Bonjour,
Changement de rubrique aujourd’hui, je ne poste pas dans
alcool parce que je ne veux pas tout imputer à l’alcool, mais je suis un peu perdue justement.
Ça fait des années que je vis une relation tordue avec l’alcool, c’est-à-dire que j’ai toujours su que je n’en consommais pas toujours de façon totalement anodine : souvent un peu plus que les autres, parfois un peu en cachette… Jamais de très gros écarts à 360 mais un comportement alarmant.
Plusieurs fois j’avais consulté des addictos mais je repartais toujours la fleur au fusil. Un petit rappel des règles de l’OMS et c’est tout bon.
Mais là c’est plus la même. Cet automne j’ai eu une consommation bien plus importante qu’auparavant. J’avais explosé tous mes cadres. En parallèle je traversais une crise de couple intense.
En janvier, j’ai eu très peur, je me suis dit que si je continuais comme ça j’allais droit dans le mur et dans mon couple et dans ma vie, bref j’ai entrevu que j’allais tout perdre.
Mon conjoint est un homme que j’estime, un papa formidable mais un taiseux rancunier. Bien sur ceci est mon ressenti, je vous donne ma version des choses. J’aimerai connaitre la sienne mais il n’arrive pas à me la donner.
Au fil du temps la communication est devenue de plus en plus difficile. Les non-dits se sont installés et avec la frustration. J’étais très amoureuse de lui malgré nos différences mais je souffrais de son manque d’investissement dans la relation.
Mon amour pour lui a contribué à ce que je ne développe pas une addiction encore plus forte à l’alcool. D’une part parce que lui était raisonnable bien que bon vivant et d’autre part parce que j’ai toujours essayé de faire attention.
Il m’a reproché à plusieurs reprises de boire trop, toujours en mode acerbe et à chaque fois je me sentais plus bas que terre.
Cet automne c’était différent, je me suis rendue compte que notre couple était sérieusement en danger car je me suis désinvestie de la relation. Je n’étais plus amoureuse de lui et ce constat m’a beaucoup peiné. Je lui en ai fait part en m’exprimant en JE en utilisant les outils de la CNV rien n’a changé. Même physiquement nous nous sommes éloignés puisque j’étais souvent moteur aussi à ce niveau.
Bref, en janvier j’ai décidé de vraiment prendre soin de moi. De traiter ma dépendance psychologique avec en arrière-plan l’idée d’être plus forte s’il fallait le quitter.
Je lui ai dit que je prenais un rdv avec un addicto, j’ai admis que j’avais un souci dans ma relation à l’alcool, je le lui ai dit.
Depuis que je travaille avec un addicto en
CSAPA, mon histoire avec l’alcool évolue. C’est compliqué, long, mais j’avance. J’ai beaucoup diminué déjà et je passe par pleins de phases différentes : la joie de ne pas boire plusieurs sans soucis, la joie de maitriser les apéros, et puis l’analyse des alcoolisations « craviniques », celles qui ne font peur mais qui sont de moins en moins fréquentes.
Mon conjoint a bien constaté que je prenais en main mais notre relation ne s’est pas améliorée beaucoup pour autant.
Et puis dans ce climat « spécial mais pas invivable non plus » il y a deux jours : patatras ! En se brossant les dents ensemble dans la salle de bain je vois qu’il prend une bouteille de despe de 33 cl planquée dans l’armoire et qu’il la vide dans l’évier.
Je ne savais même pas qu’elle était là …. Je l’avais oubliée depuis super longtemps. Ça a été la douche froide. C’était la première fois que cela arrivait. Il le savait depuis 10 jours mais ne m’avait rien dit. Comme la fois où il était tombé sur mon journal et n’en avait pipé mot. Il n’avait pas fouillé, je ne l’avais sans doute pas assez planqué inconsciemment.
Il était froid et distant en me disant qu’il ne savait pas quoi faire avec une femme alcoolique puisque je ne l’écoutais pas en adoptant une consommation « acceptable ». Mais c’est bien là mon problème, c’est que je suis en chemin pour une consommation acceptable telle que je la définirai que ce soit avec ou sans
alcool.
Il m’a dit qu’il fallait qu’il en parle à quelqu’un parce qu’il en avais raz-le bol. Je comprends tout à fait cette démarche et je suis même contente qu’il veuille se faire aider mais d’un autre côté ça stigmatise totalement mon addiction.
Vu notre contexte je ne sais plus quoi penser, bien sûr que c’est important de se faire aider mais je ne sens aucune bienveillance à mon égard à ce sujet.
J’aimerais tant pouvoir réamorcer le dialogue, ce que je tente de temps à autre soit par le geste soit par les mots. Lui expliquer ce que je ressens, les craintes que j’ai mais je me sens seule et stigmatisée dans ma quête de sérénité face à l’alcool et ma vie personnelle avec ou sans lui.
J’avais envie de partager ceci avec vous parce qu’il est parfois difficile de démêler les relations amoureuses des addictions.
Dernière modification par koulponk (29 mai 2018 à 13:53)