Un sentiment très confus s’était emparé de l’esprit du docteur Douglas, bien résolu à déterminer le mystère de sa propre incertitude. Pourquoi était-il ici et que s’était-il passé exactement pour qu’il se soit retrouvé là ? Une affaire perdue d’avance, car qui sait chercher saura bien déterminer si la quête en vaut les péripéties, et ma foi que ces péripéties sont indénombrables !
Ah… nous voilà enfin, se dit le docteur Douglas, convaincu de s’être retrouvé, j’étais allé chercher quelque chose…
Mais quoi au juste, une réponse, une question, une chaussette ayant perdue sa paire lors d’un combat épique entre les détergents de la lessive et les taches de graisses subsistantes dues au dernier repas, certes copieux, du drôle de personnage qui venait de se rappeler de l’existence d’une porte. D’entrée, de sortie ? Par quoi était-il entré et d’où était-il sorti ? Il avait en effet trouvé un moyen qu’il jugeait efficace de se retrouver derrière les virgules de sa propre conscience, échappant à la matrice purulente qui observait ses faits et gestes et commandait son futur, le destinant à lui servir corps et âme tous entiers. Mais ce moyen, cette porte, n’était-elle pas elle-même donnée par la matrice, en guise de leçon, lui montrant ainsi qu’il ne pouvait se soustraire de son caractère omniscient ? Douglas le savait très bien, mais ce moyen lui permettait…
Lui permettait quoi au juste ?
Une habile controverse mentale, un jeu de cache-cache entre lui-même et sa propre conscience, aux proies d’une entité, d’un système qui l’avalait goulument et menait aux supplices de son propre cerebro. Cela dit il s’en sortait plutôt bien, il venait de traverser les fleuves radieux du recoin de l’extase au bord des cascades de l’infini à bord de son radeau volant, et violet, rajoutons-le, et venait de se poser sur une terre inconnue, aux multiples facettes d’un calme rassurant. En apparence…
Qu’est-il que je puisse apercevoir au loin ?
Sans crier gare une multitude de centaures écourchevelés et pourvus de membres robustes, créature mystique et tribale, venait de jaillir sur le docteur, entrainant son cœur et son corps dans une danse martiale totémique en bouleversant son cheminement cavaleresque qui l’avait emmené jusqu’ici, ce qui est, sans l’ombre d’un doute, déjà pas mal, admettons-le !
Attendez… Pourquoi ces drôles de créatures se battraient ? L’univers est si vaste et les plaines que nous apercevons jusqu’à la boucle de l’horizon ne semblent appartenir à personne…
Encore un retournement de cervelle qui le fit tomber de son compagnon pour le moins équestre dans les tréfonds de son esprit effarouché,
là encore la matrice l’observait et le laissait se dépatouiller dans ses propres méandres sans s’en préoccuper, car elle savait qu’à tous les coups elle l’aurait…
Dr. Douglas s’enfuit alors, aussi simplement qu’un battement de cil ( ce qui est quand même vachement compliqué, vous imaginez les concordances psychomotrices que cela demande ? ), il venait de déjouer les comptes du système, en feignant qu’il faisait partie de celui-ci tout en jouant les agents-doubles à son propre compte… Mais pour quoi au juste, à quoi cela servait il de se laisser embrigader dans ces tours de passe-passe, croyant deviner son propre reflet le faisant trébucher à chaque moment de mégarde spirituelle ?
Mais… c’est tellement beau, et tellement paisible…
Le docteur venait de se retrouver en plein milieu d’une plaine mystique, constituée de grains de sable volants caressants son doux visage et de pyramides construites de justesse pour l’avènement du plongeon ultime de la conscience.
Wow, cet endroit est terriblement fait pour que j’y plonge faire un tour !
Emportant son corps astral dans les détours de ce paysage mirifique il découvrit alors l’exacte raison de sa venue ici, elle était dans le fait qu’elle existait par elle-même ! Une délicate justesse d’esprit, une succulente caresse cérébrale qui lui donnait envie de s’abandonner au tout, à la puissance de l’un et du néant.
Mais… attendez encore une fois …( c’est si peu vous demander, vous vous êtes là à lire sagement cette aventure alors que il y en a qui se démènent dehors, enfin à l’intérieur, enfin bref.) Ce n’est point justement pour cela qu’on cueillit avec voluptuosité mon esprit égaré, pour que je m’abandonne une bonne fois pour toute au tout, à l’unique matrice gouvernant nos âmes vagabondes ? Je ne peux pas me laisser aller ici, après tant de voyage parcouru !
C’était encore un coup de la matrice, l’ayant conduit à sa propre luxure dans les délices des massages séraphiques, mais il s’en était sorti ! Couvert de boue et de mousses si il le faut mais sain et sauf,
un instant je vous prie,
Sain ? et par-dessus cela sauf ? Voilà une déclaration qui mérite de s’y attarder. Un être sain, et, de surcroit sauf ne peut pas s’imaginer traverser tout cela par rigueur d’esprit juste comme ça, pour la curiosité. Il faut une graine de folie et un esprit malicieux pour déjouer les propres sorts qu’on nous réserve nous-même aux virages ammoniacés des précipices de l’idéal, tout en gardant à l’esprit (si il est assez consistant pour qu’on puisse garder quelque chose en son sein !) que cette procession de questions et réponses à la recherche de soi-même n’aura au final jamais de fin car sa réponse réside dans le seul fait qu’elle puisse se résoudre par sa présence même, la rendant par la même étape l’éternelle source séraphique des paysages radieux de l’existence… Cela ne vous rappelle pas quelque chose ?