Le texte qu
i va suivre
ne se veut nullement donneur de morale et a uniquement été écrit pour se souvenir, ou du moins essayer de conscientiser le souvenir de « ça » comme il m’a été évident de l’appeler tout le long du Trip.
Nous voilà donc tous les 4 réunis pour célébrer mon entrée dans le monde incroyable de la majorité. Enfin célébrer, c’était également un (grand) prétexte pour passer un bon moment à tripper sous acide entre amis
La Team de
base était composée de Johnny Depp, La louve, le chat et moi-même (pas un seul sain d’esprit parmi cette bande de joyeux lurons que je viens brièvement de conditionner sous des surnoms qui n’ont pas vraiment de sens en tant que tel, mais qui me permettent de parler de mon trip sans porter préjudice à aucun de nous, c’est la
base de toute interaction sociale qui se veut saine, non ?)
Nous avions tous pris des psychédéliques auparavant mais je dois avouer que c’était ma deuxième expérience avec la purple haze, et que la première s’était déroulée sans encombre avec ¼ de la dose ingurgitée cette fois ci.
Nous nous réunîmes sous les coups de 7 heures du soir pour pouvoir profiter des effets du soleil ( et SURTOUT de ceux de son coucher) et avalons les clés des portes de la perception aux alentours de 19h30 (entre 19h24 et 19h26 pour sembler précis, même si c’est le cadet de mes soucis au moment où j’écris ces lignes, je dois avouer), après une demi-heure de marche dans les arbres qui bordent un lac, nous commençons déjà à ressentir une sorte d’euphorie générale qui nous emmène tous dans le même train et nous rassure pour la suite de l’aventure. Cette montée a été caractéristique en beaucoup de points, mais le fait que nous ayons croisé un homme nu en train de courir puis s’évanouir dans la nature et la rencontre avec tout un tas de gens atypiques qui nous faisaient poser beaucoup de questions déjà sans perche me permet d’affirmer que nous avions été gâtés par la nature pour nous envoyer des spécimens aussi fascinants et nous faire vriller un peu avant de réellement partir comme il a pu être le cas dans la suite de l’aventure.
Après une durée indéterminée de marche, nous décidâmes de nous poser impromptement dans un champs de trèfles. Tout autour de nous donnait matière à s’extasier : la beauté de la luminosité, le nombre incalculable de plantes et d’animaux autour de nous, la merveille d’être avec mes amis et tout ce que pouvait faire ressentir mon cerveau à mon corps. Mes sens, bien en éveil et sacrement modifiés, me faisaient prendre des positions étranges avec mon corps et mon esprit et le fait de partager cela avec mes copilotes donna lieu a pas mal de fous rires suite à des prises de (in)consciences assez absurdes au final. Nous découvrons et redécouvrons l’environnement autour de nous à chaque battement de paupière et nous sommes simplement remplis d’un bonheur indescriptible en étant vivant ! Tout notre corps se fait ressentir différemment et nous pétillions d’énergie tandis que nos membres s’étendaient et se ramollissaient pour appréhender les drôles de poses que nous prenions.
Des milliers d’idées jaillissent dans mon esprit : Qu’est-ce que ce concept là? Et celui là? Qu’est-ce ? Comment dois-je appréhender cela ? Et chaque questionnement m’en ramenait des touffes d’autres qui repartaient aussitôt que mon cerveau se focalisait sur toutes les lumières qui venaient à ma rétine, les plantes respiraient, le sol se gorgeait d’énergie lumineuse et les arbres se réunissaient comme ils l’avaient toujours fait et le feront toujours. Je gambadais partout comme un petit garçon et voyais mes amis qui faisaient de même, puis on se réunissait tous, s’arrêtant tous un instant dans notre trip personnel pour vriller tous ensemble, dessiner, danser au gré de la musique (ou pas du tout), et repartir de plus belle dans la folie virevoltante que nous provoquait ce cocktail chimique. En résumer : Tout était si tout à la fois ! Nos membres étaient entourés d’aura et à chaque action une sorte de dispersion d’énergie vitale se dégageait de nous et de chaque être vivant. Où que nous mettions (ou non) la tête une nouvelle activité incongrue prenait sa place et nous faisait vriller. L’avant et l’après n’avaient plus trop de sens et mon cerveau était réceptif a tout ce que mon environnement m’offrait. J’étais dans un tel état de paix que je laissais même les moustiques se poser sur moi, ne sentant aucune agressivité envers ces petits êtres.
Une fois que le soleil commençait à se coucher, une nouvelle âme rentra dans « notre environnement », c’était une amie du chat qui était venu car elle nous savait tous sous substance et voulait nous rejoindre dans notre délire, mais c’est à partir de ce point que tout bascula comme je vais tenter de l’exprimer dans les prochains paragraphes.
N’ayant aucune connaissance du temps qui m’enveloppait, une fois qu’une magnifique voute céleste violette bleutée entourait calmement mais puissamment la lune, orange vif à l’heure de sa montée, je décidais que les effets étaient en train de s’estomper et que tirer quelques taffes sur un
joint fraichement roulé par Le chat et son amie me parut une bonne idée et n’ayant pas conscience que le trip s’effectue par vagues et que j’allais subir un raz-de-marée je me complis dans ma volonté et céda à l’appel du
joint . Je ne sais pas si cet évènement est déclencheur pour la suite des péripéties car Johnny Depp, qui ne fume pas, à ressentis des choses similaires mais je me devais d’être clair avec moi-même.
Peu après le
joint, nous décidons d’aller nous balader, mais tout parait très difficile dans le noir et quitter l’endroit où on s’était posés me perturbe un peu, mais c’est dès que nous voyons des lumières qui se hâtaient vers nous en criant « Police, restez où vous êtes ! » que la paranoïa et l’angoisse s’instaura nous conditionna pour le reste du voyage : nous n’étions que des proies et les prédateurs nous voulaient du mal.
Les personnes qui venaient d’arriver (mais ça je n’y avais même pas penser car je m’étais mis à courir sans but en imitant machinalement les autres) n’étaient pas des flics mais bien des connaissances qui n’avaient rien à faire ici et que l’amie du Chat nous a ramené sans nous le dire directement. C’était vraiment la psychose générale, nous sentions une pression éléphantesque au-dessus de nous et j’avais vraiment envie de me dépêcher, mais pourquoi me dépêcher ? Pourquoi vais-je si mal ? Comment aller mieux ? Qu’est ce qu’aller mieux ?
Partagé entre des moments de pure incompréhension et de pure délire (nous courrions Johnny et moi autour de la louve comme si c’était un astre et que nous étions des planètes, je ressentais vraiment l’énergie cosmique qui émanait de cette expérience) nous essayons de nous poser et de comprendre calmement la situation, mais personne d’entre nous n’était calme, nous étions tous brusqués, comme des proies, et je commence vraiment à me sentir mal car je n’arrive plus du tout à parler et chaque appréhension de mot ou de concept n’est que multitudes d’embrouilles en plus, j’arrive juste à exprimer que je me sens mal et que je veux de l’aide, ce que sont bien résolus à faire mes coéquipiers. Nous nous posons donc dans un coin reculé de l’endroit où étaient arrivés les perturbateurs qui criaient partout et ne comprenaient manifestement pas que nous avions besoin d’être tranquilles entre nous, je commençais à dessiner, à profiter de la vue magnifique de la lune sur le lac et en même temps j’essayais de comprendre ce qui était en train de m’arriver : Je ne connaissais plus rien, je n’étais que troubles qui n’avaient aucun sens et je n’arrivais pas à pouvoir me donner des repères sur lesquels me fixer. J’étais totalement conscient que j’étais en train de tripper et je profitais de l’expérience, aussi malsaine soit elle, car je commençais à me sentir bloqué dans un monde inventé par mon esprit, constitué de formes géométriques, d’yeux et de visage perturbants qui tournaient en spirale pendant que mon moi était assis sur une chaise dans un vaste désert de pensée et n’avait pas les clés pour y toucher, je me laissais aller ça et là avec pour seul repère une bouteille d’eau sucrée qui m’a remis les pieds sur terre une bonne demi-douzaine de fois. Je me transformais continuellement, un moment j’étais un simple pou dans la foret d’arbres cheveux, l’autre j’étais un enfant qui avait besoin de soutiens maternelle et de compréhension pour pouvoir survivre et d’un coup je ne voyais rien que des choses inexistantes qui juchaient le sol, j’avais l’impression que quoi qu’on fasse on va être oppressés, tels des proies.
A un moment, alors que le chat et Johnny se retrouvent nés à nés avec la vraie police cette fois ( il ne s’est rien passé suite à leur rencontre, ils nous ont rejoint peu après), la louve et moi nous nous posons à côté d’un enclos qui contenait trois ânes très curieux qui nous ont fait bien rire. Même si on avait conscience qu’il n’y avait pas de problèmes en soit, une angoisse générale persistait et nous étions tous les 4 choqués et traumatisés par ce qu’il venait de se passer.
Après avoir attendu un moment indéfini à côté de ses ânes (sans que je puisse parler, car chaque phrase que je commençais se déconstruisait dans ma tête et rien n’avait de sens, tout ce qui m’entourait et tout ce qui venait de l’intérieur ne venait que d’une conscience très infantile et très peu sure d’elle-même au final) nous décidâmes d’aller nous balader aux alentours, en essayant bien de s’auto-persuader que nous n’avions aucune raison de presser le pas ou d’être aux aguets car, en effet, il n’y avait aucune raison de psychoter, mon cerveau m’a seulement plongé au plus profond de mon ignorance et mes amis étaient plus ou moins dans le même cas que moi, en tous cas nous étions tous traumatisés.
Tout en continuant à ne pas savoir parler, la seule manière d’exprimer ce que je ressentais se faisait par le dessin, donc je passais mon temps entre dessins ( ou du moins gribouillis qui ont eu un sens à un instant t de ma conscience), écoute de l’appel de la forêt, des grenouilles et des ragondins, bien plus accueillants que le trouble que nous avait causé cette rencontre et juste incompréhension totale, comme si tout était aspiré et simultanément créé par une spirale verte-violet qui s’insinuait partout et me faisait perdre conscience de mon corps sensible, parfois j’avais même l’impression de n’être qu’une conscience sur du vide ou alors un néant dans un corps, et chaque chose que je faisais était réalisée dans le flou total, je savais alors totalement ce que ça faisait de « tripper ».
A un moment donné, pour me rassurer, Johnny me prend par le dos et me propose de fermer mes yeux et de me laisser guider dans ma balade cérébrale. Je vois alors comme une sorte de rail rouge qui tournait dans un environnement de jaune, d’entités célestes, d’yeux dans des formes géométriques et d’éclair un peu partout qui me faisaient prendre conscience que je ne contrôlais rien mais qui me rassuraient car ces images dans ma tête n’étaient pas maléfiques.
Une fois posés et relativement redescendus pour être capables de prendre la décision de rentrer à l’appart de la louve nous prenons la route encore une fois, mais avec un but cette fois. Nous rencontrons alors un homme qui voulait qu’on monte dans sa caisse et qu’on mange du hérisson ( il était 2 heures du matin) et les flics, qui ont bien été les personnes les plus bienveillantes de notre aventure ( à part nous même) et qui nous gentiment demandés de rentrer chez nous sans poser de problèmes suite à une déclaration qui était sortie de mon corps par mon orifice buccale et qui avait un sens (à l’époque, je ne me souviens plus de ce que j’ai dis mais ils nous ont laissés tranquille) et ensuite nous nous posâmes dans ledit appartement, pour rétablir l’ordre des vérités de cette soirée, tout en nous rappelant tous les meilleurs moments (car en soit, rien n’était bon ni mauvais on était juste en train de tripper c’est tout). Plusieurs
joints et un lever de soleil plus tard j’étais dehors posé sur un banc devant un étang avec le chat et nous en profitâmes pour exprimer pas mal de choses auxquelles on était en train de penser et/ou qu’on a vécu pendant le trip, ce qui a permis de me remettre sur des
bases de réalité après ce que j’avais vécu.
Le retour à la civilisation ne fut pas si difficile, même si les relations interpersonnelles n’avait plus trop de sens pour moi j’avais seulement envie d’être bienveillants avec tout le monde et de prendre mon temps pour que personne ne se sente en détresse.
Ce que je raconte dans ce «
trip report » n’est qu’une fugace impression d’après trip que j’ai essayé d’exprimer à travers des mots qui n’avaient vraiment aucun sens dans l’action cérébrale. Je n’ai pas pu tout y mettre mais je pense que globalement j’ai bien vécu l’expérience, car même le traumatisme suite à la rencontre a simplement provoqué de l’angoisse et je m’y retrouvais. Je ne sais pas comment exprimer mais je suis content d’avoir vécu ce que j’ai pu vivre et je suis à présent plus à même d’appréhender réellement un voyage au pays des merveilles. Je tiens évidement à remercier ma fabuleuse équipe qui a su être soudée et qui a pris les bonnes décisions malgré un retard évident et un bon déphasement à propos de la réalité.
Dernière modification par Prophètemiaou (29 avril 2021 à 10:28)