Témoignage suite à l'arrêt de consommation

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OriTheTor homme
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Bonjour à tous,

Je souhaite apporter mon témoignage en ce qui concerne l'arrêt total de consommation d'héroïne. Ayant été presque démoralisé par les témoignages présents sur le net, j'ai failli ne jamais franchir réellement le cap tellement j'étais persuadé qu'il était totalement impossible d'arrêter la came. J'aimerais donc contribuer à motiver les futurs personnes qui souhaitent décrocher totalement de l'héro, car on voit peu de témoignages positifs sur les sites spécialisés alors qu'il faut justement garder espoir et se persuader qu'il est tout à fait possible d'en sortir. J'en suis la preuve vivante et en essayant un peu d'aller voir autre part que sur internet je me suis rendu compte qu'il y avait justement beaucoup de gens qui arrivent à s'en sortir, avec un bon accompagnement et
en respectant certains points qui sont à mon sens indispensables pour éviter une rechute, qui complique encore plus nos futures tentatives.

Attention je ne dis pas que mon cas est une généralité, mais si ça peut redonner espoir à ceux qui doutent trop, ce sera toujours ça de gagné.

Je vais commencer par mon histoire. J'ai 35 ans et je suis quelqu'un qui a connu les drogues dures relativement tard, sur les coups de 25 ans. J'ai commencé par le bédo très tôt (14-15 ans) et j'ai arrêté à peu près quand j'ai commencé les drogues dures. Je prenais assez régulièrement des drogues dites "festives" (coke, taz & MD, LSD & champotes et un peu de kétamine même si je n'ai jamais trop aimé me rapprocher du khole comme certains peuvent kiffer...). Au bout de quelques années j'ai découvert l'opium qui me plaisait beaucoup, surtout pour mieux supporter les redescentes lorsque j'abusais un peu trop de tout en même temps. J'ai tout de suite su que c'était LA drogue qui me correspondait le plus : des sensations très agréables, sans perdre le contrôle, pas de redescente et un sommeil parfait et très reposant.
AU début c'était assez rare, jusqu'à ce que je comprenne bien comment fonctionnait le Darknet.
Je suis tombé dans l'héro avec le Dark très rapidement. En 2/3 semaines c'était cuit pour moi et j'ai commencé à consommer quotidiennement, toujours en trace. Je n'ai jamais testé de la fumer ni la seringue, ça me suffisait largement de la taper en traces.
Au début je consommais assez peu (2 traces par jours pendant 2 mois, un peu plus les week end) et j'avais l'impression de pouvoir contrôler ma consommation car elle ne me coutait pas très cher et elle était assez faible. Sauf qu'au bout de ces 2 mois ça commençait à ne plus rien me faire, donc j'ai augmenté les doses petit à petit. Je pensais que je pourrais me sevrer à la dure car j'avais pris l'habitude de ne consommer que le soir en rentrant du boulot. Au bout d'un moment je commençais à ressentir une désagréable sensation après manger qui s'accentuait semaine après semaine, jusqu'à ce que je soit obligé d'entre prendre au travail. Une fois, la livraison du Dark a pris du retard et je suis tombé en rupture pendant 48h environ. J'ai tellement mal supporté le manque que j'ai décidé après de ne plus être jamais à court, en commandant toujours assez pour me débrouiller à avoir au minimum 15g de secours au cas où il y avait un problème de livraison. Ca me laissait le temps de recommander, même si je n'ai plus eu un seul soucis de ce genre pendant mes presque 2 ans  de conso.

Cette crise de manque m'a tellement déboussolé, m'a tellement déprimé que je suis allé voir mon toubib qui m'a arrêté pour dépression. A partir de ce moment là (au moment de mon arrêt de travail) je consommais environ 1 à 2g par jour. J'avais mis de côté pendant presque 10 ans avant, et j'ai presque tout dilapidé en héro ces  lors de ces 10 mois (environ 6.000 euros...). Je prenais par 30/40/50/ 60 grammes voir plus si c'était plus intéressant, ça tenais entre 2 semaines et 1 mois suivant la quantité.

Ces 10 derniers mois de conso ont été très durs psychologiquement, je culpabilisais de ouf (sauf les 2 ou 3h après mes prises forcément) de consommer et de mentir à tout le monde . Je n'ai fait que rester chez moi (parfois je suis resté des semaines sans sortir de chez moi, uniquement vautré dans mon lit, un plateau, mes traces et Netflix en boucle... Je me suis coupé des derniers amis qu'il me restais, ils ne comprenaient pas ce qu'il m'arrivait car aucune personne de mon entourage n'a jamais su que j'étais héroïnomane.

Pendant toute cette période je pleurais beaucoup en regardant les innombrables témoignages négatifs qui circulent sur le web. J'avais l'impression qu'il était tout bonnement impossible d'arrêter cette merde . Je n'ai jamais voulu demander de l'aide du corps médical car j'avais très peur de partir dans un système très punitif avec des obligations très contraignantes.  De plus la came m'empêchait de déprimer pendant quelques heures après chaque prise, forcément quand ça faisait effet je me disais " tkt il sera bien temps d'arrêter plus tard, kiffe le moment présent c'est le plus important...", le truc classique quoi.

Entre temps j'ai rencontré par hasard 2 "amis" consommateurs également, je les dépannais quand ils galéraient à trouver de la came, et j'ai commencé à trainer un peu avec eux. Ca a eu un effet bizarre chez moi, j'ai encore plus culpabilisé car eux n'avaient pas du tout l'envie d'arrêter, au contraire l'un d'eux (qui brassait) me disait qu'il comptait consommer toute sa vie tant que ses finances lui permettrait . J'ai gardé contact avec eux pendant un temps dans l'unique but de pouvoir trouver quelque chose au cas ou mon plan dark tombait totalement à l'eau. 

Avant d'être totalement ruiné et de devoir galérer comme pas possible avec mes pauvres 900e par mois d'indemnité maladie, j'ai décidé qu'il fallait arrêter.

Donc un matin, j'a sérieusement envisagé d'arrêter, en me faisant aider. Je ne saurais pas vous expliquer pourquoi j'ai trouvé la force de demander de l'aide, mais c'est certainement la meilleure décision que j'ai prise ces dernières années. J'ai appelé la ligne gratuite Drogue Info Services et je suis tombé sur une fille très attentionnée, qui a discuté longuement avec moi (plusieurs heures) et m'a totalement convaincu d'en parler à mon médecin traitant. Pourtant c'était pas gagné de me convaincre. Mais j'étais tellement en détresse que j'ai choisi de lui faire confiance. 2eme meilleure idée !

J'en ai donc parlé à mon médecin, avec une honte de moi maximale. Mais sa réaction a tellement été humaine, compréhensive et bienveillante que j'ai tout de suite voulu ne plus "trahir" sa confiance. Quand il m'a arrêté pour dépression il avait bien compris qu'il y avait un problème quelque part, mais il a eu la bonne idée de ne pas me forcer la main. J'aurais surement pas réagi de la même manière si on m'avait "piégé " et contraint à faire quoi que ce soit. 

Je lui ai donc tout dit en omettant aucun détail. J'ai décidé de ne plus mentir , d'être enfin franc avec moi même et avec les autres. Oui je suis un toxicomane, oui je suis malheureux et plus que oui j'ai besoin d'aide. Je me rappellerai toute ma vie son regard lorsque je suis sorti de son cabinet. Aucune méfiance, simplement un regard apaisant qui m'a fait comprendre qu'il m'aiderai en toutes circonstances... J'ai certes beaucoup de chance d'avoir un toubib pareil, mais ça existe aussi ailleurs. Dans ce sens il ne faut surtout pas hésiter à changer si il ne convient pas. C'est tellement important d'avoir un suivi bienveillant! 

Il m'a d'office proposé soit le sevrage avec un  TFO au subutex, ou sinon à la dure mais ne me précisant bien que c'était risqué surtout si je ne m'étais pas entièrement coupé d'un milieu ou il est possible de trouver de la came facilement et rapidement. Le TSO devait se dérouler avec 1 semaine de recherche de la bonne dose et ensuite on devait baisser petit à petit lorsque ce serais stabilisé.

J'ai d'abord choisi le sevrage à la dure mais j'en ai tellement, tellement mais tellement chié durant les 48h... J'ai vraiment vraiment très mal supporté le manque, à un tel point que j'ai rappelé les 2 gus que je connaissait vers chez moi pour qu'ils me vendent quelques grammes... Heureusement juste avant d'y aller j'ai rappelé mon toubib pour choisir la TFO. Au début, seulement 8mg de prescrit. 24h après ça allait un tout petit peu mieux mais c'était encore très dur. Impossible de fermer l'oeil, trop agité et l'impression d'avoir des démangeaisons atroces intermusculaires... Le manque quoi. Certains arrivent à supporte mais pour moi c'est tout bonnement insupportable, à en avoir des idées noires...  Il m'a prescrit le double (16mg) et au bout d'une dizaine d'heures ça allait bien mieux. Je suis resté à 16mg 1 jour supplémentaire mais j'avais encore quelques sensations désagréables. Donc prescription de 20mg, quasiment le max ! Là c'est allé largement mieux et j'ai enfin pu reprendre une vie normale.

La TFO, aidé par mon toubib qui prenait des nouvelles de temps en temps par SMS ou applel m'a tellement remis le moral qu'au bout de 2 semaines j'ai commencé à diminuer de 2mg (avec l'accord du toubib). Puis 2 semaines après pareil, et ainsi de suite. Il y a eu des moments où j'allais moins vite mais j'ai tenu le coup et j'ai enfin pu arrêter de prendre le TFO. Moins de 6 mois après mon premier RDV j'ai pu arrêter totalement le traitement. Les 2 derniers paliers ont été le plus dur en fait, car je suis passé de 1 cachet le matin et 1 le soir à 1 cachet uniquement le matin, puis 0. J'ai eu notamment quelques sensations un peu relou la première semaine où je n'ai plus pris de cachet mais c'était largement supportable (surtout après avoir autant été marqué par les crises de manque auparavant ! Rien de comparable).

Aujourd'hui ça fait un peu plus d'un an que j'ai arrêté l'héroïne. C'est un combat de quasi tous les jours mais plus on avance et moins on y pense. C'est même beaucoup mais beaaaaaucoup moins dur que ce que j'avais imaginé. Le côté physique est totalement supprimé avec le TFO, c'est déjà un avantage énorme. Même si je sais que toute ma vie j'y penserai, toute ma vie il y a un risque de rechute. Mais qui diminue de jour en jour. Et la motivation de ne pas rechuter elle au contraire augmente de jour en jour, avec la fierté d'avoir réussi à m'en sortir. La seule trace physique que j'ai gardé c'est qu'il m'arrive de temps en temps à avoir un bon coup de chaud en transpirant un peu pendant 2 secondes. Sans raison, lorsque je suis assis par exemple. Ca m'arrive parfois 1 fois par jour, parfois 1 fois par semaine, c'est très aléatoire et ça ne m'arrivait jamais avant. Mais c'est très supportable, je m'y suis habitué (ça ne trempe pas mes habits, j'ai juste le front un chouillat humide pendant 1 minute, sans que ça se voit ! Très bizarre mdr).

Voici les conseils qui ont fait en sorte que je m'en sorte avec succès (pour le moment) et qui font qu'aujourd'hui je suis très déterminé à ne pas rechuter :
- le plus important de tout : se couper du milieu qui nous permet de nous fournir. Si on sait comment s'en procurer dans l'heure ou même dans la journée, c'est peine perdue... Trop tentant, on est pas fait pour résister à tant de tentation... Ca c'est je trouve la condition la plus importante pour avoir un environnement adéquat au sevrage quel qu'il soit.
- se faire aider même si on pense que ça va nous nuire. C'est faux et la grande majorité du corps médical est là pour nous aider. Nous sommes des malades et c'est comme ça que nous considèrent les spécialistes à ce sujet. Changer impérativement de toubib si il ne convient pas. Il faut qu'il vous mette à l'aise, que ce soit facile d'en parler avec lui. Sinon vous allez lui mentir, culpabiliser  et repartir dans une mauvaise spirale...
- je ne l'ai pas fait mais en parler à certains proches compréhensifs ça ne peut peut qu'aider.
- les premières semaines sont assez dures psychologiquement. Le TSO supprime le manque mais il n'empêche pas l'addiction psychologique qui est de loin la plus forte que j'ai connu avec les drogues. La vie parait bien plus fade mais il faut se rassurer, ça s'arrange bien au fil des mois. Il faut trouver des moyens de s'occuper l'esprit (jeux vidéos, films, musique, sport, sorties... ). N'importe quelle activité qui peut permettre de se vider l'esprit au moins quelques heures par jour. Je me suis aussi beaucoup promené, bizarrement ça m'a énormément aider à méditer un quelques sortes, je revenais chaque fois plus convaincu de ne pas rechuter. Après 1 an j'ai totalement retrouvé mon moral. La première semaine est la plus dure. Au bout d'un gros mois on pense être tiré d'affaire mais la sensation de vie très fade arrive après quelques semaines et a duré quelques mois dans mon cas. J'ai trouvé une technique très utile sur le net : penser à combien de jours / semaines / mois on a tenu sans came. Ca rend assez fier et ça remotive surtout quand on voit d'où on est parti !
- J'ai eu la chance d'avoir un entourage d'amis qui m'a pardonné de l'avoir mis de côté pendant presque 2 ans. Même s'ils n'ont jamais su que je consommais. Je suis pas mal sorti avec eux pour me changer les idées et éviter de trop penser à la came. Ca a fonctionnée à merveille ! 
- faire confiance à vos soignants (surtout le médecin qui vous suit) et faire en sorte de ne pas trahir sa confiance. Dans le cas contraire ça va beaucoup compliquer les soins. Si  il y a rechute , le médecin le comprendra très bien et il mettra en œuvre avec vous des solutions pour qu'on puisse s'en sortir au mieux.
- Prendre le temps de se soigner et éviter pendant un moment les facteurs à risque qui pourrait nous faire rechuter. Ca c'est très personnel mais je sais que certains comme moi sont très sentimentaux et on est très vulnérable et fébrile psychologiquement pendant le sevrage. Si c'est le cas pour vous et que vous êtes solo,  mettre les relations amoureuses de côté un petit moment peut vous aider à vous reconstruire correctement.  Je commence à peine à y repenser aujourd'hui car j'ai eu besoin de ne penser qu'à moi pendant cette période. Si vous préférez, bossez mais moi j'ai préféré retarder un peu ma reprise pour ne pas avoir à reprendre le stress du boulot directement au début du sevrage. Même si on peut se dire que ça occupe, on est pas tous égaux sur les effets négatifs que peuvent engendrer le taf wink le but c'est d'être le plus stable possible pendant le sevrage !
- dernier point Ô combien important : faire le deuil de sa conso et de l'héro, et ne jamais penser que c'est totalement gagné. Je sais que je devrai garder une vigilance toute ma vie. Il faut bien se mettre ça dans la tête, ce n'est au final pas si dramatique que ça. Pensez que pour ceux qui doivent se sevrer à l'alcool c'est encore pire, la tentation pour eux est partout (dans la rue, au boulot, à la télé, sur le net, au centre commercial...). Nous il "suffit" de se couper du milieu pour déjà ne plus avoir de tentation devant le nez ! Ca me parait personnellement plus accessible .

Pour terminer, même si il y aura toujours des risques, je suis aujourd'hui convaincu que je ne toucherai plus à la came. Ni à aucun opiacés d'ailleurs. C'est vraiment pas facile de vivre sans came quand on a connu ça sur une période assez longue. Ca doit l'être plus quand c'est encore plus long mais il faut savoir que ce n'est pas impossible.
J'ai personnellement été assez étonné de m'en sortir sans non plus tomber en dépression. Je croyais réellement que je ne serais jamais capable d'y arriver. Dans ce cas il faut vraiment arriver à se persuader qu'avoir de l'aide est une des meilleures solutions. Nous ne sommes pas seuls dans ce combat et il faut en profiter !

Courage à tous et à toutes, on peut y arriver !

Dernière modification par OriTheTor (02 novembre 2020 à  04:36)

Reputation de ce post
 
Merci pour ton témoignage. Mes félicitations au passage.
 
Merci. C’est rassurant d’avoir aussi ce genre de témoignage. J-Cat

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janis femme
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Bonjour OriTheTor,

Alors tu as ressenti le besoin de décrocher de tout et tu y es arrivé, bravo! C'est ce qui te convenait à toi.

Par contre tu as tendance, à mon avis, à négliger plusieurs points:

-drogues douces-drogues dures ça ne signifie pas grand chose, tout dépend de la relation que tu entretiens avec ton produit préféré...y a qu'à voir les gros consommateurs de tabac.

-la consommation d'une drogue n'est pas forcément mal vécue, dramatique, et ne correspond pas toujours (loin s'en faut) à une chute, à une drame, au fait de mettre ses amis sur pause etc. Méfie toi des idées reçues que les mots que tu utilises sont susceptibles de véhiculer.

Sinon l'important est que tu te sentes mieux!

Janis

J'ai pour me guérir du jugement des autres, toute la distance qui me sépare de moi-même

A. Artaud

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Dragonflyy femme
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Inscrit le 22 Nov 2020
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Salut !
Je viens de m'inscrire sur les forums aujourd'hui, car je n'en peux plus de tout ça.
Comme tu dis, sur le net, beaucoup de témoignages "négatifs " et ça fait flipper ! Avant de suivre un tso, ça me décourageait déjà... mais je me suis forcée.
Et là, je suis tombée sur ton post.
Merci. Ça m'a vraiment redonné un espoir, je me dis que oui je suis en galère, mais que je peux le faire tout comme toi.
Je trouve que l'importance de l'entourage et des activités est bien décrite.. je me retrouve dans quelques trucs.
J'espère que dans un futur plus ou moins proche, je pourrais alors moi aussi, écrire ce genre de commentaire.
Merci pour cette lecture positive, et bonne continuation.

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