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Canada: la
légalisation du
cannabis sans réelle opposition
Ottawa - Le Premier ministre Justin Trudeau, ancien fumeur de
cannabis, va s'appuyer sur un large soutien des Canadiens pour légaliser l'usage de cette drogue douce déjà bien répandue dans le pays.
Dénoncée par les conservateurs, la promesse de légaliser l'usage de la
marijuana faite par les libéraux au cours de la campagne électorale devrait donc venir devant le Parlement dans les prochains mois.
Justin Trudeau a tracé la ligne dans son discours de politique générale en voulant des "mesures législatives (...) qui légaliseront et réglementeront la consommation de
marijuana et limiteront l'accès à cette substance".
La population est déjà convaincue de la nécessaire
légalisation sachant que deux Canadiens sur trois sont pour la
dépénalisation, selon un sondage Ipsos publié cet été.
Reste à déterminer un cadre légal et c'est sans doute là que les débats vont se cristalliser au Parlement. Sans avoir les détails du projet de loi, il est probable que le Canada conjugue
légalisation et réglementation du marché à partir des expériences tirées des observations faites après la
légalisation de l'usage du
cannabis à des fins récréatives dans les Etats américains du Colorado et de Washington.
Le mois dernier, le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies a tiré les conclusions de ses missions aux Etats-Unis en recommandant "des changements graduels plutôt que d'agir trop rapidement" avec des "objectifs de santé publique" tout en s'assurant d'éviter une délinquance ou criminalité associées à cette
légalisation.
Même la police canadienne pousse pour une
légalisation encadrée depuis deux ans, au moment où Justin Trudeau révélait pour la première fois avoir fumé du
cannabis, même en étant député, en jugeant que "l'interdiction actuelle du
cannabis est injustifiée".
Elle vient en plus encombrer les tribunaux et alourdir les tâches des policiers. L'an dernier, un peu plus de 100.000 dossiers d'infractions aux stupéfiants ont été ouverts au Canada, dont les deux tiers portaient sur la simple possession par la personne interpellée, selon l'institut canadien de la statistique.
- Maîtriser la commercialisation -
Le président de l'Association canadienne des chefs de police, Clive Weighill, a estimé mi-novembre qu'en allant "vers un modèle de
légalisation de la
marijuana", la police cherchera à ce qu'elle "ne vienne pas compromettre la sécurité publique".
Une
légalisation de l'usage du
cannabis à des fins récréatives "va supprimer le marché illégal" et mettre un terme à "un modèle d'interdiction" et de répression qui a conduit à une criminalité galopante dans certains pays, comme le
Mexique, où règnent des cartels de la drogue, a estimé Eugene Oscapella, spécialiste de criminologie à l'université d'Ottawa.
Reste à définir les moyens de commercialiser de façon encadrée un stupéfiant autorisé sans aller vers une distribution généralisée comme l'
alcool ou le
tabac. "Il est envisageable mais tout à fait improbable que vous serez en mesure d'acheter votre
cannabis à l'épicerie comme on peut le faire avec l'
alcool", a souligné auprès de l'AFP ce professeur.
Si depuis 1999 l'usage du
cannabis à des fins médicales est légal et strictement encadré, toutes les tentatives d'assouplir la législation avaient été jusqu'ici repoussées par les conservateurs, au pouvoir pendant près d'une décennie et dont l'ancien Premier ministre Stephen Harper avait estimé début octobre que fumer du
cannabis était "infiniment pire" que le
tabac.
Reste que pratiquement un Canadien sur deux (44%) reconnaît avoir déjà fumé du
cannabis, selon les données du ministère de la Santé dans sa dernière enquête annuelle de surveillance de la consommation d'
alcool et de drogues.
Au Parlement en 2016 pour la discussion du projet de loi, le corps médical fera part de ses réserves sur les conséquences d'une
légalisation pour les jeunes, sachant que l'âge moyen de la première consommation se situe entre 15 et 16 ans.
Source :
http://www.lexpress.fr/actualites/1/sty … 43552.html