Hello Cependant
Situation difficile... Tout comme un usager qui ne veut pas arrêter, une personne fermée d'esprit qui ne veut pas changer ne le fera pas.
Les histoires familiales c'est si compliqué, alors celles des autres...
J'ai eu plus ou moins le même souci avec mes parents, sauf que j'avais environ 16 ans. Comparés aux miens, les parents de ton amie ont quand même l'air de tenir à elle, en tout cas suffisamment pour ne pas l'abandonner, ce qui a été mon cas malgré mon jeune âge.
Si je te parle de mon histoire perso, c'est qu'après une grosse période de guerre sensiblement identique à ce que tu décris au-dessus, bah j'ai finalement réussi à changer la vision des choses d'un des deux, ma mère.
En gros, à mes 15 ans, mes parents découvrent que je fume des
joints, et voilà laisse tomber j'étais déjà morte pour eux. S'en est suivi 2 années de guerre familiale jusqu'au jour de mes 18 ans où mes parents ont enfin pu me foutre dehors de la maison. Pour eux ils m'envoyaient sous un train et je n'avais aucune chance de m'en sortir. Et d'ailleurs concrètement j'en avais peu, pas d'appart, pas de job, pas de revenu, encore aux études, Heureusement j'avais quelques potes de confiance sur qui compter, un côté débrouillard et surtout un gros esprit de contradiction.
Bref les années passent, je prends mon appart seule, fini mes études, trouve une source de revenu pas très légal ni éthique mais qui me permet de consommer ce que je veux et de m'anesthésier le cerveau. Vers 20 ans je trouve mon premier job en tant que salarié et arrête de vendre.
Entre temps, depuis mon départ de la maison, ma mère est tombée en burnout-dépression. Elle a réussi avec l'aide de son psy à sortir de l'emprise psychologique de mon père (ils sont toujours ensembles). Elle a été mise sous
AD, et a compris et accepté la place du
THC dans ma vie. Pour elle c'est mon
AD à moi (ce qui est pas tout faux) Un changement d'avis sur le
THC que je n'aurai jamais pensé entendre de sa part, prude comme elle est, n'ayant jamais fumé même une
cigarette.
Mais, surtout, elle a compris que j'étais toujours moi, que ça ne me changeait pas. Je suis aujourd'hui des plus fusionnels avec ma mère, mais sans cette période difficile et ce moment où elle m'a clairement consciemment laisser tomber (manipulée par mon père mais tout de même), elle n'aurait certainement pas sauté le pas psychologiquement. Aujourd'hui je peux parler de toute mes conso à ma mère, elle qui n'a jamais rien tenté, je ne me sens jamais jugée. Elle regrette profondément ces agissements et vraiment, c'est l'exemple-type de la personne qui a ouvert son esprit et s'est réconcilié avec les drogues sans en prendre.
Cependant (lol), même si j'ai certainement été un élément déclencheur, son déclic n'est pas venu de moi. Elle a fait elle-même (+ son psy) ce travail. Elle a compris qu'elle et moi subissons toute deux la même souffrance psychologique provoquée par mon père, et que nous avions besoin d'une aide externe, que j'ai trouvé avant elle et de moi-même. En fait j'ai aussi fait un burnout/dépression, mais difficile d'être prise au sérieux à 15 ans.
Et en parallèle, moins rigolo, l'exemple de mon père.
Qui déjà est à l'origine du problème (violence psy et physique, besoin de contrôle, non-gestion de sa colère, etc..).
Qui depuis 10 ans (j'ai 25 maintenant) n'a pas changé son avis sur la question de 1 cm.
Qui suit mon évolution, mes réussites, mes anniversaires sans pour autant m'adresser un mot, un regard, ou un petit message, depuis 10 ans.
Qui quand on lui parle de moi, se met en retrait, car a honte. Je suis une ratée une droguée qui n'a aucune chance de réussite dans sa vie (Propos datant d'il y a quelques semaines encore).
Après avoir subi sans rien dire pendant des années et ne voyant aucune évolution ou regret de sa part, j'ai décidé il y a 3 mois de rompre définitivement les liens avec mon père. J'ai été très clair il peut me déshériter sans problème. Noël, Nouvel an, fêtes des mères n'importe quelle occasion j’en ai rien à foutre je ne veux plus me retrouver dans la même pièce que lui. Il n'existe plus pour moi.
C'est une décision difficile car cela fait ressortir un sentiment de rejet que j'avais anesthésié avec les drogues ces dernières années. Et pourtant je suis de loin pas abstinente, mais ces derniers temps j'y suis plus sujette. Mais malgré la difficulté, cette décision est la bonne pour moi. Une fois que la plaie aura cicatrisé, je vivrai de manière bien plus libérée et apaisée. Je me suis interdite de me laisser encore une fois dicter des soi-disant règle pour correspondre à des idéaux imaginés par mon père ou qui que ça soit d'autre.
J’en viens enfin aux liens que je voulais faire avec ton forum:
Peut-être que ton amie et ses parents devraient s'éloigner un moment, prendre du recul sur la situation. Perso, c'est à ce moment-là que ma mère a eu le déclic.
Malheureusement, on ne peut pas changer tout le monde. Il se peut que les parents de ton amie ne changent jamais d'avis par manque simple de volonté et alors là, il faut selon moi commencer à réfléchir au bien-être de ton amie. Est-ce qu'à 35 ans devoir rendre des comptes à ses parents de la sorte est vivable ? A 18 ans je ne le supportais déjà plus.
Dans l'autre sens, est-ce normal quand ton enfant a 35 ans de continuer à s'acharner comme cela ? A un moment, n'as-tu pas le devoir de lui laisser faire ses expériences, essayer de s'en sortir seule ?
Maintenant est-ce que ton amie serait capable, avec de l'aide d'un
CAARUD et/ou d'une assistance sociale et la tienne peut-être, de vivre indépendamment de ses parents ? Est-ce qu’elle en a envie même déjà ? Je ne sais pas si elle est suivie par un psy, addicto, mais sans parler d’abandonner les drogues est-elle consciente qu’il y a un souci dans son train de vie ?
En gros, est-ce que vouloir forcer une bonne relation ne prétérite par les deux parties dans ce cas ? L’un gâche la vie à l’autre et vice-versa ?
C'est toujours délicat et difficile de comparer des histoires de famille, je suis peut-être totalement HS... J’espère avoir pu t’amener quelques pistes. Nombreuses de tes interventions sur le forum ont pu m’aider et j’espère que j’ai pu t’apporter au moins une partie de ce que tu m’as donné.
Courage à ton amie, à sa famille et surtout à toi. N’oublie pas que tu ne peux pas régler les problèmes des autres à leur place si eux-mêmes n’en n’ont pas envie…
Bien à toi
Stelkr