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Fabrice a écrit
Pour être bien clair dans mes propos, je dirais qu'après avoir à nouveau essayé un sevrage rapide je ne recommande plus du tout cette méthode. La méthode que je considère, à la lumière de ma dernière expérience, comme efficace est la prise d'un tso, définir la dose optimale en relation avec son métabolisme et conjointement en lien avec un addictologue ou médecin au sein d'une structure de soin telle que csapa ou csst, maintenir le traitement aussi longtemps que souhaité (au minimum la durée de la consommation *2 me semble pas mal pour être psychologiquement détaché du produit), voir à vie(diminuer ou arrêter n'est pas une fin en soi) et dans l'optique d'arrêter diminuer lentement par palier sur plusieurs mois ou années.
En gros, et bien toi aussi donc, tu retombes donc quasiment donc sur...
le protocole officiel de decro tel que proposé et expliqué dans la brochure Bouchara. :)
Je dois avouer qu'il m'aura fallu un paquet de temps avant de me rendre à l'évidence, à savoir qu'il y a pas vraiment d'alternative... et qu'en dépit des inconvénients, surtout la durée, ben ca a le mérite de marcher et même très bien.. Et puis si on fait les comptes, au regard du temps qu'on passe à souffrir des cycles à répétition de manque puis de syndrome post-manque puis de rechute, les quelques mois zen et posés du TSO ne sont pas si long au bilan et font office de Paradis Terrestre à côté de l'enfer de la conso en yoyo ! Finalement un an ou deux, quand tout va bien qu'on a la patate qu'on a retrouvé un conjoint, une stabilité affective et qu'on bosse, ça passe en.... deux secondes. Alors que quelques mois plié en deux, en sueur froide à vouloir se flinguer toutes les heures, ça semble une éternité...
Dans toute cette affaire, si j'ai bien un seul regret, c'est pas celui d'avoir tâter de la came mais c'est bien d'avoir pris tant d'années à faire enfin confiance aux addictologues... Mais sur ça, je crois sincèrement que nos chers addictos devraient prendre plus de temps pour nous expliquer la démarche, le concept et le fonctionnement de cette méthode car la logique substitutive n'a rien d'intuitif, au contraire même... Surtout quand ils voient qu'un patient doute et se questionne, c'est quand même leur job de rassurer et d'expliquer la valeur ajoutée du soin. Et j'ai l'impression que dans de nombreux centres, ils ne prennent vraiment pas cette dimension en compte, comme si c'était simple, logique et évident à comprendre... mais non, ça ne l'est pas, et quand on cherche à stopper la consommation d'un psychotrope avec lequel on galère, c'est pas forcément facile de s'entendre dire qu'il va falloir prolonger la fete pendant des années avec une molécule de la même famille... en tout cas pour moi, cela ne faisait vraiment pas sens et je n'étais pas le seul.
Et même actuellement encore des années après, force est de constater que beaucoup de personnes éprouvent de cruels doutes à propos des TSO, c'est bien dommage mais il y a qu'à voir sur le fofo le nombre d'usagers qui débarquent avec des montagnes d'angoisse et l'impressionnant nombre de topic sur la question... Bon entre temps, ils ont quand fini par faire des brochures explicatives sommaires qui aident un peu mais avouons-le, c'est maigrelet.
Je pense que si on m'avait bien expliqué, ça m'aurait fait gagner beaucoup de temps car dans le fond j'étais pas contre l'idée, juste anxieux et mal informé avec l'impression que les mecs nous filaient ça un peu par dépit, à défaut d'avoir mieux ou de pouvoir proposer un vrai soin.
Par exemple, il aurait suffit de me donner un document de qualité comme celui-là , pour dissiper toutes mes craintes : http://www.elizabethfry.qc.ca/journal/p … /art02.htm et j'aurai signé dans la minute ! :)
Puis faut voir qu'à l'époque, il n'y avait pas d'auto-support internet comme aujourd'hui pour faire contrepoids aux rumeurs - et rien que le mot "subutex" nous faisait tous frémir d'effroi.... C'était vraiment synonyme d'échec voire d'attrape-couillon. On entendait tellement d'histoires horribles dans le milieu, tellement de rumeurs glauques en libre circulation. Aujourd'hui c'est différent et ca s'est bien calmé... mais en ce temps là , mon dieu... c'était la fête du slip à la mytho. Et je ne crois pas avoir entendu une seule histoire un tant soit peu positive sur les tso en ce temps là ...
Pour l'anecdote, je me souviens de ma première fois à Rotterdam, à attendre notre came dans une petite deal-house (si bien décrite par Bicicle dans son blog) dans le lugubre salon Ikea en compagnie d' un client belge triturant ses seringues qui, voyant que j'étais jeune, me racontait la vie : "l'hero j'arrête en 3 jours, maximum 4 ! dès que j'en ai marre j'arrête !!! faut pas t'accrocher, fais gaffe, c'est de la merde tout ça. Mais la pire des merdes, c'est pas la came, c'est leur méthadone, si on te propose ça, refuse à tout prix, refuse absolument, n'oublie jamais ce que je te dis la... ça te sauvera, alors n'oublie jamais ! J'ai été un des premiers belges à en prendre et j'étais une loque, dix fois pire qu'avec l'héroïne, je me bavais dessus et pour me sevrer, ils m'ont laissé attaché avec une camisole de force pendant un mois, j'ai passé des semaines à hurler, c'était l'horreur... n'oublie jamais que c'est les nazis qui ont inventé ce produit pour éradiquer les toxicomanes..."
Et ça, ce n'est qu'une anecdote parmi des dizaines. Tout convergeait dans le meme sens : les traitements, c'est l'enfer, les traitements c'est le piège à l'intérieur du piège, le traitement c'est la double-peine etc etc... donc voila, quand il fallait arrêter, on s'y prenait tous de la meme façon : au lit, avec des benzos, de l'evian et un max de patience et d'abnégation... si par malheur on craquait, le reflexe c'était d'éviter absolument le subu, il valait mieux racheter de la came... et si en dernier recours on prenait du sub, c'était le moins possible le moins longtemps possible. A entendre certains, le subutex c'était presque le Krokodil de l'époque - genre une molécule de fou 30 fois plus forte que la morphine qui t'intoxique au plus profond de ton être... Quant à ceux qui suivait un traitement prescrit et qu'on ne voyait plus dans le milieu, on entendait dire qu'ils étaient littéralement foutus ou parti en couilles...
" Tu te souviens de Zeb?
- Ouai alors, il va bien ?
- Putain le pauvre, il s'est fait carrément avoir. Il prend 16 mg de sub par jour, il parait qu'il sort même plus de son lit, même pas pour chier, il utilise un pot quand ces intestins se décollent une ou deux fois par mois
- Putain, ça craint ! Mais pourquoi ils autorisent de tels trucs ?
- C'est le meilleur moyen qu'ils ont trouvé pour régler le problème, ils nous lobotomisent.."
Fabrice a écrit
la prise d'un tso, définir la dose optimale, maintenir le traitement aussi longtemps que souhaité voir à vie(diminuer ou arrêter n'est pas une fin en soi) et dans l'optique d'arrêter diminuer lentement par palier sur plusieurs mois ou années.
Presque mot à mot, c'est quasiment c'est ce qu'on m'avait proposé en ce temps-là à l'hôpital Marmottan, le grand temple de la désinto - le haut lieu de la toxicomanie des 70's - le château fort de Claude Olivenstein. J'étais ressorti de cette consultation blasé et déprimé... j'avais attendu des semaines pour enfin rencontrer un addicto de ce lieu réputé comme la meilleure adresse de France, j'avais tellement entendu dire que "c'est les meilleurs", ou "si tu veux arrêter, avec eux tu es sûr de réussir" et encore "ils ont soigné tout les plus gros accro des années 70 et 80, alors t'inquiète pas, toi ils vont te sortir de là en deux temps trois mouvements.."
J'étais motivé, c'était la troisième fois que je m'y déplaçais après m'être fadé tous les entretiens préliminaires avec leurs accueillants... et tout ça pour quoi ??? pour une pauvre ordonnance de sub de 7 jours et m'entendre dire que j'allais devoir rester crocher encore 5 piges? J'étais au début de ma trajectoire, j'avais pas encore des années d'accroche, j'avais même jamais approché une seringue et ce médecin stagiaire ne m'a même pas proposé l'ombre d'une alternative, j'en revenais pas ! Je revois encore sa tête les yeux tout écarquillés au moment où je prononçai le mot défendu de "sevrage", et lui de rire doucement... et me répondre "oui, ça pourrait marcher mais comme il y a por ça moins d'une chance sur mille, je ne vous le proposerai pas. On a effectivement ici des lits pour le sevrage mais maintenant on les réserve à des gens qui ont déjà travaillé la question et qui sont stabilisés au subutex depuis plusieurs années... sachez qu'on a jamais réussi à sortir durablement quelqu'un de l'héroïne en le sevrant brutalement...blabla"
J'étais dépité et carrément pas convaincu. Pourtant j'essayai de comprendre : "je comprends pas bien docteur, je viens pour arrêter de prendre des trucs, j'en peux plus de toute cette chimie, ça me réussit pas, je veux m'en sortir et je me rends bien compte que je vais dix fois mieux quand j'arrive à me passer d'héroïne pendant quelques temps, la forme revient, j'ai la trique le matin, je me sens frais et dispo... et le sub, je connais, ça reste un opiacé et si j'en veux, je vais à Barbes en plus j'ai déjà essayé d'arrêter ce truc, si d'un côté ça calme un peu le manque d'hero mais pour moi ça prolonge quand même le sevrage de plus de 3 semaines pour redevenir normal ! Alors sérieusement, expliquez moi comment après 5 ans d'imprégnation quotidienne à ce produit, j'arriverai plus facilement à l'arrêter ? Y a un truc que je comprends pas !"
Et je revois trop la scène, le toubib, interloqué et énervé que je questionne son savoir, me répondre sèchement : " je sais bien, mais c'est comme ça qu'on fait. Pas autrement".
En sortant de là , je me revois marcher vers le métro Porte Maillot pris dans mes pensées sombres " bon ben voila, je suis tout seul dans ma merde et faudra pas que je compte sur eux et la médecine, c'est une arnaque. Je peux que compter sur moi même si je veux m'en sortir".
Le soir suivant, je finissais mon dernier keps. Le lendemain, l'anxiété au maximum, je dégoulinai de douleur à me répéter chaque minute "ca va passer, ca va passer"ou "faut que je reste fort, faut que je reste fort". L'autopersuasion, il me restait plus que ça arrosé de temesta jaunes et de laroxyl en gouttes. Et puis j'avais pas le choix, c'était la seule solution si je voulais en finir une bonne fois pour toute. Et puis après tout, ce n'est qu'un mauvais moment à vivre. Ca va etre une semaine difficile, c'est tout, rien de plus. "Allez, c'est qu'une grippe, ce n'est qu'une GRIPPE". Je cogittais dans ma sueur mais je voyais pas mieux à faire que de me laisser crever de manque. J'avais essayé de trouver de l'aide à Marmottan et ils ne m'avaient proposé rien de mieux que de continuer à m'intoxiquer et ça, niet!!! Donc voila, pas le choix, la casserole et puis c'est tout.
Je me souviens avoir compté toutes les minutes de la nuit... 01h22... putain j'en peux plus... après avoir tenté 50 positions et calmé 20 fois de suite les impatiences dans les jambes, je regarde à nouveau le putain radio réveil et sa lumière verte fluorescente qui me fait mal au fond du crane... 01h22. Le lendemain, goutte au front, ça empire et je passe la matinée à gerber de la bille. "Ca va vraiment pas" parcouru d'abominables frissons inoubliables et d'heures sur le trone suivi de "ca va passer, forcément un jour, ce sera passé"... Puis comme toute chose dans cette vie, les heures passent, les jours passent. Puis apres deux jours de souffrance aigue, on commence à se faire raison. "J'ai déjà fait la moitié et je suis pas mort. Ben j'ai plus qu'à faire ce que je viens de faire et ça ira mieux." Un mal pour un bien, je n'avais plus une thune en poche sans quoi j'aurai forcément fini par craquer. Et à l'aube du sixième jour, voila je prends enfin le dessus oui ça va un peu mieux, j'arrive enfin à faire un repas complet.
Le lendemain, la joie - guéri et fier de moi, je me sens meme invincible. Quelle sensation L'héroïne, c 'est fini, c'est ma seule certitude et pris dans un élan de pêche maniaque, je me souviens même être aller faire 2 km de natation et m'être dit "franchement en fait un cold turkey, c'est queudal en fait ! Il faudrait être dingue pour s'avaler des kilogs de gélules tout ça pour éviter trois jours de malaise... mais dans quelle monde vivons nous ? les gens seraient-ils si chochotte ? Pas de quoi en faire un plat finalement" pensais-je, avec cette sensation classique de se croire plus fort que les autres à l'arrêt du manque. Sans parler des plans sur la comète : j'ai réussi, je suis sevré, la came c'est bon, c'est derrière moi !!!Le lendemain, sans même comprendre pourquoi ni comment, j'avais 5 grammes de came sur la table, trop heureux de ressentir l'onde endorphinique dont j'avais été privé depuis si longtemps, à savoir 6 jours...
et là où j'ai merdé, c'est d'avoir continué à rien comprendre car pour moi cet échec cuisant restait au fond un succès car quelque part, j'avais vaincu le manque... oui j'avais reconsommé quasi immédiatement, einh mais bon, j'avais quand meme réussi !!!
Et au lieu de me rendre à l'évidence que cet échec signifiait la nécessité d'un TSO, je suis resté entêté dans mon délire, je l'ai quand meme fait plus d'une quinzaine de fois avec plus ou moins de succès, 6 semaines une fois...
et c'est ça qui est le pire avec cette histoire de sevrage rapide, c'est qu'au fond, pour moi, ça marchait quand même ou ça m'en donnait l'illusion en tout cas, ça marchait "presque"... tout est le problème est dans le "presque". C'est ce "presque" qui fait que ça marche jamais mais qu'on a l'impression d'avoir été à deux doigts d'être délivrer. Et ce "presque" qui pousse sans cesse à vouloir recommencer.
Si je fais le bilan de toute ces tentatives foireuses, outre toute la douleur, le désespoir et la dérégulation - c'est surtout plusieurs années de vie à ne faire que.... ça.
Et le plus dingue dans cette histoire, c'est qu'en plus j'ai réussi à trouver des médecins, des soignants et des interlocuteurs pour me pousser à continuer dans cette voie, sachant qu'à l'arrivée, j'étais bord suicide et qu'au bout du compte, j'ai finalement des années après fini par accepter un TSO.
Et là , ca a été la baffe de ma vie, quand j'ai compris qu'en fait pour décrocher, il ne fallait pas souffrir....
c'était totalement contraire aux valeurs de merde qu'on nous bourre dans le crane à l'enfance...
Dernière modification par ziggy (31 décembre 2013 à 03:16)
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Dernière modification par Bicicle (31 décembre 2013 à 02:59)
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Bicicle a écrit
C'est vrai que c'est dur d'avaler l'intérêt du traitement au long terme, moi même je suis un peu dans l'état d'esprit que tu avais quand le médecin te proposait le TSO à l'époque... Genre, "merde je prends 5 ferme". C'est pas évident du tout d'intégrer ça et de se dire que c'est un moindre mal comparé à continuer à faire n'importe quoi.
Faudrait que je retourne au CSAPA voir pour la métha... Ça me fait assez flipper je dois dire. J'en parlerai à la médecin pour voir ce qu'elle en dit.
Et bien écoute, je ne saurai que t'encourager à le faire et même le faire sans plus attendre...!!! car vraiment et je me répète ici mais mon plus gros regret dans cette histoire de toxicomanie, c'est d'avoir perdu tant de temps, d'énergie et de santé avant d'aller consulter en centre methadone. Franchement, je connaissais la méta comme tout tox peut la connaitre mais je ne l'avais jamais encore expérimenté au niveau thérapeutique et cela a surpassé toutes mes attentes....
vu que tu t'interroges et que quelque chose semble te bloquer et te faire peur, je ne peux que partager avec toi ce que j'ai vécu lors de ma mise sous methadone, la premiere fois il y a quelques années déjà ...
Pour moi, le passage en centre, ca a été un moment salvateur, pas loin de la résurrection - mais bon je te laisse imaginer dans quel état je pouvais être après des mois de sevrage à répétition, surtout qu'à mon sens rien ne renforce plus la dépendance que de consommer à l'issu de 15 jours de manque. C'est un moment particulier car cela superpose à la fois un sentiment d'échec complet à une sensation de soulagement tellement radicale, plaisante et ultra-totale... on est cerné dans tous les angles, le produit est au cœur de tout, autant par son absence que par sa présence... et le retour en force de la molécule dans la chair fraichement sevrée m'a toujours donné la déprimante certitude que c'est foutu avec à la fois une telle paix physique... toutes les motivations du monde sont forcément balayées d'un coup face au constat désespérant que l'on peut faire : d'un côté le sevrage et ses milliers de minutes à souffrir pour un résultat lamentable et de l'autre le produit qui dans un tel moment affiche sa toute puissance. Aussi moi, plus j'ai insisté dans cette voie de m'entêter à la decro et plus ma dépendance s'est aggravée jusqu'à vraiment.... être super mal tant physiquement que mentalement.
Et cet état là , au terminus de la tox, je ne le souhaite vraiment à personne. Car tant qu'il y a du désir pour l'hero et un minimum du plaisir, moi ca va, c'est différent, j'arrive à faire avec et je m'y retrouve mais là ou ça bloque c'est quand l'usure prend le dessus, que la came n'apporte plus rien si ce n'est son lot d'effets plombants et alors que j'en pouvais plus, la dépendance me dominait totalement et toujours plus/ ca revient pour moi à subir et quoi que je fasse, quel que soit l'investissement le produit me prouvait toujours plus et mieux son omnipotence... c'est à se flinguer. Et rien que de l'écrire, ça me rappelle les dispositions dans lesquelles j'ai pu finir lors de mon premier cycle d'accroche il y a quelques années, j'en ai la nausée.... je ne voyais plus de solutions, je commençais à avoir des idées vraiment noires alors on m'a conseillé de tenter la métha (jusqu'alors je n'avais fait que le sub). Et vu mon état, j'avais rien à perdre.
le CSST ?? Je n'attendais rien de précis. Pour moi, ça ne marcherait pas car j'étais passé du côté obscur, état de certitude désespéré et de détresse morale que j'avais construit tout seul sans m'en rendre compte en m'auto-détruisant avec ces sevrages à répétition, stratégie perdante qui m'avait laissé fini par croire que j'en sortirai jamais, j'étais donc persuadé que c'était plié... vraiment je n'y croyais plus. J'avais tout donné pour m'en sortir, toute mon énergie au plus profond de moi - plus de 150 journées de crise de manque auto administrées sur une année pour un état de dépendance toujours plus aggravé. C'était comme si l'énergie que je mobilisais pour me libérer ne servait qu'à aggraver mon état, et c'est d'ailleurs bien exactement ce qu'il se passait.
Quand ils m'ont vu au centre la première fois, j'étais en loque - 30 kilog de moins qu'aujourd'hui - j'avais plus un zest de sérotonine dans mon cerveau, j'étais exténué. Je leur ai tout RACONTE et j'ai insisté sur le fait que je n'arrivais vraiment pas à gérer aucun opiacé, que si j'en avais dans la poche, j'y pensais tout le temps, que je finissais forcément par prendre tout ce qui traine autour de moi, le sub dans le nez jusqu'a dix fois par jour. Bref, le médecin m'a proposé de venir quotidiennement pour l'induction metha, ce qui m'allait parfaitement car j'avais besoin de soutien, j'avais besoin d'être en contact.
Voila en démarrant la bas au csapa de Nanterre, j'étais au plus mal, je partais donc de très bas alors forcément, la méthadone a eu très rapidement un effet... miraculeux. Et même si je prenais déjà du sub depuis des mois, étant donné que je n'avais fait que le détourner, je n'en avais obtenu aucun effet thérapeutique....
et là en à peine 15 jours, j'ai vécu une genre de résurrection que j'attribue vraiment à l'état d'équilibre inédit que permet spécifiquement la méthadone qui grâce au haut seuil d'exigence du centre m'était attribué sur place tous les matins à heures fixes - ce qui m'a beaucoup aidé. Et mon organisme tout entier m'a offert un grand MERCI.
J'ai rapidement obtenu un triple effet kiss cool: d'abord une stabilisation sur le plan des endorphines (sensation que je n'avais plus vécu depuis plusieurs années) puis ensuite un effet de boost en sérotonine lié à l'inhibition de la recapture que permet la metha et également un très reposant effet de fond de paix anxiolytique.
Pour la première fois depuis la fin de la lune de miel de l'hero plusieurs années avant, je me suis senti vraiment apaisé... et chaque jour, un peu plus, un peu mieux.
Cela a tellement contrasté avec l'état d'usure dans lequel je m'étais mis progressivement avec la conso quotidienne de multiples prises opiacés et coke, que ca m'a fait un choc positif... serieu j'en revenais pas car j'avais oublié ce que c'était d'être normalement équilibré et d'a quel point c'est plaisant, léger, et si facile à vivre !!!. C'est là que j'ai percuté qu'en fait depuis des années je vivais dans le yoyo et j'avais fini par ériger cet état de déséquilibre permanent en normalité et que vivre comme ça m'avait inexorablement conduit à une putain de dépression, pas étonnant d'avoir des cravings et des besoins de came quand on va si mal.... et là je me sentai enfin bien, si bien et tellement mieux que dans la conso, le ressenti d'équilibre m'a tellement soulagé et apaisé que je ne voulais pour rien au monde l'échanger... consommer ??? mais pour quoi faire?
bref tout cela pour dire que vu mon état d'usure et de fatigue j'ai été extrêmement réceptif à l'aide que donne la méthadone et pour finir, je suis passé en quelques semaines d'un état proche suicide à celui d'un adulte bien dans ses pompes qui a envie de mordre la vie à pleine dedans.
Cet état m'a permis de rapidement me relever et l'année qui a suivi a été très riche à tout niveaux et j'ai repris la vie de plein pied. Tous les 15 jours, je remerciai le docteur en lui répétant qu'il m'avait sauvé la vie, et lui gêné et timide me rétorquait "mais non mon cher, vous vous êtes sauvé tout seul". Et moi de lui répondre "n'empêche sans votre méthadone, je serai certainement ou mort ou dans la merde"...
J'ai quand meme tres vite recuperer et cet état de bonheur d'etre en bonne santé est vite redevenue la norme de mon quotidien et tant mieux... et les choses se sont mises assez vite en place.
Comme j'avais pas commencé à fortes doses (j'avais switché depuis 2 ou 4 mg de sub de mémoire), j'ai fait le sevage l'année suivante et je n'ai rien de rien senti...
et pour la premiere fois de toute mon existence , j'ai vécu clean des mois et des mois en étant heureux, je buvais pas, pas de pétards et meme plus de clopes..
donc il m'a pas fallu 5 ans, beaucoup moins... et aucun cas les deux ans que j'ai vécu avec ce traitement n'ont été désagreable, au contraire la méthadone me donnait juste l'impression d'etre comme une vitamine... et c'est tout !
expérience 1000% positive.
Rapidement, je te reglisse ici ce lien IMPORTANT qui est noyé dans mon gros pavé ci-dessus.
http://www.elizabethfry.qc.ca/journal/p … /art02.htm
Cet article est une mine d'or car il contient et résume toutes les informations et sources associes.
enjoy
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