Source: Alcoholism: Clinical & Experimental Research 14 SEP 2012Car le fœtus encore dans le ventre de sa mère a déjà une capacité d’apprentissage mesurée par la réponse à une stimulation répétée qui reflète en fait la capacité du système nerveux central à apprendre à reconnaître un stimulus particulier. Ici, les chercheurs de l’University of New South Wales montrent que, selon ce critère, la consommation d’alcool pendant la grossesse peut nuire à l'apprentissage in utero du bébé. Ces conclusions, publiées dans l’édition datée décembre de la revue Alcoholism: Clinical & Experimental Research, encouragent à s’abstenir, même si elles montrent une grande diversité des effets de l’alcool selon les femmes.
Les chercheurs expliquent que l'accoutumance se réfère à la capacité d'un organisme à cesser de répondre à une stimulation répétée. Si la plupart des études sur les effets neurocomportementaux chez l’enfant, liés à l’exposition à l’alcool de la mère durant la grossesse ont été menées au cours de la période postnatale, cette étude est la première à examiner l'impact de la consommation d'
alcool de la mère sur l'accoutumance du fœtus ou ses capacités d'apprentissage, encore in utero.
Il est aujourd’hui bien connu que l'
alcool pendant la grossesse peut endommager le système nerveux central du fœtus, des effets qui dépendront aussi du calendrier de la consommation, du type, de la quantité et la durée d'exposition à l’alcool. Peter G. Hepper, professeur de psychologie à l'Université Queen de Belfast explique qu’il peut s'agir de capacités d’apprentissage et d’organisation réduites, de déficits de l'attention, d’une incapacité à mesurer les conséquences de ses actes. D’où des troubles du comportement et des difficultés sociales qui peuvent conduire à des problèmes scolaires.
«Cette étude a utilisé un processus d'habituation soit la capacité d'un organisme à cesser de répondre à une stimulation répétée qui reflète la capacité du système nerveux central à apprendre à reconnaître un stimulus particulier.
Alors que l'accoutumance constitue une forme de
base de l'apprentissage, il a déjà été démontré que les taux d'accoutumance sont modifiés si le fœtus est exposé à des niveaux réduits d'oxygène, au tabagisme maternel, à des sédatifs… », explique Leo chef, maître de conférences à l'Université de New South Wales. Dans cette expérience, les fœtus de 78 mères non fumeuses dont la consommation d’alcool a été renseignée, ont été exposés à un son fort de 2 secondes, transmis par un haut-parleur sur l'abdomen de la mère. Le son a été répété toutes les cinq secondes et la réponse du fœtus enregistrée. Au fur et à mesure de la répétition, la réponse du fœtus s'affaiblit et finalement disparaît. A ce stade, le fœtus est habitué. Les réponses du fœtus ont été évaluées à 3 reprises, à partir de 35 semaines de grossesse. Les chercheurs montrent, qu’au moment de l'exposition, l'
alcool affecte ce processus psychologique fondamental, l’accoutumance, qui contrôle le flux d'informations dans le cerveau et sous-tend ainsi un grand nombre de capacités psychologiques. Plus rapide est le processus d'habituation, plus nous sommes en mesure de traiter la « bonne information » en ignorant l'information non pertinente à laquelle nous nous sommes habitués.
Leurs résultats montrent que les fœtus de mères qui boivent régulièrement 5 à 10 verres par semaine, ou plus de 20 verres sur une semaine ou encore ont eu une consommation élevée sur une période de 2 à 3 jours mettrons beaucoup plus de temps à s'habituer aux stimuli.
Une trop grande variabilité pour la capacité d’apprentissage du fœtus : Pour un développement et un apprentissage « normaux », le cerveau du fœtus a besoin de stabilité et ce résultat suggère que l’excès d’alcool affaiblit cette capacité. « La stabilité dans le fonctionnement de notre cerveau est fondamentale pour notre capacité d’apprentissage, explique l’auteur. « En observant ces effets comportementaux avant la naissance, nous pouvons commencer à identifier les zones du cerveau touchées par l'
alcool et peut-être pourrons-nous développer des traitements », ajoute-t-il.
Enfin de grandes différences individuelles dans les effets, durant la grossesse, de la consommation d’alcool, sont constatées ici. Les auteurs soulignent cette « étrangeté » : « Certaines personnes dont les mères ont consommé beaucoup d’alcool durant leur grossesse peuvent en présenter très peu effets tandis que d'autres dont les mères ont consommé beaucoup moins d’alcool, des effets beaucoup plus importants. Mais, en observant le comportement du fœtus, il est possible de déterminer dans quelle mesure il a été affecté par l'exposition à l'
alcool ».