Pour ceux qui veulent parler de leur parcours.

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Modjo homme
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Inscrit le 01 Mar 2014
38 messages
Je ne sais pas si le sujet à  déjà  été abordé, mais voilà , j'aimerais lancer une discussion sur votre parcours en tant qu'usager de drogue, le ressenti de vos proches, votre propre ressenti, celui des personnes qui côtoie des usagers. C'est une discussion pour ceux qui veulent s'ouvrir aux autres et partager. Il n'y aura pas de jugements, c'est juste un moyen de dire ce que vous avez sur le cœur, je pense que c'est un bon moyen d'évacuer certaines douleurs enfouies.

Alors voilà  j'ouvre la marche, j'ai la vingtaine, je n'ai pas eu une enfance catastrophique, mais mon père était quelqu'un d'alcoolique et de violent, je l'idéalisait quand même malgré le fait qu'il me frappait et faisait preuve de violence morale envers moi, me rabaissait devant les autres depuis l'âge où j'ai commencé à  parler, ma mère est quelqu'un de naïve, elle a toujours fermé les yeux sur ces actes et ça m'en a fait encore plus souffrir. Au fil des années je grandissais dans ce climat de violence et de crainte avec mon frère et ma sœur, j'ai fait plusieurs tentative de suicide et plusieurs fugues quand j'avais une dizaine d'années, je n'avais pas le droit de voir des amis en soirée au collège et à  13 ans j'ai fait mon premier pas vers la toxicomanie : la cigarettes. Je ne fumait pas pour être dans le "coup" mais pour nuire volontairement à  ma santé, je voulais mourir. J'ai été un des premiers de mon âge a 14 ans à  fumer régulièrement des joints. Et vers mes 15 ans je fumais une dizaine de joints par jours, j'ai loupé mes études alors que j'avais les capacités d'entrer au lycée voir même à  la faculté mais je suis entré en CFA pour avoir un salaire et me payer ma dose quotidienne de tabac et de shit, j'ai fait mes deux ans j'ai eu mon CAP et j'ai envoyé chier mon employeur, je me suis noyé dans l'alcool et le joint pendant un an puis je suis passée aux drogues dures en free party, j'ai consommé des amphétamines et de la mdma pendant quelque mois puis je suis passée à  la cocaïne, je consommais 1g par jour de cocaïne, mes parents avait divorcés, je ne voyais plus mon père, et puis j'ai finalement trouvé l'héroïne, celle que j'avais promis de ne jamais toucher à  mes amis et à  moi même, j'ai sombré dans le néant de la poudre jusqu'à  me la piquer et consommer 2 à  3 grammes par jours. On m'a interpellé avec 5 grammes sur mois et j'ai écopé de 800 euros d'amendes, c'était il y a un mois. Aujourd'hui je suis sous subutex, ma famille ne me parle plus et ne m'hebergera plus dans les jours qui suivent, je n'ai pas de quoi rembourser je n'ai pas de travail, ma vie a été foutu en l'air par ma faute... Heureusement j'ai une petite amie qui ne consomme pas et qui est merveilleuse, j'ai arrêté de boire depuis trois mois, et je ne consomme plus rien.
Voilà  c'est un peu long mais j'espère que quelqu'un suivras, même avec une version plus courte. Si quelqu'un m'as lu en entier merci et n'hésitez pas vous aussi à  partager.

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Dy-eyes homme
Banni
Inscrit le 15 Feb 2014
127 messages
Salut,

L'idée est plutôt cool je trouve.

Mon histoire ressemble un peu a la tienne. Un père qui buvait un peu trop souvent, et une mère un peu perdu entre son mari et ses enfants. Et très tôt, comme toi, j'ai commencer clope et bedo. Bizzarement j'ai un plutôt bon souvenir de cette période ou je me rebellais un peu, je transgressais les règles, toussa. Ca me paraissais cool a l'époque !
Puis c'est aussi parti en sucette avec les opis. D'abord en sniff, puis en shoot.
J'ai rompu avec mes parents par choix et non par obligation, je ne voulais plus vivre chez eux.
Je me suis barrer, j'ai trouvé du taff et un apart' ! Et la j'ai mis les deux pied dans le shoot, bien comme il faut. Seul, plus d'autorité très tôt, pas de meuf et de potes en guise de garde fou. Ca a été assez violent : overdoses, recoures a des actes pas très licites pour taper, replis sur moi etc.. La chute a étais longue et l'atterrissage violent.
Puis grosse prise de conscience que j'étais en train de me tuer doucement. Arrivent les tentatives de sevrage a la dure. Je les ai même pas compter tellement j'en ai fait, parfois ça durais un mois, d'autre fois seulement quelque heures.
Vient une période ou je suis désespéré après le Xeme sevrage. J'était clean et fallait que je trouve un truc a faire sous peine de gros craquage émotionnel.
J'ai pris un billet aller simple direction Chicago. J'arrives sur place sans rien. J'avais deux jeans quelque tee-shirt et mon appareil photo. J'ai vagabonder de villes en villes. J'étais clean. J'étais heureux. Je bossait a droite a gauche et visité le pays a ma guise. Chicago, Springfield, St louis, Oklahoma city, Fort Worth-Dallas, Austin, Houston (j'ai passer bcp de temps au texas ), J'ai fais en gros les villes de la route 66 en stop avec mon sac a dos. Quand j'avais de quoi me payer un motel j'étais content, le reste du temps je dormais chez l'habitant, dans des auberge de jeunesse. Quelque fois je me suis retrouvé sans toit pour la nuit, alors je squattais les vieux tauges de routiers qui restait open 24h jusqu'a l'aube, puis je repartais  ! Puis je me suis retrouvé a Albuquerque au Nouveau Méxique. Je me pose quelque temps vers albuquerque, ou je recontre des gens qui tapent de tout. Et très rapidement je fais une rechute.
Je suis dans la merde loin de chez moi, des mes amis, ma soeur etc. Je savais pas comment m'en sortir, j'avais pas de thune pour acheter un billet d'avion, et meme si au states c'est plus facile de trouver un petit job, la crise éco est quand même présente et les salaire sont très bas. Bref je me démerde pour rentré en france, retour a Cannes mais je sais plus quoi y faire. Il se passent quelque mois, puis j'ai trouvé un poste de pisteur-secouriste en station de ski dans l'arrière pays. Je fais la saison. C'est un job cool. Je suis sur des ski toute la journée, donc beaucoup de sport (ça fait vraiment du bien). Y'a une ambiance vraiment génial avec le staff, apres le boulot on se retrouve tous au bar du coin ou on picole et on joue de la gratte. Puis la saison se termine et je décide de refaire un sevrage, et depuis je n'ai toujours pas (ou du moins pas encore haha) craqué !
J'espere que ça sera le bon, pour l'instant ça se passe bien. Je fais du sport, de la musique, de la photo etc .. j'essaye de m'occuper !

Voila ces quelques lignes résume (brièvement) les dernière années !

Amicalement
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Je trouve ça super que tu partage, ça libère parfois de parler ;) Modjo

J'ai jamais fait d'overdose dans la baignoire de quelqu'un d'autre. Je considère que c'est le comble des mauvaises manières. (Keith Richards, The Rolling Stones)

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pierre
Web-Administrateur
Inscrit le 15 Sep 2006
17505 messages

j'ai sombré dans le néant de la poudre jusqu'à  me la piquer et consommer 2 à  3 grammes par jours.

Tu peux expliqué un peu, car comme cela, c'est un peu court. L'héroine, meme combiné à  l'injection, ne mène pas forcément au néant.

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Laura Zerty homme
Banni
Inscrit le 02 Feb 2014
1262 messages
Ba faut croire que dans une situation précaire et en manque de repère, on abuse vite du produit au point de se retrouver dans son néant...

"Alors vous c'était pas mieux avant, ça sera mieux plus tard !"

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Anonymousse au chocolat
٩(^ᴗ^)۶
Inscrit le 12 Nov 2013
2953 messages
Effectivement, le contexte de vie et l'état moral joue tout autant que le produit ou la ROA.
Nombreux sont les gens avec une vie stable et épanouie pour qui la consommation de drogue ne rime pas avec "enfer".

Mais bon en cas de coup dur de la vie, la drogue reste un refuge pour oublier temporairement ses soucis.
(je parle pour moi la, enfin c'est mon avis pas une généralité)

Donc a mon avis on est tous potentiellement apte a tomber dans cet "enfer" si l'on vie quelque chose qui nous affecte profondément.
Reputation de ce post
 
C'est essentiellement ce que j'ai voulu transmettre, tu as visé juste. Modjo

240 g de chocolat noir cassé en morceau.
    60 g de beurre.
    6 œufs jaunes et blancs séparés.
    60 g de sucre et une pincée de sel.

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Laura Zerty homme
Banni
Inscrit le 02 Feb 2014
1262 messages
Ou on peut tomber dans cet enfer si on se laisse juste aller parce que l'on a pas de but précis dans la vie et qu'à  force de prendre de la drogue, on se créé un malaise qui peut en venir à  nous affecter profondément pour au final se faire avoir par une dépendance dont on a déjà  entendu parler, mais qu'on a ignoré jusqu'à  se retrouver pied et poing liés..

C'est l'histoire de tout plein de jeunes gens, mais aussi de nombreux adultes, et plus on tendra vers le confort dans nos sociétés nous proposant tout à   porter de mains, plus on trouvera des individus dépendants de tout et n'importe quoi.


yoshinabis a écrit

Mais bon en cas de coup dur de la vie, la drogue reste un refuge pour oublier temporairement ses soucis.
(je parle pour moi la, enfin c'est mon avis pas une généralité)

Je crois que ton avis est une généralité puisqu'il évoque une vérité si tu vois la prise de stupéfiant sous le prisme de l'oubli, mais tu fais bien de dire que ce n'est que ton avis, ça évitera aux contradicteurs de s'en prendre à  la forme de ton commentaire plutôt qu'au fond du message.


"Alors vous c'était pas mieux avant, ça sera mieux plus tard !"

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Marion_Lk femme
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Inscrit le 21 Mar 2015
45 messages
Salut Modjo,

Je me suis reconnue dans ton témoignage et ça m'a donné envie d'apporter ma petite contribution (qui risque d'être longue)

J'ai 23 ans et comme toi, je n'ai pas eu d'enfance difficile. Je viens d'un milieu relativement aisé, je n'ai manqué de rien, sauf peut-être d'un peu d'amour. Comme le tien, mon père était alcoolique et du genre violent et agressif quand il était bourré. Je te laisse imaginer les scènes de disputes familiales. Bref.

J'ai découvert le cannabis et la coke presque au même moment, au lycée, j'avais 17 ans. J'ai vraiment accroché sur la weed, j'aimais les sensations que cette substance me procurait. Je séchais allègrement les cours, j'ai même préféré aller fumer un joint chez une amie un après-midi d'épreuve du Bac. Un bad trip et la perspective de devoir repasser mon Bac en septembre m'ont fait mettre un terme à  ma consommation. J'ai été me sevrer pendant deux semaines, dans un hôpital de jour pour adolescents dans les Hauts-de-Seine. Mes parents n'ont pas vraiment compris, ils ont confiés à  d'autres le soin de s'occuper de mes petits problèmes d'adolescents.
"C'est banal, c'est l'âge..." Le genre de truc que ma famille disait.

Je suis revenue à  la coke qui me redonnait la confiance en moi dont je manquais beaucoup, me coupait l'appétit (moi qui ai des troubles du comportement alimentaire, c'était parfait). L'argent, je le trouvais un peu partout, où je pouvais, et je préfère faire l'impasse sur ces aspects du problème.
Pour gérer les redescentes de plus en plus difficiles, j'ai tapé dans l'arsenal médicamenteux familial : j'avalais les anxiolytiques comme des Dragibus : Xanax, Tranxene, Rivotril et puis surtout Lexomil, dont je n'ai toujours pas réussi à  me séparer.

J'ai déménagé chez mon amoureux à  Paris, et là  les festivités ont commencé. C'était un grand n'importe quoi. Lui buvait et fumait des splifs, moi je me faisais ce que j'appelle des soft speedball : coke et benzodiazépines en excès.

Quand ma relation avec lui s'est terminée (de façon très chaotique), je suis tombée dans une sorte de dépression qui n'a rien arrangé à  mes problèmes. Je tournais à  1 gramme de coke par jour du matin au soir, avec beaucoup de répercussions sur mon compte en banque (des découverts abyssaux), sur mon physique, mon mental et finalement des conséquences graves sur ma santé... Des problèmes cardiaques (ischémie myocardique - un peu moins grave qu'un infarctus mais tout aussi flippant) m'ont décidé à  me faire sevrer dans une clinique pendant 3 mois, sous l'impulsion de mes parents.

A ma sortie de cure, je me suis remise à  fumer (jusqu'à  10 joints par jours) et à  boire beaucoup, mais enfin, plus de coke c'était déjà  ça de gagné.
J'ai souffert du manque de compréhension et d'empathie de ma famille, qui considéraient qu'il suffisait d'un peu de volonté pour se sortir de ce genre de problème, et de mes amis d'après qui il n'existe pas d'addiction à  la cocaine.

J'ai lâché mes études au bout de deux ans alors que j'avais du potentiel, je suis au chomâge ou plutôt en "année sabbatique" depuis très longtemps, et j'ai perdu beaucoup d'amis en cours de route, ceux qui "avançaient" pendant que je stagnais dans la défonce.

Aujourd'hui, je suis passée aux stimulants de synthèses, les RC, qui me procurent plus ou moins le même effets que la coke. Et ça affecte beaucoup mon nouvel amoureux, qui lui est plutôt clean niveau drogues.

La drogue, peu importe le produit, peut effectivement faire sombrer quelqu'un qui ne trouve pas de sources de réjouissances, de plaisir ailleurs (ou pour pleins d'autres raisons qui tiennent à  leur histoire, à  leur sensibilité, à  leur vision du monde...). Pour ces individus (dont je fais partie), oui, la drogue peut-être un néant ou une prison.

(Curieuse impression d'en avoir trop dit et d'avoir saoulé tout le monde avec mon histoire...)

En tout cas, Modjo, ton post est très touchant, j'espère que ton sevrage sera un succès (et le tien aussi Dy-Eyes ! wink )
Bon courage à  vous !

Dernière modification par Marion_Lk (22 avril 2015 à  16:35)

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Merci d'avoir partagé Marion, très intéressant, vraiment. Modjo

"Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus" - Marcel Proust

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Modjo homme
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Inscrit le 01 Mar 2014
38 messages
Merci d'avoir participer Dy-eyes et Marion_LK, je me rends compte que certains facteurs peuvent engendrer ou accélérer l'entrée dans le monde de la drogue, des points communs que l'ont peut avoir qui nous ont fait diverger. Je trouve vos deux parcours vraiment intéressant wink Dy-eyes c'est vraiment stupéfiant de voir comment tu as su remonter la pente, malgré tes échecs tu as persévérer et ton courage à  porter ses fruits ! Je trouve ça vraiment formidable je te souhaite de continuer sur cette longueur et je suis d'accord le sport aide vraiment !
Et Marion_LK ne t'inquiète pas ton poste n'as soûlé personne, en tout cas pas moi, tu as eu un parcours difficile et tu t'est battu contre ton addiction à  la cocaïne et tu as triomphé, ayant aussi eu une période cocaïne je te respecte vraiment pour ça ! Après les RC je ne peux que te conseiller de faire attention avec ( je te fais pas la morale ), je suis comme toi extrêmement accroché aux benzo ( moi il n'y a pas de mélange c'est uniquement le valium ), et j'ai une petite amie qui n'es pas drogue du tout comme ton petit ami, et si l'amour m'a bien appris une chose c'est que c'est une aide indispensable, ma chérie m'a permis de tout arrêter, alcool, drogue et joints. Ce que tu as vécu est vraiment difficile je te comprends tout à  fait, mais on a la jeunesse pour essayer de s'en sortir, il y a toujours cette lumière, plus petite pour certaines personne que d'autres qui est la et qui nous permet d'avancer, et dans beaucoup de tes paroles je me suis retrouvé, sentir que l'on est pas seul(e) c'est essentiel dans la vie.
En tout cas je pense que ce qu'on vient de dire c'est notre ressenti personnel, notre vision de la drogue et de notre parcours et chaque personne peut voir ou comprendre ça différemment. Et pour mon sevrage Marion il se déroule parfaitement bien et sans faux pas pour l'instant, je croise les doigts :) je vais de l'avant.
Modjo.

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cassy_ femme
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Inscrit le 13 Dec 2014
49 messages
Désolée j'aurais du y réfléchir avant comme d'habitude mais je préfère effacée

Dernière modification par cassy_ (30 août 2015 à  17:10)

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