Témoignage - Années de dépendance

MoteurDeBalayeuse a écrit

Bonjour,

J'ai écrit mon premier post sur ce forum il y a de cela 4 ans, quasiment jour pour jour. J'ai décidé de brièvement partager mon bilan 4 ans plus tard et comment ma consommation à évolué.

Au début, en 2021, j'ai eu des opioïdes prescrit par mon médecin et j'ai décidé de les économiser pour avoir mon high de temps en temps sans bâtir de tolérance. Au début cela se déroulait quand même bien, ma femme travaillait un weekend sur deux alors le weekend qu'elle travaillait je m'occuppais seul des enfants sans consommer.

Ma consommation à évoluer comme cela:

1. 1 x par deux semaines:

Opioïdes toutes les deux semaines. Puis j'ai eu accès à du lyrica donc j'alternais lyrica et opioids toutes les deux semaines.

2. 1 x par semaine:
J'ai découvert que le lyrica aidait énormément mon anxiété au travail, lors de présentation, réunion clients etc... J'ai commencé à prendre du lyrica durant ces réunions. Donc une semaine opioïdes et une autre semaine lyrica à peu près.

3. 2 x semaine (et +):
lyrica samedi et opioids dimanche chaque weekend + lyrica au travail.

4. 3 x semaine (et +)
J'ai commencé à acheter des dilaudid sur le darkweb, donc j'ai commencé à en prendre les vendredi, samedi et dimanche, plus le lyrica quelque fois par semaine au travail.

Je me suis persuadé que cette consommation ne m'impacterait pas car je ne consommais que les weekends (dans ma tête), comme quelqu'un qui prend un verre le weekend. Mais en réalité je consomme entre 4 et 5 jours sur 7 depuis 2 ans. Les journées sans consommation au travail devinrent de plus en plus difficiles. Je fis bonne figure, et personne, je crois, ne me soupçonnait mais c'était très difficile pour moi de garder le focus et ma performance dégrada. Au final je n'étais à jeun que 30 % du mois, seulement et ce 30% était terriblement pénible.

J'ai consommer en le cachant à ma femme, mes enfants, parents, amis et collègues de travail. Ma femme un jour trouva des pillules dans mes affaires et me traita de drogué. Je lui fit croire que c'était quelque chose d'autre et elle me crut donc du mensonge, j'ai passé au vol, voler les gens que j'aime leurs opioïdes et j'en ai honte.

Maintenant 4 ans plus tard j'ai réalisé cela. Après un temps des fêtes, 2024 à binger, j'ai décidé d'arrêter de consommer car je vois comment ma vie est rendue. Comment faire les petites choses du quotidien comme tondre la pelouse, jouer avec les enfants, discuter avec sa femme, travailler devant un ordinateur etc... lorsque ton cerveau ne veut que le high des opioides ?

Modeste 7 jours d'abstinence, cette semaine fût très difficile et aujourd'hui dimanche, je me sens beaucoup mieux. J'ai l'intention de contrôler ma consommation maintenant et je sais que j'en serai capable. Je veux écrire un livre et c'est le projet qui me motive maintenant, ça et ma famille, je veux prendre soin d'eux. 

Merci de m'avoir lu, lorsque l'on a quelque chose en soit, il faut l'écrire pour la sortir et s'en défaire. Je crois.

Hello !

J’ai lu ton témoignage et je suis heureuse de lire que tu te sens mieux aujourd’hui, une semaine ce n’est pas rien et bravo pour ça ! Je te souhaite de continuer à aller de mieux en mieux et d’aller au bout de ton projet (qui est selon moi un merveilleux projet)

Si je peux me permettre, quel est le rôle de ta chérie dans ton cheminement de sevrage ? De mon expérience, c’est tellement plus « facile » lorsque l’on est soutenu par son conjoint. Sans mon chéri je ne sais pas où j’en serai ! Personnellement j’ai encore les pieds en plein dans la merde, je suis en plein sevrage tout en douceur et très progressif pour ne pas souffrir, et heureusement que j’ai mon chéri et ma meilleure amie qui sont là.

Je suis spécialiste de rien du tout mais si jamais rechute il y’a, ne t’en veux pas, et sache que ça ne t’empêchera pas de continuer à avancer dans ton sevrage et à te débarrasser de ce qui te fait tant de mal ! C’est plus facile à dire qu’à faire, j’en suis la preuve vivante haha, mais on motive les autres comme on peut hein
Est-ce que tu es suivi ou tu fais ça seul ?

Bon courage à toi pour la suite, je te souhaite de tout cœur d’y arriver, et au vu de ta détermination je suis sûre que ça ira :’)

Dernière modification par Amy_râle (13 janvier 2025 à  01:51)

MoteurDeBalayeuse a écrit

Bonjour Amy,

Merci beaucoup de m'avoir lu et de ton intérêt.

Pour répondre à ta question; non, ma conjointe n'est pas au courant. Si jamais elle apprenait que je me drogue et me droguait toutes ces années, elle me laisserait.

Malgré que nous soyons toujours ensemble, notre relation s'est dégradée ces dernières années. Elle me reproche de ne jamais vouloir rien faire, et c'est la vérité je voulais rester à la maison, tout le weekend pour jouer à des jeux vidéo pendant que je me défonce sur le dilaudid. Je consommais environ 24g de dilaudid en 3 jours, puis j'arrêtais les opioïdes pendant 4 jours en prenant environ au deux jours du lyrica pendant deux- trois ans, je ne sais plus…

Peut-être en parler à ma femme comme tu fais avec ton conjoint serait plus facile, elle comprendrait par ou je passe, mais p-e par lâcheté, je ne préfère pas.

Je fais cela tout seul, sans médecin ou support extérieur. Peut-être que c'est pour cela que je désire partager mon expérience ici ?

Bravo pour ton accomplissement, j'ai l'impression que quand on passe au travers du manque, après la vie nous revient belle, sans cette drogue, et on se remet à comprendre comment on fonctionnait sans elle.

J'ai pris du lyrica aujourd'hui, j'avais une grosse réunion au travail et mon anxiété est trop forte pour que je participe sans...

Une journée à la fois...

Tu n’es pas seul.

C’est vrai que la situation « idéale » entre gros guillemets c’est d’avoir son conjoint avec soi. Le « avec soi » aussi entre guillemets parce qu’en réalité, tant qu’on ne le vit pas, on ne peut pas vraiment comprendre. Mais ça apaise un peu les choses que l’autre soit dans la confidence. Ça lui permet d’avoir une explication claire à beaucoup de choses, qu’il comprenne que ça n’est pas contre lui, et sans cette justification c’est compliqué de ne pas passer pour celui/celle qui ne fait aucun effort et s’en tape du couple…
Et à la fois, je comprends aussi tellement tes craintes.. ta situation n’est pas facile mais je reste persuadée que tu trouveras l’issue qui t’apaisera.

La seule chose que je puisse faire à mon échelle du coup, c’est un peu d’écoute et quelques mots maladroits..
Sache juste encore une fois que tu n’es pas seul.

Beaucoup de courage à toi !