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Le Dr Zee est le chimiste israélien reconnu pour avoir découvert la méphédrone en 2004. Une fois que les fournisseurs chinois ont appris à la fabriquer eux-mêmes, la drogue a inondé l'Europe comme drogue légale bon marché (et la suite de l'histoire, nous la connaissons).
La méphédrone n'est pas une découverte dont le Dr Zee est fier. En tant que soi-disant « psychonaute », son but est de comprendre l'être et la réalité en transcendant la conscience normale, un domaine d'effets où la méphédrone a été inutile. « Elle n'avait qu'une valeur récréative » déclare-t-il depuis son bureau d'Amsterdam. « Et elle était trop addictive...on ne peut pas juste en prendre puis arrêter. Si quelqu'un y arrive, il mérite une médaille. »
Étant donné que sa découverte date d'il y a plus de 15 ans, je me demande si ses souvenirs ne sont pas un peu flous. Je commence par lui dire comment la méphédrone a changé d'apparence au fil des ans. La substance chinoise d'avant l'interdiction arrivait généralement en poudre blanche fine ou en petits cristaux comme du sucre. Une fois que la méphédrone a été interdite en 2010, la production est passée à l'Inde et c'est à ce moment que les grains de riz beige ont fait leur apparition.
Avant que je puisse poser ma question, le Dr Zee intervient : « C'est de la 4-MEC. Ce n'est pas de la méphédrone. La méphédrone ne produit pas de grains de riz. »
« Ah bon. »
La 4-MEC est une drogue qui ressemble chimiquement à la méphédrone et qui a été commercialisée seule ou mélangée avec d'autres cathinones substituées. En raison de sa proximité structurale, il est possible qu'elle ait été identifiée comme de la méphédrone dans des tests qui ne permettent pas de distinguer les cathinones.
« La légère différence dans la forme de la molécule a fait cristalliser la 4-MEC sous forme de cristaux allongés, que l'on peut appeler des grains de riz » dit M. Zee. « Vous pouvez prendre les cristaux allongés et les broyer sous forme de poudre, mais il est impossible de prendre de la 4-MMC et de la cristalliser en cristaux allongés parce que nous n'avons pas de contrôle molécule par molécule. »
C’est une surprise car je n'avais encore vu personne dire que les grains de riz uniformes n'étaient PAS de la méphédrone. La plupart des gens disaient simplement qu'ils étaient plus stimulants et manquaient de l'euphorie pure que donnaient les produits chinois. En outre, les grains de riz ont dominé le marché seulement quelques années après l'interdiction. Grâce à des laboratoires de contrôle des drogues comme Ecstasydata, nous savons que la plupart de la méphédrone post-interdiction est vraiment de la méphédrone et pas autre chose...pourtant, la plupart des gens disent que les effets sont « faibles. »
En tant qu'homme de science, Dr. Zee n'a pas de temps pour des opinions subjectives. Il n'existe tout simplement aucun ensemble de données pour ce type d'information, et la façon dont elles ont été recueillies rend leur analyse très difficile. Toutefois, il admet que certains des effets indésirables causés par la meph’ « pré » sont évocateurs d'une différence chimique. « Je me souviens des photos de genoux bleus et de tout ça. C'était curieux. Mais pendant toutes mes années de travail aux Pays-Bas, je ne l'ai jamais rencontrée une seule fois dans ce pays. Ça a toujours été observé au Royaume-Uni. Pourquoi ? Je ne le sais pas. »
En effet, aucun des anciens utilisateurs de meph’ de ma ville d'Aberdeen n'avait éprouvé ces symptômes non plus, même si des périodes de prise de 2 ou 3 jours étaient la norme. Cependant, l'ami d'un ami de Dundee avait eu « les doigts bleus et les paumes violettes » avec la substance d'avant l'interdiction. Curieusement, son stock ne venait pas d'internet, mais d'un gars qui aurait apparemment créé le composé (ou le mélange) appelé Bubbles. Cela ajoute vraiment du poids à l'idée que les personnes éprouvant ces symptômes avaient eu un produit coupé. Ou peut-être étaient-ce juste des symptômes bizarres causés par la meph’ « pré ».
Certes, ce n'est pas seulement l'apparence de la méphédrone qui a changé depuis l'interdiction ; l'odeur a changé aussi. La plupart de la meph’ « post » a seulement une odeur légère, rappellant généralement l'eau de Javel ou la vanille. Cependant, la meph’ chinoise sentait si fort qu'on pouvait la sentir à des kilomètres, et cette odeur te sortait du corps pendant des semaines encore après. L'odeur était généralement décrite comme de la pisse de chat ou des circuits imprimés brûlés.
« Je dirais de la pisse », dit le Dr Zee, se rappelant l'odeur. « C'était parfois jaunâtre, ce qui incite aussi l'esprit à penser à l'urine. L'odeur venait des solvants. »
Cela m'intéresse car mes recherches avaient suggéré que l'odeur était due à des méthodes de finition hâtives. Donc, si la « pré » chinoise était de la méphédrone mêlée de solvant, est-ce que les solvants auraient pu affecter l'absorption ? Peut-être cela a-t-il pu causer l'intense montée que les gens ont rapportée.
« Je ne pense pas que les solvants affectent l'absorption », dit Dr. Zee. « Lorsque la poudre passe à travers la membrane muqueuse, que ce soit dans l'intestin ou dans les sinus (selon qu'on l'avale ou qu'on la sniffe), toute la structure cristalline, qu'elle contienne ou non du solvant, est décomposée en molécules individuelles. Vous n'avez rien d'autre que des molécules uniques circulant dans le sang ou bien dans le cerveau. Donc, les solvants ou toute autre contamination est traitée différemment de l'actif lui-même. »
Voici donc une autre théorie exclue. Cependant, le Dr Zee croit que l'odeur a quelque chose à voir avec la raison pour laquelle la « pré » semblait si différente pour certaines personnes.
« C'est un effet psychologique. Vous avez lu la documentation sur l'expérimentation Pepsi : si vous mettez du Coca-Cola dans un cylindre bleu et du Pepsi Cola dans un cylindre rouge, vous verrez que les gens se trompent plus souvent que si vous mettez les deux boissons dans un cylindre blanc. Cela montre que la première impression sur l'esprit joue un rôle dans l'expérience que vous avez de la drogue », dit-il.
« La pré-interdiction, mes clients la vendaient à des sites web entre autres, et certains d'entre eux ont même demandé la version pisseuse. J'ai été surpris en 2008 quand j'en ai fabriqué une version qui était super claire et avec de gros cristaux, et que les gens n'en voulaient pas. Parce qu'ils ne la reconnaissaient pas visuellement. »
J'ai remercié le Dr Zee pour ses renseignements. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il me manquait encore une pièce du puzzle. J'ai pensé l'appeler à nouveau pour lui poser des questions sur les solvants, la température et la vitesse de brassage de son procédé d'origine, mais je ne l'ai pas fait. C'était il y a si longtemps et je doute qu'il s'en souvienne. D'ailleurs, même avec mes maigres connaissances en chimie, je sais que ce sont juste des façons différentes de produire la même chose. Et d'un point de vue chimique, ce produit final est soit de la 4-MMC, soit ce n'en est pas.
Cependant, il y a un domaine de la chimie où toutes ces variables entrent en jeu.
Le polymorphisme est la capacité d'une substance à exister sous plus d'une forme cristalline, en raison de diverses conditions dans le processus de cristallisation (effets de solvant, niveau de sursaturation, température, changement dans les conditions de brassage, etc.)
En fait, le polymorphisme est très courant parmi les médicaments et est responsable de différences dans de nombreuses propriétés comme l'absorption, la biodisponibilité, la toxicité. [10]Cela pourrait expliquer en grande partie la montée initiale de la méph’ pré-interdiction, ainsi que l'augmentation de la puissance et des effets indésirables.
Ou peut-être pas.
Toute cette discussion sur la méphédrone sera incompréhensible pour certaines personnes. Pour eux, la méphédrone n'était qu'un substitut aux vraies drogues. Ce n'était pas aussi bon.
Mais quoi que vous en pensiez, cela montre que la qualité des drogues de la rue peut être très variable, et que ce n'est jamais aussi simple que lorsqu’on obtient un produit pur. Cela montre aussi à quel point les effets des drogues sont subjectifs, pour des myriades de raisons, et pourquoi la relation entre l'acheteur et le revendeur est éternellement faussée.
Peut-être la vérité dans ce débat se situe-t-elle quelque part au milieu. Bien que la montée initiale de la meph’ d'avant l'interdiction était sans doute plus forte, on ne peut s'empêcher de penser que toute autre différence positive est exagérée par la plupart des gens. La méphédrone n'est certainement pas la seule drogue à faire l'objet d'un débat permanent sur sa qualité. On peut voir le débat sur la distinction entre la MDMA produite par PMK ou par Safrole : les anciens disent que la MDMA n'est plus aussi bonne qu'elle l'était à la fin des années 90 et avant, indépendamment de la quantité qu'ils consomment ; même s'il ne devrait pas y avoir de différence dans les effets. C'est peut-être dans la nature humaine de voir notre passé en rose ; et quand nos pupilles sont larges et dilatées, la réalité devient plus rose encore.
Laissons le dernier mot à KingOfTheTing, un utilisateur de Dnstars dont le message met les choses en perspective :
« Tu devrais l'essayer pour savoir, et si tu n'essayes pas, tu ne comprendras pas que la meph’ d'aujourd'hui produit encore de bons effets, même si pas autant que les trucs légaux. C’est facile de dire à quel point les effets étaient bons, mais la plupart oublient de mentionner tous les effets secondaires désagréables qui venaient avec. »
« Peut-être qu'en fait on est mieux sans. »
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