Ce trip se déroule durant une belle journée de printemps. Je rejoins mes 3 amis à 13h30, on décide de se poser et de rouler un
joint avant d’ingérer les
psychotropes récemment achetés. Je prends donc 3.5g de
psilocybine, Lisa prend 1.5g, Thomas prend 2g et 300 microns de L, et Carla prend 100 microns de L. Après avoir drop et s’être préparés à bouger, on décide de se diriger vers le lieu où aller se dérouler le trip : une immense forêt qui entoure un lac abritant des oies et des canards, servant aussi de
base de loisir durant l’été.
Sur le chemin, je commence à me questionner sur la tournure que va prendre le trip. Vais-je rigoler pendant des heures comme durant mes dernières expériences psychédéliques, ou partir en introspection sur la vie et le monde qui m’entoure ? Un doute commence alors à s’installer au même moment où les premiers effets commencent à se faire ressentir. Je me demande si ce trip me servira de punition pour les mauvais comportements que j’ai pu avoir, ou si au contraire cette plante au pouvoirs « magiques » sera indulgente et compréhensive avec moi.
Tout cela me donne quelques frissons dans le dos mais j’arrive peu à peu à me rassurer en rigolant avec mes potes ou en focalisant mon attention sur les quelques hallucinations qui commencent à apparaitre dans mon champs de vision. On finit enfin par trouver un coin assez sympa entouré d’arbre et qui donne une belle vue sur l’ensemble du lac tout en nous isolant un peu des gens qui viennent se balader ou faire leur footing. La montée bat alors de son plein, ce qui m’oblige à m’assoir pour souffler un peu et me remettre de mes émotions.
Après une bonne demi-heure les effets se sont stabilisés, je suis alors bien plus détendu et sous contrôle de mon trip. Je remarque alors quelques différences flagrantes avec mes précédentes expériences psychédéliques. Déjà, je ne suis pas obligé d’être constamment accompagné ou rassuré par un trip sitter, j’arrive à maitriser mes pensées sans me perdre ou commencer à boucler, et je suis même capable de créer des sujets de discussions, interagir avec mes potes ou prendre des initiatives sans pour autant paraitre « à côté de la plaque » ou en décalé par rapport aux autres.
Des discussions se crées, on grignote tous un peu et après m’être remit debout pour constater mon état, un excès de confiance arrive, et j’ai la prétention de me dire que les effets ressentit ne sont pas assez puissant. En quête de sensations forte, je décide alors de rouler un
joint bien dosés sans prendre en compte que le fait de fumer du
cannabis amplifie de manière surhumaine les effets qu’un psychédélique pourrait avoir sur moi. Le
joint se consume, je le passe à ma droite puis le récupère et retire encore quelques barres dessus. C’est alors que des hallu ultra colorés se mettent à jaillir de mes yeux, déformant tout mon environnement et me détachant de tous les repères qui me permettaient de garder contact avec la réalité.
Les arbres prennent des forment féeriques, et ondulent dans le ciel en crachant des spirales de motifs multicolores. Je me tourne alors vers mes potes, mais ces derniers sont désormais tout déformés avec des têtes semblables à des créatures mystiques et effrayantes. Je décide donc de m’allonger, tournant ma tête vers l’immense forêt qui s’agitait devant moi et laissant de côté quelques instants mes camarades qui me paraissent désormais si loin de moi. Leur voix résonne avec de l’écho, je n’entends plus que la musique entrainantes qui viens caresser le plus profond de mon âme.
« Je suis foutu, jamais je n’aurais dû tenter cette expérience, je n’ai clairement pas les épaules pour »
Toute ma confiance s’écroule devant mes yeux ébahit, je suis à nouveau ce petit enfant apeuré incapable de se défendre seul. C’est rassurant d’abandonner, de céder à ses angoisses. J’entends alors Thomas lâcher un crie semblable à un rire de fou. Ça me donne des frissons dans le dos. Je me demande ce qui pourrait bien le mettre dans cet état. Je lève alors la tête pour constater qu’il est à genoux et qu’il contemple le sol avec un immense sourire aux lèvres. De ce que je vois, il semble interagir avec lui-même dans ses pensées, mais d’une manière bien plus intense que la normale, ce qui provoque des réactions qui pourraient avoir l’air démesurés. Je remarque alors que depuis que j’ai commencé à me questionner sur ce que Thomas faisait, les hallucinations effrayantes c’étaient un petit peu calmés. Une illumination apparait alors
« Et si c’était ça la solution pour comprendre »
Après tout, je n’avais jamais essayé de me retrouver avec moi-même durant un trip, j’avais constamment ce réflexe de fuir mes pensées pour me distraire avec les choses qui m’entourent. J’ai souvent des lourdes introspections après trip, mais ça n’avait jamais été le cas en plein pic. Pourtant cette fois ci ça s’est fait tout seul, comme si cet esprit qui habitait les psychédéliques avait un message des plus important à me transmettre. La voix avec laquelle je débattais c’était bien évidemment la mienne et pas celle d’un inconnu, or elle était différente de d’habitude. Je posais une question, la voix allait mener mes pensées vers un indice qui allait lui-même me mener vers une réponse.
Tout d’abord la voix me fit comprendre que mes occupations superficielles n’avaient aucune valeur à l’échelle spirituelle. Ma vie sexuelle, mes complexes, mes peurs, mes angoisses, ma parano n’avaient plus aucune importance. La dissolution de mon égo avait commencé. Je compris que cette peur systématique que j’avais en prenant des psychés n’avait pas lieu d’être. Les montées douloureuses et angoissantes et les hallucinations n’étaient en réalité que mon égo qui tentait à chaque fois de me raccrocher à la réalité en m’empêchant de m’élever spirituellement. La voix m’ordonna de lâcher prise, de me laisser emporter par cette vague de savoir. Mon corps décida d’obéir et de succomber afin de renaitre plus fort qu’auparavant. Les hallucinations se stoppèrent d’un coup. Thomas se tourna alors vers moi et me dit
« Tu comprends maintenant ? tout à un sens, rien n’est fait par hasard »
Était-il dans ma tête ? Avait-il entendu toute cette discussion que je venais d’avoir avec moi-même ? Ou était-ce juste qu’il avait déjà eu la même conversation avec cet esprit psychédélique il y bien longtemps. Je compris alors tout. Thomas avait des bonnes raisons de rigoler seul, ce qu’il a dû entendre devait être incroyable. Pendant un instant je sentis une connexion entre nos deux âmes, comme si on avait interchangés nos cerveaux sans même l’avoir réalisé. J’entendis alors Carla soupirer en nous regardant, comme si elle était dégoutée par ce qu’elle voyait. Comment ne pouvait-elle pas comprendre la beauté de ce qui était en train de se produire devant ses yeux ?
« Son âme est encore trop sombre, elle est rattachée au monde réel par son égo qui lui empêche de voir la vérité, comme toi au paravent. Le chemin que tu as pris n’est pas accessible à tous, il est parsemé d’épreuves toutes plus dures les unes que les autres. La route est longue mais l’objectif est proche. »
La voix venait de parler à nouveau. J’avais été béni par le savoir de cette entité supérieur. Je me sentis si bien. Une vague de chaleur traversa tout mon corps, et me remplis de bonheur. Un bonheur mille fois plus puissant que n’importe quelle drogue de synthèse pourrait m’apporter. Un bonheur pur, bourré d’espoir et d’ondes extrêmement positives. Je n’avais plus de raison d’avoir peur, la voix ne me voulait plus aucun mal, elle cherchait juste à me faire comprendre ce que j’étais trop borné pour voir. Les gens qui me mettaient en garde avec les psychédéliques n’étaient en réalité que des lâches, et je n’avais plus envie d’être lâche comme eux.
Je suis un homme, j’ai tout mon cerveau, deux bras, deux jambes.
Qu’est ce qui pourrait bien m’arrêter ? Je sentis comme un sentiment de surpuissance. Comme si je venais de grimper une immense montagne. Comme si rien sur terre n’était capable de m’atteindre.
Avant de disparaitre, la voix me rappela que mes croyances ne devaient pas me servir de motivation. Maintenant que j’étais en possession de ce savoir, je devais l’utiliser à bonne escient. L’ultime vérité est propre à chacun, c’est quelque chose de bien trop personnel et singulier pour être partagé ou expliqué à n’importe qui (c’est également pour ça que Carla ne pouvait pas comprendre tout ceci). Je compris aussi que certaines questions sont faites pour ne pas avoir de réponse. C’est ce qui sépare l’homme de l’être spirituel ultime. A force de trop chercher à comprendre tout, on oublie parfois le sens de ce qu’on cherche.
Le trip redescendit peu de temps après.