Qu'est-ce que c'est être "sauveur/se"?

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Co-dep? femme
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Suite à la remarque de Mascarpone dans le thread de Zoulou, et ce terme qui revient régulièrement dans des discussions, je lance le débat. Non comme une provoc, hein. Mais vraiment pour creuser l'idée, car cela fait partie de mes questionnements dans quelle mesure (consciente? inconsciente?) je l'ai été ou pas. Pour moi, je la récuse en partie même si je pense que certains pourtant pourraient le penser (mais peu connaissent mon histoire, justement parce que je n'ai pas envie qu'on me colle cette étiquette de façon automatique).

Selon vous, y a-t-il différentes acceptations ou nuances du terme? lesquelles? selon bien sûr les parcours, ou de quel côté de la barrière on se trouve/s'est trouvé.

Merci.

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Recklinghausen homme
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Salut,

Pour moi, ces mots de " sauveur/sauveteuse " représente ces personnes qui prétendent qu'avec leur savoir faire, ils vont réussir à ce que leur conjoint(e) se passera de la drogue.

C'est presque si l'usager n'aurait pas eu d'intérêt pour ces personnes s'il ne consommait pas.

Ce genre de couples va en généralement directement dans le mur...

Avis personnel, bien entendu.

@ +


Reck.
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Avis partagé, merci Reck :) Gilda

L'amour d'une famille, le centre autour duquel tout gravite et tout brille.

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Gilda
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Je suppose que si le terme de sauveur/sauveuse revient dans les discussions de personnes en difficulté avec un conjoint usager de drogue, c‘est plus ironique qu’autre chose.

La plupart des récits de ces gens-là sont terrifiants d’autorité. Ils se croient détenteurs des notions de bien et de mal. Ils imposent leur point de vue non négociable et ils nient la réalité.
Ils ne raisonnent finalement qu’en fonction d’eux-mêmes, de leur confort, et de leur tranquillité d’esprit, et l’autre peut bien être prisonnier de la pire des addictions et ses conséquences, il faut qu’il s’en débarrasse toute affaire cessante pour que l’autre sauveur/sauveuse puisse dormir sur ses deux oreilles, et parvenir à maitriser cet atypique si séduisant... vu de loin et hors du quotidien.

Les sauveurs/sauveuses n’ouvrent pas le dialogue, c’est tout le contraire. Ils se sentent les pleins pouvoirs, certains que l’autre commet une faute, une sorte d’écart à la morale.
Les sauveurs/sauveuses ignorent aussi le plaisir qu’on trouve dans la drogue, et ne supportent pas d’être écartés de quelque chose qui ne se partage pas forcément.

Les sauveurs/sauveuses s’y prennent comme des manches pour aider leur ami(e), leur conjoint(e) et ça ne marche jamais. Ils sont des faux vertueux puants et aveugles. Ils fouillent, fliquent, font du chantage, posent des ultimatums, ils infantilisent l’autre, ce qui est méprisable, mais bizarrement ils restent.
Ils appellent ça de l’amour, c’est ça le pire.
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Bien d'accord. L'enfer est pavé de bonnes intentions. TCC
 
Poaaah, totalement d'accord, surtout sur le dernier paragraphe - Porygon

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Anonyme9404
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Les sauveurs pensent détenir la solution à nos problèmes, sans n'avoir jamais vécu ces problèmes là (ou s'y rapprochant). Ils sont persuadés que si nous ont les écoute, et ont les suit à la trace, alors ont va s'en sortir indemne, et sans problèmes.

Les sauveurs portent des œillères, ils se pensent ouverts d'esprit, mais c'est tout le contraire, ils ont en réalité, très peu d'expérience, mais pensent tout savoir, et tout connaître.

Dans le domaine de la drogue, ils disent que c'est mal, et aiment nous dire ce que l'on devrait faire pour s'en sortir, sans connaître davantage le sujet, et le domaine de l'addiction. Ils se sentent souvent supérieur aux autres, puisqu'ils ont l'impression encore une fois d'avoir toutes les réponses aux questions, et toutes les solutions aux problèmes.

Tout ce qui sort du cadre de la normalité, est un problème de toute façon.
En vérité, ils sont extrêmement conditionnés, mais ils l'ignorent...

Seule une expérience hors du commun pourrait les faire sortir de ce contrôle qu'ils opèrent sur les autres, afin qu'ils puissent comprendre à quel point, bah ils baignent dans l'ignorance totale.  Que c'est pas si facile qu'ils le pensaient. Et que les choses sont différentes de ce qu'ils pensaient, avant.

Les sauveurs peuvent être possessif, et surveiller ce que l'ont fais, pour voir si on prend bien leurs conseils en compte, et leur mode opératoire pour s'en sortir, et si ça marche pas, c'est parce qu'on ne les écoute pas, diront-ils !

Ils sont assez égoïstes finalement...
Ils n'écoutent pas réellement le/la "victime", puisqu'ils sont vraiment sûrs d'eux.
Et ils sont vraiment certains de détenir la solution pour nous. Ils n'entendent plus que leurs solutions, et leurs envies de nous sauver etc.  mais pas l'autre (dans son ou ses problèmes) ...

Dernière modification par Anonyme9404 (13 février 2018 à  11:12)

 

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thecheshirecat homme
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Seule une expérience hors du commun pourrait les faire sortir de ce contrôle qu'ils opèrent sur les autres, afin qu'ils puissent comprendre à quel point, bah ils baignent dans l'ignorance totale.  Que c'est pas si facile qu'ils le pensaient. Et que les choses sont différentes de ce qu'ils pensaient, avant.

Je suis d'accord avec tout ce qu'il s'est dit sur ce topic, sauf avec ça (là j'ai un doute ^^). Je pense qu'on a tendance à penser le changement comme fruit d'expériences singulières extraordinaires, et que c'est très éloigné de ce qui se passe vraiment.
Les comportements des gens se configurent sur le temps long, par l'influence de structures sociales  lourdes, etc... Je pense que pour défaire une personnalité comme ça, il n'y va pas d'une expérience ponctuelle, mais plutôt d'une longue exposition à un environnement qui contredit formellement les présupposés de ce schéma de pensée.
Désolé pour le presque HS


Foutu citron.

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prescripteur homme
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Veuillez m'excuser de ne pas être d'accord. Sur PA on essaie depuis longtemps de lutter contre les expressions comme LE tox ou LA drogue, alors ne parlons pas DU sauveur(sauveuse) mais DES sauveurs,  parfois problématiques en effet.  Mais aussi de nombreux témoignages sur PA parlent de l'aide apportée par leurs proches et de l'effet positif d'une relation affective.

Amicalement
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Pareil. Ne stigmatisons pas.

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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thecheshirecat homme
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@prescripteur : mais est ce qu'on parle encore des sauveurs comme définis ici dans ce cas ?
Ne serait ce pas "juste" des proches aidants et ouverts ?

Foutu citron.

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prescripteur homme
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Tout dépend de la façon de voir de chacun. Beaucoup de "tox" (pour ceux qui ne les aiment pas) sont en fait des usagers prudents et ouverts.
Ou alors il faut définir précisément les "sauveurs" comme des aidants intolérants et fermés et qu'il y ait un consensus sur cette définition. Pour revenir à

Selon vous, y a-t-il différentes acceptations ou nuances du terme? lesquelles? selon bien sûr les parcours, ou de quel côté de la barrière on se trouve/s'est trouvé.

Personnellement je répondrais qu'il y a bien  plusieurs nuances et acceptations du terme.
Amicalement


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Manuel_Marshall homme
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Plutôt d'accord avec ce qui a été dis sur ce topics, pour moi les sauveurs sont des proches du consommateur qui veulent "l'aider à se sortir de cette merde".

Il ne sont pas ouvert au dialogue et veulent imposer leur vision au consommateur. Je dirais que lorsqu'il s'agit du copain/copine du consommateur, la ligne de pensé du sauveteur va être "il n'a pas besoin de drogues puisqu'il m'a moi".

C'est comme ça que j'interprète ce terme, selon moi ses tentatives de stopper la/les consommations du consommateur sont vouées à l'échec pour deux raisons :

1- La volonté d'arrêter ne va pas venir du consommateur en question mais du sauveteur.

2- Si malgré cela le sauveteur réussi à arrêter la consommations du consommateur, le consommateur va assimiler cet arrêt au sauveteur. Donc si dans le futur le consommateur et le sauveteur, dans le cas où ils sont en couple, rompent, il va reprendre sa consommation de drogues, voir l'intensifier.

Bien évidemment l'aide des proches est nécessaire pour un consommateur qui souhaite arrêter, mais il a besoin d'une aide bienveillante, et non pas d'une personne qui veut lui imposer sa vision des choses selon moi.

Edit : Il s'agit de mon interprétation personnelle du terme, il y a bien évidemment plusieurs interprétations et acceptations, comme l'a dit @prescripteur.

Dernière modification par Manuel_Marshall (13 février 2018 à  14:40)


Le shit comme insecticide quand j'ai le cafard

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Co-dep? femme
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Ah, oui votre définition est bien tranchée et proche de ce que je trouve l’extrême en terme de "soi-disant relation d'aide" dirai-je. Effectivement, la personne forte d'une toute puissance qui se dit "avec moi il va y arriver", ça fait peur. Et pour moi, là y'a même pas de terme... c'est au-delà encore. (que cela soit pour une addiction ou toute autre situation)

Cependant, Manuel_marshall, tu mixes sauveur et aide de la part des proches, avec des nuances quand même.

Bien d'accord avec vous que toute aide/accompagnement ne peut pas se faire sans la personne concernée, et selon sa propre direction qu'elle souhaite suivre.
De même, il n'y a jamais aucun plan prévu d'avance, ça se construit (ou se déconstruit) au fur et à mesure, selon les évolutions de l'un de l'autre, de la situation.
ça c'est pour le général.

Après, il y a la confiance et la compréhension des deux côtés, et les clichés possibles:
"La drogue, c'est quand même pas top" versus "De toute façon il/elle ne va pas comprendre".
qui peut devenir: "il/elle veut pas s'en sortir" versus "ayé, elle/il fait son sauveur".

Je voyais plus la notion de sauveur comme quelqu'un qui s'acharne non contre la personne mais contre la situation quand elle devient problématique. Et qui va prendre sur elle pour "compenser" jusqu'au moment où elle ne peut plus.
Je précise que je parle de problématique à partir du moment où il y a de grosses répercussions sur la vie quotidienne et que ça impacte négativement l'entourage.

Quelques certitudes que j'ai sur ce que j'ai vécu:

- je ne lui ai jamais demandé d'arrêter quoi que ce soit:
L'alcool à la base, au début de notre relation, il m'en parlait car il se posait des questions à ce sujet. Un jour, je lui ai demandé s'il avait consulté un addicto: je lui apprenais l'existence de ce type de consultation. De là, il a fait son propre cheminement et s'est arrêté totalement car il pensait que c'était ce qu'il lui fallait. Ma limite, il la connaissait, ça n'était pas boire, mais être bourré et devenir con sous l'effet de l'alcool. (déjà vécu pour moi, donc assez sensible sur le sujet).
puis la drogue; de la mxe dans un premier temps. Après je sais qu'il y a du y avoir d'autres choses (dont cathinones); avec des benzo et/ou anti-dépresseurs, mais je n'ai jamais su lesquels, ni les interactions recherchées et subies: impossible de faire un distingo
- au contraire, un jour où sur un mauvais trip je pense, et mal "organisé" (il a fait peur à tout le monde dans a maison) et après discussion, il a voulu tout balancer, j'ai suggéré que ça n'était ptet pas la meilleure façon de faire... de peut-être arrêter par paliers, en tout cas, demander conseil auprès de l'addicto ou de quelqu'un qui sait... Je pense maintenant, que déjà, il voulait me rassurer. Et/ou se faire croire qu'il y arriverait.
- je ne me suis jamais dit que je serai l'artisan d'un mieux, même si je l'espérais; je voulais juste tenter d'apporter ma pierre, simplement parce qu'il m'importait qu'il aille bien puisque je l'aimais.
- je n'ai jamais traqué; le jour où c'est moi qui ai ouvert au transporteur, je lui ai déposé son paquet, sans plus.
- je l'ai laissé gérer comme il voulait (mais justement, ce faisant, il m'a laissé total de côté, y compris quand ça a dégénéré, donc plus guère de marge de manœuvre).
- je ne me suis jamais cru plus forte que quoi que ce soit

- je suis allée jusqu'au bout (et plus en fait) de ce que je pouvais supporter, mais la mort dans l'âme car je sentais qu'on se perdait, d'une part, et d'autre part, j'avais aussi peur pour lui, sa santé.

- j'aurai aimé comprendre beaucoup plus. Mais on n'a pas trouvé le bon chemin pour ça. Et je le regrette encore de temps en temps (ça fait 2 ans et demi/ trois ans).

Donc sauveur contre lui, non. Mille fois non. Mais s'être torturé l'esprit pour savoir comment faire ou agir, oui. Avoir voulu l'aider et être là le plus longtemps possible, oui.
Avoir réussi quelque chose à ce niveau-là: non. Ou alors, sur un temps, bcp plus en amont, quand il a arrêté l'alcool; pas grâce moi, mais parce que j'étais là, qu'on s'aimait et qu'il s'est donné cet appui pour le faire.
(à la réflexion, je me suis dit qu'il aurait ptet mieux valu qu'il conserve quelques verres... mais c'était plutôt tout ou rien; et il a pris l'abstinence totale sous baclofène).

En tout cas, merci pour vos interventions. ça me rassure un peu, même si je sais aussi que non, je ne suis pas une mégère. et que je reste meurtrie.

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mikykeupon homme
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Salut,

J'ai un peu hésité avant de poster un message dans ce thread qui m'interpelle au plus haut point.

Déjà je voudrais commencer ma réponse par dire que j'ai du mal avec les personnes qui disent vouloir "aider" l'autre. Dans un parcours de vie si l'on veux accompagner une personne durant un boud de vie il faut savoir l'accèpter comme il/elle est.

L'"aider" reviens à dire qu'il/elle ne vie pas convenablement. Mais convenablement dans les yeux de qui ?

Est-ce-que c'est la personne qui à clairement dit vouloir un accompagnement pour changer ou est-ce-que la personne le fait parce qu'elle voie dans les yeux de l'autre que c'est un désir de sa part ?

Je trouve ta démarche plutôt pleine de bon sens, et comme on dit "l'enfer est semé de bonnes intentions". Ca ne veux pas dire que tu fais mal les choses, mais que parfois à vouloir trop bien faire on fait mal. Le plus est l'ennemi du bien

Pour la petite histoire perso, j'ai vécu 13 ans avec une femme que j'aimais. Pour elle j'ai quitté la rue, les bastons, énormément ralenti mes consommations.
La suite fut que je me suis insérer socialement. J'ai un logement, un boulot, j'ai repris les études...

Mais quand tout ça est arrivé, ma compagne ayant réussi à atteindre son objectif c'est retrouvé sans but : elle m'avait "sauvé", donc que faire maintenant ?

Au final nous avons rompu, pas de la meilleure façon, car nous ne nous entendions plus.

Nos désir étaient devenu totalement opposés puisque j'arrivais à faire des choses sans l'aide de personne.

Elle a donc sombré dans une sévère dépression et notre couple à méchamment perdu ses ailes qui m'ont tant porté durant ces 13 ans.

Voilà pour mon apport. Je ne sais pas si il va t'être utile, mais c'est MON point de vue.

Bon courage wink

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Co-dep? femme
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J'espère que tu ne regrettes pas d'être intervenu finalement. J'apprécie ton récit.  Pour moi tu as bien fait de l'écrire. Je réponds donc sur ton début d'abord, sur lequel je suis assez d'accord sur le fond, mais peut-être que je mets plus de nuances dans le terme aider. Ou devrai-je dire "être là".

Je l'ai accepté comme il était. ça l'avait même étonné. "mon passé d'addicto, et autres ça te gène pas?" "ben, non, ce que je vois c'est ce que tu es maintenant, et pour moi y'a pas d'soucis" (bon, d'ac, si j'avais un peu plus su qu'on pouvait gravement rechuter même 30 ans après, j'aurai ptet répondu autrement). C'est la suite qui a été plus difficile. Devais-je lâcher aussitôt, sans donner une chance; dès la découverte d'une reprise, sans savoir plus de quoi il retournait? Non, on était déjà "liés" par les sentiments, les quelques années déjà vécues ensemble; et puis j'ai justement pris le truc comme "et s'il avait un cancer, l'aurai-je laissé tomber?"


Ton témoignage est pile dans ma définition du sauveur justement. L'aide qui se fait car elle est utile pour la reconnaissance personnelle de celui qui aide; ce qui fait que seule l'aide est la relation. C'est le besoin d'aide qui nourrit la relation. Là on est dans le truc possiblement casse-gueule que tu illustres très bien.

Je n'avais pas cette idée-là puisqu'il allait pas si mal. Enfin, moi je voyais rien de bien grave. Et justement, je me méfiais grandement de l'aspect "aide", raison pour laquelle je ne souhaitais pas être sauveur, infirmière, conseilleur..... ou quoi que ce soit du style. Mais il se peut que quelque chose se soit insinué sans que je le sente. C'est cela que je recherche plus ou moins à savoir.

Les "problèmes" sont arrivés 3ans et quelques après. Un gros coup dur pour lui, une passe boulot pas top qui lui a rappelé des mauvais souvenirs, et sa méthode a été d'aller voir du côté de certaines substances. ça l'a fait pendant presqu'un an, avec qlqs ratés quand même: conduite limite notamment (mais que je ne pouvais imputer à ça, ne sachant pas. Juste eu de gros malaises, 2-3 prises de tête. et une perte de confiance encore maintenant, dans certains cas de conduite!).
Et même je considère que ça lui faisait du bien à un certain moment. Tant qu'il maitrisait.
Après, ça a été une descente aux enfers, où j'ai cherché surtout à me protéger en fait (et ses enfants aussi). Mais je n'ai pas réussi à partir comme je l'aurai souhaité "dans un certain calme" et un minimum de confort pour moi au lieu de me retrouver dans une situation précaire.

En fait, je crois que je résumerai ainsi:
Il y a relation, et il y a aide. La différence se fait dans l'ordre dans lequel les choses apparaissent.
Si l'aide est la base de la relation, ça l'fait pas. Si il y a une relation, mais que l'aide/"l'être là" doive venir ensuite pour conserver la relation, ça devient autre chose. Mais encore faut-il que les deux aient envie de (puissent) sauver la relation, en effet. Et là, ça devient une autre question.

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IsadoraD femme
Borderline et brodeuse de lignes
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Je pense que le sauveur n'existe pas.
Le sauveur, c'est ce qu'on peut chercher, ou ce que quelqu'un peut nous faire croire être, mais en vrai, ça n'existe pas.
Sauf si tu es en train de te noyer, dans la vie, en vrai, il faut que tu te sauves tout seul.
Dans ton entourage, tu peux avoir des guides, des aides, des accompagnants, mais pas de sauveur.
On est tout seul à pouvoir se sauver.

Tout ce qui monte redescend.
Sauf Laïka.

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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
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Prescripteur: merci pour les différenciations de sauveurs, d'aide, et l'évitement de la standardisation éventuelle du proche/conjoint qui essaie aussi de se dépatouiller sans trop savoir comment. Je me doute qu'il y a toute sorte de possibilités entre besoin de maitrise aussi de l'entourage, bienveillance, chercher à comprendre et trouver la meilleure solution pour tout le monde... Rien de simple là-dedans, ni aucune formule pré-mâchée.
Ai-je bien compris, vous faites partie des professionnels en addictologie? Si oui, quels sont les signes qui vous font dire que l'entourage de la personne que vous suivez est "aidante", positive, ou plus problématique? C'est un point où j'ai eu du mal à me situer envers les équipes qui suivaient mon compagnon. Vu que cela le concernait lui, je n'avais pas lieu de m'en mêler, et je ne savais donc bien évidemment que ce que mon compagnon voulait me dire, ce qui est tout naturel au nom de la notion de vie privée et de secret médical. Aucun souci sur ce point. 

Mais quand il a commencé à aller mal, de mon point de vue, je me suis demandée longtemps si je devais intervenir auprès des professionnels et dire ce que moi je voyais régulièrement : perte de mémoire, difficultés au quotidien, insomnie, décalage entre nuit et jour...


En fait, ma question elle est aussi dans ce flou brutal: où s'arrête le respect de la vie privée et où commence le "non-assistance à personne en danger" même si le danger n'est pas immédiat (mais il était réel, la suite me l'a plus ou moins prouvée)


Emma: oui, se sauver tout seul. Et donc sûrement choisir avec qui et comment, y compris en "fusillant" ou plutôt justement en fusillant, le conjoint qui est témoin de la descente (et certaines fois, ce qui descend ne remonte pas)

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Mais quand il a commencé à aller mal, de mon point de vue, je me suis demandée longtemps si je devais intervenir auprès des professionnels et dire ce que moi je voyais régulièrement : perte de mémoire, difficultés au quotidien, insomnie, décalage entre nuit et jour...


En fait, ma question elle est aussi dans ce flou brutal: où s'arrête le respect de la vie privée et où commence le "non-assistance à personne en danger" même si le danger n'est pas immédiat (mais il était réel, la suite me l'a plus ou moins prouvée)

Bonjour, j'étais en effet médecin addictologue.(je suis en retraite)
L'un des "secrets" du dialogue dans le couple est de parler pour soi (parler en Je)  et pas pour l'autre.

http://www.psychologies.com/Moi/Moi-et- … -a-dire-je

Pas dire "TU devrais arrêter parce que tu perds la mémoire etc.." mais "JE suis inquiète et malheureuse quand je te vois perdre la mémoire etc.." Et ajouter "qu'en dit le centre de soins quand tu leur en parle ? Peuvent ils t'aider à mieux dormir ?". Evidemment cela représente une protection normale de la vie privée mais au dela c'est le seul moyen de changer les choses. Parce que quand on dit à quelqu'un "tu devrais faire ceci ou cela" le premier reflexe est très souvent de se braquer.

Déjà je voudrais commencer ma réponse par dire que j'ai du mal avec les personnes qui disent vouloir "aider" l'autre. Dans un parcours de vie si l'on veux accompagner une personne durant un bout de vie il faut savoir l'accepter comme il/elle est. Tu peux d'ailleurs demander conseil au centre qui le suit mais pour toi et en lui en parlant avant.

L'"aider" reviens à dire qu'il/elle ne vit pas convenablement. Mais convenablement dans les yeux de qui ?

(Miky)

Alors que si tu dis "je suis malheureuse" il ne peut pas dire que non. C'est toi qui ressens et tu as le droit de resssentir. Tu peux d'ailleurs demander conseil au centre qui le suit mais pour toi, pas à son sujet, et en lui en parlant avant.

Evidemment, tu aimerais pouvoir changer les choses plus rapidement et plus directement mais c'est là que le "sauveur" devient une charge sans etre plus efficace et rentre dans une relation de conflit.
Avec le respect mutuel dans le couple il est rare que les choses ne finissent pas par s'améliorer mais ça prend du temps et il faut savoir l'accepter.

Evidemment son problème peut s'aggraver, comme tu le soulignes, mais il faudra te dire que tu n'y pouvais rien, que la "maladie" était trop forte. Cela arrive malheureusement dans tous les domaines de la pathologie.

nb= Il y a des moments où une personne peut etre "sauveur", par exemple de la noyade ou en appelant les secours en cas d'OD,  mais en dehors de ces situations d'urgence il vaut mieux être aidant que sauveur.

Amicalement


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Ne pas dire "tu devrais", ça je savais déjà, y compris à l'époque. Et j'y faisais attention. Que j'ai eu des difficultés à dire " Je suis mal par rapport à ça et ça" c'est vrai aussi. Et le peu de fois où j'ai réussi à le dire, j'ai eu très peu d'écho. Alors, on s'est plus ou moins fermés, en essayant vaguement de faire comme si ça n'était pas là.

Et forcément, l'incompréhension de l'un et de l'autre, de nos réactions, s'est installée. Je suis aussi allée dans un centre, car je savais que j'avais besoin d'aide, mais pas le même que lui, car je pensais que ça risquait d'interférer avec son suivi à lui. La personne que j'avais eu à Drogue Info Service ne m'a rien dit sur l'aspect préférable ou non de se faire suivre dans le même centre, cependant, je ne suis pas sûre qu'il y avait l'aide aux proches là où il allait.

Au début je voulais comprendre, être soutenue pour savoir comment agir. Et puis ensuite j'essayais de tenir le coup le temps de pouvoir me retourner, tout simplement.
J'ai été maladroite à certains moments, c'est indéniable; et lui aussi. 
Mais je continues de penser malgré tout ce que j'ai pu lire ici et ce que défendent certains à très juste titre j'en suis persuadée, que les substances qu'il prenait, et les mélanges éventuels, sûrement sur une faiblesse également, lui ont bien atteint le cerveau au point de modifier son comportement et son caractère.
Et que s'il s'en apercevait de façon intermittente, il n’était pas en mesure je suppose qu'on en parle. Juste une phrase, lors d'une rare discussion que l'on ait pu avoir après séparation puis sa cure et post-cure, m'a fait entrevoir qu'au final il réalisait à postériori et à minima: "tu as dû vivre des moments difficiles". C'était peu de le dire. Et il me dira qu'il ne se souvenait pas du tout d'un certain nombre de faits. Déni, effacement psychologique, effets des substances, un peu de tout cela peut-être. Mais nous n'avons jamais pu en reparler ensuite.

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CrappyJunky non binaire
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juste en passant parce-que j'ai pas trop le temps la mais je crois qu'il manque un élément essentiel dans ce débat, c'est de savoir si jean-UD est a l'origine de son sauvetage ou si jean-UD subit son sauvetage ? (pas dans ton cas je crois co-dep) parce-qu'un fossé sépare ces deux "types" de sauveurs

voila tout, je repasserai avec une reflexiion plus poussée

CraJun'

j'me défonce seul et sans ton avis, pour zapper que j'ai pas d'amis
on s'est bien amusé mais personne n'a réussi a gagner
souvent présent, rarement connecté

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prescripteur a écrit

Évidemment, tu aimerais pouvoir changer les choses plus rapidement et plus directement mais c'est là que le "sauveur" devient une charge sans être plus efficace et rentre dans une relation de conflit.
Avec le respect mutuel dans le couple il est rare que les choses ne finissent pas par s'améliorer mais ça prend du temps et il faut savoir l'accepter.

Évidemment son problème peut s'aggraver, comme tu le soulignes, mais il faudra te dire que tu n'y pouvais rien, que la "maladie" était trop forte. Cela arrive malheureusement dans tous les domaines de la pathologie.

nb= Il y a des moments où une personne peut etre "sauveur", par exemple de la noyade ou en appelant les secours en cas d'OD,  mais en dehors de ces situations d'urgence il vaut mieux être aidant que sauveur.

Amicalement

Le temps, malheureusement, et la suite nous l'a dit, on ne l'avait pas plus que ça. Et oui, j'ai bien été obligée de me dire que la "maladie" a été plus forte. Mais je ne m'en remets pas vraiment pour autant...



CrappyJunky a écrit

juste en passant parce-que j'ai pas trop le temps la mais je crois qu'il manque un élément essentiel dans ce débat, c'est de savoir si jean-UD est a l'origine de son sauvetage ou si jean-UD subit son sauvetage ? (pas dans ton cas je crois co-dep) parce-qu'un fossé sépare ces deux "types" de sauveurs

voila tout, je repasserai avec une réflexion plus poussée

CraJun'

On est bien d'accord que cela doit faire partie des grosses nuances à accoler au terme. (bien que personnellement, je l'ai dit plus haut, je n'emploierai pas le terme de sauveur pour qlq1 qui veut soi-disant aider l'autre sans tenir compte de ce que cet autre souhaite; si je tombe dans la caricature, ce type de personne serait pour moi de l'ordre de la grenouille de bénitier qui cherche la rédemption afin d'obtenir grâce auprès de son seigneur et fait comme il le sent lui: " Regarde, je suis là pour t'aider" au point de devenir bourrin. Oui, situation vécue, dans un tout autre contexte).

Ensuite, il y a aussi, le "être là " et l'impuissance à faire quoi que ce soit quand faire c'est forcément aller dans le sens au-dessus, si la communication ne se fait quasi plus. Y compris (ou surtout) pour savoir comment s'arranger sur la façon de se dire aurevoir et les conséquences de la séparation. Sûrement un monceau de culpabilité et de sentiment d'échec par-dessus tout ça, des deux côtés.


Avec plaisir, de te lire donc, CrappyJunky.

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CrappyJunky non binaire
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Bon voila mon point de vue sur "sauver" quelqu'un de son addiction :

Je crois avant tout qu'un "addict" qui veux se sevrer est la seule personne qui peux "se sauver". Pour moi la aussi la clé c'est de faire découvrir a l'usager les plaisirs d'un monde "sans drogues" dans la mesure du possible, d'etre simplement present(e) lorsque que le craving l'est aussi dans la mesure du possible la aussi, le cold turkey marche uniquement avec des conditions tres precises.

Pour simplifier je dirait qu'il faut reussir a détourner le regard de l'ame de l'ud sur des chose au moins aussi plaisante. Ça n'empeche pas de consommer pour autant mais la ça depend vraiment de l'usager, car ça peux asser vite deraper vers du negatif.

Dans l'ideal il faut comme faire une porte vers un bien etre comblé differement. Seul l'ud peut la traverser, cela implique aussi une "porte" vers des milieux sociaux sans consommation compulsive.

Toute autre maniere de "sauver" un ud s'apparente a  la sequestration selon mon modele. Une sequestration dans une réalitée qui ne plait pas a l'ud et qui par consequent dans la pluspart des cas finira par etre fuie d'une maniere ou d'une autre.

Voila, je t'avoue que je suis un poil fatigué, je suis surement a moitié H.S.

Bon temps 00.28 par chez moi

CraJun'

Dernière modification par CrappyJunky (18 février 2018 à  00:30)


j'me défonce seul et sans ton avis, pour zapper que j'ai pas d'amis
on s'est bien amusé mais personne n'a réussi a gagner
souvent présent, rarement connecté

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mikykeupon homme
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Si vous êtes en région parisienne, je vous recommande de contacter le centre Kaïros qui propose des stages pour l'entourage des personnes qui consomment des drogues.

Ces 2 journées permettent de repartir avec les outils pour soutenir la personne dans son parcours et vous apporter des réponses et du soutien.

https://www.oppelia.fr/usagers-entourage/

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Co-dep? femme
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Merci Mickikeupon, mais je ne suis plus en région parisienne. J'ai enfin réussi à en partir. Et il est de toute façon trop tard désormais. Il aurait fallu que je connaisse cela y'a 2ans. Je ne savais pas qu'il existait qlqch en-dehors des csapa.

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el_addicto homme
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mikykeupon a écrit

Déjà je voudrais commencer ma réponse par dire que j'ai du mal avec les personnes qui disent vouloir "aider" l'autre. Dans un parcours de vie si l'on veux accompagner une personne durant un boud de vie il faut savoir l'accèpter comme il/elle est.

L'"aider" reviens à dire qu'il/elle ne vie pas convenablement. Mais convenablement dans les yeux de qui ?

Est ce que le terme de "sauveur" definit uniquement les personnes qui veulent faire arreter/diminuer la consomation de produits a un "etre cher" ? (Auquel cas je suis totalement d'acc avec Miky)

Ou bien peut t'on l'utiliser pour parler d'une personne qui se rend compte que son "etre cher" consome parce qu'il souffre, et au lieu de s'attaquer a ses consomations, va chercher a soulager sa souffrance ?

J'ai rencontre des gens qui raisonnent comme ca, et pour moi (je ne generalise pas) ca a ete une aide, meme si ca n'a pas resolu le probleme.

Qu'en pensez vous ?


« Ne juge pas chaque jour à la récolte que tu fais mais aux graines que tu sèmes. » Robert Louis Stevenson

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Co-dep? femme
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J'avais raté la dernière intervention d'el_addicto. L'angle est intéressant, et élargit le débat.
En agrandissant le concept et toutes les actions, réactions que peut faire ou avoir l'entourage durant la situation.

Bien sûr qu'il était pétri de souffrances; et qu'il cherchait différentes façons de les affronter, les atténuer. Il est parti dans plusieurs directions, dont les substances plus ou moins variées, même si je n'ai pas eu les détails.(MXE à une époque et drogues de synthèse, cathinones). Durant un temps j'ai pu être auprès de lui, discuter, et puis ça n'a plus été possible. Durant une thérapie, il s'enfonçait dans ses souffrances à les revivre plutôt que de les régler. Il n'en sortait jamais en fait. Ne voyait plus rien d'autre, s'éloignait de moi et même de ses enfants, y compris en vacances.  Son addicto et sa psy n'avaient pas le même avis sur le fait de continuer à consommer en faisant ce travail de fond. Je vivais à côté de lui sans savoir quoi faire quoi dire; il devenait imprévisible; et nous n'étions plus du tout en phase. Et puis il a réglé le problème de façon radicale. D'une certaine façon, je pense, je le gênais. Soit que je ne comprenais pas, soit qu'il ne voulait pas que je comprenne, qu'il ne souhaitait déjà plus que je sois près de lui mais qu'il était incapable de le dire et qu'on s'organise en conséquence. Dans tout ça, notre couple n'a pas survécu, bien sûr. Enfin, ça n'est même pas comme ça que je voudrai le dire.

En tout cas, ce soir, lui et notre histoire me manquent, mais je ne peux pas remonter le temps. Et oui, la maladie a été bien plus forte! Que de ravages.

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Gilda
Banni
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Inscrit le 16 Apr 2017
352 messages
Bonsoir Co-dep,

On voit bien que tu as énormément souffert de cette histoire, et que tu cherches encore toutes les réponses et hypothèses possibles. Ce que tu aurais pu faire de plus, de mieux, différemment, ce que tu n’aurais pas du faire, ou peut-être pas comme tu l’as fait. Ce que tu n’as pas vu, pas perçu, pas compris. Où serait ta part de responsabilité dans son histoire, et du coup votre histoire qui n’y a pas survécu. Etc etc etc.
Tu revois l’histoire avec des arrêts sur image... et ça te mine.
Et ça rend triste de te voir... triste, quoi.
Il n’est même plus question de savoir si tu as été dans la catégorie des "sauveurs" (comme on les appelle ironiquement), ton discours et ton ouverture d’esprit semblent indiquer que non, ou juste la compagne inquiète et désemparée qui va donner tout son temps et toute son énergie parce que cette urgence s’est imposée à toi.
Tu as fait pour le mieux, tu l’as fait avec bienveillance et intelligence.
Et ça n’a pas marché.

Mais s’il n’y avait rien eu à faire ?
Si avec ou sans toi, ça devait se passer comme ça s’est passé ?
Pourquoi, et comment il était comme ça, il n’avait pas la clé lui-même, ou elle était perdue ou enfouie trop loin, ou inexistante. Comment aurais-tu pu la trouver pour lui ? Même le meilleur des médecins ou des psy n’est pas tout-puissant. Même la plus proche et aimante que tu as été, peut être destinée à voir l’effondrement de l’autre sans rien pouvoir y faire.

Tu sais, tu n’auras probablement jamais les réponses à toutes ces questions, mais tu n’y es pour rien.
Toutes les histoires sont faites pour être vécues, mais toutes ne sont pas faites pour durer.
Et toi maintenant, il faut que tu (re)vives.
C’est plus facile à dire qu’à faire, je sais, mais je ne peux pas te dire autre chose.
Vivre pour toi, avec des souvenirs apprivoisés qui ne te fassent plus souffrir ni regretter.

En tout cas, avec ton expérience d’accompagnement, et l’empathie dont tu es capable, tu seras toujours la bienvenue par ici.

A bientôt :)

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Co-dep? femme
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Inscrit le 15 Aug 2017
43 messages
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Mille fois merci Gilda, ça fait du bien de lire ce que tu dis.

J'aime bien l'idée des souvenirs apprivoisés. C'est ce vers quoi je tends en effet. Et justement, tout à l'heure, j'ai attrapé une petite cuillère spécifique, et j'ai souri. Parce que pour une raison précise, elle me ramenait à lui, à nous, à une chouette époque. Et puis pour les mauvais souvenirs, je les atténue, en vous lisant, en écrivant ici, car au final, la peine que vous avez à discuter de vos prises avec M.Toutlemonde, elle est la même que je peux avoir pour parler de tout ça avec le quidam moyen. Je ne supporte pas le "ah ben oui, mais il l'a cherché" ou "c'était évident que ça risquait de revenir". Celle-là, j'avoue, je ne l'ai jamais avalé et j'ai coupé les ponts avec la personne. Une bonne copine pourtant.

Tenter de faire comprendre la situation n'est pas facile, quand soi-même en la vivant il a fallu un certain temps pour en comprendre les tenants et les aboutissants.

Oui, je suis triste encore. Mais pas tous les jours. Et le fait que j'arrive à écrire dessus est une bonne chose. Je suis revenue, avec un boulot, dans ma région d'origine, et ça, ça veut dire que d'une certaine façon, la boucle est bouclée. Au moins pour les grandes lignes.

Oui, j'ai fait tout ce que j'ai pu, et très certainement, qu'il n'y avait pas plus à faire. Peut-être même que je lui ai permis de vivre plus heureux plus longtemps au final. C'est ce que je me dis parfois dans les meilleurs moments. Et son ex-femme me l'avait bien dit d'ailleurs: " J'étais contente de le voir comme ça; tu lui faisais du bien".

J'ai bien l'intention de rester parmi vous un petit peu; je lis progressivement toutes les parties du forum et je découvre tout un monde que je ne soupçonnais pas. Et si par hasard, je peux aider à terme, l'entourage des usagers à mieux comprendre, j'aimerai le faire. J'ai regretté de ne pas trouver des groupes de paroles d'entourage; j'ai regretté de ne pas avoir la connaissance que j'ai un peu mieux désormais, des usagers, des produits, des effets recherchés,  de comment chacun apprend à se connaitre et à connaitre les produits, et donc de cette notion de RDR au sens très large. Alors au nom même de cette RDR, si je peux apporter ma pierre en tant qu'ex-compagne d'usager devenu non-RDR..., et bien ça serait pas mal.

Ptet qu'un jour je pousserai la porte du csappa de ma ville en demandant ce qu'il y a à faire et si je peux contribuer, et comment. Mais c'est peut-être encore un peu tôt.

Encore merci Gilda, tu m'as vraiment fait du bien ce soir.

ou juste la compagne inquiète et désemparée qui va donner tout son temps et toute son énergie parce que cette urgence s’est imposée à toi.
Tu as fait pour le mieux, tu l’as fait avec bienveillance et intelligence.
Et ça n’a pas marché.

C'est exactement ça. Parce que la vie, ça ne marche pas toujours. Parce que la vie des fois, ça s'arrête.

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Wonderland femme
Borderline & beyond
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Je vois que les avis vont plus ou moins dans le même sens. J'ai l'impression que c'est un point de vue plutôt partagé par les UD.

Pour moi, un saveur ou une sauveteuse est une personne qui se déclare comme telle. C'est d'abord cette idée qu'elle a qui finit par se refléter chez la personne "sauvée" qui y voit peut être la solution miracle à sa/ses addictions (ou autre souci personnel).

Je pense que ce concept peut être dangereux autant pour celui qui veut sauver que pour la victime présumée. Ça a tendance à occulter la volonté du second pour les ambitions du premier. A mon sens c'est malsain car une frustration implicite peut s'installer, autant si l'addict n avance pas au "bon rythme" que si le "sauveur" en demande trop.

D'autant plus que je ne crois pas à l'idée d'arrêter pour quelqu un. Toute l'abstinence repose sur cette relation et à moins D avoir un mental d'acier et être convaincu de ce qu'on fait, les risques de rechutes en cas de problème sont plus présents. Un peu comme l'idée de perdre la raison qui nous motive à travailler, étudier ou autre.

Je trouve que c'est un malheur imposé aux deux parties. Le sauveur a ce point D aider et être présent sans condition pour l'addict, car c'est sa mission de le sortir de cette addiction. L'addict de son côté peut avoir tendance à trop se reposer sur l autre, trop demander en termes de soutien et d'aide, peut être trop pour la personne en face. Le fardeau de la déception pèse sur les deux et je ne suis pas sûre que ce soit le meilleur environnement pour s'en sortir.

Il existe évidemment, pour moi, des gens qui nous aident à avancer, a faire les pas nécessaires pour le sevrage et à se soigner quand il le faut. Mais ces personnes ne peuvent pas nous sauver si la volonté n'emane pas de nous. On peut se retrouver à un moment de notre vie avec une personne qui nous donne assez envie d'envisager une vie sobre. Cependant, ça ne doit pas rester l'unique source de motivation. La première doit rester soi, notre volonté, notre envie d'être sobre. À partir de la, toute aide reçue sera la bienvenue sans qu'elle ne devienne un facteur de risque pour nous. Un peu comme un antidépresseur. Si on se repose uniquement sur ça pendant des années, envisager un sevrage devient presque impossible, alors qu'avec la thérapie adéquate qui soigne les maux en profondeur, une "guérison" est largement envisageable.

Personnellement je n'accepte pas l'idée qu'on puisse me sauver. Ça m'a toujours donné l'impression d'être forcée et D avoir un objectif a atteindre, comme si j'étais en cours. Même l'idée que mes proches essayent de m aider à arrêter m'agace au plus haut point. Parce qu'ils partent de l'idée qu'arreter est la seule issue possible et qu'ils ont forcément raison. Peu importe mes arguments.

"I've never had problems with drugs. I've had problems with the police." Keith Richards

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