Bonjour,
J'ai repris en partie mon message d'introduction en espérant que cela ne soit pas interdit mais le sujet principal tourne autour de ma relation (F 28 ans) et de mon copain (H 27 ans) en couple depuis environ 7 ans.
J'ai décidé de présenter mon histoire depuis le début afin d'avoir un contexte.
Jai commencé à boire de l'
alcool fort vers mes 15-16 ans et ça a tout de suite été assez addictif pour moi, la baisse d'inhibitions, ma capacité à parler aux gens plus facilement sans me sentir coincée ou trop réservée (et bien sûr, pléthore d'autres adjectifs négatifs à mon égard : nulle, moche, imbécile sans intérêt). C'était une découverte magnifique (avec ses downs aussi : quelques
blackouts, parfois de la violence/larmes, la gueule de bois du lendemain...).
J'ai continué à boire, à la fac, je buvais mes 3 ou 4 50cl de de bière tout les soirs sans pouvoir m'en empêcher.
Ensuite, j'ai découvert les prontalgines. Nouvelle découverte superbe, j'adore la sensation cotonneuse que me procure cet anti douleur. .
C'est à ce moment que je rencontre mon copain actuel. Nous sommes en couple depuis environ 6 mois quand il m'avoue être un consommateur d'
héroïne. Cela me fait peur, je suis encore très naïve au niveau des substances. Mais je reste avec lui car c'est mon meilleur ami, je l'aime et je n'ai jamais eu une relation où je me sentais tellement à l'aise, aimée et en sécurité.
J'éprouve beaucoup de difficultés à mettre en place des relations sociable et c'est la première personne que je rencontre avec qui je me sen# directement à l'aise
Nous testons beaucoup de choses ensemble, je lui fait entièrement confiance, il ne me force jamais, s'assure toujours à plusieurs reprises que je suis à l'aise
Je pense que j'avais toujours eu cette envie de tester des drogues malgré la peur.
Je découvre un monde nouveau, excitant, bien plus attirant que l'
alcool. Stimulants (speed,
Cathinones :
3mmc & autres),
opiacés (héroïne,
morphine,
codéine Fentanyl..) psychédéliques (champis,
LSD..) une vingtaine de substances dont beaucoup que j'oublie.
Tout ça reste à peu près contrôlé de mon côté car je ne consomme qu'avec mon copain.
Les stimulants deviennent ma drogue de prédilection et je continue de consommer des prontalgines à raison de 2 boîtes semaine environ.
Une pause difficile se fait et l'arrêt de la vente libre de produit contenant de la
codéine se mets en place. Pour moi, c'est très frustrant mais plutôt bénéfique, je n'ai plus le choix d'arrêter. De toute façon, je devenais trop tolérante et cela ne m'apporte plus beaucoup à part l'espoir de revivre cette sensation.
Entre temps, deux hospitalisations pour mon copain pour dépression grave et prise de substances (Lui consommait seul chez lui). L'anxiété provoquée par la peur permanente de recevoir un appel où j'apprends qu'il est mort me plonge dans une dépression sous jacente qui me conduit à me faire suivre.
Seulement, j'avais pris l'habitude de sniffer la
suboxone de mon copain pour aider des douleurs psychosomatiques et je n'arrive plus à m'en détacher. Le psychiatre qui me suit (mal..) décide que m'en prescrire serait une bonne idée... Selon lui, c'est mieux que l'
alcool. Sauf que je baisse mes consommations d'
alcool mais hourra, j'ai un traitement dont je suis addict..
Je change ensuite de centre après avoir enduré un an de décisions bizarres de la part de ce médecin
Ex : il me prescrit un antidépresseur en me disant qu'il est censé booster, mais comme je me sens encore plus fatiguée, je regarde sur le vidal et il s'agissait en fait d'un antidépresseur destinés à calmer et aider au sommeil. Il a refusé d'admettre qu'il s'était trompé.
Ou alors, une autre fois, il me parle d'hospitalisation très sérieusement et au rdv d'après, change son discours complètement en me proposant d'arrêter complètement les antidépresseurs...).
Bref, je suis mieux suivie au nouveau centre mais ils se retrouvent obligés de continuer à me prescrire un
TSO comme je suis maintenant addict.. Heureusement, un nouveau traitement m'aide beaucoup, impossible de sniffer l'orobupré et la rapidité de prise me convient très bien.
Durant tout cela, les consommations continuent avec mon copain, tout en restant relativement espacées.
Cela dure peut-être un an puis nous commençons progressivement à augmenter les prises car nous nous ennuyons. (et ensuite, le début du covid a précipité tout)
Je suis en pleine dépression et n'ai envie de strictement rien, le seul moment où je me sens bien, c'est au travail, car j'ai réussi à trouver ma "vocation" et je ne tiens pas à perdre mon emploi et lorsque je consomme.
Nos consommations se rapprochent de plus en plus et en début d'année 2021, je teste les injections en fin de soirée. C'était une barrière mentale à ne pas franchir pour moi, et le lendemain, je me sens horriblement mal.
Cependant, je recommence la fois d'après, toujours honteuse, puis celle d'après, jusqu'à devenir complètement accro au geste, à la sensualité de la goutte de sang qui remonte dans la seringue, au flash plus direct, au goût chimique de la c dans la bouche et à la satisfaction d'être dans la veine. C'est toute une gestuelle effrayante mais terriblement attrayante
Nous consommons à la fois de la
coke et de l'
héroïne. L'
héroïne ne me plaît pas tellement que ça, je suis pas tellement fan d'une substance qui m'endort alors que justement, je dors déjà 15h par nuit avec plusieurs siestes dans la journée.
D'ailleurs, ayant malencontreusement sauté ma prise de
TSO pendant plusieurs jours avant cette consommation qui dure 3/4 jour, j'expérimente ma première crise de manque aux
opiacés. J'ai heureusement peu de tolérance aux benzos et après avoir pris mon orobupré, une trace de sub et quelques benzos (cela faisait bien 20h depuis ma dernière prise d'
hero), j'ai réussi à m'endormir après ce qui m'a semblé être les quelques heures les plus longues de ma vie et qui m'ont donné envie de mourir pour y échapper. Cette expérience m'a donné un nouveau regard sur les personnes addicts aux
opiacés, je pense que j'aurais fait n'importe quoi pour échapper à cette horreur. Bref, cela m'a guéri de ma déjà très vague envie de prendre de l'
héro car le bénéfice/risque penchait bien trop vers le négatif (je parle pour moi même, je comprends que pour d'autres, l'envie est tellement forte qu'ils préfèrent quand même en prendre malgré le manque ).
Bref, maintenant, la peur me tenaille par rapport à l'arrêt éventuel de mon
TSO car je crains tout le temps que quelqu'un soit au courant et par rapport à mon métier, ce n'est vraiment pas compatible mais je ne veux plus jamais vivre le manque.
Enfin, presque fini mon histoire, je sais que c'est un pavé mais c'est difficile de résumer 7 ans de sa vie à travers quelques paragraphes.
Récemment, mon copain à été hospitalisé 3 semaines en addicto puis 5 semaines en post cure. Il sort la semaine prochaine. Il est arrivé à un moment de sa consommation où il arrive à comprendre sa façon de consommer et à vouloir se tenir à une abstinence totale.
Je comprends , je suis très fière de lui mais pour moi, je n'ai pas encore atteint cette étape où je me vois sans consommations. Mais jamais je ne veux lui donner des
cravings/être la responsable d'une rechute.
Durant son hospitalisation, je n'en suis pas fière mais j'ai consommé plusieurs fois avec un ami commun (le meilleur ami de mon copain qui est ensuite devenu mon ami aussi) et aussi une fois seule, ce qui m'inquiète, j'ai peur de plonger vraiment. Pour l'instant, mon travail très demandeur me tient à flot, me permet d'oublier mes envies/problèmes mais j'ai peur que les choses empirent et j'ai honte de mes bleus sur les bras qui risquent tout de même d'éveiller l'attention au bout d'un moment, même si je ne pense pas qu'ils se douteraient.
J'aimerais pouvoir trouver des conversations qui parlent de la relation de couple et leurs addictions ainsi que des aides pour contrôler mes
cravings, surtout en face de lui. Et possiblement avoir des conversations avec des gens qui essayent ou ont réussi à arriver à l'abstinence parce que c'est ce que je veux au long terme mais je sais que si l'on me dit du jour au lendemain, c'est abstinence totale, je ne tiendrais pas.
En même temps, je suis bien consciente que pour moi, et si je ne me trompe pas, beaucoup de gens, la prise occasionnelle finit toujours par devenir beaucoup plus courante jusqu'à prendre le contrôle sur ma vie. En ce moment, lorsque je pense à un moment de détente, je ne vois que la consommation.
Mon psychologue me dit que peut-être que si je me mets une date précise une fois par mois pour consommer, j'aurais peut-être moins cette sensation de fils qui se tend (je me force à ne pas consommer) jusqu'au craquage. Je ne sais pas ce que d'autres en pensent, est ce que cela peut être une bonne idée pour un début ? Ça serait déjà un espacement concret par rapport à mes consos actuelles (1x/semaine ou au max, toutes les 2 semaines).
Je sais que je ne suis pas considérée comme une addict sévère mais c'est pour cela que je recherche de l'aide maintenant avant d'être totalement perdue..
Mon but final est de pouvoir mettre en place une relation saine où nous avançons dans la vie sans la prison des substances.
Pour ceux qui m'ont lue jusqu'au bout, je vous remercie et je vais aller lire vos propres témoignages.
Merci !