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Etienne Baldit - etienne.baldit@europe1.fr
C'est une vieille question qui traverse le débat politique, notamment à gauche, revenant régulièrement sur le tapis.
Dépénalisation, contrôle étatique voire
légalisation... autant de solutions éventuelles pour réguler le trafic et la consommation de
cannabis. Au mois de juillet, Manuel Valls avait fermé la porte à toute mesure gouvernementale en ce sens. Pourtant, lundi 26 octobre, c'est par le biais de la question des quartiers et la voix de Bruno Le Roux qu'on en reparle.
Le patron des députés PS, légitimiste s'il en est, est interrogé par Public Sénat et Sud Radio sur la nouvelle fusillade qui a eu lieu dans les quartiers nord de Marseille dimanche, faisant trois morts dont deux mineurs. La police privilégie l'hypothèse du réglement de comptes entre dealers. L'un des journalistes qui mène l'interview aborde la "question sous-jacente" de "l'étatisation de la vente de
cannabis". Et, prenant soin de ne pas se prononcer sur le bien-fondé de telle ou telle mesure, Bruno Le Roux répète qu'il veut "une réflexion" et "un débat" sur le sujet :
"Moi, je suis toujours pour qu'il y ait une réflexion. Je discute depuis des années avec Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur, peu connu pour son laxisme et qui dit lui-même que sur cette question du
cannabis, il faut poser [le débat]. Moi j'aimerais que sur cette question du
cannabis, on crée un consensus pour ouvrir le débat."
Parlons-en, dit en somme Bruno Le Roux, faisant au passage référence aux travaux d'un groupe de réflexion mené en 2011 au sein de l'opposition socialiste lors du précédent quiquennat. Daniel Vaillant avait commis un rapport sur le
cannabis, préconisant sa
légalisation contrôlée. Une proposition qui avait heurté même au sein du PS et dont le candidat Hollande s’était désolidarisé, avant d'être relancée en novembre 2014 par une députée PS dans un rapport parlementaire.
Aujourd'hui, Bruno Le Roux fustige surtout une sorte de rélexe pavlovien d'"une frange de la droite", qui s'oppose selon lui à toute réflexion sur le sujet :
"À partir du moment où l'on dit que l'on va réfléchir sur la question du
cannabis, il y a toujours une frange - et notamment une frange de la droite - qui crie au laxisme avant même d'avoir réfléchi. Ils sont conditionnés à cela. Et donc en empêchant absolument toute réflexion pour savoir comment faire en sorte de tarir les flux d'argent [et] les trafics ..., on est dans un jeu de rôle."
Ce lundi, le président du groupe socialiste à l'Assemblée s'en tient donc à cette volonté de débattre et d'établir un "consensus" parmi la classe politique. Sur le fond, celui qui n'a "jamais" fumé de
cannabis ("ni même une
cigarette") a déjà indiqué par le passé qu'il n'est "pas un grand fan de la
dépénalisation", par exemple.
Au mois de juillet, c'est Christiane Taubira qui s'était emparée du sujet, dans une interview au magazine Society. Condamnant elle aussi le "tabou" imposé par "la droite", elle expliquait : "Je pense qu’il n’est pas acceptable de ne pas réfléchir [à la
légalisation]." Deux jours plus tard, Manuel Valls jouait la fermeté et proposait en quelque sorte de débattre sans vraiment débattre et tout en sachant que ce débat ne déboucherait sur rien :
"On peut toujours débattre, mais pour ce qui concerne le gouvernement, le débat est clos. [..] Le gouvernement ne prendra aucune initiative qui légalise, autorise, dépénalise l'usage du
cannabis, qui reste un vrai problème de santé publique, de prévention bien évidemment."
Source :
lelabEurope1.fr