Bonjour à tous,
J'ai mis beaucoup de temps avant de me décider à écrire et exposer ma situation. Mais depuis plusieurs mois, ce forum, les témoignages et réponses qui y sont apportés m'ont beaucoup aidé. Je sais que je ne serai pas jugée ici, et pour cela, d'avance, je vous en remercie.
J'ai la trentaine et j'avais un couple, une carrière et des études prometteuse avant d'apprendre que je souffrais d'une maladie auto-immune qui a bouleversé ma vie en bien ... et en mal.
J'ai quitté la personne avec qui j'étais depuis quasiment 10 ans (et je ne remet pas en doute cette décision aujourd'hui). Seulement voilà, nous avions un mode de vie saint, quelques soirées avec excès une ou deux fois par an. Je ressentais qu'il exercait une pression constante lié à mon diagnostic : tu ne dois pas sortir, pas boire, pas faire ceci ni faire cela.Pourtant moi ce que je voulais c'était vivre. Vivre librement.
C'est dans ce contexte que, fraichement célibataire, je me suis mise plusieurs mois avec un autre homme (oui j'ai une tendance à la dépendance affective).. Ce dernier a été tout l'opposé et ma
descente aux enfers a commencé à ce moment là : banalisation de la
coke quasi quotidienne ou en tout cas hebdomadaire, découverte de drogues jamais testés auparavant qui m'ont mise dans de très mauvais états (la
ké par exemple qui m'a conduite à l'hopital)... À chaque fois que j'exprimais une crainte vis-à-vis de ce rythme, cette personne me disait qu'il était tout à fait normal que je me lache et m'amuse après ma relation passée. Je l'ai cru.
Par chance, je suis partie plusieurs mois à l'étranger ce qui m'a permis de m'éloigner de ce rythme bien trop intensif pour moi. Je n'avais alors pas la moindre envie de consommer et je ne l'ai pas fait. Mais à mon retour, j'ai revu cet homme qui a été violent physiquement avec moi. Ce fut un énorme traumatisme puisque je n'avais jamais vécu de violence avant. Il a ensuite quitté la ville tandis que la
coke s'est installée, peu à peu dans ma vie au niveau hebdomadaire.
J'ai alors encore pu partir 1 mois et demi. Là encore je n'avais aucune envie de consommer et ce combien meme on m'en proposait.
Mais à mon retour dans la ville où je vis à l'année, à mon retour dans cet appartement dans lequel j'ai subi des violence... j'ai commencé pour la première fois de ma vie à consommer seule occasionnellement.
C'est alors que, dans mon immense vulnérabilité, j'ai rencontré un autre homme agé de 10 ans de plus que moi, polyaddicte, instable, en qui j'ai basé toute ma confiance. Mais il a à son tour à banaliser la
coke tous les jours (avant lui je n'avais jamais fait de nuit blanche de 24 à 48h). Je reconnais ma part de responsabilité dans cette situation... puisque je l'ai suivi et j'ai accepté.
Mais la
descente aux enfers est arrivé lorsque cet homme qui boit du réveil au couché et qui consomme plusieurs fois par semaine m'a regardé et m'a dit : tu abuses beaucoup trop avec la drogue, tu n'es pas saine, c'est pour ca que je suis parti voir ailleurs... Avant de me bloquer, me supprimer, et ne plus répondre à aucun de mes messages alors que l'on se voyait tous les jours (on habite à moins de 100 mètres l'un de l'autre)
C'est là que mon second traumatisme est arrivé. Je parle de traumatisme car cette négation de mon identité par l'ignorance de cet homme a été le coup fatal.C'est aussi là que ma consommation en solo est devenue quotidienne. Ce rythme me suit depuis plusieurs semaines maintenant. J'ai peur, mais je vois cela comme mon seul moyen de survie dans cette ville.
J'ai vu une addictologue qui a conclu que ce n'était pas réellement une addiction à la
coke mais plus un moyen d'évacuer plusieurs souffrances. J'ai appelé des professionnels via les numéros d'urgences dédiés à l'addiction... là encore, la réponse a été la meme : "vous ne devez pas aller en cure de désintox, vous devez fuire cette ville et si vous ne le pouvez pas, vous devez vous entourer de personne saine au quotidien, et si vous ne le pouvez pas venir il faut que vous veniez à l'hopital pour un suivi psychologique et non addictologique". Ce fut également l'avis du Samu que j'ai appelé en panique, par peur de manquer un train qui m'emmenerait près de ma famille parce que j'avais consommé "Partez, prenez ce train car si vous restez ici vous allez consommer".
Ces réponses j'ai tout de meme du mal à les comprendre. Est-il possible d'etre addict seulement dans un contexte particulier ? Il est vrai que je ne cherche pas à en avoir ailleurs que dans la ville où je vis. Je me sens profondément seule. Entre la maladie qui a freiné ma carrière et les "amis" qui ne comprennent pas que je puisse aller mal... j'ai fini par ne plus avoir personne. Aujourd'hui la situation est d'autant plus pire puisque mon voisin m'a complètement humiliée par son silence après plusieurs mois de relation et que je peux le croiser à tout moment.
Je mets quand meme petit à petit les choses en place pour quitter cette ville. Je pense sincèrement qu'un autre cadre pourrait me permettre de redémarrer à zéro. Mais les choses se font TRÈS doucement et bien que la prise de conscience est là, que les démarches sont lancées, je suis, en attendant toujours dépendante à cette consommation. C'est elle qui me permet de survivre ici. Et je m'en veux évidemment de consommer autant, mais je ne vois pas d'autre issue avant ce départ qui est malheureusement aussi ralenti par ma consommation.
Cette situation dure depuis le début de l'année 2023, mais j'ai peur qu'elle détruise définitivement ma vie. J'ai honte de moi. Je me rattache à des petites lueurs d'espoirs, à mes proches qui vivent loin etc. mais c'est si fragile.
Je ne sais pas comment vous recevrez ce témoignages, si vous y répondrez ou encore quelles réponses vous pourrez m'apporter... Je tiens tout de meme à remercier ceux qui me lirons. J'ai simplement peur, j'ai simplement besoin de comprendre ce qui m'arrive.