Question extrêmement intéressante de Tagada : est-ce utile d'arrêter la codéine?Ou tout autre opiacé...Tag : "En lisant certains de vos commentaires, je me suis interrogée. Est-ce que la
codéine nuit vraiment à ma vie au point de m'en défaire? J'ai toujours aimé mes comprimés, je les adorent même! Ils sont ma béquille, mon boost nécessaire à me sentir légitime dans cette existence. Ils me rendent gaie, sociable et plus sûre de moi. Alors pourquoi arrêter? Après réflexion, hormis pour le fait de rentrer dans une case qu'on veux me faire croire comme étant la seule "normale", je ne vois pas. "
C'est une excellente question Tagada.
Je ne peux que te donner mon sentiment personnel que je vais développer car il intéresse beaucoup de monde ici et je ne l'ai jamais donné auparavant sur le forum. On peut appliquer le même raisonnement au niveau d'un éventuel
TSO ou de n'importe quel usage d'
opiacés.
1) Au niveau purement pratique, le niveau grossier des choses :Si tu as une dose stable de
codéine, si mettons depuis 6 mois tu vois qu'elle n'a pas bougé et si tu constates qu'effectivement ta vie est meilleure avec que sans, alors les raisons médicales d'arrêter sont faibles. Je veux dire on emmerde beaucoup moins un fumeur qui a pourtant 50% de chances d'en crever, et même s'il en crève pas de mourir plus tôt et de vivre moins bien, qu'un consommateur de
codéine à dose raisonnable et qui ne va probablement ni en mourir ni mourir prématurément à cause de ça. L'impact négatif sur la santé existe mais il est très faible, si faible qu'on peut se demander dans le cas où la
codéine améliore réellement la qualité de vie, si ce n'est pas même l'inverse : il parait que les gens heureux vivent plus longtemps. On n'a aucune étude qui indique qu'un addict à la
codéine à des doses faibles (on va dire jusqu'à une boite par jour, peut-être même plus) et régulières et SANS
PARACETAMOL, va vivre moins longtemps ou plus mal. Rien, il n'y a... Rien.
Il y a deux problèmes sérieux avant de tirer des conclusions de cette affaire et un problème moins sérieux, commençons par le problème mineur :
(a) Risque pour la santé peut-être sous-évalués.Évidemment on peut imaginer que c'est parce qu'on manque d'études que l'on ne sait pas que la
codéine est dangereuse. Si ça se trouve la
codéine à petite dose régulière au long de la vie va réellement impacter la santé sérieusement. Il est dit qu'elle est toxique pour le foie et les reins. Bon c'est vrai, mais on sait que certaines personnes pour qui le foie est faible ou déjà trop mis à mal par d'autres problèmes, vont peut-être mourir prématurément à cause de la
codéine. Peut-être quelques problèmes de ce genre. Mais du moins on sait si c'est le cas que c'est assez marginal. N'importe quelle personne qui arrêterait de boire de l'
alcool abusivement pour la remplacer par la
codéine allongerait considérablement son espérance de vie, cela ne fait aucun doute. Donc je dis que le risque est sans doute réel mais probablement trop faible pour être vraiment un problème critique qui justifie d'arrêter absolument la
codéine si elle nous permet de vivre mieux. Il y a quand même beaucoup d'études sur les impacts des
opiacés sur la santé et la conclusion est assez unanime (hors overdoses) : entre pas du tout et un petit peu. Bref rien d'alarmant au point de justifier une diabolisation pareille. Donc problème mineur. (Enfin si on parles des autres
opiacés, et des modes de consommation plus rapides, les dangers deviennent plus sérieux.)
(b) Manque d'objectivité potentielle sur l'amélioration due à la codéine.C'est très facile de dire "la
codéine me rend plus joyeuse, m'aide à vivre etc". Mais c'est bien plus difficile à prouver. On a tendance à toujours justifier ce qu'on aime faire. Et bien entendu quand on vient de prendre la
codéine on est joyeux et tout. Facile de conclure que ça nous aide. Mais si on ne prenait pas de
codéine du tout, peut-être qu'en moyenne on serait tout aussi joyeux et qu'on ferait aussi facilement le ménage etc. Il faut y penser : peut-être bien que la
codéine améliore la situation sur le moment pour en réalité l'aggraver le reste du temps et qu'au final, on a une moyenne équivalente ou inférieure avec la
codéine. Je ne dis pas que c'est le cas! Je suis convaincu que pour certains usagers, par exemple pour certaines douleurs qui sont éliminées, ou certaines dépressions qui sont soignées de cette façon mieux que par tous les autres traitements, la
codéine améliore réellement la qualité de vie. Mais je dis : faites attention avant de conclure que c'est le cas pour vous. Si vous n'aviez jamais accroché à la
codéine, seriez vous réellement plus tristes et moins enthousiastes? C'est pas sûr DU TOUT. Vous ne pourrez pas le prouver de toutes façons, alors ça mérite une introspection sérieuse et beaucoup d'honnêteté. Notre cerveau fonctionne d'une façon telle qu'il est persuadé que la
codéine est bonne, mais il élimine de son ressenti l'effet long terme. On sait par exemple que les fumeurs ont besoin d'une
cigarette pour calmer leur anxiété. Ils concluent que la
cigarette calme l'anxiété. Pourtant les études ont prouvé que si c'est vrai à court terme, en réalité, les
cigarettes augmentent l'anxiété. si ils arrêtaient de fumer, ils seraient beaucoup moins anxieux.
(c) Préjudice de la dépendance en tant que telle. toute dépendance cause certains ennuis. Ce n'est pas parce que c'est pas la
codéine elle-même qui cause certains problèmes, qu'il faut pour autant nier ces problèmes et les sortir de l'équation. Par exemple si vous voulez voyager à l'étranger, votre dépendance va vous causer des problèmes : difficultés d'approvisionnement, voire illégalité. vous subissez en permanence les risque de nouvelles règlementations qui vont rendre la consommation encore plus difficile. Vous dépendez aussi de l'argent pour soulager cette dépendance. Etc. en ce moment par exemple vous subissez de plein fouet ce problème. Stress, angoisse etc. parce que votre dépendance est menacée. D'une manière générale si vous supportez mal la culpabilité, même si c'est pas la faute de la
codéine, mais celle de l'immoralité injuste qui l'entoure, il n'empêche que sans votre dépendance, vous n'auriez pas ces ennuis. Bref on ne peut pas contester qu'une dépendance signifie une menace permanente de privation, et que cette menace cause des préjudices à la personne dépendante.
Maintenant ces trois points ne signifient aucunement que votre consommation et la dépendance à la
codéine est problématique globalement néfaste. Elle pose des problèmes. Récemment j'ai essayé d'aider une sans-abris. Elle n'était pas très respectueuse et a mis dans les toilettes ce qui traditionnellement les bouche. Ma compassion pose donc des problèmes. Dois-je pour autant arrêter de vouloir aider les gens? Non. Je ne vois aucun sens à la vie sans cela parce que tout ce qu'on accumule pour nous on le perd à la fin, c'est un non sens de vivre seulement pour soi et ça rend malheureux.
Il faut clairement comprendre que dans la vie tous nos choix apportent des problèmes, et que c'est une question de peser le pour et le contre. Le fait que la
codéine pose des problèmes ne signifie en rien qu'il faut l'arrêter. Il faut juste évaluer correctement les risques et les bénéfices et faire son choix librement, de façon logique et éclairée.
Ici je peux apporter mon témoignage personnel car j'ai deux utilisations des
opiacés : Médicale et récréative.
(a) Je suis sous traitement opiacé pour des raisons médicales. Le traitement pose des problèmes et il est clair que j'ai un immense soulagement avec une dose adéquate d'
opiacés, mais du coup quand je ne suis pas sous
opiacés, il y a une hyperalgie. Les douleurs sont aggravées. Dans l'ensemble il est très difficile d'évaluer dans le cas de douleurs chroniques si les
opiacés améliorent réellement ou pas. J'ai beaucoup réfléchi et je pense que globalement il y a une amélioration réelle mais pas si énorme que ce que le cerveau veut bien croire quand il associe la dose au mieux-être. Quand je compare avec ma période avant le traitement, il me semble que c'est globalement vraiment positif. Mais je n'en au pas la preuve et ce n'est pas AUSSI positif que ce que le soulagement d'une dose d'
oxycontin par exemple suggère.
(b) J'utilise les opiacés pour des raisons récréatives. Avant le traitement j'utilisais les
opiacés de temps en temps, mettons 2 ou 3 fois par mois, pour le trip que j'adore, les produits utilisés sont :
codéine,
héroïne. Les autres produits ne sont pas assez intéressants pour moi dans leur aspect récréatif, à part peut-être la Sophidone (hydromorphone). Dans l'ensemble je crois que cet usage est légitime, justifié par un réel plaisir et j'ai bien étudié les conséquences néfastes, notamment la
descente etc, et je crois qu'au rythme de mon usage, comme je tends à utiliser des doses très raisonnables, il n'y a pas de
descente, pas d'effet négatif. Depuis le traitement, hélas, le plaisir récréatif a beaucoup diminué à cause de la tolérance et de l'usage répété. Le rush de la
codéine est si faible qu'il n'est plus récréativement recherché (même s'il est encore agréable) et mon usage récréatif se limite à des extras où je prends plus d'
héroïne que ce que les douleurs nécessitent, afin de planer un peu. Mais je n'ai plus le flash que j'avais avant le traitement. Je suis donc bien placé pour savoir que l'usage récréatif est optimal quand on est un consommateur occasionnel. Si on reste à deux ou trois sessions par mois pour le plaisir, alors c'est particulièrement génial. Si on en prend tous les jours, franchement, c'est plus du tout pareil. Dans mon cas disons que j'ai été forcé de renoncer à l'optimisation récréative.
2) Au niveau plus subtil, la consommation de codéine est-elle si bénéfique?Tagada : "Or si c'est aux yeux du monde et de la société que je dois arrêter, et non pour mon bien être, pourquoi faire ce sacrifice? Au nom de quoi et de qui?"
Ici les réponses ne peuvent être que subjectives. Mais comme ça reste quand même la question, je suis obligé de m'y plier et d'essayer de voir les choses de façon ouverte, non dogmatique.
Mais pour y répondre je suis forcé de faire une rapide étude du sens même de la "morale".
(a) La moraleLà on aborde un aspect plus délicat. Parlons de la morale. Théoriquement la morale devrait être une sorte de guide. Initialement la morale est en fait une doctrine (doctrine veut dire enseignement, ce n'est pas un mot religieux, rien à voir avec le dogme) qui est développée par les personnes les plus sages. Par exemple (en fonction des sociétés) ça peut être les anciens, ceux qui ont beaucoup d'expérience et qui n'ont plus d'ambition susceptible de les rendre malhonnêtes. Ca peut être aussi ceux qui ont un contact supposé authentique avec l'au-delà : les chamanes, les prêtres, etc. Ou encore des personnes illuminées, qui ont une connaissance directe supposée authentique de ce qui permet à un homme ou a une société de vivre en harmonie : prophètes, messies, avatars, éveillés, bouddhas, sages, grands philosophes. La question n'est pas de savoir s'ils sont réels (c'est une très intéressante question mais ce n'est pas notre sujet) mais c'est de comprendre que la morale originellement est censée être un guide pour vivre heureux. Même si on ne croit pas en l'existence d'illuminés ou de contact des chamanes avec l'au-delà, on peut facilement supposer que comme dans tout domaine de la vie, certaines personnes sont plus compétentes que d'autres quand il s'agit de la méthode pour trouver le bonheur et l'harmonie. Quand on veut apprendre le piano, on va voir une personne qui sait jouer, quand on veut apprendre à vivre en harmonie, on va voir celui dont on pense qu'il sait le faire. Peu importe si on l'appelle chamane, Bouddha ou philosophe, s'il n'est pas lui-même heureux et harmonieux, il n'a aucune raison de savoir nous enseigner à l'être! D'où la doctrine -> l'enseignement. Or dans la pratique, la morale n'est plus du tout une doctrine du bonheur mais est surtout un organe de contrôle des autres et des masses.
Donnons un exemple concret. Beaucoup de sages, d'illuminés et de philosophes sont parfaitement d'accord pour dire qu'une personne qui ne vit que pour assouvir ses désirs ne peut pas trouver le vrai bonheur de la paix intérieure. Quelqu'un qui vole pour avoir ce dont il a envie ne va pas être heureux, il découvrira que ses envies enflent d'autant plus qui les assouvit, et il va vouloir toujours plus et se perdre lui-même dans sa course au matérialisme. Voilà ce que nous disent les "sages". Dans ce cas il apparait une "morale" du type : tu ne voleras point. (C'est un exemple parmi tant d'autres, je pourrais citer plein d'autres choses que les sages ont enseigné de façon très stable à travers les âges et les cultures, ce serait passionnant d'en faire la liste, mais hors sujet). "Tu ne voleras point" dans ce contexte n'est pas une morale au sens où on l'entend actuellement. C'est une instruction pour nous guider vers notre propre bonheur. Il y a ainsi toute une doctrine de sagesse qui est curieusement très stable d'une civilisation à l'autre, d'un grand sage ou prophète à l'autre, même quand ils sont à l'autre bout du monde et n'ont pas eu de contacts entre eux. Cette stabilité laisse penser que l'illumination est peut-être réelle, sinon pourquoi les enseignements seraient-ils les mêmes aux antipodes géographiques alors qu'ils sont pour la plupart assez en conflit avec la logique ordinaire (par exemple le voleur lui trouve logique de penser qu'il sera plus heureux s'il vole ce qu'il a envie). Mais n'entrons pas dans ce débat et contentons nous de constater qu'avant la morale que nous connaissons, il y a un enseignement qui vise simplement à nous permettre à nous humains, de vivre heureux. Cette enseignement est une doctrine qui devient une morale au fur et à mesure qu'il est mal compris par les personnes qui s'intéressent plus à leur nombril qu'à une éventuelle vérité spirituelle qui mènerait à faire l'expérience de la paix divine en suivant la doctrine. Et la morale devient quelque chose de bien moins merveilleux et idéaliste. Si la morale dit "tu ne volera point" ce n'est plus dans le but de guider l'autre vers le bonheur, c'est surtout parce qu'on n'a pas envie que l'autre nous vole. Bref la doctrine une fois retraitée au moulinet de l'individualisme de chacun devient une morale qui véritablement ne fait plus rêver à quelque divine vérité, mais s'impose par une pression, la peur de la punition. Honnêtement, même si on suppose qu'il y avait une part de divin dans la morale à l'origine, il saute aux yeux que la morale que nous connaissons aujourd'hui n'a plus la moindre légitimité divine. Quant à ceux qui supposent qu'elle n'en a jamais eu, la conclusion devrait être la même.
Faut-il écouter une telle morale? Non. Il faut penser par soi-même. Si je ne fais de mal à personne, pourquoi suivre des préceptes inventés par d'autres uniquement pour me contrôler?
Il ne faut pas faire de mal aux autres et il ne faut pas non plus sous-estimer la puissance de cette morale creuse qui s'impose par la peur. Si on ose montrer qu'on s'en affranchit, on risque l’opprobre des foules qui s'y soumettent par peur et ont peur de ceux qui ne s'y soumettent pas. Le comportement vis à vis de cette morale creuse doit être très prudent : intérieurement, il faut s'en libérer totalement, mais extérieurement, il faut faire attention. Bien entendu, notre bienveillance nous poussera à vouloir aider les autres à s'en libérer aussi, mais toujours avec prudence pour deux raisons :
- Certaines personnes lorsqu'elles s'en libèrent vont devenir incontrôlables (elles ne comprennent pas le respect sacré de l'autre).
- D'autres ne veulent pas s'en libérer et vont simplement tenter de vous faire du mal.
Donc ne manifestez votre indépendance vis à vis de la morale creuse que de façon prudente, et en fonction de votre solidité face à la critique. Concrètement, si vous décidez de continuer votre consommation de
codéine dans votre coin, il faudra faire attention à qui vous le racontez. A la personne prête à ouvrir son esprit à ce que l'autre peut lui révéler, dites-le. A celle qui ne cherche que des occasions d'enfoncer les autres pour se sentir moins misérable, ne le dites pas.
D'une façon générale, je vous demande d'observer à quel point nos réactions sont dictées par notre peur de sortir des clous de la morale.
(b) La doctrineSi vous estimez qu'il n'y a pas de sens supérieur derrière la vie, vous n'avez pas besoin de lire ça, le reste du message suffira pour vous faire votre opinion.
Maintenant supposons qu'il existe vraiment des choses à savoir sur la manière de vivre heureux et en harmonie avec la vérité. Que dit la doctrine subtile? Que disent "ceux qui savent"? (doctrine veut dire enseignement, ce n'est pas un mot religieux).
Malheureusement je ne suis pas l'un d'eux, et même si je l'étais, le fait de le proclamer ici me discréditerait d'office. Il ne faut jamais croire les gens que prétendent détenir la vérité. Aucun sage -s'il en existe- ne le fera jamais. Socrate disait : "tout ce que je sai sc'est que je ne sais rien". C'est seulement quand on leur pose une question qu'ils prennent la peine de répondre de façon éclairée, mais c'est seulement si soi-même on constate que cette personne est une expression d'harmonie et de bonheur qu'il faut se fier à ses conseils. Pas parce qu'elle parle avec prestance ou qu'elle utilise des mots compliqués ou qu'elle parle plus fort que les autres.
Puisque je ne peux pas vous dire ce que dit la doctrine, je peux quand même vous dire ce que je pense. Je précise juste que ça n'a aucune valeur absolue, seulement celle que vous avez envoie de lui donner et seulement pour vous.
Et bien je pense moi que c'est une question compliquée qui n'a pas de réponse générale. Si je pensais qu'elle est néfaste par essence je ne l'utiliserais pas. Néanmoins je ne crois pas une seconde qu'elle soit bénéfique spirituellement. En apparence, elle semble faciliter la
méditation etc. Dans la réalité les personnes expérimentées dans ce domaine la déconseillent clairement si elle n'est pas nécessaire. Dans le monde des pratiques spirituelles telles que le yoga pu la
méditation, la vraie valeur n'est pas dans le fait de réussir à méditer, mais dans le fait de vaincre notre rigidité, notre fermeture d'esprit pour l'ouvrir réellement à la réalité. Or si nos difficultés sont cachées -notamment pas les stupéfiants- alors ces difficultés ne peuvent pas être résolues par notre travail. Quant à la souffrance c'est complexe. Si on souffre trop on ne peut pas travailler, pourtant la souffrance est ce qui nous rappelle qu'il faut travailler. Quand on ne souffre pas on ne cherche pas les solutions à la souffrance. Donc si on reste anesthésié, notre vie nous échappe sans que nous ne puissions profiter de ces inestimables difficultés de la vie qui sont des bénédictins pour nous, en tant qu'occasions de nous transformer. On prend l'exemple d'un forgeron qui ne peut forger une lame solide et belle qu'en tapant fort dessus et en la travaillant sans cesse, sans relâche. Les difficultés de la vie sont des opportunités extraordinaires de révéler notre incroyable talent caché, notre divine et merveilleuse inspiration intérieure. C'est aussi quand on a énormément souffert soi-même qu'on peut comprendre la souffrance des autres et les aimer de façon inconditionnelle. Il semble selon les pratiquants du yoga que pour des raisons similaires, l'abus d'
opiacés est proscrite. L'énergie des chakras du crâne diminue et le travail ne peut pas se faire correctement. La circulation générale de l'énergie est aussi moins efficace.
Même avec ces observations je ne peux pas répondre de façon arbitraire et générale. Je pourrais donner des avis sur chacun individuellement mais ce serait horriblement orgueilleux et sans doute pas très utile. Je peux par contre donner ma propre manière de procéder, ce n'est pas suspect de vouloir imposer mes croyances aux autres puisque je ne fais que m'exposer avec mon ressentit tel qu'il est.
-> Dans mon cas, je souhaite continuer d'utiliser les
opiacés de façon récréative, mais occasionnelle, très occasionnelle. Je n'ai pas vraiment d'explication, à part que j'adore la culture subversive qui entoure les
opiacés, et j'adore les consommateurs eux-mêmes parce que je crois qu'ils cherchent la paix secrète intérieure, je crois que les
opiacés ont une dimension mystique bien qu'il ne faille pas prendre leur effet pour une réussite mystique. En revanche j'aimerais plus que tout pouvoir me passer d'eux pour les raisons médicales. J'aimerais vraiment énormément me débarrasser de cette utilisation quasi quotidienne qui au final me gâche le plaisir récréatif. Pour ces raisons je me force à supporter la douleur régulièrement et ne les utilise que lorsque la douleur devient un tel handicap que je ne peux plus rien faire d'utile et ne peux plus non plus faire face à la vie quotidienne. J'ai beaucoup souffert, je ne regrette pas un seul instant de la souffrance que j'ai endurée et quand je la fais taire par les
opiacés, c'est seulement quand il le faut pour pouvoir me comporter de façon positive et utile aux autres, au monde, à moi-même.
Et si je procèdes ainsi bien entendu je suis tenté de proposer la même chose. Avec un peu de compassion pour soi-même, je crois que si l'absence d'opiacé risque de révéler un handicap important, par exemple de vous plonger dans la dépression, alors ce n'est que sagesse et devoir sacré de maintenir le traitement. en revanche si vous pensez que vous pouvez vous en passer, peut-être découvrirez-vous que les difficultés qui apparaissent alors sont positives, sont des occasions de se remettre en question et même si c'est pas agréable, la remise en question est pour moi l'humain dans ce qu'il a de plus digne, de plus divin, de plus beau et de plus humain. En ce sens la douleur n'est pas pour moi une ennemie mais au contraire une vieille amie de notre espèce humaine.
3) Conclusion.Je préfère laisser ça comme ça, personne n'a le droit de conclure pour vous. S'il y a des choses utiles pour vous, alors appropriez-vous-les sans dogmatisme et n'imposez jamais vos conclusions aux autres.