Salut Anaya
je pense comprendre un peu ce que tu vis...la morale est encore très présente en France, y compris dans les milieux de soins ... et en addictologie, tu le constates toi-même : y travailler sous entendrais que tu n'as aucune addiction ... ou alors, t'es une "travailleuse paire" (mais qui a arrêté, hein, faut pas déconner ...)
c'est la conséquence de la prohibition et de ses avatars ainsi que de la
stigmatisation qui perdure concernant les "malades" (psy, addicts ou autres...)
je bosse aussi en addictologie ... depuis 20 ans ! Et je consomme du
cannabis ... depuis plus longtemps encore !
ça me donne "une longueur d'avance" sur nombre de mes collègues de MON point de vue, collègues pour lesquels même tirer une taffe sur une clope procèderait pour eux de l'expérience ultime ! Mais qui ne crache pourtant pas sur l'
alcool lors des repas de service, soit dit en passant...
j'ai un très bon pote qui bosse à l'hosto, dans la détection des drogues ... lui, il hallucine carrément parce qu'il bosse avec des collègues qui passent leur temps à parler de substances sans jamais avoir tenté quoi que ce soit comme expérience...même avec des produits réputés "anodins" en terme de pharmacodépendance comme les hallucinogènes... je dis pas (et mon pote non plus) qu'il soit nécessaire ou obligatoire de consommer pour pouvoir en parler... mais ça change quand même la donne quand tu as une sorte "d'expérience partagée" avec les gens que tu croises en tant que "patient.e.s" ... le point de vue expérientiel est une RICHESSE plutôt qu'un handicap ... en tous cas, moi je préfère le voir comme ça ... peut-être que ça me conforte dans l'idée de ne pas arrêter (j'aime le
cannabis, je vois pas pourquoi je devrai m'en passer pour avoir une espèce de caution morale à tenir vis à vis de mes collègues ... ou même des personnes que j'essaye d'aider : je n'ai pas à être un modèle pour eux) ... et tous cas, ça me donne une légitimité à en parler puisque je sais "un peu plus" de quoi je parle en me situant à la fois d'un côté comme de l'autre (dans le fumeux clivage qui perdure dans le soin entre "soignants" et "soignés")
tu peux donc "aider les autres alors que toi-même tu ..." ... et peut-être même mieux ou différemment que si tu ne ... pas !! Et puis après tout, nos addictions font partie de notre intimité (comme la sexualité d'après moi). Donc ne pas en parler ouvertement, c'est aussi un peu normal non ?
qu'en penses-tu ?
Dernière modification par psychodi (03 février 2022 à 10:44)