Je crois que je peux résumer mon mariage en 1 mot "traumatisme" je ne sais pas pour qui le plus mais on a rampé tous les deux.
Au début on etait plein d'espoir,comme dans tous les débuts.
Oui j'avais des petits dérapages de temps en temps dans mes comportements,mais ça c'est depuis mon adolescence,j'avais appris à vivre avec,je gérais.
Il a des parents qui ont divorcé en toute amitié et les miens vivent toujours ensemble en se haissant,déjà on commence avec un gros décalage dans nos perceptions d'amour.
Lui il n'aimait pas parler,un silencieux et introverti,moi qui arrête pas de parler,qui est assoiffée de vivre des expériences bouleversantes,mais au final j'ai eu ce que je voulais non? je suis complètement bouleversée par tout ce qui m'arrive dans tous les sens du terme.
Je me souviens bien le jour de notre mariage,après la petite cérémonie qui dure 10 min à la maison communale,on a fait la fête dans un resto chinois pourri,ça me donne encore le sourire quand j'y pense,y'avait moi lui et sa famille,qui pouvait s'imaginer une fin pareille à ce moment là ..
Nous avions besoin de l'un de l'autre pour survivre,au fil du temps "ce besoin" a commencé à nous démolir moralement,moi j'ai perdu tous mes reflexes,je me suis enfermée dans notre appartement et je suis restée dedans pendant des années,lui il avançait malgré tout parce qu'il avait un contact avec la réalité.
J'ai passé mes plus belles années sur un fauteuil comme un légume,à la fin j'etais dans la totale incapacité pour des trucs tout bête comme aller au supermarché par exemple. Je pesais 125 kilos + 4 maladies,à l'époque ma drogue c'etait la nourriture et aussi la dépendance affective que j'ai pour lui. Il avait peur de me perdre alors il ne réagissait pas,il prenait sur lui.
Quand je raconte ça aux gens,ils sont choqués et ils pensent sûrement que je suis une parasite,une profiteuse,une fainéante,pour moi aucune des trois,si c'etait le cas je serais épanouie,en bonne santé physique au moins
Par contre,j'etais une grosse peureuse qui n'avait aucune estime de soi,aucune confiance en elle,oui j'avais des qualités comme l'altruisme,la sensibilité,l'humour mais tout ça n'aidait pas à me faire sortir de cet enfer.
Peu importe les raisons en fin de compte,n'ai je pas la honte? oh que si.
Nous n'avions aucun ami,on faisait tout ensemble,on sortait jamais,on chattait sur internet même pendant ses heures de travail.
On s'est réfugié du temps qu'on peut dans notre univers infantile,regarder des animés sous la couette,s'occuper de notre lapin etc c'etait triste mais mignon,comme rire en pleurant ou manger des sucreries en ayant mal au ventre..
- PS: Notre lapin "Jambon" a eu un virus dans le cerveau le jour de son départ (c'etait pire qu'une ambiance de deuil et il a tout ressenti) il est devenu handicapé,il ne se tenait plus debout et il est mort dans des conditions affreuses parce que je n'etais pas en état de le soigner,je ne me pardonnerai jamais car je mérite la mort plus que lui. -
Le sentiment de sécurité peut être aussi néfaste que l'insécurité.
Après on a commencé à se detester,moi je montrais ma rage mais lui non,il a laissé accumuler en lui,mais au fond on détéstait juste ce qu'on etait en train de devenir,on détéstait aussi notre impuissance face à tout ça,c'etait un tsunami ravageux et trop tard pour s'enfuir,
Je l'encourageais à 1000% dans tout ce qu'il faisait,dans ma tête je n'existais plus,j'avais supprimé cette case,je me disais qu'on va mourir ensemble alors je m'en fou. Et lui il me prenait dans ses bras,il me disait toujours oui pour ne pas me blesser,alors que c'est ça qui me blessait le plus dans l'inconscient,ça me réconfortait sur le moment mais demain j'allais encore plus mal qu'hier..
Bien sûr,y'a eu des bons moments aussi,des moments forts qui prouvaient qu'on s'aimait vraiment.
J'etais trop maternelle aussi,c'etait pathétique,je reproduisais ce que j'avais vu de ma mère avec mon père. Je n'avais aucun caractère en fait,je cherchais à me valoriser en copiant les attitudes des autres. J'avais besoin qu'on approuve mes actes,qu'on me dise "bravo continue comme ça",la petite fille en moi avait peur de grandir et elle etait prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut.
En me laissant comme une merde,il m'a donné une chance pour grandir mais pour l'instant c'est pas gagné.
Maintenant il est qqn super sociable et il fait avec sa copine tout ce qu'il n'a pas fait avec moi,il a mis une fin à ses souffrances,il a trouvé le bonheur.
Quand on se voit il est tellement indifférent et froid,c'est peut-être sa protection mais je sais que si je meurs il se remettra vite.
Avec le choc émotionel et la découverte des atrocités qu'il racontait sur moi à sa confidente,j'ai perdu 70 kilos (dont les 10 derniers avec
methylone forcément) je n'ai plus ces 4 maladies et je suis libre comme un oiseau mais est ce que je suis plus heureuse?
Deux jour avant de son départ,il m'a dit :
"j'ai tellement souhaité que tu sois morte"
Et moi je me culpabilise,je me vois la seule coupable dans l'histoire,je suis coupable de demander toujours plus,d'avoir des besoins si énormes,si j'etais qqn calme,simple,bien dans sa peau,une fille forte qui se contente des petits bonheurs de la vie,je ne serais pas au fond du trou aujourd'hui,je ne serais pas seule comme un désert,je ne serais pas qqn inutile ainsi,sans vouloir faire ma drama queen je suis coupable de naitre tout court : )
J'ai l'impréssion que je m'autoflagelle depuis une étérnité,je ne ressens plus aucune douleur.
Je suis programmée à me détruire comme un robot,il me semble.
Quand la vie devient un cauchemar et tu réalises que tu n'es pas en train de dormir,quand la terre devient une céllule de prison 6 m2,quand les autres deviennent ton pire ennemi,la lumière au bout de tunnel perd tout son sens.
Je déballe toute ma vie ici et c'est pas la première fois que ça m'arrive,la semaine passée j'obligeais des inconnus à m'écouter,je racontais les mêmes choses encore et encore et encore,je fais peur et forcémént pitié quand je suis comme ça,mais leur raconter ça ne me faisait pas du bien,au contraire ça me rendait encore plus agressive,je pense que pour une fois je partage avec les bonnes personnes et alors ce sentiment de mal être va partir?
et c'est long! on dirait un roman de Marcel Proust