Beaucoup d'espoir dans cette déclaration... :)
SOURCELa criminalisation des utilisateurs de drogues illicites
alimente l´épidémie de VIH et a eu des retombées
essentiellement négatives sur la santé et la société.
Nous avons besoin d´une réorientation complète des politiques.
En réponse aux préjudices des drogues illégales sur la santé et
la société, un important régime international de prohibition
des drogues a été mis en place sous la tutelle des Nations
Unies.1 Des dizaines d´années de recherche ont permis de
réaliser une évaluation complète des répercussions du phénomène
mondial de « guerre contre la drogue ». Tandis que des milliers
de personnes se réunissent à Vienne dans le cadre de la XVIIIe
Conférence internationale sur le sida, la communauté
scientifique internationale demande que l´on reconnaissance les
limites et les préjudices de la prohibition des drogues et
réclame une réforme des politiques en matière de drogues afin
d´éliminer les obstacles à la mise en place de régimes
efficaces de prévention, de traitement et de soins du VIH.
Il existe maintenant des preuves irréfutables2, 3 que les
efforts d´application de la loi n´ont pas réussi à enrayer la
disponibilité des drogues illégales dans les collectivités où
il y a de la demande. Au cours des quelques dernières
décennies, les systèmes nationaux et internationaux de
surveillance des drogues ont révélé une tendance générale à la
baisse dans le prix des drogues ainsi qu´une tendance à la
hausse dans leur pureté – malgré des investissements
considérables dans les efforts d´exécution de la loi.3, 4
De plus, il n´existe aucune preuve qu´une férocité accrue des
démarches d´application de la loi réduit de façon importante la
prévalence de la consommation de drogues.5 Notamment, les
données indiquent clairement que le nombre de pays dans
lesquels les personnes s´injectent des drogues illégales est à
la hausse et que les femmes et les enfants sont de plus en plus
touchés.6 En dehors de l´Afrique subsaharienne, l´utilisation
de drogues injectables cause environ le tiers des nouveaux cas
d´infection par le VIH.7, 8 Dans certaines régions où le VIH se
répand le plus rapidement, par exemple l´Europe de l´Est et
l´Asie centrale, la prévalence du VIH peut atteindre 70 % parmi
les utilisateurs de drogues injectables, et dans certaines
régions ce groupe compte plus de 80 % de la totalité des cas de
VIH.8
Face à la réalité des preuves accablantes que les efforts
d´exécution de la loi ont échoué par rapport à leurs objectifs
déclarés, il est important de reconnaître et d´aborder les
conséquences nuisibles. Ces dernières comprennent entre autres
les points suivants :
* Une épidémie de VIH alimentée par la criminalisation des
personnes qui consomment des drogues illicites et les
prohibitions relatives à l´offre de seringues stériles et de
traitements de
substitution à
base d´opioïdes.9, 10
* Des flambées de VIH parmi les utilisateurs de drogues
incarcérés et asilaires, causées par des lois et politiques
punitives et un manque de services de prévention du VIH dans
ces milieux.11-13
* L´affaiblissement des régimes de santé publique lorsque
les efforts d´application de la loi poussent les utilisateurs
de drogues illicites à ne pas se prévaloir des services de
prévention et de soins et à se tourner plutôt vers des milieux
où le risque de transmission de maladies infectieuses (p. ex.,
VIH, hépatites B et C, tuberculose) et d´autres préjudices est
plus élevé.14-16
* Une crise dans les systèmes de justice pénale, découlant
de taux d´incarcération records dans plusieurs pays.17, 18
Cette réalité a eu des répercussions négatives sur le tissu
social de collectivités entières. Bien que les disparités
raciales dans les taux d´incarcération pour infractions liées
aux drogues soient évidentes dans bon nombre de pays, l´impact
s´est avéré particulièrement grave aux États-Unis, où environ
un Afro-Américain sur neuf parmi les hommes âgés de 20 à 34 ans
est incarcéré en tout temps, principalement en raison des
efforts d´exécution des lois antidrogue.19
* La
stigmatisation des personnes qui utilisent des drogues
illicites, ce qui renforce l´attrait politique de la
criminalisation des utilisateurs de drogues et mine les efforts
de prévention du VIH et de promotion de la santé.20, 21
* De graves violations des droits de la personne, y compris
la torture, le travail forcé, les traitements inhumains et
dégradants et, dans un nombre de pays, l´exécution de personnes
condamnées pour infractions liées aux drogues.22, 23
* Un énorme marché des drogues illicites d´une valeur
annuelle estimée à 320 milliards de dollars américains.4 Ces
profits demeurent entièrement en dehors du contrôle
gouvernemental. Ils alimentent la criminalité, la violence et
la corruption dans d´innombrables communautés urbaines et ont
déstabilisé des pays entiers, par exemple la Colombie, le
Mexique et l´Afghanistan.4
* Le gaspillage de milliards de dollars des contribuables
sur une « guerre contre la drogue » qui n´atteint pas ses
objectifs déclarés et contribue plutôt directement ou
indirectement aux préjudices décrits ci-dessus.24
Malheureusement, les preuves de l´échec de la prohibition des
drogues relativement à ses objectifs déclarés, ainsi que les
graves répercussions négatives de ces politiques, sont souvent
niées par ceux qui ont des intérêts cachés dans le maintien du
statu quo.25 Cet état de fait a semé la confusion au sein du
public et a coûté d´innombrables vies. Les gouvernements et les
organisations internationales ont l´obligation éthique et
juridique de répondre à cette crise en mettant en place de
nouvelles stratégies fondées sur des preuves et capables de
réduire les préjudices liés aux drogues sans engendrer de
nouveaux problèmes. Nous, les soussignés, demandons aux
gouvernements et aux organisations internationales, y compris
les Nations Unies, de/d´ :
* entreprendre un examen transparent de l´efficacité des
politiques antidrogue actuelles;
* adopter et évaluer une approche de santé publique basée
sur des données scientifiques en vue d´aborder les préjudices
individuels et communautaires découlant de l´utilisation de
drogues illicites;
* décriminaliser les utilisateurs de drogues, multiplier
les options de traitements de la toxicomanie fondés sur des
données probantes et abolir les centres de traitements de la
toxicomanie obligatoires et inefficaces, qui violent la
Déclaration universelle des droits de l´homme; 26
* appuyer catégoriquement et accroître le financement de
l´adoption de la gamme complète d´interventions VIH décrites
dans le guide d´établissement des objectifs de l´OMS, ONUDC et
ONUSIDA;27
* mettre à contribution, de façon significative, les
communautés touchées dans le développement, la surveillance et
la mise en œuvre de services et politiques qui touchent leurs
vies.
De plus, nous en appelons au secrétaire général des Nations
Unies, M. Ban
Ki moon, afin qu´il mette en place des mesures
d´urgence visant à faire en sorte que les Nations Unies – y
compris l´Organe international de contrôle des stupéfiants –
s´expriment d´une seule voix pour appuyer la décriminalisation
des utilisateurs de drogues et l´adoption de stratégies de
lutte antidrogue basées sur des données probantes.28
Le fait de baser les politiques antidrogue sur des données
scientifiques n´éliminera pas la consommation de drogues ou les
problèmes découlant de l´injection de drogues. Cependant, la
réorientation des politiques liées aux drogues vers des
approches fondées sur des preuves qui respectent, protègent et
renforcent les droits humains pourrait éventuellement réduire
les préjudices causés par les politiques actuelles et
permettrait de rediriger les considérables ressources
financières là où on en a le plus besoin, c´est-à -dire dans
l´adoption et l´évaluation d´interventions scientifiques de
prévention, de réglementation, de traitement et de réduction
des préjudices.
Picture
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