Bonjour a toutes, à tous :)
Je vous lis ponctuellement depuis maintenant près d’une dizaine d’années et il est peut-être temps aujourd’hui que je me présente à vous et pourquoi pas échanger quelques expériences personnelles, vécus, questions, angoisses, plaisirs, bon moments (etc) avec vous :)
Je profite aussi pour vous remercier, tous, pour vos témoignages, vos expériences,
Remercier le staff de Psychoactif, qui est une extraordinaire mine d’information, d’une bienveillance dont le corps médical devrait s’inspirer parfois un peu plus.
Vous avez tous, tout au long de ma vie de consommateur passionné, été d’un grand soutien et vous m’avez de par votre approche de
réduction des risques probablement évité de très nombreux problèmes, qui pour certains auraient pu avoir de lourdes conséquences sur ma santé.
Alors moi c’est zrow ( nom d’emprunt vous vous doutez bien
), né en 1995, ayant vécu une enfance plutôt tranquille, avec beaucoup de bonnes et quelques mauvaises ( parfois très mauvaises ) expériences, en somme une enfance relativement banale.
Mes premières consommations récréatives ont débuté vers 14 ans, en premier lieu du
tabac, puis occasionnellement de l’alcool, les classiques premières soirées et premiers abus.
J’ai tout de suite perçu toutes ces expériences comme (très) agréables et les ai rapidement reproduites, sans forcément m’apercevoir que déjà, je préparais le terrain d’une longue et passionnante histoire d’amour avec les produits.
J’ai rapidement commencé a fumer seul, en cachette le soir, pour l’alcool rien à signaler ( pour l’instant ).
Arrivé au lycée, à 15 ans, j’ai eu l’occasion de tester mon premier
joint, ou plutôt simplement 4 bouffées généreusement offertes par un ami, expérience formidable, le coup de foudre. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que je commence a en acheter puis à augmenter les doses, le
joint se transformant en
douilles, de plus en plus grosses.
Les soirées alcoolisées ont également vu s’ajouter des solvants inhalés qui malgré leur forte toxicité m’ont fait passer de bons moments ( aaaah l’eau écarlate dans un sac plastique, des bons souvenirs
)
C’est plus’ou moins a ce moment que j’ai pris conscience que j’avais une forte tendance à aller dans l’abus, quand je consommait qqchose j’y allais a fond, tête baissée ).
Quelques très rares consommations d’alcool seul chez moi quand les parents étaient au travail, mais toujours rien de problématique).
À mes 18 ans changement de région, j’emménage dans un HLM et je vois vite que quelques voisins sont consommateurs. S’en suit une reprise de la consommation de
cannabis.
Sous les (mauvais) conseils d’un pote du CFA j’ai aussi commencé a faire les pharmacies, dans un grande ville si on les fait toutes on rentre le soir avec un bon gros stock. Ce fut le début de ma consommation de
DXM puis de
codéine.
Le
DXM c’était marrant, rien de plus, je n’ai pas cherché à aller trop loin dans les dosages, je sentais que je n’apprécierai pas trop un effet trop marqué.
La
codéine en revanche, un énorme coup de foudre, vraiment. Bien entendu pas de dépendance apres une seule consommation, mais il m’était totalement impossible de ne pas en reprendre tellement l’expérience m’avait marquée ( de mémoire 150mg la toute première fois).
Consommation d’alcool devenant également problématique, la 8,6 tous les matins avant les cours est vite devenue une habitude.
Quelques troubles anxieux ont été à l’origine de mes premières ordonnances de
benzodiazépines vers cette période également. Pas de coup de foudre mais c’était fort appréciable de pouvoir dormir sur commande, mettre fin à une grosse dose de
caféine après les 6h de cours en boulangerie, et la dépendance s’installa, avec un début de tourisme médical, qqs médecins, un oubli volontaire de la carte vitale et de multiples pharmacies, c’était tellement facile... et perfide, je commençais a creuser le trou duquel je ne suis toujours pas totalement sorti.
La consommation de
codéine devenant rapidement insuffisante ( sans vraiment de manque puisque jamais de panne d’approvisionnement a ce moment là), je suis allé chez mes voisins qui étaient déjà mes dealers de
shit, pour avoir de l’héroïne, et croyez moi que j’ai eu beaucoup plus de mal à les convaincre de m’en vendre que de convaincre les médecins de me prescrire des benzo:lol:
19 ans et la polyconsommation
alcool,
cannabis,
héroine, benzo a eu raison de mes économies, ou plutôt de l’argent obtenu par héritage. 20 000 euros en 9 ou 10mois, 5 grammes d’héros par jour ca coute cher
(edit: je précise que j’ai de nombreuses fois tenté l’injection mais jamais réussi a trouver la veine, ça m’a probablement sauvé
Mes parents ont également déduit de mon comportement que je devais prendre quelque chose de bien plus lourd que juste un p’titre
joint, et j’ai été surpris de voir ma mère arriver en me disant "on sait que tu prend de l’héroine, c’est pas un drame mais c’est pas rien, va falloir en sortir, on est là pour t’aider."
J’ai donc commencé par une tentative de
sevrage en hospitalisation, avec de l’atarax pour seul accompagnement. Je crois que même avec toute la volonté du monde je n’aurai pas réussi. J’ai signé la décharge le 5è jour et je suis allé chez mon dealer, qui en plus de me vendre mes 5g m’a offert une gélule de 40mg de
methadone en me disant " tape juste une petite trace de
came pour te soigner et prend la metha, sans reprendre de
came par dessus, ca dure 24h, regarde si ça te convient et parles en a ton toubib"
( un dealer qui t’aide a décrocher c’est quand même une singularité, je crois que de tous mes dealer c’était le seul avec un bon fond et une approche bienveillante).
La
methadone a clairement rempli sa fonction, initialisation à 50mg/j, décrochage plutôt "simple" de l’héro, en douceur plus ou moins, j’ai même pu descendre seul sans en parler au médecin pour commencer a me constituer un stock, "au cas où [...].
Entre temps je suis passé par plusieurs périodes d’alcoolisme plutôt marquées, une à 20 ans ( ma belle mère connaissant les dangers d’une privation brutale d’alcool me donnait 50cl de vin chaque matin pour partir en cours, elle a aussi fait beaucoup de pédagogie auprès de mon père, un grand soutien) une à 22 ans, une a 23 ans, avec à chaque fois une cure en hospitalisation, à grands coups de séresta et de séances diverses et variées. Je garde un très bon souvenir de ces passages en cure, le séresta était bien dosé et faisait son taf. ( au passage l’alcool m’à couté mon permis de conduire suite à un accident, violent mais très chanceux de n’avoir blessé personne d’autre qu’un platane sur le bord de la route, a peine une griffure sur mon bras mais la voiture complètement explosée).
Aujourd’hui j’ai 28 ans, j’ai un traitement quotidien de 20mg de
miansérine (
AD ), 10mg de séresta et 15mg de
méthadone et tout est plus ou moins stable ( plus ou moins jusqu’a présent, j’en parlerai dans un nouveau post car j’aurai quelques questions à poser à ce sujet).
Plus d’opiacés hormis la metha,
Plus de
cannabis depuis 18 mois,
Plus de consommation de
cocaïne ( c’était très ponctuel mais 1g en free
base en environ une heure, peu mais très fort et très bref)
Plus de
tabac depuis 5 jours ( substitué à la
cigarette électronique, mais les
douilles de
tabac me manquent deja)
Consommation d’alcool raisonnable ( 50cl à 9° une a deux fois par semaine, sans manque ni
craving)
Baisse significative des conso de metha et de benzo depuis le début du traitement il y a bientôt 8 ans
Mais, parce qu’il y a un "mais...", aujourd’hui et depuis six semaines, tout ne se passe plus aussi bien. J’aurai l’occasion de vous en parler en détails dans le prochain post.
[ EDIT : j’ai outre ma passion pour les substances, une passion pour le savoir et la connaissance, je suis boulimique d’informations et ai un besoin fondamental d’éplucher en profondeur les sujets qui m’intéressent, j’ai grâce a ça acquis un savoir conséquent sur le sujet, mais bien entendu je ne suis pas un professionnel et mon savoir reste celui d’un"profane" un passionné qui s’instruit mais qui bien sur n’a nullement prétention de détenir la vérité.
Donc voilà, je sais beaucoup de choses parce que je lis beaucoup de choses, mais mon savoir n’a pas plus de valeur que celui d’un autre et je n’ai pas la prétention de connaitre un sujet mieux que quelqu’un d’autre. ]
Je vous remercie infiniment d’avoir eu la motivation et le respect de lire mon message malgré sa longueur
<3
Bonne journée/soirée a toutes et a tous
Dernière modification par Zrow (21 octobre 2023 à 22:32)