Je pense être loin de poster le premier témoignage de rencontre avec les
psylos, encore moins avec la variété mexicaine assez populaire, mais j'y tenais.
Depuis le temps que nos amis les champignons me tentaient, j'ai enfin fait le pas tout juste hier soir. Ne connaissant pas encore le potentiel du produit j'ai choisi de commencer avec les
truffes "mexicana" notée 2,5 sur 5 sur l'échelle de "puissance" sur le site où je les ai achetées, soit les plus légères selon eux. Même si j'avais déjà pris de l'acide plusieurs fois, restons raisonnables.
Contexte : Maison avec un jardin d'un ami, en présence de trois de ses cousins et cousines dans la pièce à côté en cas de problème.
Dose : Nous disposions d'une portion de 15 gr, et mon meilleur ami et moi avons pris chacun environ un quart, entre 3,5g et 4 g de
truffes fraîches chacun. Nous sommes les seuls à avoir consommé.
Durée de l'expérience : Environ 3 heures d'effets en enlevant la montée et la
descente, mais quelques restes au niveau de l'humeur et de l'enchaînement des pensées durant une-deux heures une fois "fini".
Nature du trip : Pas d'hallucinations ni de grosses déformations, mais des perceptions différentes bien présentes. Trip avant tout émotionnel et mental, mais je vais y revenir.
Effets secondaires : Nausées au début du trip mais sans vomissement, fatigue physique et mentale après le trip.
L'expérience :
Les
truffes ont commencé leur action au bout d'environ 30 minutes. J'ai ressenti d'abord une agréable euphorie, puis une sensation de froid. Un petit moment de nausée désagréable et c'est parti ! Les effets me semblaient vraiment minimes au départ mais j'ai choisi d'attendre un peu avant d' hâtivement en reprendre. Je ne sais pas vraiment à partir de quand les effets sont devenus plus intenses, car j'avais une notion du temps trop changée pour le déterminer.
Je n'arrêtais pas de rigoler et j'ai remarqué que je voyais légèrement flou par moment. J'ai fixé le mur devant moi et le flou c'est intensifié et il m'a semblé alors saisir quelque chose d'essentiel sur lequel je n'arrive pas à mettre de mot. J'ai eu l'impression d'être hors de moi même, incapable de penser, mais seulement de contempler, même si je ne voyais rien de particulièrement beau en soi en cet instant là .
Je me suis sentie flasque, sans énergie physique, apathique et me suis affalée sur le lit. J'ai alors eu quelques instants la sensation d'être sous
MDMA, j'ai retrouvé une émotion particulière que j'avais vécu sous ce produit sans savoir pourquoi. Je me suis alors mise à réfléchir sur le lien entre les émotions et les souvenirs. Chaque souvenir, chaque moment ou période de ma vie correspondait à une émotion unique, souvent indéfinissable.
On parle couramment de tristesse, de joie, de colère, d'angoisse, on définit les principales sensations émotionnelles partagées par tous les êtres humains, mais soudain je prenais conscience qu'au delà de ces émotions principales, chacun avait en lui d'autres sentiments qui lui étaient propres, et qui étaient ineffables car ne pouvant pas être compris des autres. Les mots étaient arbitraires et ne pouvaient exister que suite à une décision conventionnelle ayant pour but de permettre la communication. Mais l'immense majorité des émotions n'avaient pas de noms puisque personne n'avait pu les expliquer et les partager avec les autres.
En parallèle je riais toujours. Je me suis levée tandis que mon ami pouffait de rire en se tortillant bizarrement sur le lit. Il disait se sentir tout mou, coulant.
J'ai regardé autour de moi et même si je voyais normalement, je percevais différemment. La pièce me semblait être une sorte de maquette, un peu artificielle. J'étais dans une dimension différente, figée dans le temps. J'avais l'impression que ce dernier était en pause, que tout était immobile sauf moi et mon ami qui avions réussi grâce aux
truffes à pénétrer cette espèce d'espace-temps. Je me suis mise à marcher et faire des gestes avec les mains, ils m'évoquaient des idées sur le temps.
-"Putain je suis en train de comprendre tellement de choses là ... C'est... incroyable" dis-je à mon camarade de trip.
-"Bah vu ta tête en même temps... On dirait que tu viens d'avoir la révélation mystique de ta vie !"
On s'est mis à échanger nos sensations et nos idées, on en est venu à parler de la matière en touchant le mur de la pièce couvert de papier peint avec des reliefs. Au bout de quelques minutes mon ami s'est esclaffé :
-"Oh là là on caresse un mur, c'est n'importe quoi ! Mais c'est trop bien !"
On était dans un état à la fois illuminé et loufoque commun, un trip totalement complice. Nous avons ensuite mis de la musique en nous laissant transporter les yeux fermés par ses notes, en partageant nos ressentis. Puis mon ami a mis une vidéo et pendant qu'il regardait je suis allée à la fenêtre fumer une
cigarette. J'étais submergée par pleins d'émotions, de perceptions et de réflexions, je n'arrivais plus trop à savoir où j'en étais. Tout ce passait dans ma tête, autour de moi les choses ne changeaient pas. Une même émotion pouvait être ressentie de différente façon : parfois elle venait de l'extérieur, de l'ambiance qui m'entourait, ensuite elle jaillissait de ma poitrine, puis de mon esprit.... Je passais de l'angoisse à la joie, de la naïveté à l'omniscience en l'espace d'une fraction de seconde.
Je me suis rassise sur le lit avec mon meilleur ami et pendant que nous rions je me sentais dans un cocon isolé des maux du monde. L'amitié me semblait être une sorte de dimension protectrice, avec des teintes jaunes-orangées. Le fait de penser à ces couleurs me paraissait bizarre, pourquoi celles là ? Nous nous sommes donc mis à parler des couleurs, mon ami me confia qu'il ressentait que le jaune était triste, et que les couleurs lui évoquaient des notes de musique ( il est organiste et compositeur à ces heures perdues ). Le gris était un mi pour lui..
On dériva sur le bleu. Le bleu était flottant, léger, comme une sorte de bulle. Il s'est levé.
-"Je vais mettre de la musique. Le bleu ça me fait penser à un truc."
-"Mets le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saà«ns ! Moi je pense à ça ! "
Et là le choc.
-"Bordel c'est ce que j'allais mettre ! "
-"Non !!!! Moi je pensais au morceau Aquarium ! "
-"Mais moi aussi !"
On en revenait pas. On s'était compris comme ça, on avait eu la même pensée. Incroyable.
Il lançait la musique et on voyageait. J'avais déjà pu ressentir la musique avec l'intensité psychédélique plusieurs fois par le passé avec le
LSD, mais pour mon meilleur ami c'était nouveau. Je me sentais heureuse de partager ce moment avec lui, de pouvoir comprendre son extase.
-"Je ressens quelque chose de supérieur dans la musique, c'est magnifique. Depuis toujours c'est ça que je cherchais sans vraiment le savoir, maintenant c'est évident. Les notes en fait son arbitraire, les sons sont infiniment plus riches que ça. "
Il n'a rien ajouter mais j'ai ressenti sa frustration. Jamais il ne pourrait faire ressentir ça à ces auditeurs cette dimension supérieure de la musique qu'il avait perçue. Seuls les très grands rêveurs, les musiciens synesthètes, les hypersensibles au dernier degré ou les gens ayant consommé des psychédéliques un jour pourraient éventuellement le comprendre, et encore !
Il mit une autre musique, des chœurs presque célestes m'envoutaient. D'un coup il me sembla saisir ce qu'était vraiment la plénitude, puis l'innocence. J'étais allongée sur le lit et lui était sur l'ordinateur. J'ouvris les yeux et je ressentis l'émotion d'un nouveau né. C'était donc ça ce qu'on vit quand on nait... Aucun maux, aucune angoisse encore, tout à découvrir. La conscience de mon corps et mon égo étaient différentes, comme s'il n'étaient pas forgées encore, comme si j'avais encore à apprendre.
J'avais l'impression d'avoir à présent presque tout compris, c'est alors que l'émotion du nouveau né me quitta et fut remplacée par celle de la personne âgée. J'avais la sagesse, l'expérience, le temps derrière moi, la sérénité concluant cette vie passée à avancer et à apprendre chaque jour un peu plus. Je savais quelle émotion on ressentait quand on meurt heureux. Ce n'était pas une expérience de mort imminente, le trip n'était pas assez intense pour ça, je pouvais comprendre ce qu'on vivait intérieurement à ce moment là .
Les effets m'ont parut baisser assez rapidement, mais tranquillement pendant que nous écoutions toujours de la musique.
Je suis encore surprise de ce trip. Pleins de choses inattendues, un sentiment de vraiment en sortir enrichie... Je dois avouer que je n'aurais pas penser vivre ça avec des
truffes, c'était en même temps léger et très profond. C'est la première fois que j'ai un trip comme celui là , principalement émotionnel, sans hallucinations et distorsions de partout. Une expérience franchement magnifique malgré quelques moments un peu déroutant ( les angoisses de quelques instants qui m'ont traversé pendant que je fumais, et un moment la sensation que "ça allait trop loin" et d'avoir envie que ça s'arrête, heureusement vite partie ).
Le petit instant RDR pour conclure :Ce trip mine de rien était assez intense, et j'ai remarqué que souvent les champignons/truffes sont estimés de faible puissance en comparaison avec le
LSD. Je l'avoue avec le
LSD je suis partie plus loin ( il faut dire que je n'ai pas pris une dose de
truffes énorme ) mais tout de même ! 3,5-4g de
truffes fraîches, pas les plus fortes qui existent, et j'ai eu des choses assez intenses.
Les
psylos peuvent être très puissants suivant votre psychologie, le contexte et la dose que vous prenez , même si leur durée d'action est plus courte que l'acide. Donc les novices gaffe tout de même ! Ne gobez pas 15g direct dans l'objectif absolu de "voir des trucs". Les effets visuels ne sont qu'une partie des effets psychédéliques et même si la dose est insuffisante pour en avoir, l'expérience peut tout de même être très agréable.