Aux Etats-Unis, un autre vote décisif : la légalisation du cannabisLe jour de l’élection présidentielle est l’occasion pour plusieurs Etats d’organiser des référendums sur des questions diverses. Neuf d’entre eux doivent s’exprimer sur la
légalisation du
cannabis à usage médicinal ou récréatif.
Du
cannabis à usage médical est vendu à Los Angeles, Californie. L’Etat de Californie fait partie des 5 Etats qui devraient se prononcer le 8 novembre pour la
légalisation du
cannabis à usage « récréatif ». Cet état autorise déjà le
cannabis à usage médicinal.
Le 8 novembre n’est pas seulement le jour où les Etats-Uniens choisissent leur prochain président. En Californie, dans l’Arizona, le Maine, le Massachusetts et le Nevada, les électeurs doivent aussi décider, par référendum, d’autoriser ou non le
cannabis à des fins récréatives ; dans le Dakota du Nord, en Floride, dans le Montana et l’Arkansas, le référendum portera sur son usage médicinal.
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L’enjeu est de taille : aujourd’hui, 5 % de la population américaine a accès à la consommation récréative de
cannabis, selon un chiffre avancé par le Time. Si les cinq Etats concernés par ce vote se prononcent favorablement, près du quart de la population aura désormais accès librement au
cannabis.
Faire augmenter la participationCes référendums ont par ailleurs un impact sur l’élection présidentielle, puisqu’ils peuvent pousser certains électeurs à faire le déplacement. En Floride, l’amendement sur l’usage médicinal du
cannabis pourrait faire augmenter la participation, essentielle dans ce swing State (« Etat clé ») dont le vote peut contribuer à faire basculer le résultat. Selon l’encyclopédie spécialisée Ballotpedia, le Nevada, autre swing State, pourrait aussi connaître un regain de participation grâce au référendum sur le
cannabis.
Le président Barack Obama, qui quittera la Maison Blanche en janvier, a souligné l’importance de ce référendum dans une interview accordée à Real Time, tout en rappelant qu’il considérait que « la
légalisation du
cannabis n’est pas la panacée ». Néanmoins, si l’issue du référendum est positive, la prohibition à l’échelle fédérale ne sera plus tenable, puisqu’un cinquième des Etats américains pratiquera alors un commerce légal de
cannabis récréatif. La
légalisation progressive, Etat par Etat, poussera donc le gouvernement fédéral à se prononcer sur la question comme il y a été poussé sur d’autres, comme par exemple le mariage homosexuel, adopté à l’échelle fédérale en 2015, plusieurs années après l’adoption des « Etats pionniers ».
LE DÉBAT N’EST PLUS TELLEMENT DE SAVOIR S’IL FAUT OU NON LÉGALISER LE CANNABIS, MAIS PLUTÔT COMMENT.
Comme l’écrivait The Economist au printemps dernier, le débat n’est plus tellement de savoir s’il faut ou non légaliser le
cannabis, mais plutôt comment. A combien faut-il taxer la vente ? Et les « comestibles au
cannabis » ? Comment utiliser en priorité l’argent obtenu ? Faudra-t-il en interdire la publicité ? Faut-il s’attendre à l’émergence d’un lobby du
cannabis, comme il existe un lobby de la
cigarette ou du vin ? « Trouver le bon niveau d’imposition sera un défi », déclarait The Economist :
« S’il est trop bas, vous encouragez l’usage. S’il est trop haut, vous perdez un des bénéfices de la
légalisation : faire disparaître les marchés noirs. »
Car la
légalisation du
cannabis récréatif dans cinq Etats n’a pas pour seule conséquence une
dépénalisation de la consommation. C’est aussi une véritable aubaine économique. Le Colorado a légalisé l’usage récréatif de la
marijuana en 2012, et la vente a commencé le 1er janvier 2014. Les retombées économiques commencent donc à se faire sentir. Les distributeurs légaux du Colorado ont vendu pour près de 1 milliard de dollars (900 millions d’euros) de
cannabis au cours de l’année 2015, générant un excédent de taxes de plus de 70 millions de dollars (60 millions d’euros) sur l’année fiscale (juillet 2014-juin 2015). C’est presque le double de la somme issue des ventes d’alcool.
Dans un vote organisé à l’automne 2015, une large majorité d’électeurs du Colorado a choisi de laisser l’Etat conserver ce surplus pour financer des services publics. Il sert donc à financer entre autres la construction d’écoles et de centres de désintoxication, des programmes de prévention du décrochage scolaire, de l’usage des drogues et du harcèlement. Dans l’Etat de Washington, où la vente légale de
cannabis a commencé en juillet 2014, les revenus de l’Etat ont explosé.
Source :
lemonde.Fr