Dans son rapport annuel 2013, l'OFDT fait une typologie des consommateurs de
RC :
Le premier est celui
d’usagers proches de l’espace festif gay, traditionnellement consommateurs de substances psychoactives, en particulier en contexte sexuel. Familiers d’Internet, ils se procurent également ces produits lors de voyages dans différentes capitales étrangères. C’est dans ce groupe que sont observées les pratiques dites de «
slam » (injection intraveineuse de substances –
méthamphétamine,
cocaïne,
méphédrone, NRG-3 – dans un contexte sexuel « hard »), à Paris [201].
Le deuxième profil est celui de « connaisseurs »,
c’est-à -dire des usagers qui se perçoivent comme des pionniers en matière d’expérimentation de drogues. Leur démarche consiste à développer des stratégies de consommation pour éviter la dépendance et la tolérance à un produit, avec la volonté de jouer sur la perception. Certains, réunis en petits groupes, acquièrent les substances en commun sur Internet, un des
membres effectuant les achats pour l’ensemble. Ils partagent ensuite leur expérience entre eux ou avec d’autres, à travers des forums sur Internet consacrés aux produits psychoactifs, sous la forme de
trip reports (description détaillée et codifiée, écrite par un usager) des effets ressentis après la prise d’une substance psychoactive. Ces usagers initiés consomment en contexte privé et ne fréquentent pas nécessairement le milieu festif techno.
Le troisième profil est celui de
jeunes adultes, souvent déjà usagers de drogues et fréquentant l’espace festif alternatif techno. Ces consommateurs ont pu rencontrer les
NPS, parfois à leur insu, lorsque ces substances étaient vendues sous des noms de substances illicites classiques. Dans ce groupe, et dans l’espace festif en général, la diffusion des
NPS semble être en partie liée à la disponibilité et à l’image des produits illicites qu’en ont les consommateurs. Ainsi en 2009, la pénurie du précurseur de la
MDMA a amené les trafiquants à lui substituer un autre produit, la mCPP, vendue sous l’appellation «
ecstasy » [146].
Enfin, à partir de 2012, différents signalements d’intoxications permettent d’évoquer
l’apparition d’expérimentations de ces substances parmi un public plus jeune, constitué de personnes usagères occasionnelles de drogues, a priori socialement insérées, pouvant acheter sur Internet. Très peu sensibilisées aux messages de
réduction des risques, elles constituent à la fois le groupe le plus « à risque » du point de vue des conséquences sanitaires possibles de l’usage de
NPS, et celui que les vendeurs en ligne semblent particulièrement viser à travers leurs stratégies marketing.