[ Escitalopram ]

Seroplex n'a pas marché sur mon anxieté, un autre antidepresseur ?

Bonjour,

C'est compliqué de trouver le bon traitement contre l'anxiété.

Je souffre d'un trouble anxieux généralisé (TAG) diagnostiqué en juillet 2017 par un addictologue avec laquelle j'ai fini mon sevrage dégressif de la codéine.

Disons qu'ayant toujours été un peu anxieuse, ça avait fini par être un festival au centre duquel se trouvait la peur panique de la folie parce que mes manifestations d'angoisse devenaient si puissantes que j'avais l'impression que j'allais basculer à tout moment. Comme j'avais une vrai phobie médicale (parce que j'ai eu un cancer quand j'étais étudiante et qu'il avait fallu un an d'errance pour le diagnostiquer...), tout ça n'a pas aidé à consulter pour mon anxiété, d'où la dépendance à la codéine qui a fait anxiolytique et antidépresseur parce que j'y étais réceptive.

Quand j'ai compris que je faisais fausse route car mes angoisses s'aggravaient au point que je pensais ne plus pouvoir exercer mon métier qui est extra anxiogène, j'ai enfin bougé mes fesses.

L'addictologue m'a prescrit de la venlafaxyne (Effexor) d'abord à 37,5mg  jusqu'à la stabilisation à 150mg. J'ai eu une chance énorme car il a très bien fonctionné sur moi.

Je peux donc te décrire ce qui se passe quand un AD marche bien sur l'anxiété:

Je me suis soudain rendue compte que l'anxiété était un état perpétuel chez mois s'exprimant psychologiquement et physiquement, parfois comme un "bruit de fond" parfois en pics. Quand l'AD a agit dès le 3ème jour, c'est comme si j'étais dans l'eau jusqu'au cou et que la marée baissait en me libérant peu à peu. La sensation physique anxieuse s'est résorbée et très vite les pensées anxieuses les plus irrationnelles aussi (du style, si je loupe mon rendez-vous avec l'addictologue, je n'aurai pas assez de codéine jusqu'au prochain. Si elle était malade, si j'étais malade, que le métro ne marchait plus et si soudain un météore tombait sur le CSAPA...quand je dis irrationnel, ce n'est pas rien).

J'ai senti une libération physique et psychologie très intense et au fur et à mesure que je montais la dose d'AD, ce sont les angoisses plus profondes et sérieuses qui ont régressé au point de disparaitre. Bon en fait, non, toute l'anxiété n'est pas partie, mais ce qui reste est gérable et m'a permis de démarrer une thérapie comportementale avec un psychologue du centre spécialisé sur l'anxiété (elle génère pas mal d'addictions la cocotte).

Voilà grosso modo ce qui s'est passé pour moi avec toutefois, je dois le préciser, un effet inattendu mais que j'accepte pour l'instant, c'est à dire une baisse de ressenti des émotions. Il s'avère que je suis hyper sensible et que sans être devenue indifférente, mes émotions ne passent désormais que rarement le cap du cerveau. J'ai très peu de ressenti physique émotionnel, alors qu'avant j'étais une boule à facette tant dans le négatif que le positif. Prenons l'exemple de l'empathie. J'ai déjeuné avec une amie il y a quelques jours et elle était dans le trou pour plein de raisons. Il y a un an, j'aurai chialé avec elle. Maintenant, je peux lui parler sans avoir mal au ventre, aux bras et sans sanglots dans la voix. Par contre, dans la tête, c'est bien là, je suis triste pour elle, je veux l'aider et j'ai pensé à sa situation pendant plusieurs jours. Je lui ai envoyé des messages, on s'est revue...

Pour l'instant, je fais avec car le bénéfice dépasse la gêne (ça me permet notamment de supporter l'insomnie avec un zen absolu et je crains que ce problème de sommeil soit la manifestation de l'arrêt de la codéine qui sera le plus long à résorber, même si j'ai fini le travail) mais bien sur, je pense qu'il va falloir baisser l'AD quitte à retrouver plus d'angoisses mais au moins de ressentir de nouveau physiquement les plaisirs et bonheurs de la vie.

Je ne peux pas te dire si un traitement par AD peut fonctionner aussi efficacement sur l'anxiété sans payer le prix d'une baisse du ressenti émotionnel, après tout il y aurait comme une logique. Une chimiothérapie détruit toutes les cellules, dont les cancéreuses, donc peut être que pour être hyper efficace sur l'anxiété, un AD doit aussi réduire toute l'intensité émotionnelle.

Je serai curieuse de savoir si d'autres que moi on connu ou connaissent cet effet.

Bonjour Peiratês,

Ca fait tellement de bien de lire ça, tu ne peux pas savoir.

J'ai toujours été hyper sensible mais avec le TAG c'était devenu dément. J'avais fini par ne presque plus du tout regarder la télé et m'éloigner de certaines personnes de ma famille ou de mes amis tant j'étais incapable de contrôler mes émotions.

Dans mon métier, je me suis sentie plusieurs fois ridicule car j'avais la voix qui faisait des vibratos parce que la personne dont je parlais me touchais personnellement...

Quant on a souffert d'angoisse et d'ultra hyper émotivité pendant des années, ça fait du bien de se poser un peu.

Je finis même par me dire que le travail de psychothérapie sur l'anxiété passera par l'acceptation qu'on a pas besoin d'un ressenti physique intense à chaque émotion comme me l'a dit mon psychologue. Sur le moment, je l'ai regardé comme s'il m'avait dit un truc étrange mais en fait c'est tout à fait ça.

Je sens bien parfois des montées de stress dans la tête mais je parviens désormais à gérer toutes les situations sans panique, blocage, pleurs ou autre perte de contrôle, bref, un soulagement intense...