Je souhaite partager ma première vraie expérience sous drogue, car elle fut incroyablement intense et positive et j'aimerais avoir des points de vue de personnes qui ont déjà testé elles aussi les
champis.
A part de l'herbe (de façon régulière cette année) je n'avais jamais pris aucune autre drogue.
Je suis allée voir un pote mercredi dernier, chez qui je devais passer la nuit pour repartir le lendemain. Il m'avait dit avoir une surprise pour moi. Cette surprise était : des champignons hallucinogènes, des équatoriens plus précisément. Je n’avais pas beaucoup dormi ces dernières semaines, j’étais un peu malade, et surtout, je ne m’étais pas préparée psychologiquement à en prendre. C’est quelque chose de très important pour moi puisque depuis que je m’intéresse aux drogues (4 ans que je lis des livres, regarde des films ou arpente les forums à ce sujet), j’ai toujours eu la volonté suivante : celle d’en consommer (hormis l’herbe) uniquement au moment où je me sentirai « prête ». J’entends par « prête » être bien avec moi-même, avoir résolu mon conflit intérieur et réellement me sentir en osmose avec mon être (tant physique que psychologique) et mon passé. Je pensais attendre cet état autour des 25-26 ans, donc ne comptais pas prendre de drogue dite « dure » pour le moment. En fait, je souhaitais être vraiment dans les conditions optimales pour profiter de mon expérience. Bref, la proposition de mon pote m’a donc surprise et je ne m’y attendais pas.
Toujours est-il, qu’après en avoir discuté avec lui, et avoir suivi mon instinct et mes ressentis ainsi que mon impulsivité, j’ai lentement mâché et avalé environ 1 gramme ou 1,5 gramme de champignons, petite dose en soi. Nous étions dans son appartement, calés, petite musique, pétards qui tournent, et confiance réciproque. On peut dire une bonne ambiance, et je me sentais plutôt chez moi. Au bout d’une petite heure, je commence à avoir un peu envie de rire pour rien. Donc je ris pour rien. J’ai envie de faire des roulades sur le lit, je le fais. On papotait, tout allait bien. Il me fait un massage du dos, on est assis. C’est très, très agréable, je ressens vraiment son énergie, et au fur et à mesure du massage j’ai l’impression de visualiser dans ma tête les effets que ça me procure. C’est-à -dire que j’arrive plus ou moins à dessiner le massage. Quelques heures avant la prise, j’avais regardé des dessins à mon pote, c’est très probablement pour ça que le dessin que je m’imaginais dans ma tête par rapport aux gestes du massage ressemblait un peu au style de dessins qu'il fait. Une sorte de plante en noir et blanc qui s’élève vers le haut, avec juste quelques ombres roses pales. Assez psychédélique. La
base de la plante me fait un peu penser à une sorte de pied de rhinocéros. Le dessin que je me représente mentalement change un peu de minute en minute, il n’est pas fixe, mon imagination travaille et je le sens.
Après le massage, on recommence à parler etc. Je me revois avoir une crise de fou rire, extrêmement intense. Je ris, je ris, je ris, et la seule chose que je peux « lire » dans ma tête c’est « je ne comprends rien », et je ris encore et encore, mon pote me regarde et rit aussi. C’est très agréable. Impression de bonheur sans aucune raison. Je pleure énormément en riant aussi, les larmes coulent toutes seules, beaucoup et longtemps. J’ai très envie de me moucher aussi, et je transpire également. Et, étrangement, ma gorge qui était prise car j’étais malade, se débouche et je peux respirer beaucoup plus facilement. Ça me donne un peu l’impression que mon corps se vide, évacue. Physiquement, j’ai quelques hallucinations : je crois que ma bouche se « déboite » un peu et fait des choses bizarres, que je ne peux pas trop qualifier, j’ai du mal à déglutir. J’ai aussi l’impression que mes mains et mes avant-bras sont très très maigres, petite panique de quelques secondes avant que Léo ne me rassure. A un moment je prends un bonbon « vosgienne » à l'eucalyptus que je mets dans ma bouche, puis bois de l’eau. Et alors là , j’ai l’impression que ma bouche est divisée en deux, qu’il y a une partie dans laquelle l’eau est tiède et stagnante, et l’autre où mes dents se sont déchaussées et où je sens l’eau passer contre les gencives où se trouvaient les dents. J’ai les pupilles très très dilatées. A certains moments de la soirée j’ai aussi l’impression que je n’ai pas de vêtements, que je suis comme nue : pourtant j’avais bien ma jupe longue, mes sous-vêtements et mon débardeur. Mais j’ai l’impression que je suis nue et que les vêtements font partie de ma peau.
J’ai aussi des hallucinations tout au long de la soirée : je vois une espèce de « filtre » vert (comme sur les logiciels de retouche quand on utilise des filtres de couleur) sur tout mon environnement, ou encore je vois avec une espèce de relief, comme une doublure, sur chaque élément qui m’entoure. Je crois voir la porte bouger à plusieurs reprises, et j’ai également l’impression de percevoir chaque « rayon » de la lumière du plafond, comme si c’était un soleil. Enfin, à un moment où je me concentrais un peu sur la musique j’avais l’impression de pouvoir la voir, de la représenter en dessin, un peu comme avec la sensation que me procurait le massage. C’est agréable car même si je me laisse surprendre et ai parfois peur de certaines hallucinations que j’ai, au fond je sais que je suis sous champignons et donc qu’il n’y a pas de problèmes. Je me rappelle aussi avoir eu l’impression de parler très fort et de faire des gestes très exagérés, d’être vraiment très « présente » et active dans la pièce.
Il y a un moment dans la soirée où j’ai l’impression que nos conversations sont complètement débiles et sans aucun sens avec mon pote, que lui et moi ne disons que des choses superficielles et très très bêtes. Ça me fait bader mais ça ne dure pas longtemps. On parle beaucoup. Je me rappelle être restée environ 20minutes à rouler un pétard pendant que mon ami me parlait, sans me rendre compte que je n’y arrivais pas et que je prenais du temps, tout en étant très concentrée sur ce que me racontait mon ami. Certaines fois, il y a des choses dont je m’en « fous » complètement, je vais parler en métaphore pour mieux me faire comprendre : ce que mon ami me dit et qui devrait m’intéresser ou du moins me toucher émotionnellement, c’est l’eau. Et moi, je sens juste l’eau couler sur ma peau, elle ne pénètre pas en moi. Ses dires ne m’atteignent pas. Je m’en fous, en fait. C’est bizarre, car je ne suis absolument pas comme ça d’habitude. Ça dure juste quelques minutes je pense. Au contraire, un peu plus tard dans la soirée, quand la redescente se fait petit à petit, il se confie à moi sur certaines choses et je pleure énormément, car ça me rend terriblement triste. En temps normal je ne pense pas que j’aurais pu pleurer comme ça… A mon tour de me confier sur certaines choses qui m’ont fait très mal dans le passé : je pleure beaucoup, je ne trouve pas mes mots, alors que c’est un sujet qui ne m’atteint plus autant aujourd’hui et que je « connais » par cœur, que j’ai analysé, décrit dans mon journal dont parlé avec d’autres amis, bref je ne devrais pas être touchée et avoir autant de mal à trouver mes mots. Mon ami me fait remarquer que c’est peut être mon inconscient qui travaille pour me rappeler que même si je vais beaucoup mieux aujourd’hui, crois être en paix avec moi-même et pense avoir réglé ces problèmes qui m’ont fait du mal auparavant, malgré tout ça il ne faut pas les oublier et toujours les avoir en soi pour se rappeler qu’ils ont existé. La redescente s’est faite assez naturellement et lentement, j’ai eu l’impression de revenir sur terre/dans mon état normal très petit à petit et c’était super agréable.
Durant une grande partie de la perche, je me rends compte que notre cerveau est infini, et qu’on ne connait qu’une infime partie de nos possibilités. Au fur et à mesure de la soirée je réfléchis beaucoup, énormément ; je me rends compte que l’être humain peut aller très très loin, qu’on n’a encore rien exploré de notre être, qu’on est incroyable. J’ai l’impression de comprendre le sens de la vie, de comprendre la vie, de comprendre et d’être réceptive à mon environnement. Je me sens en totale osmose avec moi-même et avec mon environnement, je pleure beaucoup (mais c’est seulement physique, je ne suis pas triste), je me sens vraiment vraiment bien, heureuse, comblée. C'est un état assez difficile à décrire... mais très positif, j'étais dans la prise de conscience de nos possibilités, dans l'admiration, dans l'excitation de comprendre que "tout est possible". Je nageais dans du pur
BONHEUR.
C’est pendant la redescente que je me rends compte que si je suis venue voir mon pote, malgré les empêchements et difficultés de dernière minute, que si j’ai accepté de prendre ces champignons, c’est parce que je suis vraiment enfin bien avec moi-même, en paix avec mon être, mon passé et autrui. Cet état que je pensais attendre dans quelques années, à partir duquel je m’autorisais à prendre de nouvelles drogues, je l’ai atteint et le savais inconsciemment. Et c’est pour ça que je suis venue voir mon pote et que j’ai pris ce champi. Après la perche, on en discute, et il m’explique que la perception du temps est très déformée. Il y a eu des « pics » de sensation : j’ai l’impression que certains moments ont duré une heure alors qu’ils ont duré quelques minutes, et inversement. L’intensité de l’émotion prend le dessus sur la perception du temps. De manière générale, j’ai ressenti cette perche comme un voyage intérieur et avec mon environnement, une continuation de moi-même, et une expérience très très intense, et très positive, et évidemment très intéressante.
Si vous souhaitez me donner votre avis sur comment j'ai vécu l'expérience ou comparer avec la votre, ça serait avec plaisir :)