Belette : "Je m'inquiète parce que je ne sais pas si le dosage est suffisant pour ne pas replonger."
C'est à lui de le dire, pas à nous, comment le saurait-on mieux que lui?
La
méthadone ne fait pas passer l'envie de revenir à l'
héroïne. Une fois qu'on a goûté à l'
héroïne, si on a aimé, on aura toujours envie à certains moments de retrouver cette sensation. Aucun dosage ne peut empêcher cette envie ma belle Belette.
Tu demandes à la méthadone une chose qu'elle est totalement incapable de prodiguer!Belette : "Il me dit qu'en temps normal, ça lui suffit. Pas de manque apparent. Je ne connais pas trop bien encore tous les mécanismes et n'ose pas le harceler de question sans cesse."
Tu peux poser toutes tes questions ici. Tu peux aussi les lui poser à lui, il aura plaisir à te répondre s'il ne ressent pas cela comme une inquisition ou une tentative d'ingérence. Ton homme comme tout être humain, homme ou femme, n'aime pas qu'on lui donne l'impression qu'on ne lui fait pas confiance ou qu'on le prend pour un incapable. Donc
fais confiance à ses réponses, et il aura plaisir à te raconter son expérience avec l'héroïne et la substitution, comme on a plaisir dans n'importe quel couple à discuter de notre vie respective. Il n'y a aucun problème.
Donc si tu sens un problème il est chez toi pas chez lui, et il est que tu as du mal à bien distinguer la frontière entre ingérence et intérêt pour sa vie et sa situation de toxicomane. Tu peux t'y intéresser autant que tu veux tant que tu lui laisses le droit de gérer sa vie comme il l'entend. Et si tu apprends à communiquer sur ce sujet avec toute l'ouverture d'esprit nécessaire, il est très probable qu'il te rassurera.
Belette : "J'ai lu que pour en sortir définitivement, il n'y a pas de durée standard"
Il n'y a pas de sortie définitive. Il n'y en a juste pas, period. C'est ce qu'il faut que tu comprennes sans quoi toute ta stratégie ne sera qu'une machine aussi folle qu'inutile. Une personne qui a aimé l'
héroïne peut décider d'y retourner quand ça lui chante parce que cette personne sait que l'
héroïne va soulager instantanément ses peines... Nul doute que tu peux comprendre ça. Donc ne laisse pas tes désirs de contrôler la vie de celui que tu aimes te faire perdre le sens des réalités les plus élémentaires.
Bref abandonne une bonne fois pour toute ce mythe d'une sortie définitive. Accepte car tu ne PEUX PAS faire autrement, le risque permanent de la rechute, comme la compagne d'un malade du coeur accepte que son compagnon peut faire une crise, car il n'y a juste rien d'autre à faire. (Bien entendu tu as le droit de l'aider à diminuer ces risques ce qui est évidemment louable).
Alors comprends qu'une rechute ponctuelle ne signifie vraiment pas qu'il va redevenir un consommateur quotidien. La situation n'est plus du tout la même qu'avant les
TSO. S'il a trouvé un équilibre avec la
méthadone c'est qu'elle lui convient. C'est vrai aujourd'hui et ce sera aussi vrai demain. Après si lui-même veut en son âme et conscience préférer l'
héro pour quelques raisons que ce soit, c'est plutôt lorsque les rechutes ponctuelles commencent à se rapprocher de plus en plus qu'il faut s'inquiéter, pas avant. Ne crois pas qu'à chaque fois qu'il va reprendre de l'
héro il va risquer du jour au lendemain d'y replonger. Il n'a pas oublié l'effet de l'
héro, il ne l'oubliera jamais. Quand il a essayé, il connaissait les risques, tout le monde les connaît.
Mais si pour toi une rechute occasionnelle un week-end avec des potes représente une immense menace, pour lui ce n'est rien du tout. Comprends qu'il s'en est envoyé plusieurs fois par jour pendant des années. C'est un élément extrêmement familier pour lui. Et pour être tout à fait honnête, pour lui, la
méthadone n'est pas un médicament pour se passer d'
héroïne, c'est plutôt une version affadie de l'
héroïne, qui permet de vivre de façon plus stable (et éventuellement de diminuer les doses). Donc il ne fait pas du tout comme toi une fixation sur la différence entre les deux. Il sait qu'il aurait plus de plaisir avec l'
héro, mais il sait aussi se raisonner et se contenter de la version affadie. Et à priori il en sera aussi capable demain. S'il changeait d'avis, ce ne serait pas forcément à cause du "pouvoir magique de l'
héroïne", mais ce serait plus vraisemblablement que sa réflexion a évolué et qu'il a décidé en son âme et conscience que le style de vie associé à la consommation de l'
héroïne lui plait davantage, ou que les arguments pour l'abstinence d'
héro finalement le parviennent plus à la convaincre de renoncer au plaisir héroïnique. Tout ça pour te dire que dans l'ensemble tes peurs ne correspondent pas tellement à la réalité des risques, mais plus à un fantasme sur l'
héro. Les risques sont réels, mais tant qu'il a une vie qui lui plait à protéger et qu'il n'y a pas d'évènements extérieurs qui le poussent dans une dépression ou quelque chose du genre, ses extras occasionnels ne sont pas des signes de rechute réelle.
Belette : "je voudrais savoir s'il est possible d'avoir plus de précisions quant au protocole"
On donne une dose de confort pour que le besoin d'
héroïne disparaisse. Cette dose il la reçoit bel et bien à n'en pas douter puisqu'il te le dit.
Cette dose ne protège pas contre l'envie de re-consommer de l'héroïne qui se présente à l'occasion et selon le contexte. Elle enlève seulement le BESOIN de l'
héroïne, pas le désir ou la décision libre.
(( Parenthèse : Tu ne peux pas empêcher une personne de prendre librement la décision de prendre un produit qui lui le soulage et lui donne du plaisir. Il FAUT abandonner ce genre de désirs. Qu'on soit amoureuse est une chose, mais cela ne nous donne pas la légitimité de supprimer la liberté de celui qu'on aime. Quoi qu'il en soit c'est impossible donc ce genre d'ambition ne peut que mener à ton malheur. ))Fin de parenthèse, continuons avec le protocole puisque c'est ta question : si le consommateur le désire, il peut diminuer la dose qu'il reçoit de façon très progressive, de sorte de ne pas se retrouver en manque de produit. En procédant ainsi il finit après des mois et des années par soit se débarrasser totalement du produit, soit par trouver une dose au-delà de laquelle il ne se sent pas de descendre sans y perdre de son équilibre psychologique. En quel cas il est préférable de ne pas essayer de le forcer à mon avis.
Voilà si tu as des questions plus précises n'hésite pas à demander.
Mais dans tous les cas abandonne l'idée absurde qu'il existe un traitement qui supprime le risque de rechuter un jour. A défaut d'un traitement je pense pour ma part personnellement... qu'il y a un "médicament" qui peut diminuer ce risque de rechute, et ce médicament c'est le fait d'être heureux avec des proches qui nous font confiance. Sans la confiance de celle qu'on aime, je pense pour ma part que l'appel de l'
héroïne devient de plus en plus fort. Et la confiance doit commencer ici et maintenant et non pas être conditionnelle.
Les toxicomanes ont déjà été infantilisés et pris pour des cons par les médecins, le personnel soignant, les services sociaux le cas échéant, leur famille etc etc. Il en ont raz le bol. Quand ils sont chez eux avec leur femme, ils ne veulent pas une inquisitrice qui surveille leur faits et gestes avec paranoïa. Ca tu peux vraiment être sûre que c'est le meilleur moyen de transformer la relation en naufrage à grande vitesse. Et s'il y a pour lui un risque de rechute dans l'
héroïne, cette attitude est sans doute la manière la plus efficace de maximiser ce risque.
Donc respire un peu, fais-lui confiance et tu verras qu'il répondra à toutes tes questions sans aucun tabou.
L'héroïne pour lui n'est pas un tabou, il en a parlé avec tous ses amis consommateurs durant des heures et des heures avec passion, alors il en parlera sans aucun problème à toute personne de confiance. Et ça te rassurera bien plus que de venir chercher des réponses qu'on ne peut pas te donner sur un forum (bien qu'on ait plaisir à t'accueillir ici). Mais pour cela il te faudra peut-être réprimer tes envies de tout contrôler parce que s'il sent que ce sujet te rend malade et parano, c'est là qu'il perdra confiance et ne communiquera plus ouvertement avec toi.
Belette : "Je veux juste qu'il ait confiance en moi et qu'il soit honnête."
Et si lui veut que tu lui fasses confiance, est-ce que son désir a moins d'importance?
Ce que tu exiges de l'autre, l'idée t'a-t-elle effleuré l'esprit de toi-même l'accorder à l'autre?Juste un tout petit peu?
Belette : "Peut-être qu'il sera plus ouvert dans quelques temps"
L'ouverture c'est toujours à double sens. Ce n'est pas parler de l'héroïne qui le gène crois-moi. Il en a parlé des heures avec ses potes et il adorait ça. Donc réfléchis et comprends ce qui se passe réellement : ce qui le gène c'est d'en parler dans un contexte, auprès de personnes qui considèrent comme acquises des visions diabolisées de l'
héroïne et comme un dogme absolu qu'en dehors de l'abstinence point de salut. Bref les
seules personnes avec lesquelles il ne veut pas en parler, ce sont justement celles qui manquent un peu / beaucoup d'ouverture d'esprit. Bref c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité que ce soient justement ces personnes-là qui demandent qu'il "ouvre son esprit" (les bras m'en tombent!)
Et pour tout te dire, s'il te lisait ici, ça lui ferait de la peine. Si y'a bien un truc qui gonfle la grande majorité des toxicomanes, c'est cette condescendance, cette infantilisation qu'ils subissent à longueur de temps. C'est prétentieux, arrogant, méprisant, blessant, tout en se faisant passer pour de la bienveillance. Crois-moi c'est pas avec ce genre de sentiments qu'on peut faire fonctionner un couple. Si dans sa vie il n'y a pas au moins UNE personne, à savoir sa chérie, qui l'accepte tel qu'il est en partant du principe qu'il n'est pas juste un raté de tox, mais une personne intelligente qui a utilisé l'
héroïne parce qu'elle lui apportait satisfaction, si sa prétendue "chérie" n'est pas capable d'entendre ça et d'écouter son expérience bref s'entête à refuser de le prendre pour une personne intelligente et le résume éternellement à "un toxicomane à l'esprit fermé" (c'est tellement facile de dire que c'est l'autre l'esprit fermé pour ne jamais avoir à se remettre soi-même en question)... Alors il n'aura pas de mal à trouver des raisons de préférer l'
héroïne qui elle ne vous juge jamais et vous donne sa félicité sans faire de discrimination.
Ma réflexion du soir :
A titre personnel, je ne m'encombrerais pas d'une compagne qui parle de moi de cette façon là derrière mon dos sur un forum et qui considère ça comme normal. J'espère sincèrement Belette que tu vas comprendre à quel point tu es odieuse et méprisante avec lui. Et que tu vas changer et apprendre à respecter les mecs avec qui tu partage ta salive (et autre). Parce qu'on parle souvent du manque de respect des filles chez certains garçons, mais là, on a une belle performance du plus pur mépris d'une fille pour son mec. Et curieusement ça ne choque personne. Bien entendu, mépriser les tox est tellement "normal" que même sur P.A. tout le monde trouve apparemment cela parfaitement naturel et entendu. Mais très franchement, quand on méprise son mec de cette façon Belette, il faut que tu saches que ça se sent, et que ça ne peut pas mener bien loin dans la relation. Donc en clair (enfin si tu tiens réellement à lui), change ou tu te feras larguer vu que je t'assure, aucun mec ne peut supporter ça éternellement. Même s'il est habitué, un jour il va faire "tilt" et comprendre qu'il n'a pas à subir le mépris éternellement juste parce qu'il aime l'
héroïne.