Salut Modjo,
Je me suis reconnue dans ton témoignage et ça m'a donné envie d'apporter ma petite contribution (qui risque d'être longue)
J'ai 23 ans et comme toi, je n'ai pas eu d'enfance difficile. Je viens d'un milieu relativement aisé, je n'ai manqué de rien, sauf peut-être d'un peu d'amour. Comme le tien, mon père était alcoolique et du genre violent et agressif quand il était bourré. Je te laisse imaginer les scènes de disputes familiales. Bref.
J'ai découvert le
cannabis et la
coke presque au même moment, au lycée, j'avais 17 ans. J'ai vraiment accroché sur la
weed, j'aimais les sensations que cette substance me procurait. Je séchais allègrement les cours, j'ai même préféré aller fumer un
joint chez une amie un après-midi d'épreuve du Bac. Un
bad trip et la perspective de devoir repasser mon Bac en septembre m'ont fait mettre un terme à ma consommation. J'ai été me sevrer pendant deux semaines, dans un hôpital de jour pour adolescents dans les Hauts-de-Seine. Mes parents n'ont pas vraiment compris, ils ont confiés à d'autres le soin de s'occuper de mes petits problèmes d'adolescents.
"C'est banal, c'est l'âge..." Le genre de truc que ma famille disait.
Je suis revenue à la
coke qui me redonnait la confiance en moi dont je manquais beaucoup, me coupait l'appétit (moi qui ai des troubles du comportement alimentaire, c'était parfait). L'argent, je le trouvais un peu partout, où je pouvais, et je préfère faire l'impasse sur ces aspects du problème.
Pour gérer les redescentes de plus en plus difficiles, j'ai tapé dans l'arsenal médicamenteux familial : j'avalais les anxiolytiques comme des Dragibus :
Xanax,
Tranxene, Rivotril et puis surtout
Lexomil, dont je n'ai toujours pas réussi à me séparer.
J'ai déménagé chez mon amoureux à Paris, et là les festivités ont commencé. C'était un grand n'importe quoi. Lui buvait et fumait des splifs, moi je me faisais ce que j'appelle des soft
speedball :
coke et
benzodiazépines en excès.
Quand ma relation avec lui s'est terminée (de façon très chaotique), je suis tombée dans une sorte de dépression qui n'a rien arrangé à mes problèmes. Je tournais à 1 gramme de
coke par jour du matin au soir, avec beaucoup de répercussions sur mon compte en banque (des découverts abyssaux), sur mon physique, mon mental et finalement des conséquences graves sur ma santé... Des problèmes cardiaques (ischémie myocardique - un peu moins grave qu'un infarctus mais tout aussi flippant) m'ont décidé à me faire sevrer dans une clinique pendant 3 mois, sous l'impulsion de mes parents.
A ma sortie de cure, je me suis remise à fumer (jusqu'à 10
joints par jours) et à boire beaucoup, mais enfin, plus de
coke c'était déjà ça de gagné.
J'ai souffert du manque de compréhension et d'empathie de ma famille, qui considéraient qu'il suffisait d'un peu de volonté pour se sortir de ce genre de problème, et de mes amis d'après qui il n'existe pas d'addiction à la
cocaine.
J'ai lâché mes études au bout de deux ans alors que j'avais du potentiel, je suis au chomâge ou plutôt en "année sabbatique" depuis très longtemps, et j'ai perdu beaucoup d'amis en cours de route, ceux qui "avançaient" pendant que je stagnais dans la défonce.
Aujourd'hui, je suis passée aux stimulants de synthèses, les
RC, qui me procurent plus ou moins le même effets que la
coke. Et ça affecte beaucoup mon nouvel amoureux, qui lui est plutôt clean niveau drogues.
La drogue, peu importe le produit, peut effectivement faire sombrer quelqu'un qui ne trouve pas de sources de réjouissances, de plaisir ailleurs (ou pour pleins d'autres raisons qui tiennent à leur histoire, à leur sensibilité, à leur vision du monde...). Pour ces individus (dont je fais partie), oui, la drogue peut-être un néant ou une prison.
(Curieuse impression d'en avoir trop dit et d'avoir saoulé tout le monde avec mon histoire...)
En tout cas, Modjo, ton post est très touchant, j'espère que ton
sevrage sera un succès (et le tien aussi Dy-Eyes !
)
Bon courage à vous !
Dernière modification par Marion_Lk (22 avril 2015 à 16:35)