Bonjour bonjour!
J'avais envie depuis quelques temps d'écrire un peu sur le premier
bad trip que j'ai vécu.
C'était il y a quelques mois, à la suite d'un petit
festival rock à la campagne, un des bénévoles que je connaissais un peu propose que l'on termine la soirée chez lui avec d'autres bénévoles que j'avais rencontrés sur un autre
festival ou nous avions fait une presta feu.
On arrive chez le pote en question, il nous propose de prendre des gélules de
LSA, c'était la première fois que j'en entendais parler. ( Avant ça j'avais déjà consommé
truffes,
champis, canna, 1 fois du
LSD...). Il devait être environ 1h du matin, j'étais un peu alcoolisée (aaah le rock!), on se chauffe pour en prendre.
Il nous explique que les effets sont similaires à ceux des
champis selon ses potes, et que pour avoir un minimum d'effets il faut prendre deux gélules. Lui et moi en prenons donc 2 et les autres une.
Nous étions posés sur sa terrasse, à fumer et discuter tranquillou bilou :)
Les effets ont mis du temps à arriver, alors que je peux facilement monter en 20-30 minutes avec les prods cités plus hauts (j'sais pas si c'est dû au fait que je suis opérée de l'estomac
)
Je crois que le premier effet ressenti, ça a été une bonne douleur lancinante au ventre d'ailleurs, ça ne m'a pas inquiétée des masses, je sais qu'à mes dernières prises de
champis je m'étais retrouvée assez rapidement au dessus des toilettes à refaire le monde avec la cuvette
. Je fais donc un peu de respiration ventrale histoire d'atténuer tout ça, tout en discutaillant.
Enfin les 1er effets montent, ma couverture se met à respirer, les autres se marrent entre eux, j'ai l'impression d'être la seule à commencer à être allumée, même si je me doute que cette hilarité générale témoigne que tout le monde est dans le trip.
On se décide à enflammer un peu les bolas, je fais tournoyer un peu, mais j'ai vite la flemme ;p
Mes douleurs ne s'arrêtent pas, alors qu'avec les
champis elles finissent par passer, je me rends donc aux toilettes histoire de détendre tout ça. Pas moyen de vomir, mais quelques spasmes permettront à la douleur de disparaître peu de temps après. J'me matte dans un miroir, je me me marre... "matte les pupilles!", deux belles billes noires, (j'ai les yeux verts clairs, ce phénomène me fait toujours bien sourire, on me capte à 1km
) mon visage se déforme. Je rejoins les autres (l'autre pote qui avait pris 2 gélules a mal au bide aussi).
Je décide de me balader un peu dans le jardin, c'est le lever de soleil, et le teint un peu jaunâtre de mon environnement est fascinant, j'observe les couleurs, les feuilles couvertes de rosée, les légumes, je teste un peu mon toucher. C'est assez agréable, mais j'avoue que c'est très subtile, je m'attendais à avoir plus d'hallus visuelles comme je peux avoir habituellement. Bon c'pas grave, on verra bien la suite...
Et la... C'est le drame, patatras, bim, bam , boum, le début de la fin. Il doit peut être être 6h du mat' ( je ne me souviens plus à quelle heure on a véritablement pris les petites gélules, mais pour moi je n'en suis qu'au début du trip) et les potes proposent qu'on aille se coucher.
Dans ma tête c'est la panique:
"Whaaaaat, mais ils descendent déjà? Ma couverture respire toujours , j'suis toujours bien perchée et je vais être incapable de dormir" .
On se couche donc, moi avec un gars, on se serre dans les bras l'un de l'autre et on discute un peu... Il finit par se retourner et la... Ronflements.
C'est là que ça part en couille dans ma tête. On était un dimanche matin, c'était le jour de la fête des pères, de l'anniversaire de mon frère, je devais passer chez mes parents récupérer des courses (ça faisait déjà deux jours que je devais y aller, je commençais à avoir des reproches :p , ils n'étaient pas présents chez eux, je devais juste récupérer mes trucs et repartir) et le lendemain je bossais.
Et voilà que l'angoisse monte et que tout tourne en boucle.
"Oh mon dieu va falloir que j'appelle mon père, mon dieu faut que je fasse l'effort de passer chez eux, j'arrive pas à dormir, j'arrive pas à dormir, j'arrive pas à dormir..."
Pour le coup je n'ai pas trop compris cette angoisse, je trouvais que ça partait de faits totalement anodins et qui n'étaient absolument pas anxiogènes à la baseJ'essaie donc de me raisonner:
"Allez meuf, tu as déjà pris des prods, tu sais très bien que les vagues d'angoisse sont passagères, que les boucles peuvent l'être ensuite, don't worry, pense à autre chose".
Sauf que... La boucle revient toujours, de plus en plus angoissante, avec l'impression en plus que quelque chose enserre ma gorge, m'étranglant, m'empêchant de respirer tranquillement. Je repars donc un peu sur de la respiration ventrale...
Rien n'y fait. A tout ça s'ajoute la fameuse phrase : "Je vais rester bloquée putain, j'me suis déclenché un truc, c'est la merde, je bosse demain, je ne pourrais jamais"....
Alors ça pour le coup c'est drôle, parce que je sais très bien qu'on ne peut "rester bloqué", c'est bizarre que ce soit le terme qui me soit venu à l'esprit (je sais qu'il peu y avoir déréalisation dépersonnalisation etc, mais là c'est vraiment le "rester bloqué" qui m'obsédaitJe réveille plusieurs fois le pote à côté, retenant mes larmes, la gorge nouée "j'arrive paaaaas à doooormiiiiiir" (Suziecheesecake, 3 ans :p)
Je m'en veux en plus de lui infliger ça.
Il finit par se lever pour aller pisser. Et la MIRACLE, j'entends des voix sur le pallier, je m'empresse de rejoindre les potes. "Mais vous êtes làààààà, vous ne dormez paaaaaaaas".
En fait aucun d'eux n'a dormi... Ils m'ont aussi entendue gémir haha...
On se retrouve donc à 5 dans le lit, à se marrer, punaise ça fait du bien. On a tous nos mains en l'air et on parle par mains interposée. Gros fou rire général.
Ce moment dure un peu, au final, ils se décident à à nouveau aller dormir.
Je me retrouve avec le pote qui a aussi pris 2 gélules. On discute de choses et d'autres, et il finit par me raconter une histoire, je ferme les yeux et je me retrouve dans la maison du vide (c'était très cool), on passe par des salles pleines d'escaliers, par des caves, par une immense salle blanche , là il me demande ce qu'il y a au bout "Un monolithe noir!" , et derrière il y a un chemin... Je ne me souviens plus de la suite mais le voyage était cool.
Sauf que je me rends compte à se moment là qu'il me papouille doucement, et que je ne sens quasi rien, en fait... Je suis le monolithe noir. Enfin... Je sais très bien que je suis une meuf allongée sur un lit, mais je me sens monolithe, je me pince, je ne sens rien. Je ris. Un mélange entre rire nerveux et rire franc.
Je suis épuisée et je veux dormir. Je tourne dans tous les sens. Mes pensées ne quittent plus la boucle du début. Je tourne, je soupire , je tourne, j'ai juste envie de m'arracher la tête, ou de la claquer sur un mur.
Je me maudits d'avoir pris du
LSA sans vraiment connaître les personnes avec moi, cela dit ils étaient tout de même bienveillants j'ai eu de la chance ^^.
Je finis par descendre rejoindre les autres qui sont retournés sur la terrasse, lessivée moralement et physiquement. Je leur explique que je me sens toujours hyper perchée, mes pupilles ne sont plus dilatées ...
Je discute un peu, je m'allonge ensuite la tête sur les genoux d'un autre pote sur le canapé.
J'écoute les conversations de loin, et mon esprit s'échappe, je crois que la boucle se fait moins forte à partir de ce moment là, et je crois avoir pu m'assoupir quelques minutes.
Mon pote qui a pris aussi 2 gélules descends et propose à tout le monde de manger. Je tente, mon estomac n'est pas trop d'accord, mais ça fait un peu de bien.
Je sens que j'ai envie de pleurer, je ne sais pas pourquoi, ni d'ou ça vient... A ce moment là je me dis que la seule chose qui puisse me faire aller mieux c'est de rentrer chez moi. Ma vision n'est pas encore ouf, un peu "lumineuse" (Un peu du mal à expliquer la sensation).
Je quitte les copains en retenant mes larmes, mais mes yeux sont déjà rouges. Une fois dans la voiture je m'effondre, torrent de larmes, voiture inondée.
Je démarre et je décide de prendre les petites routes, histoire de rouler lentement, je ne sens pas trop ma main droite.
Ouep là je sais j'ai fait de la merde, mais sur le coup je ne me voyais rien faire d'autreLe chemin du retour a été atroce. Deux parties de moi-même se sont battues entres elles. L'une d'elle avait envie très très forte de se foutre dans un platane tandis que l'autre essayait de la contenir. C'était hyper flippant, je me sentais passer de l'une à l'autre, toujours en larmes. Le cauchemar. Avec toujours la boucle qui revenait.
Arrivée chez moi les yeux rougis je me décide à appeler mon père pour sa fête, et à dire que j'irai chercher les courses dans la soirée après une bonne sieste (même si à ce moment là je m'en sentais incapable haha).
Là , nouvelle crise de larmes, un truc remonte en mode "eh coucou tu m'avais oublié?".
Je m'explique:
Il y a quelques années mon meilleur pote s'est foutu en l'air , à ce moment là je m'étais dit que je ferais la même chose, mais sur du long terme, en prenant toutes les drogues possibles et inimagineables.
Et là bim, ça me revient dans la tronche, comme un reproche "bah alors, tu fais quoi là? Tu veux te tuer à petit feu c'est ça? T'es en train de te faire crever?".
On en parle de la dose léthale du LSA? Je me fous dans mon lit en pleurant, en me retournant le cerveau, en m'interrogeant sur ma conso.
Au réveil ça allait beaucoup mieux, même si j'étais bien ébranlée... J'avais calculé à l'époque j'en avais eu pour 14h dans ces divers états...
Depuis je n'ai plus repris que de la
MD , de la
CC . J'appréhende un peu une prochaine prise, le coup de la boucle infernale m'a bien bien calmée. Pour le coup je ferais aujourd'hui 1000 fois plus gaffe au set&setting ^^
Voili voilou, j'espère ne pas avoir été trop longue :p
Dernière modification par pierre (22 avril 2019 à 19:23)