article paru dans le journal " l'union " le 2 mars 2009

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bighorsse femme
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Subutex, drogue légale


En 2002, plus de 8,1 millions de boîtes de Subutex auraient été délivrées à  des patients relevant de la Sécu. En médaillon, Pascale Gruny. • Des députés UMP proposent de classer le Subutex, médicament de substitution à  l´héroïne, comme stupéfiant.
• Autorisée depuis 1996, la buprénorphine (le nom du générique) est prescrite à  90.000 toxicomanes, dont 2.500 dans nos départements, par les médecins de ville
et délivrée en pharmacie.
• Le détournement du produit et le trafic qu´il provoque parfois poussent certains à  réclamer un contrôle accru de sa délivrance.
• Des professionnels du soin estiment que le bénéfice du Subutex est bien supérieur
au risque de détournement.
"On maintient le toxicomane dans sa dépendance sans le soigner"




SEIZE ans après son autorisation de mise sur le marché, le principal médicament de substitution à  l'héroïne, le Subutex (ou buprénorphine à  haute dose) est à  nouveau au cœur d'une polémique. Trois députés UMP - dont l'Axonaise Pascale Grugny (1) - viennent de rendre public un rapport dans lequel ils proposent de le classer comme produit stupéfiant.
« Nous partons d'un constat d'échec, explique Pascale Grubert. Le Subutex ne permet pas de sevrage. Il provoque une nouvelle addiction chez le toxicomane qui n'est ni soigné, ni guéri. Il est, en plus, l'objet parfois de trafic alors qu'il est coûteux pour les caisses de la Sécurité sociale. Nous souhaitons avec mes collègues Françoise Branget et Jean-Paul Garraud qu'il soit considéré comme un stupéfiant, au même titre que la méthadone, l'autre produit de substitution aux opiacés. »
Il y a trois ans, la même polémique était née à  l'initiative de la Mission de lutte contre la drogue, qui avait déjà  fait cette proposition. Ironie de l'histoire, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, n'avait pas donné suite. C'est cette fois sa suppléante à  l'Assemblée qui relance le débat de manière inattendue. « Nous ne voulons pas stigmatiser les toxicomanes ni critiquer des structures d'accueil et d'accompagnement qui font un travail formidable. Mais nous avons surtout voulu alerter et rappeler que mettre un toxicomane sous Subutex n'est pas suffisant. Il faut un accompagnement avec l'ambition de le soigner, de le guérir et de lui offrir un vrai projet d'insertion. Mettre un toxicomane à  vie sous Subutex, c'est le rendre dépendant à  ce produit. Ce n'est pas acceptable. On gère l'urgence sans vision de l'avenir. »
Les trois députés estiment qu'inscrire le Subutex au tableau B serait un signe fort envers les usagers et les trafiquants. Ils dénoncent au passage « un gaspillage humain et financier ».
En 2002, « plus de 8,1 millions de boîtes de Subutex ont été délivrées à  des patients relevant du régime général de l'assurance maladie, pour un montant total de 110 millions d'euros », rappelle le rapport parlementaire. Le Subutex se classe ainsi 11e médicament le plus remboursé par la Sécu. « Or on estime que 23 % des personnes à  qui il est prescrit en font un usage détourné, en marge de sa finalité thérapeutique », soulignent les trois députés. « Il est temps de mettre en place une politique efficace et durable de sortie de la toxicomanie […] Seul un séjour dans une communatué thérapeutique permettrait à  l'usager de s'affranchir de la toxicomanie. »
Les parlementaires UMP souhaitent par ailleurs la constitution « d'une commission d'enquête parlementaire qui évaluerait toutes les politiques publiques de lutte contre la toxicomanie et notamment leur financement. »
Ils préconisent enfin des campagnes de prévention avant l'entrée au collège. « La première expérience du cannabis se fait souvent dès la classe de 5e », rappelle Pascale Gruny.
(1) Pascale Gruny, suppléante de Xavier Bertrand, a rendu son siège à  l'Assemblée nationale à  son titulaire, le 15 février.




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L'avis d'un médecin / « Je ne suis pas un dealer en blouse blanche »




Le Marnais Patrick Roua, médecin généraliste, appartient au réseau de soins (Addica*) qui prend en charge des patients toxicomanes. Il défend l'utilisation du Su- butex.
Êtes-vous surpris par cette nouvelle demande de classement du Subutex en produit stupéfiant ?
« Oui, parce qu'il y a déjà  eu des tentatives. Veut-on, par ce biais, permettre à  la police de mieux traiter les mésusages de ce médicament ? Il faut rappeler que le détournement du médicament ne concerne qu'une toute petite minorité des patients. La caisse primaire d'assurance maladie de la Marne l'a d'ailleurs confirmé cette année. »
Que changerait, dans votre pratique médicale, le classement de ce médicament comme stupéfiant ?
« Ce serait une régression par rapport à  1996 où la France avait opté pour un mode de prise en charge plutôt révolutionnaire. On va stigmatiser les traitements de substitution alors qu'ils ont été une formidable avancée sanitaire dans la prise en charge des toxicomanes. Ils ont contribué à  supprimer les overdoses, à  éviter des contaminations de sida et d'hépatite. Ils ont aussi entraîné une baisse sensible de la délinquance. »
Le rapport parlementaire reconnaît au Subutex d'avoir maintenu la paix sociale mais pas d'avoir soigné les toxicomanes…
« Arrêtons les confusions et les hypocrisies. Les produits de substitution organisent la maintenance d'un patient dépendant aux opiacés. On sait que pour certains patients, la chimie du cerveau est bouleversée. Sans un produit de substitution, ils rechutent. Mais pour d'autres patients, la réinsertion existe. »
On accuse les médecins d'être des dealers en blouse blanche !
« Je ne suis pas un dealer en blouse blanche. Mais en classant le



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Subutex comme stupéfiant, je risque de le devenir. La prescription du Subutex et de la méthadone est actuellement bien contrôlée. L'idéal pour le médecin prescripteur est de travailler en tandem avec le pharmacien. Cela évite, entre autres, des prescriptions abusives. »
*Addictions et précarité en Champagne-Ardenne
« Ce serait une régression »




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Ce qu'il faut savoir




LA MÉTHADONE : ce succédané de la morphine, classé comme stupéfiant, n'est distribué que dans des centres agréés. Il se présente sous la forme d'une fiole de 60 mg mais également, depuis un an, sous forme de comprimés avec des dosages plus fins de 1,5, 10, 20 et 40 mg. La boîte de 7 comprimés vaut 5,89 €.
Le toxicomane doit avaler le liquide ou le cachet sur place, devant le professionnel de santé. L'ingestion de la méthadone permet d'éviter l'effet de manque. L'absorption massive de méthadone peut provoquer une overdose.
LE SUBUTEX : le nom commercial de la buprénorphine haut dosage, une morphine de synthèse. 40 000 toxicomanes étaient sous Subutex en 1998. 90 000 dix ans plus tard. Le Subutex se présente sous forme d'une boîte de 7 comprimés à  faire fondre sous la langue. La boîte vaut 20,01 €. Le générique est vendu au prix de 16,52 € mais représente moins de 30 % des prescriptions. Il existe des boîtes de 0,4 mg, 2 mg ou 8 mg. L'absorption massive peut provoquer une dépression respiratoire et provoquer la mort du patient, surtout si le Subutex est associé à  de l'alcool et à  d'autres médicaments. Le « mésusage » du Subutex, dénoncé par les parlementaires et certains professionnels des soins, consiste à  piler le comprimé de Subutex pour le « sniffer » ou se l'injecter en intraveineuse.
HÉROàNE : Selon l'Observatoire français des drogues et toxicomanies, la dernière estimation du nombre d'expérimentateurs d'héroïne en France était de l'ordre de 360 000 personnes.
En 2006, l'Inserm a recensé 305 décès liés à  la drogue. 30 à  40 % seraient dus à  l'héroïne. Les prix de l'héroïne n'ont cessé de chuter ces dix dernières années à  cause d'un déstockage massif des producteurs, concurrencés par les drogues de synthèse comme l'ectasy.





******************




« À la fois le remède et le mal »



Michel Verney
Conseiller en sécurité, ancien policier spécialisé dans la lutte contre la drogue au SRPJ de Reims, Michel Verney estime qu'on arrive « aux limites du recours aux produits de substitution ».
« Il y a une ambiguité. Le Subutex est à  la fois le remède et le mal. Il faut encadrer encore un peu plus la prescription et le suivi des toxicomanes. Le Subutex a aussi provoqué une forme de racket des médecins prescripteurs. C'est un sujet tabou mais certains médecins le délivrent sous la contrainte. »
Dominique Tymczyk
Responsable à  la CPAM de la Marne des relations avec les professionnels de santé.
« Le Subutex coûte très cher à  la collectivité, surtout si on le ramène au nombre de bénéficiaires, relativement faible : environ 1.085 dans la Marne. D'après nos chiffres, le mésusage du Subutex est infime : environ 2 % des patients. 92 % d'entre eux sont fidèles à  un seul médecin et à  une seule officine, ce qui tend à  prouver que la majorité suit correctement le traitement et ne dépasse pas les 16 mg par jour, la limite autorisée. L'objectif de santé publique lors du lancement du Subutex en 1996 était louable, notamment pour lutter contre l'explosion du VIH et des hépatites avec les échanges de seringues. En revanche, en matière de sevrage et de réinsertion, on est loin du compte. L'autre faiblesse de ce produit est qu'il peut être surconsommé, associé avec d'autres médicaments, ce qui le rend dangereux. Acheté gratuitement grâce à  la CMU, il est parfois revendu avec un confortable bénéfice. Il y a d'ailleurs deux tarifs : le comprimé déjà  un peu sucé et le comprimé non sucé ! Surtout, il rend dépendant. Il y a eu des cas d'adolescents qui sont devenus consommateurs de Subutex sans même passer par l'héroïne. C'est pourquoi nous sommes très vigilants sur la prescription et la délivrance de ce médicament. Il arrive que certains professionnels fassent l'objet de poursuites ordinales parce que notre dispositif de surveillance révèle des anomalies. »
Michel Kreit
Président des pharmaciens de Champagne-Ardenne.
« Si le Subutex était classé comme stupéfiant, le pharmacien devrait tenir un registre avec une comptabilité au comprimé près, avec un carnet d'entrée et de sortie. L'idéal serait que le patient prennent le comprimé devant le pharmacien. Mais il faut vingt minutes pour qu'il fonde complètement. Le générique s'effrite plus vite mais il est moins prescrit. C'est vrai qu'on a l'impression que les patients sous Subutex prennent ce médicament à  vie. »
Gérard Ricaux
Directeur du Cast (Centre d'accueil et de soins pour toxicomanes) de Reims, Gérard Ricaux suit un millier de personnes dont un quart issus des départements voisins de la Marne.
« Classer leSubutex comme stupéfiant n'est pas souhaitable et compliquera le travail des intervenants et l'accès aux soins des patients. Un dispositif très sérieux existe déjà  pour éviter les doubles prescriptions. Il existe également un comité de suivi du Subutex. La méthadone est un stupéfiant, cela n'empêche pas le trafic. »

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bighorsse femme
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mr garraud ne désarme pas!!!c'est encore et tjs lui qui se trouve derriere cette demande de classement du sub comme stupéfiant!!! avec lui d'ailleurs se trouve une élue de l'aisne qui travaillait pour l'ex ministre de la santé, celui là  meme qui avait refusé que le sub soit classé comme stup!! on nous prend pour des c..

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