Je peux me tromper mais je pense que l'envie c'est une partie de notre cerveau qui hurle qu'il veut sa dose de ce qu'on prend d'habitude. On peut avoir cette envie alors même qu'on est motivé pour un
sevrage et qu'on ne craquera pas.
Mon addicto me dit souvent qu'il faut distinguer ces 2 parts de nous même, notre volonté, notre personnalité qui nous conduit à faire des choix en pleine conscience et une part de notre cerveau plus enfouie qui contient des instincts plus basiques dont le goût pour les
opiacés et le désir de ne jamais en finir avec.
J'ai ressenti ce conflit pendant tout mon
sevrage et dans une certaine mesure il est toujours là car j'ai fini mon
sevrage dégressif de la
codéine, je n'ai pas de
craving mais pourtant j'ai encore, 9 mois après, des manifestations physiques qui seraient intenses sans les 10mg de
valium que je prends le soir (énorme tension physique, nerveuse et donc méga insomnie). C'est une part de mon foutu cerveau qui refuse de lâcher prise et qui m'a conduit il y a moins de 10 jours à disjoncter de plaisir en buvant un malheureux cocktail, c'était délirant.
C'est pour ça que je crois beaucoup aux activités capables de provoquer du plaisir chez nous en mobilisant totalement notre attention, nos pensées et/ou notre corps. Dans une mesure, on nourrit la partie de nous qui attend sa dose et on oublie son envie ou pour moi ses désagréments physiques.
J'ai cité le jeu vidéo car je reconnais que ça marche incroyablement bien pour moi même si ça peut paraitre puéril comme activité quand on est adulte. Il ne s'agit pas d'y passer la nuit mais d'y passer 1H/1H30 quand ça tangue, en bannissant les jeux en ligne qui sont addictifs.
Il faut juste trouver quelque chose qu'on aime qui nous fasse du bien et qui nous mobilise assez pour que la machine à mouliner des pensées cesse sa ronde. La lecture, un bon film, série ou documentaire, ce n'est pas assez pour moi car je reste en partie passive.
Je crois que les plus raisonnables ont raison d'évoquer le sport et je reconnais que je pratique un peu d'activité quand même. Je vais marcher dans un lieu où je vais mobiliser mon côté contemplatif de la nature, un parc, une forêt. Je me suis payée un abonnement au muséum d'histoire naturelle que je visite et revisite, je vais au jardin des plantes, au parc zoologique de Vincennes et je passe des heures à m'émerveiller sur les plantes, les animaux, leur comportement (depuis qu'il a été refait, le parc n'est plus une horreur avec des lions en cage qui tournent en se bouffant les poils de la queue).
Bref, je pense que chacun peut trouver en soi une ou plusieurs activités qui vont être assez mobilisatrices pour oublier un temps ses misères...