Tout est drogue - micro et nano-drogues

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Shina femme
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Inscrit le 14 Oct 2017
3 messages
Bonjour,

je viens de m'inscrire sur ce forum car j'ai pris conscience que j'ai un rapport aux drogues et aux usagers de drogues qui est semblable à ceux des participants du forum bien qu'il aille dans le sens inverse. Je m'explique en 3 étapes :-)

1) Première expérience de drogue - addiction - désintoxication : enfance

Dès ma petite enfance, j'ai fait l'expérience de la découverte d'une drogue procurant bien-être, joie, sentiment de sécurité et de plaisir, du basculement vers l'addiction, puis de la désintoxication. 
Je précise que j'étais en très bonne santé physique et psychologique à l'époque, avec des parents aimants, présents, attentionnés etc. Donc il s'agissait vraiment d'une expérience de "drogue" mais pour l'exploration, le plaisir, pour aller plus loin dans la vie, pas parce que j'étais une enfant traumatisée ou ayant une quelconque pathologie.

Cette drogue, c'était "sucer mon pouce", quand j'étais en fin d'école maternelle.
Je prenais mon pouce droit tout le temps dans ma bouche pour ponctuer mes journées, pour accompagner les activités, moments de transition, me faire plaisir, bref, comme les adultes utilisent leur petit café, leur pause clope ou leur pétard détente entre amis.

Je le suçais de plus en plus longtemps et régulièrement. La peau commençait à être toujours humide, un peu abîmée, un peu rose et gonflée, attaquée par ma propre salive. Et surtout, parents et médecins commençaient à voir se profiler des risques irrémédiables pour ma santé : la déformation des dents, qui serait nuisible aussi bien à l'image de soi et la vie sociale, la nutrition, que l'élocution... donc de sérieuses conséquences.

Mes parents étaient fumeurs de cigarettes occasionnels, avaient une consommation modérée d'alcool, et mangeaient par ailleurs "équilibré", c'est-à-dire avec des fruits, légumes, féculents, viande et produits laitiers à chaque repas, pas de boisson sucrée à table et jamais de sodas, bonbons et gâteaux en petites quantités.
A l'époque où mon addiction au pouce devenait problématique, ma mère, commençait aussi à se sentir de plus en plus dépendante à la cigarette (attendait par exemple pour la cigarette qui viendrait après) et souhaitait arrêter, mais avait du mal à s'y mettre.

Ma mère m'a proposé un contrat entre addicts, pour se désintoxiquer ensemble. Elle m'a dit : "si tu arrêtes de sucer ton pouce, j'arrête de fumer".

Du jour au lendemain, à 6 ans, armée de ma seule volonté, j'ai arrêté de sucer mon pouce et n'ai jamais recommencé. Et j'étais tout aussi heureuse sans sucer mon pouce. Et ma mère a arrêté de fumer, mon père aussi (qui fumait vraiment très peu sur les derniers temps, genre quelques fois par an).

En résumé, (je le formule ainsi aujourd'hui à ce stade de ma réflexion), j'avais déjà vécu le cycle complet de ce que peut apporter une drogue :
- nouvelle phase de développement, d'expansion dans la vie sociale (arriver en fin de maternelle puis début d'école primaire, apprendre à lire toute seule...)
- que j'avais réussie en créant un nouveau circuit personnel de source d'amour et de plaisir à l'extérieur de moi : transformer mon propre corps en drogue, et devenir à la fois consommatrice et fournisseuse de celle-ci en illimité
- début des conséquences pour la santé physique qui surgissent toujours (c'est mon hypothèse) dès que l'on transfère sa source d'amour à l'extérieur (alerte médicale quand le dommage devient plus important que le bénéfice)
- abandon de la source d'amour à l'extérieur et réintégration de cette nouvelle facette d'amour, de plaisir et de vitalité comme étant présente en moi
- créativité et vitalité renouvelée dans les mois et années qui suivent, sans plus avoir besoin de la drogue initiale, dont l'expérience a déjà été dépassée.


2) Deuxième expérience de drogues -addiction - désintoxication : âge adulte

A l'adolescence, comme j'avais déjà été sensibilisée à l'arrêt de la cigarette (aussi par une expo vue au collège avec les affiches de poumons noircis etc), et que mes parents nous avaient initiés à la consommation très modérée et occasionnelle d'alcool, plutôt rituelle (à table et un-demi verre ou un verre de vin, pour les fêtes de famille, ou un dimanche où on fait des crêpes et on boit du cidre par exemple), je ne cherchais pas de substance externe pour avoir de l'énergie et du plaisir, même en soirée. Cela me semblait totalement irrationnel par rapport à mon expérience. Puisque je voyais dans une fête de lycée ou des boums chez des potes sans alcool que mon énergie et mon plaisir montaient au fur et à mesure de la soirée, de la danse et de l'écoute de la musique, pour être au top vers 1h du matin, je ne voyais pas pourquoi d'un seul coup, j'aurais besoin d'une substance extérieure autre que la musique, les gens et l'état d'esprit de fête pour m'amuser.

Mais j'avais un esprit d'exploration, d'indépendance, de découvertes très développé, je voulais toujours repousser les limites de ma connaissance et de mon expérience, mais uniquement en cherchant des choses 100% bénéfiques pour mon corps et qui apportent des bénéfices durables et qui s'accumulent dans le temps, plutôt que des bénéfices de court terme, qui se perdent avec l'accoutumance et qui ont des conséquences négatives à long terme.

Et durant ces 10 dernières années, depuis la fin de mes études, j'ai fait de plus en plus d'expériences psychoactives variées selon deux directions. Mais ces deux directions vont dans le sens "inverse" de la consommation de drogues "classiques" (tabac, héroïne, meth, champis, LSD ou autre)

- expérience psychoactive sans substance mais par l'action. Contrairement à la drogue de type plante dont on essaie de récupérer le "travail" à notre "profit" en la prenant de l'extérieur et en la mettant dans son corps par fumette, prise, inhalation, injection ou ingestion, la découverte c'est que le fait de faire un mouvement (comme le yoga), que quelqu'un nous parle (hypnose), qu'on soit en groupe avec toutes les relations entre les présences de chacun que cela créé (tantra, rituels chamaniques...) ou même simplement l'orientation active de la pensée, qui me permet de déclencher ou de laisser se déclencher des trips d'amour, de légèreté, d'énergie illimitée... Bizarrement, plus l'expérience est forte, moins on la "sent" dans le corps ou dans la tête.
J'ai essayé pas mal de trucs et le point commun c'est qu'on peut atteindre les états les plus extatiques et plaisants qui soient par le "travail", juste la volonté et l'action. C'est la même chose qu'avec une drogue de type "produit", mais la division du travail est différente : effort par l'humain ou récupération par l'humain du boulot biologique d'une autre espèce.

- l'arrêt d'une substance commune issue de la nourriture ou de la boisson, qui procure aussi des états d'extase, de joie, de bonheur, de potentiel, de confiance et de sécurité infinie et révèle par contraste l'effet psychoactif négatif que la substance avait avant sur moi. Par exemple, le sentiment de très grande douceur et bienveillance en moi-même, et de motivation et de créativité, que je ressens au bout de 4 jours sans viande. Le sentiment de peur et de mort qu'il m'est arrivé de ressentir par contraste, après avoir mangé du saumon cru après plusieurs jours sans viande, sentiment que je ne sens pas si je mange de la viande tout le temps ou si je n'y fais pas attention (comme pour toute drogue, c'est en investissant la conscience des effets qu'on découvre la maîtrise de la substance)

Ce que je remarque c'est qu'aller vers le "moins" de substance" en agissant volontairement sur sa pensée pour percevoir plus, procure des sensations très agréables et est bénéfique à court et long terme pour la santé.
L'inverse, les drogues de définition plus classique, procurent le même type d'effets (plaisir, énergie, joie, amour...) mais sont négatives à court terme (descente) et à long terme pour la santé.

3) Expériences sur ce forum.

Pourquoi je parle de cela ici?

J'aimerais partager un peu plus au fil du temps mon expérience des drogues communes, de réfléchir à l'idée que tout est drogue et qu'on s'en rend compte parfois en augmentant, parfois en arrêtant une substance. Et que cela produit des découvertes et des sensations très intéressantes.
Il s'agit de créer une catégorie de [u]drogues "très très douces[/ien, on pourrait dire aller dans l'infiniment petit de la drogue, vers la redécouverte des micro-drogues et des nano-drogues (comme par exemple le fait de discerner la quantité de minéraux entre deux eaux minérales et de percevoir les effets). Il ne s'agit pas de parler des "poisons" comme le débat sur le fluor ou les pesticides, que personne ne prend pour avoir du plaisir et du bien-être, donc ça ne rentre pas dans la catégorie drogue. Et ma passion, c'est d'aller vers toujours plus doux, et de découvrir encore un nouvel effet négatif qu'on peut supprimer, ce qui procure une sensation durable de lucidité et de confiance en la vie. (véridique pour les eaux minérales, mon expérience c'est que des eaux très minéralisées comme la Contrex ont meilleur goût et donnent plus de bonne humeur et de sentiment d'avoir étanché sa soif que les eaux très peu minéralisées comme la MontRoucous, mais les très minéralisées empêchent le corps de boire les grandes quantités dont il pourrait avoir besoin car elles donnent une sorte de satiété qu'il faut digérer", tandis qu'avec les peu minéralisées on peut boire beaucoup plus, manger aussi avec, et on se sent l'esprit plus clair bien qu'il n'y ait aucune satisfaction au niveau du goût).


Si je poste dans ce forum c'est parce que l'état d'esprit me semble correspondre ; exploration sans objectif autre que gagner en connaissance et en expérience, apprentissage responsable, et recherche du bonheur et du plaisir dans la vie, sans jugement, réduction des risques.

Il y a des forums qui vont parler des drogues du point de vue pathologique (comment faire pour arrêter, soigner les gens...)
Il y a d'autres espaces sur le web qui vont parler des drogues du point de vue "performance" (parler de ses consommations, des meilleurs trucs, d'aller plus haut, plus loin etc).

Dans les substances communes, il y a plein de forums aussi qui adoptent le point de vue pathologique (avec des malades chroniques qui vont mieux quand ils deviennent végans ou des choses comme ça ou des témoignages de gens qui guérissent leur cancer avec du jus de carottes frais en très grandes quantités.)
Il y a aussi des communautés de gens qui sont dans la performance (ceux qui veulent faire des régimes et se donnent des objectifs, ou les concours d'anorexie, ou qui montrent sur youtube qu'ils ont fait un jeûne de 40 jours).

Et en fait ma perspective n'est pas cela, c'est vraiment d'explorer le continuum de la substance la plus faible à la plus forte dans la nature. Faible à quel niveau, fort à quel niveau? Voilà ce que je trouve intéressant.

Par exemple, à quoi sert le lait, d'un point de vue psychoactif? Cela fait des années que je ne mange pas de produit laitier, et que je sens mon corps et mon esprit légers et heureux, car les neurones de l'intestin retrouvent leur potentiel de vitalité d'origine. Mais hier, comme cela m'arrive rarement, j'ai acheté et mangé de la Tomme de Savoie au lait cru. Effet physique négatif fort (comme d'habitude, j'ai senti dès l'ingestion différentes zones de l'intestin se tendre et devenir insensibles, comme tournées vers l'intérieur, et cela produit beaucoup de gaz qui sentent le lait, une langue plus épaisse et pâteuse, et cela produit une légère fermeture dans les traits du visage liée à la spasmation du ventre : paupières des yeux plus basses, mâchoires et lèvres plus serrées sur les axes horizontal et vertical, comme si le visage entier se recentrait pour descendre vers le ventre.)
L'effet psychoactif de ce fromage était de tourner la volonté vers soi, vers le cocooning plutôt que de sortir se balader. Il me donnait l'impression qu'on a quelque chose à faire chez soi, avec soi, quelque chose à régler et à exprimer qui touche l'intime. ET en effet, j'ai passé l'après midi à lire et à écrire sur ce forum. Et c'est une expérience très positive que je n'aurais pas faite sans le fromage, parce que je sais dans quel état j'étais ces derniers jours (envie d'aller dehors) et le fromage, que je continuais de digérer ce matin depuis hier soir, m'a accompagnée à être posée chez moi tout le samedi, sans avoir le sentiment de tourner en rond ou d'être enfermée. Il ne l'a pas causé, il ne peut avoir un tel effet, tout comme une prise de cocaine ne détermine pas ce que vous allez faire de votre journée ni comment, cela dépend de la prise, de la situation, de la personne etc. 

Alors que la non-consommation de produits laitiers (ni de viande) me donne le sentiment depuis le matin et toute la journée qu'il est très facile et désirable d'impulser de l'action vers l'extérieur, de mettre en route des tâches et des projets, de sortir. 
J'imagine que c'est typique du lait qui de fait est un aliment fait pour un veau dépendant de sa mère et donc cela nous redonne cette expérience de rester dans un tout petit périmètre très centré sur les bases de sa vie, très immobile, comme un bébé.

Tout cela, j'arrive à le percevoir parce que cela fait des années que j'explore les effets de l'abstinence du lait et qui me montre ses propriétés de renforcement du corps et du mental (mais vite suivis d'effets secondaires) quand j'en reprends.

Et en fait, je crois que ce n'est pas un hasard si hier j'ai décidé spontanément d'acheter du fromage alors que je n'y pensais pas, et qu'aujourd'hui j'ai découvert ce forum sur les drogues.

Nulle part dans notre société, on ne parle du continuum qu'il y a avec toutes les substances, sauf ici.
Et tous les effets psychoactifs de l'alimentation dont je parle, et leurs symptômes physiques négatifs d'élimination, cela a justement été longtemps traité par les médecins comme du "psychosomatique". Or que veut dire cette désignation des choses comme "psychosomatiques"? C'est la même chose que "psychoactif" sauf qu'on attribue différents termes selon que le produit est banalisé ou non et qu'il est considéré comme fort ou non. D'ailleurs il peut exister les mêmes réflexions dans la consommation de drogues comme le cannabis : ceux qui ont des "hallucinations", qui ont des pensées visuelles on va dire, avec le cannabis, sont parfois traités par d'autres consommateurs comme quelqu'un d'hypersensible qui réagit mal, limite quelqu'un qui se "ferait des idées" ou aurait une réaction "psychosomatique" parce que le cannabis "ne fait pas d'hallucinations".

Hâte de vous lire sur ce sujet,

A bientôt wink

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Zarutas homme
Nouveau membre
Inscrit le 27 Dec 2016
23 messages
Salut à toi Shina!

Je trouve cette démarche super intéressante: tout est drogue et ce qui est le plus subtil n'est pas nécessairement le plus anodin pour autant.
Je brouille malheureusement trop ma sensibilité avec des macros-drogues pour ressentir de manière convaincante l'influence des micro-drogues; mais en ce moment je fais une pause; je vais essayer d'en profiter pour travailler sur ce ressenti!

Pour le novice que je suis; les tisanes et autres infusions de plantes sauvages me paraissent un bon moyen de travailler sur les conséquences d'une nano-drogue; guetter le ressenti d'une infusion de bourrache comme je le ferais avec des cachetons est une perspective particulièrement séduisante je trouve!

En tout cas merci à toi pour ton partage d'expériences, j'ai hâte de lire plus d'avis sur la pratique de la nano-toxicomanie wink

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NeoX homme
Adhérent PsychoACTIF
Inscrit le 04 Jun 2016
489 messages
Salut,

Moi j'ai surtout tiqué sur les "neurones de l'intestin" thinking

Donc une petite recherche Google et oh surprise, apparemment ça existe !
On en aurait 200 millions...

Va falloir que je réactualise mes connaissances...

NeoX

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