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Dernière modification par ji air (22 avril 2011 à 14:38)
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La série “The Wire” plus forte que les sociologues ?
La série américaine “The Wire” capte mieux la réalité que bien des études sociologiques. Peut-on s'en servir pour remédier à nos propres dysfonctionnements sociaux ? Le point de vue de deux philosophes.
Plus de trois ans après son arrêt sur la chaîne HBO, la série américaine The Wire (Sur écoute en VF) est toujours considérée comme la plus ambitieuse fiction télé jamais réalisée. En soixante épisodes, ses enquêtes captivantes dans les quartiers de Baltimore ravagés par la drogue ont dévoilé la réalité urbaine de l'Amérique de Bush et ses terribles désillusions, à la manière d'une minutieuse étude sociologique. Quoi de plus normal, donc, qu'un petit groupe de philosophes, d'historiens et de critiques aient eu envie de porter leur regard d'amateurs éclairés sur cette fresque balzacienne ? En combinant considérations esthétiques et analyse sociale, l'excellent ouvrage The Wire, reconstitution collective ausculte, de manière claire et pertinente, les différentes pro blématiques abordées par la série policière. Coup de projecteur sur les propositions politiques de la saison 3, actuellement diffusée par France Ô, en compagnie des jeunes philosophes Kieran Aarons et Grégoire Chamayou, qui n'hésitent pas à utiliser la série pour évoquer Eschyle, Nixon et les manifestants d'Occupy Wall Street !
En quoi une série télé peut-elle devenir un objet philosophique ?
Kieran Aarons : The Wire n'est pas une série comme les autres. Créée par David Simon, un ancien journaliste de Baltimore, et Ed Burns, un ex-policier, c'est une œuvre politique et sociale, à mille lieues du pur divertissement. A travers ses enquêtes et ses personnages, elle questionne les impasses de la société américaine et interroge la possibilité d'un changement – ce qui, évidemment, nous intéresse, en tant que philosophes politiques.
Grégoire Chamayou : The Wire s'appuie sur un réalisme documentaire pour mettre en scène des expérimentations sociopolitiques quasi utopiques. C'est malin car la fusion des deux permet de réfléchir concrètement aux possibles transformations sociales. La saison 3 se penche par exemple sur la police : comment fonctionne l'institution, c'est-à -dire, en réalité, comment elle se retrouve en situation d'échec permanent…
Ces épisodes étudient en particulier la gestion policière du trafic de drogue. Howard Colvin, l'un des chefs de la police, met en place une expérience originale : l'instauration d'une sorte de zone franche, appelée Hamsterdam, où le deal est toléré…
G.C. : Les premières saisons ont exposé l'échec historique de la « guerre contre la drogue », lancée par Nixon en 1971. Cette politique de stricte prohibition s'est révélée inefficace et a abouti à des taux d'emprisonnement records aux Etats-Unis, notamment dans les classes noires et pauvres. Si vous êtes jeune, noir et américain, vous avez une « chance » sur trois d'aller en prison, contre une sur dix-sept si vous êtes blanc. Dans la saison 3, les scénaristes Ed Burns et David Simon imaginent donc une alternative.
K.A. : Hamsterdam, c'est l'expérience d'une « géographisation » de la loi. On ajoute à l'universalité d'une loi prohibitive une exception spatiale : des îlots de tolérance dans lesquels certaines activités – vente, consommation – sont admises, tandis qu'ailleurs elles restent sévèrement réprimées. Un nouveau rapport entre norme et territoire se crée, pensé de manière très pragmatique.
G.C. : En France, le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, se réfère explicitement au Hamsterdam de The Wire quand il demande le lancement d'expériences de dépénalisation. L'objectif ? Un compromis civique qui résolve la contradiction entre une loi prohibitive et son impossible application. C'est comme le brown bag aux Etats-Unis, ce sac papier marron qu'on met sur les bouteilles et qui permet de boire de l'alcool dans la rue alors que c'est interdit.
Quelles sont les leçons d'une telle expérience ?
K.A. : Ce type d'initiative est voué à l'échec tant qu'il demeure un projet policier, comme c'est le cas dans la série. La drogue n'est pas seulement un problème de police et de loi. Si on suit uniquement une logique de containment, on nettoiera peut-être les rues du trafic, mais la violence reviendra sous d'autres formes.
G.C. : Dans The Wire, la décision que prend finalement le maire de fermer Hamsterdam renvoie à des expériences réelles, comme celle du parc Platzspitz, à la fin des années 80, à Zurich. Le but, derrière le projet suisse, était de nettoyer l'espace : on met tous les drogués au même endroit pour sécuriser la ville, et on les laisse dépérir dans leur coin. Or le problème de la drogue, c'est aussi la question de sa qualité, de l'existence de programmes d'échange de seringues, d'accès à la prévention contre le sida… La logique de sécurité répressive ne suffit pas.
Cet échec, c'est aussi celui d'un homme seul (Howard Colvin) face à l'institution…
G.C. : Oui, les autorités refusent de soutenir son initiative, ce qui renvoie directement à la tragédie grecque ! D'un côté, il y a le fatum, la fatalité transcendante des dieux, et, de l'autre, les destins individuels. The Wire actualise cette confrontation, sauf que, dans notre monde sécularisé, le fatum n'est plus le fait des dieux mais des contraintes institutionnelles, comme le marché capitaliste ou la machine politique. Les vies des individus viennent s'y briser. C'est tragique parce que en découle l'idée qu'on ne peut rien changer. Des agents dévoués – ici au sein de la police, mais aussi dans le secteur hospitalier ou dans l'éducation – se retrouvent à porter sur leurs épaules l'ensemble des dysfonctionnements du système. C'est intenable.
Comment peut-on sortir de ce défaitisme ?
G.C. : Sûrement pas par héroïsme individuel ou par fidélité à un idéal qu'on défendrait tout seul, avec ses petits bras. On finirait, en effet, par s'épuiser dans un activisme vain, qui aboutit à ce réformisme tragique que présente la série… Il faut plutôt bâtir des forces et des espaces collectifs de contre-pouvoir.
K.A. : Prenez les mouvements d'occupation des quartiers d'affaires, comme Occupy Wall Street, qui se multiplient en ce moment. Ce sont des formes de lutte collective contre les institutions qui passent par la rue et le territoire. Avec leurs camps installés en centre-ville, les manifestants créent des îlots de résistance « physiques », des espaces publics, démocratiques, de discussion et de réflexion. C'est le signe d'une haute organisation politique, d'une forme de démocratie participative, immédiate, directe, non conventionnelle.
The Wire ne propose pas ce type de solution collective…
K.A. : Elle ne présente en effet qu'un choix réduit entre un réformisme tragique et le statu quo. Mais, dans les mouvements actuels, on assiste à la création permanente, publique et visible, d'un corps décisionnel collectif. Et cela peut amener la population à changer son rapport aux structures existantes de pouvoir. Evidemment, les mouvements collectifs, comme les décisions communes, sont ancrés depuis longtemps dans la culture de gauche. Mais la plupart des manifestants, aujourd'hui, ne sont pas des habitués de l'activisme. Ce sont des nouveaux venus, qui n'ont pas une culture très approfondie des luttes sociales. En à peine deux mois, ils ont déjà changé la donne.
Source : http://television.telerama.fr/televisio … ,75111.php
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Laura Zerty a écrit
C'est beau la nature !
http://citizenpost.fr/des-dauphins-film … son-globe/
haha excellent :)
Je suis plus félins moi, dans le même genre cette vidéo (surtout la fin) ou des chats sauvages se défoncent a la "vrai" herbes aux chats
LLoigor
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