Sur son blog "Objectif Washington", Stéphane Trano nous explique qu'il "n'y a pas que l’exploitation du gaz de schiste qui fait la joie de l’Amérique" : "En cette fin 2014, il pleut des billets verts sur les montagnes du Colorado et bien au-delà , et l’on voit se multiplier une nouvelle classe de travailleurs plutôt détendus". Le "cannabis business" vient même d'être autorisé dans "la républicaine Alaska".
Photos : Une boutique à Denver - Brennan Linsley/AP/SIPA
L’Amérique plane et son envie de redevenir « cool » n’a rien à voir avec la politique. Pour preuve, la républicaine Alaska est devenue, en cette fin d’année, le quatrième Etat américain à légaliser l’usage et la vente de
marijuana, après ceux de Washington, de l’Oregon et de la capitale, Washington D.C.
Ce n’est pas que Sean Parnell, le gouverneur républicain de la « dernière frontière », tel qu’on surnomme le plus vaste Etat américain, était un fan de la mesure. Mais il en a accepté le vote sans sourciller. Et pour cause. L’Amérique est pragmatique, on ne cessera pas de vous le dire.
Près d’un an après avoir légalisé le
joint, le Colorado a déjà créé 18 000 emplois, qui vont de la plantation à la vente, en passant par la promotion, et les agences touristiques du pays offrent désormais des packages : un week-end de défonce au meilleur prix avec vue imprenable sur la montagne, par exemple. Mais il y a aussi ceux qui récoltent, qui affinent le produit, ceux qui inventent les emballages, ou encore ceux qui éduquent le bon peuple consommateur, qui se laisse parfois surprendre par la puissance des bonbons au
cannabis ou des «
space cakes ». Sans oublier les comptables et les VRP.
Ce n’était pas gagné d’avance, même si l’Amérique était très en avance avec l’autorisation de prescrire du
cannabis pour raisons médicales dans une vingtaine d’Etats déjà . Les Cassandre annonçaient une menace majeure pour la jeunesse, pour la sécurité publique, un bond de la délinquance et des accidents, un péril sanitaire. Les lobbys du « pot » leur opposaient le coût exorbitant des condamnations et des incarcérations de vendeurs ou de simples consommateurs de
cannabis, les peines totalement irrationnelles pouvant aller jusqu'à vingt ans dans des Etats qui, à l’instar de la Californie, pratiquaient l’automaticité des longues peines en cas de récidive, même dans pour des mineurs.
L’argument a fini par faire son chemin, dans un pays ou le système pénal est également une catastrophe et où ce qui finit par trop coûter – c’est le cas de plus en plus souvent avec la peine de mort – est tôt ou tard remis en cause.
Source :
Mariane