J'ai tout arrêté depuis quelques jours, quelques semaines, je ne sais même plus.
Les stimulants synthétiques...
La 3MMC, l'éthylphénidate, la méthiopropamine, la synthacaine, tout ce foutoir de molécules étranges que j'ai tellement aimé, mélangé avec alcool, benzo, opiacés à gogo... Pour vous donner une idée de ma consommation, 5 grammes de
RC (peu importe lesquels, j'en suis vite arrivée à tous les mettre dans un même et unique pochon) me durait moins d'une semaine.
J'ai arrêté tout ce qui faisait que le temps passait vite même si je n'en faisais rien, que la moindre de mes émotions
normale était centuplée par les produits.
Le début des effets néfastes à long terme s'est vite fait sentir. J'ai perdu du poids, l'acné a ressurgi, les doses augmentaient de plus en plus, mais j'avais le sourire, toujours le sourire.
Toujours les bons mots au bon moment dans une conversation, plus d'inquiétudes, plus de passé, plus d'avenir, juste la douceur de l'instant, cet instant qu'on veut faire durer une éternité.
Pardon je m'embrouille. J'étais perchée sur Pluton mais personne ne m'a fait la moindre remarque. A part des yeux comme des boules de billard et une tête de zombie, j'étais facilement exaltée, gentiment barrée, ça changeait de ma dépression.
J'ai fait des choses dont je n'aurai jamais été capable à jeun. Certaines que je regrette, d'autres biens.
Mais ça ne pouvait plus durer. Financièrement, même les
RC commençaient à me brouiller sérieusement avec ma banquière. Mon coeur me faisait peur : combien de temps il allait encore tenir à 100bpm en moyenne ?
J'ai été dans des cliniques privées, j'ai été en HP (à Saint Anne, au service addictologie où je suis aujourd'hui suivie et dont l'équipe est compréhensive et vraiment à l'écoute). Mais pour mon
sevrage, cette rupture avec les produits, je suis partie en Normandie, accompagnée d'un ami de confiance et d'une bonne ordonnance de
Prozac (dose doublée, 40 mg aujourd'hui) et de
Valium 10. Au bord de la mer et avec son aide, j'ai réappris à vivre avec mes émotions, les montagnes russes de la vie, les vraies joies, les difficiles désarrois, les
cravings ingérables.
Je dors en moyenne 12 heures par nuit, je mange comme une femme enceinte mais je me rends surtout compte du bordel que j'ai mis dans ma vie.Les amis qui se sont enfuis, ceux qu'on
"doit arrêter de fréquenter parce qu'ils peuvent nous faire rechuter", les histoires d'amours dopées qui se sont effondrées lors du retour à la réalité...
J'ai du mal à revivre comme avant, je ne me souviens même plus ce que j'étais avant que la dope me définisse toute entière. Ce sevrage c'est un deuil, une rupture amoureuse.J'avais besoin d'en parler. De vous en parler.
Peace à ceux qui tentent aussi d'arrêter, à ceux qui continuent d'en consommer, à ceux qui sont tentés... à vous tous en fait !