[ Bad trip ]

Réagir face au bad trip

Bonjour tout le monde!

Voila des années que je n'étais pas venu sur le forum, et en passant lire quelques discussions, je me suis dit qu'il serait utile que je vous partage une histoire qui m'est arrivé il y a de ça un bon moment:

Je vous place le décor:
Nous étions une bonne douzaine, dans une maison de campagne.
C'est une amie qui avait organisé la soirée, je ne connaissais pas la plupart des invités.
J'avais environ 20 ans, eux un peu moins.

Parmis ces personnes, l'un d'entre eux avait prévu des cartons de LSD pour à peu près tout le monde.
N'ayant pas la compagnie de mes partenaires de trip habituels, je ne fut pas tenté ce soir là d'en prendre, je fus donc la seule personne à ne pas en prendre.

pour certains, c'était leur premier trip. D'autres avaient quelques expériences, et quelques un étaient un peu plus expérimentés encore.

La soirée se passait bien, jusqu'au moment où l'important de ce que je vais vous raconter commence:

Alors que j'étais un peu à l'écart du groupe avec un ami, j’entends les autres parler d'un de leurs amis qui "commence à décrocher"
Ils avaient l'air plutôt inquiets, et effectivement, il y avait de quoi...

La personne en question (que je nommerais 42) n'avait plus les pieds sur terre:
Il ne savait plus où il se trouvait, ne se rappelait plus de nous, je ne suis même pas sur qu'il savait qui il était à ce moment là.

Communiquer était difficile, presque impossible: il avait le regard dans le vide, ne nous écoutait pas (comme s'il ne nous entendait pas), et les seuls actions dont il faisait acte, était de temps en temps une question qui revenait: "je suis où?"

ne sachant pas comment réagir face à la situation, ses amis sont donc venus me trouver, m'expliquant qu'étant le seul à ne pas avoir pris de drogue, c'est à moi que revenait la charge de s'en occuper (merci les mecs!)

Bien sur, je n'allais pas laisser cette scène se dérouler devant mes yeux sans réagir, je suis donc allé rejoindre 42 pour lui tenir compagnie.

Je lui ai d'abord demandé s'il me reconnaissait: négatif.
Je lui ai rappelé que nous étions venu ensemble, qu'il avait fait la route dans ma voiture, ça l'a fait réflechir, mais sans plus.
La maison dans laquelle nous nous trouvions était une résidence secondaire de sa famille, je lui demande donc s'il reconnait les lieux: pas mieux...
Je change ma formulation et lui explique qu'il était avec moi dans l'après-midi, que nous avons pris ma voiture pour venir jusqu'ici etc... En gros, je lui raconte notre journée.

Nous étions dehors dans le jardin, le long de notre "discussion" je lui demandait s'il se sentais bien (c'était heureusement le cas) s'il avait soif, envie de quelque chose, etc...

Lorsque mes phrases duraient plus de 15 secondes, je le voyait décrocher, repartir le regard dans le vide.
Mais lorsque je lui posait une question simple, il arrivait à me répondre.
J'ai donc compris qu'il fallait que je garde son attention, ce que j'ai fait:
Je me suis mis à lui parler sans interruption, et lorsque je sentais qu'il lachait l'coute, je claquais des doigts en l'appelant, ce qui me permettait de recapter son attention et continuer à lui parler.

J'ai pris soins d'enchainer entre affirmations et questions:

- Par affirmation, j'entends le récit de la journée passée, ce qui permettait de lui faire revenir peu à peu la mémoire et le mettre dans une situation de confiance

- Par questions: j’entends la demande de confirmation de sa part: s'il se rappelait ce dont je lui parlais, ou s'il  comprenait

J'ai par moment tenté de lui faire répéter ce que je venais de lui dire.
Il n'a pas réussi les premières fois, mais peu à peu, il arrivait à se concentrer, à me répondre, et répéter ce qu'il venait d'entendre.

Il commençait enfin à reprendre pied

à un moment, il m'a dit avoir froid, je l'ai donc accompagné dans la grange où se trouvait le reste du groupe qui continuait la soirée.
Arrivés à l'intérieur, la musique lui à fort déplu (et moi aussi, d'ailleurs! jul c'est pas ma tasse de thé). Connaissant son gout pour les musiques plus rock, je lui ai donc passé un album des stones, je lui ai servi un verre d'eau, et là, en 5 secondes, il était complètement revenu à lui


Si la point de bascule fut rapide, j'ai quand même passé près d'une heure à capter son attention et à tenter de le faire interagir avec ce qui l'entourait (enfin... avec moi, quoi)
Le but était de faire en sorte qu'il se perde le moins possible dans sa tete en l'occupant par des "informations extérieurs"
Coup de chance, ça a marché.


Pour ma part, j'ai déja vécu des bad-trips, mais de manière différente: je ne me suis jamais retrouvé déconnecté de la réalité comme il l'a été ce soir là.
Dans mes expériences, je m'en suis toujours sortit en me rappelant que j'avais pris un produit et qu'il était normal que je ne sois pas dans mon état premier. Si le moment dur à passer doit durer trois jours, et bien j'attendrais

Mais gérer le bad trip d'une autre personne est totalement différent.
Je pense que le plus important est:
1) de rassurer la personne si elle ne se sent pas bien
2) garder son attention pour lui faire oublier ce qui ne vas pas, et se focaliser sur d'autre choses (même raconter des banalité, tant que le sujet reste simple, faut pas non plus rajouter des nœuds au cerveau)

Je terminerais ce post en disant que j'ai appris par la suite que 42 avait déja eu une expérience au LSD et que ça s'était passé à peu près de la même manière.
Il a eu le droit à un long et dur sermon de ma part, le lendemain bien sur, une fois les idées claires.

voila pour l'histoire, j'espère que ce récit pourra être utile à d'autres (quoique ne pas en avoir besoin est toujours mieux)

Je m'étais retrouvé démuni face à la situation ce soir là, tout comme l'on été ses amis.
Mais ils ont pourtant préféré me refiler la charge et continuer leur soirée de leur coté...
Si un jour vous êtes dans cette situation, par pitié, ne faites pas ça!
Soyez responsable, même si vous ne pensez pas pouvoir faire grand chose, une simple présence peut etre déja beaucoup!

Si la drogue n'avait pas de bon cotés, nous n'en prendrions pas.
Si la drogue n'avait pas de mauvais coté, ce serait peut-être légal
(ces deux dernières lignes sont mon avis personnel)