L'abréviation
NPS est généralement utilisée en France en référence aux Nouveaux Produits de synthèse.
Ils désignent un éventail très hétérogène de substances qui imitent les effets de différents produits illicites (ecstasy,
amphétamines,
cocaïne,
cannabis, etc.). Leurs structures moléculaires s'en rapprochent, sans être tout à fait identiques. Cette spécificité leur permet, au moins à court terme, de contourner la législation sur les stupéfiants ; certains sont classés, d'autres n'ont pas de statut juridique clair. Généralement achetés sur Internet, les
NPS sont connus soit par leurs noms chimiques, soit à travers des noms commerciaux.
Véritable fléau qui à la vitesse grand V est parvenu en tout juste à peine 15 ans de réussir à s' implanter durablement et profondément sur la toile, depuis 2006 c'est une explosion de l'achat et de l'augmentation de consommation de ces nouveaux produits synthétiques ainsi que la multiplication des vendeurs de Shop dit "rc" pour
Research Chemicals.
La plupart des
NPS identifiés jusqu'à aujourd'hui en Europe par le réseau EWS ont été principalement produits puis importés de Chine et, dans une moindre mesure, d'Inde. Dans l'UE, selon l'Observatoire européen, seuls la Pologne et les Pays-Bas ont signalé des productions de
NPS sur leur territoire.
Entre 2007-2008, années des premières identifications en France de molécules considérées comme étant des
NPS, et 2014, le nombre d'identifications était en constante augmentation avec un accroissement important à partir de 2011. En 2015, ce nombre recule mais reste tout de même élevé, au-dessus du niveau de 2013. Ainsi durant cette année, 42 nouvelles molécules ont été identifiées sur le territoire français. Au total, 222 nouvelles substances ayant circulé au moins une fois en France ont été recensées depuis l'apparition des premières molécules. En Europe, on dénombre plus de 500 nouveaux produits de synthèse depuis 2001, dont plus des deux tiers sont apparus depuis 2008.
Sur Internet, les
NPS sont souvent proposés à des prix variant de 8 à 30 euros le gramme, selon les sites de vente. En 2011, les prix des
NPS à la revente, c'est-à -dire les prix « de rue », sont en moyenne trois fois plus élevés que ceux en ligne. Pour une quantité achetée d'un gramme, la somme dépensée par les usagers passe de 10 euros pour un achat direct sur un site de vente en ligne à 30 ou 40 euros pour un achat auprès d'un revendeur. Les prix moyens des
NPS sont donc très compétitifs par rapport à ceux des substances illicites qu'ils imitent.
Sur le nombre total de Nouveaux produits de synthèse répertoriés en Europe en septembre 2014 (environ 350), très peu ont fait l'objet d'un classement à l'échelon européen. Depuis la création du système d'échange rapide d'informations en 1997, 17 substances ont fait l'objet d'une évaluation des risques européennes et 14 ont été classées.
Souvent, avant même leur classement européen comme drogue, ces substances sont déjà considérées comme telles dans la majeure partie des États Membres. Parmi les dernières substances concernées, la
MDPV est celle à être le plus identifiée en lien avec des conséquences sanitaires. Elle est associée à 525 intoxications aig¼es (19 en France), et directement ou indirectement impliquée dans 108 décès (1 en France).
À l'heure actuelle, les risques à long terme de l'usage de ces produits, c'est-à -dire leur toxicité chronique ou leur potentiel de pharmacodépendance sont très peu connus. Des études s'avèrent nécessaires pour réaliser cette évaluation.
En France, en complément des 14 nouveaux produits de synthèse classés au niveau européen, 8 autres ont également été individuellement classés (
2C-I, JWH-018,
4-FA, HU-210,le CP-47,497 et 3 autres de ses dérivés). L'arrêté du 27 juillet 2012 a représenté un changement majeur dans la manière dont ce classement est réalisé. Alors que jusqu'ici il était procédé à des classements individuels, molécule par molécule, pour la première fois, le législateur a eu recours à une approche dite "générique". Une grande part des
cathinones se trouvent ainsi être classées par un seul texte.
Le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017 aborde cette question par des approches variées. Il prévoit d'améliorer l'identification des
NPS (mesure 47), la prise en charge des consommateurs dans les services d'urgences (mesure 38), les pratiques de
Réduction des risques sur Internet (mesure 51), ainsi que les infractions constatables sur ce vecteur (mesure 66).
Au delà de ces mesures, l'identification des nouvelles substances est un défi technique pour la France comme les autres États membres de l'Union européenne. Elle demande une collaboration entre laboratoires au niveau national mais également au niveau européen via le Early Warning System. C'est pour l'instant par l'intermédiaire de ce réseau européen que les laboratoires partagent leurs connaissances, l'identification d'une substance par l'un d'entre eux étant rapidement diffusée aux partenaires.
Pour tenter d'harmoniser les actions des États membres au niveau européen, la Commission Européenne a rendu publique le 13 septembre 2014 une proposition de réglementation. Présentée en avril 2014 en 1ère lecture au Parlement européen, elle est en cours de discussion au niveau du Conseil de l'Europe.
21 Mars 2016.