C'est marrant car je sais pas trop. Quand je me pose cette question, ça arrive qu'elle me tourne dans la tête pendant longtemps, mais j'ai pas vraiment de réponse. J'ai toujours pris ça à la légère, j'ai jamais accordé d'importance à ma conso', et pourtant j'ai toujours fait gaffe, comme si c'était un élément de la vie quotidienne, genre traverser la route et vérifier qu'on se fait pas écraser.
Je vais jouer le jeu. (et juste : 3e = 14/15 ans ; 2nde = 15/16 ans ; 1ere = 16/17 ans).
Vers mes 12/13 ans (je sais plus), ma mère est tombée malade d'un cancer du sein. Je sais pas si c'était un déni de ma part ou pas, mais j'ai pas trouvé ça si grave. Je savais que le cancer se soignait (lolz) et donc je me disais que c'était pas si important. Elle aurait pu m'annoncer des hémorroïdes, p't'être que ma réaction aurait été la même, à la différence que j'aurais demandé ce que c'était. Pourtant, à c'te période-là , j'avais pas encore l'habitude de minimaliser au max du max l'importance de tout ce qui pouvait bien me tomber sur le coin de la tronche. Alors c'était probablement une façon de ne pas regarder la vérité en face que de me dire que c'était pas grave et que ça allait aller. Enfin, je voyais pas d'autre solution que le "devenir en bien".
Je vais pas tout expliquer (et si j'en parle c'est parce que ça a forcément eu un rôle dans décisif dans le début de ma conso) mais à force de chimio ratées & du mal-être constant de ma mère qui empirait forcément le cancer, y a eu des tumeurs partout et elle est morte quand j'avais à peine 15 ans. J'ai jamais, jamais dit "la drogue, jamais". J'ai jamais non plus sous-entendu que j'en prendrais, mais même quand j'étais encore gosse ou un peu plus âgée, j'étais archi-intéressée par tout ce qui était médocs & drogues, même si je les connaissais absolument pas. Quand j'étais au collège, je voulais trop essayer les
joints alors que je savais même pas l'effet que ça avait. Ca paraît ridicule en fait, mais dans ma tête c'était carrément frustrant. Et quand on a vidé la chambre de ma mère, je me suis précipitée vers l'étagère où trônaient tous ses médocs & j'en ai volé un paquetol. Dans le lot, le seul truc intéressant était le
lexomil, premier truc que j'ai commencé à prendre, d'abord par quarts puis par moitiés pendant ma fin d'année de 3e, ma mère n'était déjà plus là . Les gaviscon, je les prenais parce que c'était dégueulasse & que ça m'aidait à me faire vomir.
A partir de là , j'ai commencé à collectionner les médocs dans une petite boîte. Qu'ils soient psychoactifs ou pas. À l'école, c'était toujours à moi qu'on demandait quand on avait mal à la tête ou au bide, mais les anxios prenaient plus de place dans ma boîte que le doliprane ou le spasfon.
Ensuite, j'ai eu une période d'anorexie mentale, restrictive & vomitive qui peut un peu s'apparenter à l'addiction, dans la mesure où (pour mon cas) j'étais totalement accro au système drastique que je m'imposais. En y réfléchissant maintenant, je pense que ça me permettait de projeter mes soucis dans le bouffe, donc de les concrétiser, donc (d'avoir l'impression) de les contrôler. Aussi, en adoptant un comportement que personne ne comprenait (et dont pas grand monde était au courant), je me mettais dans une bulle, me positionnais même sur une estrade en me disant que j'avais un truc que les autres ne pourraient jamais atteindre : mon monde, qui se résumait à contrôler chaque chose qui passait & passerait la frontière de mes lèvres. C'est triste, mais ça me paraissait jouissif.
Pour la chronologie, au niveau de la 2nde, finissant petit à petit ma boîte de
lexomil-récrétaif et essayant pas mal d'autres anxios comme ça (qui me posaient donc, me détachaient un peu de mes soucis et m'aidaient donc à manger sans me poser de questions, et ce sans que je ne me fasse vomir ensuite), plus pour la curiosité & leurs effets que pour le fun (et là j'me demande si la prise intensive de médocs de ma mère n'est pas le bouton start de mon intérêt pour les médocs) j'ai commencé à fumer des pétards. Quand j'étais encore bien dans l'anorexie, au départ, j'avais aucune foncedalle, vous savez, l'envie de bouffer un peu n'importe quoi après un
joint. Un peu plus tard, c'est arrivé et je pense sincèrement que c'est ça qui m'a en même temps plongée dans la boulimie ET aidée à me sortir de l'anorexie. Jamais eu d'addiction ni même de grande accoutumance au oinj, il m'en a toujours fallu peu.
Les périodes se chevauchent un peu. L'anorexie a tourné en boulimie vomitive dans l'été qui précédait mon entrée en 1ere. Pendant ce temps, on avait l'impression que je mangeais correctement alors qu'en vrai ce n'étaient que des impulsions, et même si au final je mangeais en quantités plutôt normales, tout ça ne résultait que de violentes poussées d'envie de bouffer tout ce qui pouvait bien me tomber sous la dent.
Aux vacances de la toussaint de ma 1ere (je crois),j'ai trouvé dans l'armoire des parents d'une pote du
tramadol sur lequel y avait écrit "morphine" au stylo, pour se rappeler de l'utilisation (un peu râpé, mais bon). J'me suis dit putain ! je veux ! Et j'ai volé un comprimé. Et quand j'ai vu que la pote en question était défoncée à cause des médocs pour la douleur, je lui ai demandé de m'en filer quelques un pour la collection et je lui ai promis de ne pas les bouffer - c'était du
lamaline, tranquilou et je les ai bouffé quand même.
Aux vacances de Noà«l ou Février de ma 1ere, j'ai trouvé dans l'armoire de mes parents (père & belle-mère) du
tramadol-paracétamol et j'ai fini par voler le contenu des boîtes. Et boy, les boîtes vides sont encore là , dans la pharmacie, et moi j'ai tout bouffé. Quand je suis revenue en cours et que j'ai arrêté, pour voir, d'en consommer à foison, j'ai ressentir un stress, une irritation et un mal de bide, alors j'en ai repris. Puis y en avait plus dans ma boîte, il fallait bien que j'arrête. J'aimais bien m'imposer des difficultés comme ça et me mettre dans une merde dont seule moi pouvait me sortir.
Vers la fin de 2nde, j'ai commencé à piquer la
ritaline de mon frère, dont je lisais la notice tous les matins au p'tit déj' pendant ma période de 3e où nous vivions tous les deux chez mon oncle. D'abord en gélules la
ritaline, puis je me suis renseignée et j'ai capté qu'on pouvait la
sniff. Donc, pendant la 1ere, j'ai commencé à écraser les p'tits boules qui se trouvent dans la gélule et ne prendre que la moitié d'une gélule. Au final, j'ai pris toutes les gélules, tout vidé, tout écrasé et je me suis fait un petit pochon que je consommais tous les jours et, ma tolérance augmentant à force de conso, de plus en plus : de plus en plus souvent, et en de plus en plus grosses quantités.
Ensuite dans une grande période de dépression due à ma situation (je vivais avec ma tante qui avait de gros semblant de pervers narcissique, méprisait mes crises d'angoisses et, haut & fort, ne reconnaissait pas mes problèmes de bouffe), j'ai commencé à me sentir complètement décalée du monde dans lequel je vivais. Je pense que même comparé à la mort de ma mère, mes périodes les plus hard d'anorexie ou mes flirts dangereux avec la drogue, c'était le pire du pire.C'est même pas explicable par des mots tu vois. J'ai commencé à m'intéresser à la spiritualité, à réfléchir sur des choses apparentées à ce domaine avant même de savoir qu'on appelait ça la spiritualité.
Un peu plutôt, vers l'hiver de ma 1ere, j'ai commencé à aller en rave légale et à tâter de la
md. J'ai essayé quelques produits qu'on trouve surtout en teuf, à savoir la
md, les
taz, la
coke, les
champis. Je préfère vachement la vraie teuf, libre, la free, maintenant.
Pendant ma période de dépression, je séchais les cours & traînait dans les rues en espérant ressentir quelque chose. J'allais m’asseoir avec les punks à chien qui vivaient sur les dalles er dans les squats et ça me faisait du bien. J'ai rencontré un gars mais je lui ai jamais vraiment parlé de moi. Je l'ai juste incité à me filer des dealos et à me faire tester le sub. Finalement arrivée à mes fins, j'suis allée voir le dealos de
coke assez régulièrement. Ensuite j'ai déménagé, j'ai continué avec la
coke en
sniff, dès que j'y retourne je re-chope et me remets le nez dedans. Et je trouve pas ça triste ni absurde, car ça ne dépend que de mon choix et de mon libre arbitre. J'en parle pas autour de moi, personne n'est au courant car je ne veux pas leur foutre cette responsabilité sur les épaules. C'est moi qui ai choisi cette vie, pour l'moment, et personne n'y est pour rien. A part moi. Et c'est ça qui est jouissif, le fait de pouvoir contrôler les choses comme je veux, m'imposer du bien être ou de la douleur suivant mes choix, et me mettre le nez dans la merde pour me faire naïvement comprendre qu'il y a toujours pire, qu'il y aura toujours pire que ce que je peux (me faire) vivre. Et essayer de m'immuniser contre la vie.
Et maintenant je bosse, je fais en sorte que la drogue n'influence pas mes capacités de travail (ou les améliore, mais ça finira forcément par se retourner contre moi si j'utilise la drogue pour mieux bosser), ça se passe bien et je me surprends à souhaiter avoir toujours des prods autour de moi, histoire de pouvoir m'échapper en tout conscience (à mon avis) quand j'en ressens le besoin.
Courage à celui qui lira, en espérant ne pas avoir fait de hors sujet. J'ai tenté d'ajouter tous les gros événements sans lesquels j'aurais pas pu raconter ma conso, parce que décisifs pour celle-ci.
Bien à vous.
Dernière modification par nokkloom (05 septembre 2015 à 12:21)