Bonjour,
La drogue vue de l'extérieur, c'est vraiment pas joli, et c'est normal d'être dégoûté en regardant quelqu'un tripper, moi même je ne m'imagine pas très beau gosse sous
LSD les yeux grands ouverts...
Je suis comme toi, attaché à mon bedodo. L'atterrissage indispensable d'une grosse journée, et parfois pendant la journée aussi, et puis dès le matin, et tout le temps... On ne s'est jamais où on en est si ? On se fixe des limites, on croit pouvoir gérer, mais au final on se laisse trop aller et ça recommence jours après jours.
C'est comme un cycle : au début la
beuh c'est magique, puis on s'y habitue, on l'intègre dans notre vie de tous les jours, et les effets deviennent banales, à la limite, on a juste l'impression d'être normal sous son influence. Et depuis la c'est souvent la dégringolade, parceque au fond de nous on aimerait être sobre et fort, on aimerait ne pas avoir envie de fumer, et on se dit bien que ya quelque-chose qui cloche, mais on ne sait pas quoi, et on invente, on invente énormément, on se justifie : "c'est qu'un
joint, et puis de toute façon j'ai rien de prévu", "ça m'aide à mieux rien faire", "ça me calme", "je peux arrêter quand je veux, simplement la j'ai pas envie, j'en vois pas le besoin" ah bon ? Pourtant, quand on connaît bien ces personnes la et qu'on écoute leurs plaintes de tous les jours, elles sont inconsciemment très liées à leur consommation : "je fais rien de mes journées" "j'ai toujours la flemme" "je ne sais pas trop ce que je veux faire plus tard"... Normal, quand ta seule vision d'avenir c'est le
bedo que tu vas te fumer ce soir...
Et puis la
beuh est anxiogène, donc rajoutez à ces plaintes une touche de paranoïa, sur vos amis, vos proches, votre santé mentale... On s'invente des problèmes, on se crispe, on aime moins les gens en croyant qu'ils ne nous aiment pas, parceque la
beuh à ce vilain défaut de fausser nos interprétation et d'exagérer nos émotions, sur le long terme c'est socialement gênant.
Tous ces problèmes si j'en parle c'est pas pour stigmatiser les consommateurs, c'est juste que je les ais connus, je les ais repérés, et je les ais profondément détruits en moi même.
La flemme, ça se combat, la paranoïa, ça se repère, et la santé mentale, ça s'écoute, ça se respecte, l'important étant de ne pas se mentir à soi même, tout commence à partir de la.
N'oubliez pas que quand on voit plus rien, c'est peut-être qu'on est collé au mur et qu'il faut prendre du recul. Arrêter de consommer ne serait ce que 1 jour pour se remettre les idées en places permet de vraiment mieux cerner sa consommation.
Finalement, ma rencontre avec la
beuh ça a été, et c'est encore, ma rencontre avec la joie. Mais vous imaginez bien que quand un gosse de 16 ans rencontrait la joie pour la première fois, comme si on lui avait menti toutes ces années, comme si on lui avait caché ça tout ce temps, il est choqué. Et ce choque, ce décalage entre l'estimation et la réalité, ça crée une réelle confusion chez nous. Certains ne s'en font pas, d'autre sont plus concernés, mais je remarque chez beaucoup que cette légitimité qu'à la
beuh à procurer une grande partie de notre joie quotidienne est trop souvent infondée, laissant la place aux imaginations les plus folles et aux justifications les plus hasardeuses, et faut être prêt à avoir tord, faut accepter une grande humilité : même à propos de son propre corps et de ses propres ressentis, on se trompe souvent.
Mais alors, on ne peut pas vivre bien tout en fumant tous les jours ? Biensûr que si, tant que ça nous va. Et par "tant que ça nous va", je veux dire que il ne faut pas aller à l'encontre de ses besoins, si vous ne voulez plus fumer, et bien essayez d'arrêter, si vous voulez diminuer, et bien essayez de diminuer (biensûr que c'est pas aussi facile, mais la volonté vous savez, elle peut être très puissante), mais écoutez vous ! J'ai moi même arrêter de fumer pendant un an parceque je me disais que ma consommation était la source de mes problèmes. Mais en 1 an je me suis juste rendu compte que la
beuh n'avait aucun rapport avec mes problèmes, et que je l'avais juste placé en bouc émissaire, par manque de courage à assumer que j'avais des défauts en moi même. Mais dans tous les cas cette pause m'était nécessaire si ce n'est vitale, parceque si j'avais continuer à fumer avec l'ultime conviction que ça me tirait vers le bas, je ne serais pas sorti de l'auberge de la folie et de la mauvaise humeur...
Le plus important, c'est d'être satisfait de ce qu'on est, sobre ou défoncé, mais profondément humain, et je veux que cette beauté humaine pétille dans vos yeux. Ne vous leurrez pas, les histoires de drogues finissent souvent mal, mais c'est presque exclusivement par manque de vigilance. Vous êtes votre docteur avec vos médicaments, ne faite pas d'un remède un poison, et inversement.
Excusez moi pour cette longue tirade excessivement abstraite