[ Addiction ]

un virage en pente douce

Bonjour David.
J'ai choisi le bénévolat car les assoces de quartier ont peu de moyens pour faire face à  beaucoup de besoins.. Et j'aime les gosses. Je sais que je pourrai leur apporter mon expérience en matière d'enseignement des langues, de la part littéraire et philosophique de leurs études. Je pourrai aussi amener mes livres, ils manquent cruellement de ressources. L'idée me plaît d'être utile, moi qui me vis handicapée. Je connais la vie associative, j'ai déjà  été bénévole ou volontaire.

Il faut de toute façon que je me sorte de l'abîme des jours vides et du temps long car inoccupé. Comme je fume encore le matin - je n'arrive pas à  l'arrêter ce joint du matin - la journée n'est pas dure. Elle est vide. Du coup, se rendre utile est une vraie option.

Je ne travaille pas depuis longtemps, près de huit années. Je suis stabilisée maintenant. J'ai accepté d'être malade, même quand je sais que cela ne se voit pas. J'ai accepté de voir partir mes amis à  cause de mon changement de statut social et des dégâts causés par mes états hypomaniaques ou déprimés. J'ai mis en place une thérapie, j'ai choisi des points de repère humains pour moi dans l'objectif de me donner des garde-fous. Je prends gentiment mon traitement, qui me convient bien. Je mets toutes les chances de mon côté pour retravailler alors même que je sais que je reste à  la merci d'une fatigabilité accrue par rapport à  la moyenne, d'un choc affectif ou tout événement vécu comme tel qui me fera replonger en down ou grimper en up, à  la merci de relations professionnelles merdiques car mes changements d'humeur confinent aux changements de personnalité et tout le monde est perdu dans son relationnel avec moi...bref à  la merci d'un tas de problèmes que je ne connais plus et qui ont eu raison de moi par le passé.

Et le shit dans tout ça?
Le shit m'a aidée dans la vie. Il m'a permis de décompresser dans des moments d'une extrême dureté. Fumer m'a ouverte aux autres car j'étais très repliée sur moi. Tant que j'étudiais ou travaillais, je ne fumais que le soir, et encore, pas tous les soirs. J'avais besoin de lire, de sortir, de parler à  mes nouveaux amis - je venais de déménager. Fumer m'a ouvert l'imaginaire, disons qu'il a contribué fortement à  le déverrouiller. J'ai aimé fumer. Aujourd'hui, le joint m'encombre plus qu'il ne m'apaise.

Je ne sais pas vraiment comment le dire mais je voudrais bien passer à  une autre phase de ma vie, moins centrée sur la solitude. Je n'ai plus autant le sentiment d'avoir à  me protéger des autres.
J'aimerais pouvoir garder un usage récréatif irrégulier de ce produit. Mais je ne sais pas si ça sera possible, s'il ne faut pas une vraie coupure. Je me suis servie de ce produit comme d'un médicament. Je le traite maintenant comme une chaine que je démonte maillon par maillon.

Voilà  j'ai fait un pavé !

Merci de ton encouragement, David.

Bises,

Alise

un sevrage progressif accompagné d activités te plaisant est une voie royale pour réussir celui ci
ne pas se faire violence c est un point central dans un sevrage
bon cheminement

bighorsse a écrit

un sevrage progressif accompagné d activités te plaisant est une voie royale pour réussir celui ci
ne pas se faire violence c est un point central dans un sevrage
bon cheminement

Merci bighorsse, bonne journée et bonne continuation également.

Alise a écrit

Bonsoir.

Voilà, un an après, sevrage réussi.
Je ne vis ni manque ni obsession.
J'ai tourné la page.
Je voulais vous le dire.

Je suis heureuse d'avoir réussi.
Tous mes problèmes ne sont pas réglés avec ce sevrage mais je vais les prendre un par un en duel et leur régler leur compte.

En résumé, en un an, je suis passée à zéro alcool et à zéro joint.

Le virage en pente douce a été bien négocié, je ne me suis pas crashée en cours de route.
Et surtout je n'ai pas souffert.

Si vous avez des questions, je vous répondrai. Mais je ne me connecte pas tous les jours, alors ne m'en voulez pas si je ne réponds pas dans la foulée de la question.

J'ai renoncé à l'usage récréatif. Trop tentant de rechute et ma santé est trop précaire pour que je continue de jouer avec la chance.

Je ne regrette pas d'avoir fumé. Mais je ne regrette pas d'avoir arrêté.

Je vous laisse sur la musique que j'écoute ce soir :




Quel que soit votre mode d'éclate, n'oubliez pas de vous garder en vie.

Alise

Un grand bravo à toi

Étant moi meme maniaco depressif je mesure la difficulté qu'est le fait d'entamer une démarche de sevrage.

Je te félicite encore, prends soin de toi

Si jamais tu veux discuter n'hésite pas

SWB

Merci Groovie pour ton message !

Bonjour,

Merci Alise pour ce vibrant témoignage et bravo pour ton sevrage. Vu la date de ton dernier message, je me doute que mon message restera sans réponse mais si je me suis inscrit sur ce site, c'est aussi pour échanger avec d'autres consommateurs. Perso, cela fait 3 ans environ que je consomme régulièrement du cannabis sous forme de joints suite à des problèmes d'ordre personnel remontant à l'adolescence. Je suis suivi psychologiquement et je commence seulement à décrocher petit à petit de ma conso de cannabis/cigarettes. En début d'année, j'ai acheté un vapo me disant que je pourrais au moins diminuer ma conso de tabac. J'ai encore du mal à m'y faire mais, étant asthmatique, je me dis que ce serait bien d'arriver à décrocher complètement du tabac. J'essaye de mettre à profit le confinement liée à la crise sanitaire actuelle pour diminuer aussi ma conso de cannabis. C'est difficile. Cela fait 4 jours à peine que je n'ai rien consommé hormis quelques mg (8/10 je dirais) de lexomil prescrit par mon généraliste. Là aussi, j'essaye de faire gaffe afin de ne pas chasser une addiction par une autre car mon psy m'a averti que les benzo sont des molécules très addictives, d'où l'intérêt de traiter les symptômes ET les causes du problème.
En tout cas, je trouve que ce site est une chouette initiative pour se motiver quels que soient les pratiques des uns et des autres ou l'objectif poursuivi. En espérant pouvoir garder le cap et échanger avec d'autres utilisateurs.