Vapevent, la
cigarette électronique à l’âge de raison
Six mois après un premier salon réussi, en mars, Vapevent revient à Paris le 11 et 12 septembre. Beaucoup de choses ont changé entre ces deux dates. La directive de la TPD [ lire ici ] est entrée en vigueur le 20 mai et elle implique de nombreux changements, en tous points, dans la fabrication, la diffusion et la promotion des produits du
tabac, et donc de la
cigarette électronique.
Conséquence de l’interdiction de communiquer sur les produits de la vape, l’accès au salon est réservé aux professionnels. L’audience a donc réduit, mais l’ambiance particulière du salon perdure, tous les acteurs du milieu – 110 exposants qui représentent 200 marques – se connaissant de longue date.
Peu de « modeurs » pour cette édition, ces artisans qui créent des
cigarettes électronique d’art. Et c’est sans doute le principal effet des normes européennes. Les contraintes liées à la fabrication de vapoteuses ou de box sont devenues si fortes que la production en petites séries qui caractérise le « mod » français devient très complexe. Les modeurs ont donc disparu des salons, laissant la place aux mastodontes chinois, venus en nombre. Le reste du salon est occupé par les fabricants de liquides.
Tour d’horizon de quelques produits récents.
Chez
Fuu, producteur parisien, comme chez nombre d’autres opérateurs de ce jeune marché, on commence à s'adapter aux nouvelles normes européennes.
Jean Moiroud, le fondateur de la société, qui est aussi le président de la Fivape (l’association officielle qui représente la vape en France) constate que la TPD a rendu plus difficile la création de liquides, mais que «...le secteur est vraiment très concurrentiel, et le restera. Pour entrer sur le créneau, le ticket d’entrée est beaucoup plus cher, mais nous savons que les entrepreneurs et artisans français y arriveront. »
Pour le salon, ce sont quatre nouveaux produits que Fuu propose, dont un à
base de concombre, dont les arômes naturels sont composés à Grasse, à
base de véritables légumes, ce qui en fait un des arômes le plus cher du marché. Un autre liquide, la tartine, a nécessité près de 50 versions, pour arriver aux goût exacts que voulaient les créateurs.
Chez Bordo2, la société bordelaise à l’origine de quelques best-sellers comme la Baronne ou le
Dopamine, Olivier Medina, son fondateur, rejoint le point de vue de Jean Moirou. « La TPD est une bonne chose en France parce qu’elle va permettre de faire le tri. Mais au niveau international aussi, il y a plein de liquides américains chez nous aujourd’hui qui contiennent encore des choses qui ne sont pas très bonnes. Alors bien sûr on est pas très content d’avoir une fiole avec une tête de mort dessus mais cela va dans le bon sens. »
Sur un stand spectaculaire en forme de bouteille, les vendeurs présentent trois nouveautés, le
Dopamine Blue, une déclinaison du
Dopamine avec une
base de framboise menthe, le Vape Invader, un bonbon framboise façon Kréma, et le Pixel Vape, proche d’une barre de cacahuètes. Et comme la directive européenne impose un conditionnement à la vente de 10 ml, pour rester dans ce cadre tout en proposant la contenance habituelle de 20 ml, les boîtes sont fournies avec deux fioles de 10 ml.
Roykin est un très gros opérateur sur le marché des liquides. « La grande majorité des vapoteurs viennent du monde de la
cigarette, et leur premier réflexe sera d’aller vers des saveurs
tabac, nous dit Christophe Trouillas, le directeur marketing de la société. La vape en pur “lifestyle” représente moins de 1 % du marché français, alors que les saveurs
tabac représentent 60 %. Entre les deux, il y a nombre de vapoteurs qui ont passé le cap du
tabac et font des expériences de saveur »
Chez Bordo2, la société bordelaise à l’origine de quelques best-sellers comme la Baronne ou le
Dopamine, Olivier Medina, son fondateur, rejoint le point de vue de Jean Moirou. « La TPD est une bonne chose en France parce qu’elle va permettre de faire le tri. Mais au niveau international aussi, il y a plein de liquides américains chez nous aujourd’hui qui contiennent encore des choses qui ne sont pas très bonnes. Alors bien sûr on est pas très content d’avoir une fiole avec une tête de mort dessus mais cela va dans le bon sens. »
Sur un stand spectaculaire en forme de bouteille, les vendeurs présentent trois nouveautés, le
Dopamine Blue, une déclinaison du
Dopamine avec une
base de framboise menthe, le Vape Invader, un bonbon framboise façon Kréma, et le Pixel Vape, proche d’une barre de cacahuètes. Et comme la directive européenne impose un conditionnement à la vente de 10 ml, pour rester dans ce cadre tout en proposant la contenance habituelle de 20 ml, les boîtes sont fournies avec deux fioles de 10 ml.
Roykin est un très gros opérateur sur le marché des liquides. « La grande majorité des vapoteurs viennent du monde de la
cigarette, et leur premier réflexe sera d’aller vers des saveurs
tabac, nous dit Christophe Trouillas, le directeur marketing de la société. La vape en pur “lifestyle” représente moins de 1 % du marché français, alors que les saveurs
tabac représentent 60 %. Entre les deux, il y a nombre de vapoteurs qui ont passé le cap du
tabac et font des expériences de saveur »
La vape est à l’image du pays dans lequel elle se déploie ; les habitudes alimentaires conditionnent les usages. Chez les Américains, les saveurs sont très sucrées, avec une
base lactée qui est souvent considérée par le public français comme écœurante. Les Etats-Unis ont innové il y a quelques années, en avançant très vite dans la création de saveurs « gourmandes », essentiellement autour du petit déjeuner, et des desserts classiques américains (cookies, cheese cakes, strawberry candies…).
En Malaisie, l’autre grand pays de la vape au niveau mondial, on trouve des saveurs vraiment locales, à
base de taro et d’igname, et la chaleur du pays incite aussi à des goûts plus frais, comme la menthe ou le citron. La France à la chance d’avoir un patrimoine gustatif très riche.
Pour le salon, Roykin lance des saveurs
tabac, mais aussi un liquide très réussi « Ice tea pêche ». Une saveur plus originale inaugure une gamme “Roykin Lab”, dont le premier essai mélange le kiwi, le litchi et le cactus.
Enfin, Roykin fera la promotion de sa Refill Station, une machine en accès libre en boutique, qui permettra à l’usager de remplir ses fioles de liquides choisis par le marchand. Un concept malin qui contourne la norme de la TPD interdisant la vente de liquides en conditionnements supérieurs à 10ml.
Parmi les marque américaines connues de tous les vapoteurs, une des plus originales est Alien Vape. Son créateur, Mike Sari, est à contre-courant de tous les usages de ses compatriotes. Loin des saveurs très sucrées de ses concurrents, il a créé une saveur très douce. « Je n’aime pas les jus américains, j’aime quand c’est doux, tout le monde aime quand c’est doux, alors j’ai voulu faire un liquide qui plaît à tout le monde. »
Il n’avait qu’un seul produit à son catalogue, le Roswell. C’est à l’occasion de ce salon qu’il lance son nouveau produit, à
base de melon, l’Area51, malgré les contraintes récentes de la TPD. Mais quand on lui pose la question, il a un sourire : « En Europe, c’est facile. Si vous venez aux USA, vous verrez ce que difficile veut dire, la FDA est horrible [Food and Drug Administration, agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux]. »
C’est un concept original que soutient Enovap sur son stand à l’entrée de l’événement. Son appareil fait le tour des salons et des incubateurs depuis deux ans, après une levée de fonds spectaculaire sur un site de financement participatif. A l’origine, un projet de fin d’études, qui finit par décrocher la médaille d’or du concours Lépine en 2014, sur un concept simple, comme l’explique Aymard de Ravignan : « Pour le vapoteur, la question de la
nicotine est importante. En fonction de l’heure de la journée, en fonction de l’environnement, le désir de
nicotine peut changer, et pouvoir contrôler le taux est un vrai plus. »
L’appareil contient donc deux réservoirs, et deux résistances, et l’utilisateur peut choisir précisément le taux qu’il veut. Et il y a aussi la possibilité de placer des saveurs différentes dans chaque réservoir, pour obtenir un cocktail différent. Le prototype est fonctionnel, il ne manque plus maintenant qu’à lever des fonds pour passer à l’étape industrielle. Une application est connectée à la vapoteuse, permettant un suivi très précis des habitudes de consommation de l’usager, le nombre de bouffées, la durée, la quantité de
nicotine, les économies réalisées. Un mode automatique permet aussi, en fonction des habitudes de consommation du vapoteur, de programmer la vapoteuse tout au long de la journée.
Du côté de Vincent dans les Vape on s’intéresse aussi beaucoup à la
nicotine. Bien sûr, la société VDLV, qui s’est imposée comme un acteur incontournable dans la création de liquides, propose nombre de produits, et plusieurs « juke vape » sont là pour montrer l’étendue de la gamme. Mais c’est la mise en application de ce qui avait déjà été annoncé il y a un an et le passage à la production de
nicotine française « verte » qui fait sensation. Cette
nicotine est réalisée dans la région bordelaise à partir de plans de
tabac locaux, et extraite selon des principes qui évitent les solvants liquides (comme le dichloromethane) utilisés partout ailleurs. Le résultat, dit Charly Pairaud (un des fondateurs de VDLV et vice-président de la Fivape) est une
nicotine de meilleure qualité, moins nocive pour l’usager et qui dispose d’une saveur particulière. Tellement particulière que la société va la proposer telle quelle à ses clients dès que le liquide aura été certifié, au début de 2017. Et ce n’est que le début de l’aventure, car la France dispose de la plus grande granothèque mondiale dans le domaine du
tabac, un énorme potentiel d’expérimentation en perspective.
Pas de tiramisu au menu des liquides italiens proposés par la société Supreme, mais des saveurs assez simples, dans des packagings très originaux. Cette société originaire de Venise est à la recherche de distributeurs en France, après s’est adaptée au marché italien, qui ressemble au marché français, avec une
base importante (plus de la moitié) de « primo-vapoteurs » attachés au goût
tabac. Un vrai travail de différenciation dans un univers qui joue souvent la carte de l'exubérance et des couleurs.
Que dit la Directive des produits du tabac ?En avril 2014, l’Europe a élaboré une directive, connue sous le nom de
DPT (Directive des produits du
tabac) et dont la mise en application doit être effective au mois de mai 2016. Cette directive donne un cadre très précis, et traite point par point de problématiques multiples, toutes associées au
tabac.
En voici le détail (pour ce qui concerne la
cigarette électronique) :
• interdiction de toute publicité incitative
• interdiction de vendre des cartouches préremplies de plus de 2 ml
• interdiction de vendre des liquides en conditionnements supérieurs à 10 ml
• taux de
nicotine ne pouvant pas excéder 20 mg/ml
• interdiction de la vente en ligne
• déclaration de mise sur le marché de nouveaux matériels et liquides et de mise en conformité, procédure payante, qui devra être renouvelée pour tous les pays
• attente de six mois avant la commercialisation du produit, une fois qu’il a été agréé.
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/grands-formats/vi … mBR3v9i.99