Première expérience de champignons hallucinogènes, j'avais déjà essayé le
LSD (seul).
11h45 : Je sors les
champis de l’armoire, ils ne sont pas très frais et tirent vers le bleu. Je les
coupe et les mets dans mon bol de cornflakes, je n’ai pas le temps de finir le bol que j’éclate de rire. Je me sens totalement bien et je suis étonné que les
champis aient montés si vite. Je finit mon bol et je vois les lignes droites se transformer en courbe, tout se déforme, s’allonge. Je regarde mon ami et le voit avec pleins de traces de bics sur la tête. Je lui dis qu’il n’est pas très sérieux comme mec. J’éclate de rire.
12h15 : Je sens que mes sens sont chamboulés, j’ai des vagues de froid suivis de vagues de chaleur, je suis euphorique. J’essaie de changer la musique sur mon ordinateur, les couleurs de celui-ci sont particulièrement saturées, j’ouvre une fenêtre mais j’en vois une dizaine s’ouvrir, tout tangue. Je réussis finalement à mettre une musique un peu plus calme. Je m’assieds par terre et observe avec un nouveau regard mon appartement. Je suis entre deux pièces, le salon et la cuisine. Je m’assieds face à la cuisine et je vois celle ci commencer à s’éloigner, à tomber. J’ai l’impression d’être dans un parc d’attraction, tout en haut des rails d’une attraction, juste avant de commencer la
descente. J’explore mon appartement, tout était intéressant, chaleureux. L’appartement à l’air de vivre. Il respire avec ses murs qui bougent, parle avec sa musique, les lampes donnent une atmosphère tellement chaleureuse.
12h30 : Je me sens oppressé, j’ouvre la fenêtre pour un peu prendre l’air. Assis à côté de ma fenêtre, la musique m’emporte, je la ressens au plus profond de moi, des couleurs explosent sur chaque notes, je suis dans une bulle. Cette bulle commence à vraiment m’oppresser, je me mets sur mon balcon. Il y a un arbre en face (un peu comme l’arbre dans Harry Potter), je vois des têtes de femmes dont les branches sont des cheveux. Par la fenêtre je vois tous les autres appartements, tous les autres gens, je trouvais l’appartement déjà tellement grand que je suis épaté de la grandeur du monde. Tant de gens qui habitent dans tant d’appartements dans tant de rue, de villes, de pays, de continents.
12h45 : Je sens une forte envie de vomir, je le dis à mon ami et on se dirige vers la sale de bain. Je m’assieds à côté des toilettes et je crache dedans, je regarde mon crachat et je le vois énormément mousseux, j’ai vraiment l’impression d’être mal en point. J’essaye au maximum de me retenir de vomir car je ne veux pas perdre les effets. Je commence à me sentir vraiment mal, je rentre dans une boucle «je me sens mal - les
champis étaient peut-être mauvais, j’ai peut-être une intoxication - je vais vomir et ça ira mieux - je ne veux pas quitter le trip et perdre les effets ».
12h55h : Je demande l’heure à mon ami, toujours très mal. Il est 12h55. Enormément de pensées traversent mon cerveau, je ne sais plus quel jour on est. Samedi. Qu’est ce que le samedi? Un jour. Il y a donc des semaines. Qu’est ce que je fais de mes semaines? Je vais à l’école et j’attends que le week end arrive. Je trouve ça stupide. Je redemande l’heure, 12h56. Quoi? Une seule minute s’est passée depuis tout ce temps? J’ai l’impression que ça fait 15 minutes que je suis là . Toujours cette envie de vomir, toujours cette boucle. Je ré-oublie quel jour nous sommes, je redemande. Ah oui, samedi. Qu’est ce que ça change que l’on soit samedi ou un autre jour? Le temps passe toujours tant bizarrement. Toujours cette boucle. Je me sens de plus en plus mal, je me dis que j’en ai peut-être trop pris, la claque est trop violente. Je redemande l’heure. Toujours 12h56. Je me demande dans quoi je me suis embarqué, je me dis que je suis partis pour des heures à être mal. Je fais des aller retour entre la fenêtre et les toilettes, je ne suis bien nullepart.
13h : Ces 5 minutes ont été les plus longues de ma vie, je demande l’heure et il m’annonce 13h. Passer de 12h à 13h m’a fait me sentir beaucoup mieux, je n’ai jamais autant aimer le fait qu’il soit 13h. Je me sens délivré, comme si on avait tourné la clef dans mon esprit pour que tout aille mieux. Je trouve de la force pour réussir à me convaincre de vomir, j’ai l’impression de vomir des litres de mousse, heureusement que mon ami est là et me rassure en me disant que c’est tout à fait normal. Je me sens vraiment mieux, je me rince la bouche avec un verre d’eau qui avait l’air de faire au moins la taille de ma tête, ce qui me fait rire. Je peux enfin rigoler, dieu merci.
13h15 : A partir de ce moment je perds totalement la notion de temps. On quitte la salle de bain pour retourner dans le salon, en chemin je vois la carte du monde. La Russie me dit bonjour, je lui dis coucou en rigolant. J’arrive dans le salon, délivré.La musique m’envahit et me transporte. J’entends beaucoup de voix que je ne saisis pas. Je me demande si mon ami est réel ou si c’est le fruit de mon imagination, est-il vraiment là ? Je n’arrête pas de me demander quel jour nous sommes et ce que cela signifie. Ah oui, samedi. Je suis content d’avoir été libéré de cette boucle et de cet horrible mal au ventre. J’oublie totalement que je suis sous
champis et mon cerveau tourne à du mile à l’heure. La notion de temps devient de plus en plus floue, j’oublie que l’on se lève, que l’on s’endort, que l’on mange. J’ai l’impression que la vie n’est qu’une journée, avec comme naissance le réveil et comme mort le soir, lorsque l’on s’endort. Mais nous sommes samedi. J’aurai donc plusieurs vie? Je rigole. Je demande quelque chose à mon ami, en finissant ma phrase par « s’il te plait ». Tout ce que je disais jusque là sonnait juste dans ma tête, mais là je m’entends avec une voix totalement différente, et j’ai une sensation que le s’il te plait sortait de mes tripes. Je rigole encore plus.
Je ne cesse de répéter « s’il te plait », toujours en m’entendant avec cette voix à mourir de rire. J’ai l’impression que des litres de larme sortent de mes yeux, ni des larmes de joie ni des larmes de tristesse, je découvre une nouvelle émotion. J’ai l’impression de renaitre dans un nouveau monde, un monde remplis de joie et de couleurs, ou le temps ne serrait plus.
14h : J’apprends qu’il est 14h, encore une heure de passée, encore plus de bien être. Je me demande toujours quel jour nous sommes. Ce sentiment d’incompréhension s’empare totalement de moi, pourquoi je suis comme ça, qu’est ce que je fais là , qu’est ce que j’ai fait hier, qu’est ce que je ferai demain? Enormément de questions défilent. J’ai toujours cette impression d’avoir toutes ces larmes qui coulent de mes yeux. Je deviens gigantesque dans mon appartement, je pourrais presque toucher le plafond. Je suis gigantesque et fin, je suis un spaghetti. Je cale pendant un bon bout de temps devant mes tentures, elles sont blanches mais je les vois remplie de toutes les couleurs pouvant exister, elles bougent avec mes pensées.. Je me laisse transporter par mes envies, je me balade et découvre. Je m’entoure d’une cape (mon sac de couchage), ce qui me donner une sensation d’amour, de bien être.
Vers 15h les effets commencent à se dissiper, je me sens toujours euphorique mais les couleurs reviennent petit à petit à la normale. Les objets reprennent leurs formes initiales petit à petit, je reviens petit à petit à la réalité et je trouve ce monde extrêmement triste, sans couleur, sans joie. Le ciel est gris, les murs sont gris, personne ne souris. Je vais avec mon ami faire le tour du quartier pour prendre l’air, je suis redescendu.
J'espère ne pas avoir été trop long et ne pas trop m'être répété.
J'ai adoré mis à part la partie "mal de ventre, le temps passe horriblement lentement".
Existe t'il d'autres manières de prendre ces
champis (infusion,... ?) ? Je trouve que ça a un énorme potentiel et j'ai envie d'explorer ce monde.
Merci de m'avoir lu :)