, attendre une dépanneuse qui ne viendra jamais.
Il se trouve qu’il y a un plan de
CC, qui ne commence qu’à 20h, heure que j’évite. Mais, après une carotte (en fait non), suivi du scooter mort, de l’arrestation, du comico, la marche de la mort, je suis prêt. Prêt pour me faire un shoot de
coke.
Là je me dis que, tant qu’à faire…
Je me retrouve en sécurité dans un parking à m'injecter. Mais là, s'ils arrivent c'est vraiment pas de chance.
Voilà le travail, je vais galérer, prendre le bus, et surtout, ne plus me faire avoir. Ne plus fumer?
Il y a des smoke shops qui vendent de la
beuh, à la frontière espagnole. Mais quand même, quelle galère, et si cela avait été 7g de C?
La prison de Bayonne, je passe devant pour aller pécho, est remplie d’innocents.
Vous voyez, un jour je suis un bouffon poissard, tantôt je suis un poissard, mais malin.
Le seul truc illégal que je fait (avec l’aval du docteur) est de fumer du
shit. Je suis un énorme danger pour la société!
Le seul endroit où tu peux laisser des gros couteaux sur les tables d’un «bistro» est un coffe. Par exemple le Mississippi, péniche à Maastricht, un éminceur de 40cm est à disposition pour couper son
hash. Imaginez ça, une seconde, dans un bar…
J'avais envie de parler d'autre chose, mais là, je suis pas en forme, il fait beau; prendre l'air, respirer. Quelle société!
M'enfin il y a pire!