Salut Tortuedoc.
Je viens de m'enfiler toute la conversation (c'est à dire environ 1 an de discussions sur 5 pages) que tu as lancée.
Je suis loin des problèmes de prods aujourd'hui, mais je pense pouvoir répondre à certaines de tes interrogations car les relations que j'avais à l'époque avec ma mère ont quelques points communs avec tes rapports actuels avec ta fille.
Ma mère, en voulant s'assurer de mon bien-être, et finissant par vivre dans la peur et (disons-le) la non-connaissance de ce que je prenais, et moi, réagisant constamment sur la défensive, nous avons fini par développer une relation basée sur une mauvaise image mutuelle.
Elle me considérait alors comme une gamine dont elle devait absolument contrôler les actes, mais étant alors elle-même névrosée, elle n'était pas crédible, ce qui faisait que je me comportais encore plus comme ''une gamine qui fait des conneries'' ....
Cercle vicieux...
J'ai aujourd'hui 25 ans, et une bien meilleure relation avec ma mère à qui je me suis enfin confiée sur TOUT ce que j'avais fait jusqu'à peu.
Si j'ai été incapable de lui en parler avant, c'est parce que malgré toute sa bonne volonté (à ma mère), son amour maternel était tellement fort qu'elle n'aurait pas pu prendre d'information avec objectivité, de manière peu émotionnelle, ou tout simplement en essayant de ne pas mettre de jugement dessus.
Une personne qui va mal a besoin d'une oreille vraiment détachée pour l'accueillir, et une bonne mère, par définition, n'est pas détachée. C'est possible, mais très dur (des maman-yogi de haut niveau sûrement
) . Attention, une oreille détachée veut dire détachée du problème, la capacité d'écoute et de réception de l'information doit être optimale. Je pense que c'est trop pour une maman. Imagine que tu es chirurgienne. Charcuterais-tu ta fille, même pour son bien ? Pour moi un travail sur soi c'est comme de la chirurgie. Selon le degré, laisse d'autres gens, ceux qui ne l'ont pas conçue, s'en occuper.
Bref, là où je veux en venir et pour ne pas tourner autour du pot trop longtemps, je rejoins ce que d'autres ont plus ou moins dit clairement : le rapport que tu as à ta fille, mais aussi à son addiction, ainsi que ta manière de percevoir (car avant de gérer, on PERCOIT) la situation sont les choses LES PLUS IMPORTANTES sur lesquelles tu PEUX te concentrer en étant sûre que l'impact sera positif sur les faits.Désolée si le discours semble peu clair, j'ai 25 ans, moitié de ton âge mais je pense vraiment qu'une partie de la difficulté provient du fait que tu veux te concentrer sur le ''FAIRE'' (faire changer la situation, la faire arrêter) - qui met autrui en jeu, et donc difficile à réaliser - plutôt que de te focaliser sur le ETRE, si tu es vraiment présente pas besoin de lui montrer ou de dire de petites phrases qui auront le don de l'énerver ou de la stresser (comme lorsque tu lui as donné les filtres en lui disant ''j'imagine que tu les utilises toujours'') car elle sent bien que ce n'est pas un acte totalement gratuit. En même temps, je ne juge pas hein !!!
Je ne suis pas maman mais je ne peux que bien comprendre ton désir de la voir arrêter.
J'ai grandi avec des parents qui m'aiment de tout leur coeur et qui comme tous les parents ont fait des conneries.
La plus monumentale est à mon sens : faire se sentir ''irresponsable'' son enfant en voulant l'épauler dans des situations où la présence du parent est inadéquate.
Parce que même si on déconne, notre but à nous c'est de vous montrer qu'on peut le faire, qu'on est grand, qu'on y arrive tout seul... Et moi, percevoir une attente derrière ce qu'on me donnait, c'était le meilleur moyen pour que je foire tout. Parce que, comme je te dis je viens de m'enfiler la totalité de cette conversation et un truc ressort (ressenti subjectif encore une fois), c'est quand tu parles de ta fille, j'ai l'impression que tu l'infantilises un peu, ce qui permet de garder une certaine main mise sur elle (consciente, ou non... ? Je m'arrête ici. Pas de psychologie de comptoir)
Savais-tu que si tu ouvres la chrysalide d'un papillon juste avant qu'il ne l'ouvre lui-même, tu le condamnes à mort ?Tout bêtement parce que le battement d'ailes avec lequel il va déchirer la membrane est la même impulsion qui va lui permettre de voler par la suite ! Comme quoi, parfois mieux vaut être patient et ''en apparence'' détaché de la situation, afin de la laisser se décanter, plutôt que d'agir et de tout faire foirer parce qu'on veut aller trop vite. Comme un film dont on enveloppe les personnes d'un regard protecteur (bon ok, je caricature un chouïa ^^) !
En lisant toute cette conversation, j'ai ressenti l'amour immense d'une mère pour sa fille, mais aussi une sorte de lourdeur, d'oppression sur la situation, et beaucoup d'insécurité et d'anxiété en toi.
Tu pourras vraiment aider ta fille lorsque tu seras, TOI, bien (''bien'', pour le contexte). J'en suis persuadée.
Un livre qui m'a beaucoup aidée, non seulement dans mon rapport aux substances mais aussi à mes proches :
''
LE CHEMIN LE MOINS FREQUENTE '' (
Scott Peck).
Toi qui veux connaître le rapport des ''conneries'' de ta fille à votre histoire... Je pense sincèrement que ce bouquin apporte d'excellents outils de compréhension, humaine, familiale, et ouvre l'esprit.
En tout cas, je t'encourage vraiment dans tes efforts pour aider ta fille, je ne sais pas si mon post est assez clair mais c'est un peu ce que disait Bicicle lorsqu'elle avait l'impression que tu cherchais à te rassurer rapport à ta responsabilité dans les choix narcotiques de ta fille. J'ai vu ma mère être au plus bas lorsque j'allais mal, et le jour où elle a décidé de vraiment ''me foutre la paix'' (me faire CONFIANCE, en quelque sorte), j'ai repris ma vie en mains toute seule et aujourd'hui mieux elle va, mieux je vais et vice versa. :)
En tout cas, bravo pour ta persévérance et j'espère que mon post n'est pas trop long ni ''moralisateur'' car c'est pas du tout le but !
Des bises
Dernière modification par Lilithea (29 mars 2013 à 12:20)